Comprendre le Grand Israël
Eschatologie matérialiste et domination impériale
Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R !
Sommaire
– Le matérialisme vétérotestamentaire
– Origines du matérialisme biblique
– Aux origines du Grand Israël
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Ce cinquième article d’une série de Comprendre est destiné à tous ceux qui ont lu mon livre Comprendre le conflit israélo-palestinien et qui désirent approfondir leurs connaissances et leur compréhension de ce vaste sujet.
Depuis le début de l’épuration ethnique à Gaza, plusieurs tabous ont volé en éclat, et la réalité de la politique et du projet israéliens est brusquement passé du statut de « théorie du complot » à celui de « fait connu de tous ». Le projet d’établissement d’un Grand Israël, du Nil à l’Euphrate est désormais évoqué dans certains grands médias [1], de même que la dimension messianique du sionisme [2].
Le Grand Israël est un sujet important qui doit être traité sérieusement. Les sionistes, religieux et athées, prétendent que le royaume d’Israël antique, à l’époque de Salomon, s’étendait du Nil à l’Euphrate. Le projet sioniste vise à restaurer ce royaume dans « ses » frontières [3] ; mais nous allons démontrer ici qu’elles sont mythiques et qu’elles résultent de l’appropriation de l’histoire d’un empire qui n’avait rien de juif.
Le matérialisme vétérotestamentaire
Depuis l’Antiquité, depuis le retour d’exil à Babylone, les juifs espèrent – et certains parmi eux travaillent à – l’avènement d’un empire mondial. Citons par exemple le philosophe juif Philon d’Alexandrie (20 av. J.-C. ; + 45) qui, s’adressant à ses coreligionnaires, leur recommandait de ne point irriter les Sophistes (lesquels étaient très critiques des juifs) et d’attendre patiemment leur châtiment, qui arrivera le jour où l’empire juif sera établi sur le monde [4].
Effectivement, la promesse biblique faite aux fils d’Israël doit s’accomplir dans ce bas monde ; l’au-delà n’est mentionné nulle part dans la Torah et les récompenses annoncées aux juifs sont exclusivement matérielles.
Bernard Lazare avait souligné [5] que le judaïsme était dépourvu de spiritualité et de métaphysique [6]. L’important pour les juifs, écrit B. Lazare, « était la vie ; ils cherchaient à l’embellir de tous les bonheurs, et ces forcenés idéalistes furent, par un saisissant et explicable contraste, les plus intraitables des sensualistes. Yahvé leur avait assigné sur la terre un certain nombre d’années ; il leur demandait, pendant cette existence, trop courte au gré de l’Hébreu, un culte fidèle et scrupuleux ; en retour, l’Hébreu réclamait de son Seigneur des avantages positifs. C’est l’idée de contrat qui domina toute la théologie d’Israël. Quand l’Israélite remplissait ses engagements vis-à-vis de Yahvé, il exigeait la réciprocité. S’il se croyait lésé, s’il jugeait que ses droits n’étaient pas respectés, il n’avait aucune bonne raison de temporiser, car la minute de bonheur qu’il perdait était une minute qu’on lui volait, et que jamais on ne pourrait lui rendre… » [7]
Par conséquent, la mort est, pour un juif, un malheur en soi, au contraire du chrétien et du musulman, pour qui la véritable vie commence après la mort.
Raison pour laquelle le Coran fait ce reproche aux juifs :
« Et vraiment tu trouves les juifs, plus que personne, cramponnés à la vie, plus que les associateurs (polythéistes). Tel d’entre eux souhaite prolonger sa vie mille ans ; mais la longévité ne l’éloignerait pas du tourment. » (Sourate 2, 96)
Cette perception négative de la mort dans le judaïsme s’explique par le matérialisme biblique, dont nous allons retracer ici les origines.
Origines du matérialisme biblique
Commençons par le commencement de la Torah. La création, telle qu’elle y est décrite. D’après le premier livre du Pentateuque, la Genèse, le Paradis et le jardin d’Éden se situaient sur terre, plus précisément en Orient, en Mésopotamie, près de l’Euphrate (Genèse 2, 14) :
« Yahvé planta un jardin en Éden, vers l’Orient, et y plaça l’homme qu’il avait façonné. » (Genèse 2, 8)
Selon le christianisme et l’islam, le Paradis se trouve dans l’au-delà. Si dans l’Évangile, contrairement au Coran, il n’y a pas de version de la Création corrigeant celle de la Torah, il y est toutefois très souvent fait mention du Royaume des cieux, qui n’est pas de ce monde et où la récompense ultime attend les croyants :
« Alors Jésus leva les yeux vers ses disciples et leur dit : « Heureux, vous qui êtes pauvres, car le royaume des cieux est à vous !
… Réjouissez-vous en ce jour-là, et tressaillez de joie, car voici que votre récompense est grande dans le ciel… » (Luc 6, 20-23)
De même que l’Enfer attend, dans l’au-delà, ceux qui subiront le châtiment :
« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et qui après ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous apprendre qui vous devez craindre : craignez Celui qui, après vous avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, je vous le dis, craignez Celui-là. » (Luc 12, 4-5)
De même, le Coran fait la promesse d’une rétribution et d’une punition dans l’au-delà. Et, au contraire de la Bible hébraïque, le Coran dévalorise ce monde matériel éphémère, en comparaison de la vie éternelle dans l’au-delà :
« Sachez que la vie d’ici-bas n’est que jeu, frivolité, parure, rivalité d’orgueil entre vous, joutes sur la quantité de biens ou le nombre d’enfants. À la semblance d’une ondée : la végétation qu’elle fait naître charme les dénégateurs, puis elle s’affole et tu la vois jaunir, et puis elle tombera en détritus. Il y aura dans la vie dernière châtiment terrible, indulgence de Dieu et Son contentement. Quant à la vie d’ici-bas, elle n’est que jouissance d’illusion.
Faites assaut (de mérites) en vue d’une indulgence venue de votre Seigneur, vers un Jardin dont l’immensité égale celle du ciel et de la terre : il est tout prêt pour ceux qui croient en Dieu et à Son Envoyé : c’est là la grâce de Dieu, Il en gratifie qui Il veut. » (Sourate 57, 20-21)
L’eschatologie juive est quant à elle tout autre. La résurrection n’a pas lieu dans l’au-delà, mais sur terre :
« Alors il [Yahvé] me dit : « Fils de l’homme, ces ossements, c’est toute la maison d’Israël. » Ceux-ci disent : « Nos os sont desséchés, notre espoir est perdu, c’est fait de nous ! »
Eh bien ! Prophétise et dis-leur : Ainsi parle Yahvé : Voici que je rouvre vos tombeaux, et je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple ! Et je vous ramènerai au pays d’Israël. » (Ézéchiel 37, 11-12)
Les juifs seraient alors ressuscités et ramenés sur terre, au pays d’Israël, pour l’éternité, dans la paix. Une paix terrestre décrite ainsi dans le livre d’Ésaïe (la partie tardive rédigée non pas par le prophète Ésaïe, mais par des prêtres scribes à l’époque de la domination perse) :
« Le loup et l’agneau paîtront côte à côte, le lion comme le bœuf mangera de la paille et le serpent se nourrira de poussière ; plus de méfaits, plus de violence sur toute ma sainte montagne (le Mont Sion) : c’est Yahvé qui a parlé. » (Ésaïe 65, 25)
Dans ces deux passages, du livre d’Ézéchiel et d’Ésaïe, la promesse de résurrection et de paix ne concerne que le peuple et la terre d’Israël.
Même dans le Livre d’Énoch – qui n’a pas été intégré au corpus biblique mais qui a alimenté la tradition mystique juive (Kabbale) – l’eschatologie est matérialiste. Les justes habiteront la terre et non un paradis dans l’au-delà :
« En ces jours, la terre rendra son dépôt, et le schéol rendra ce qu’il a reçu, et les enfers rendront ce qu’ils doivent. Il (l’Élu) choisira parmi eux les justes et les saints, car il est proche le jour où ils seront sauvés. L’Élu, en ces jours, siègera sur mon trône, et tous les secrets de la sagesse sortiront des sentences de sa bouche… Leur visage (celui des justes) brillera de joie, parce que, en ces jours, l’Élu se lèvera ; et la terre se réjouira, et les justes l’habiteront, et les élus marcheront et se promèneront sur elle. » (Livre d’Énoch 51, 1-5)
Ce matérialisme biblique, et la perception négative qu’ont les juifs de la mort, tirent vraisemblablement leurs racines de la religion mésopotamienne.
Il ne faut pas s’en étonner, car la Bible hébraïque contient des traces de mémoires remontant au début du IIe millénaire av. J.-C. ; époque où sont recensés des groupes sémites nomadisant de la Mésopotamie au sud de la Palestine, et qui, comme le déduit Jean Bottéro, sont sans aucun doute les ancêtres d’Israël [8]. D’ailleurs, on trouve des traces, dans la Torah, de la vision cosmologique des anciens Hébreux, qu’ils avaient empruntées aux Mésopotamiens. Par exemple, il est fait mention dans un passage de l’Exode des « Eaux souterraines » (Exode 20, 3) ; conception mésopotamienne qui imaginait l’univers comme une immense sphère creuse, complètement immergée dans les « Eaux supérieures » du « grand Abîme », séparées des « Eaux inférieures » par la « Voûte » du Ciel (description que l’on retrouve également en Genèse 1, 6-8, laquelle est contredite par le Coran dans la Sourate 23, 18). À l’horizon de la Terre, croyaient les Mésopotamiens, de hautes montagnes formaient autant de colonnes pour supporter la Voûte du Ciel [9]. D’ailleurs, ces colonnes soutenant la terre sont mentionnées dans la Bible (1Samuel 2, 8 ; Ésaïe 24, 18 ; Job 38, 4-6). Le Coran réfute l’existence de ces colonnes soutenant la terre et le ciel : « C’est Dieu qui a élevé les cieux sans piliers que vous puissiez voir. » (Sourate 13, 2) ; « Il a créé les cieux sans support que vous puissiez voir. » (Sourate 31, 10).
Comme pour les anciens Hébreux et leurs descendants juifs, l’espoir le plus cher des Sumériens était, semble-t-il, d’atteindre un âge avancé. Un texte sumérien témoigne de la résignation face à la mort et du désespoir qu’elle suscitait :
« Seuls les dieux vivent à jamais sous le soleil. Quant à l’homme, ses jours sont comptés ; Quoi qu’il fasse, ce n’est que du vent ! » [10]
La mort était pour les Sumériens une perspective effrayante. Le séjour des morts, le « Pays sans retour », le « Grand En-bas », l’arallu, était un immense espace souterrain qu’on situait vers l’Occident et qui contenait une vaste cité entourée de sept murailles. Un monde – les limbes – où le mort devait vivre éternellement une vie morne et misérable. Un monde de silence et d’ombre :
« Où la poussière nourrit leur faim et leur pain est l’argile.
Où ils ne voient pas la lumière, ils restent dans les ténèbres, Ils sont vêtus, tels les oiseaux, d’un vêtement de plumes. Sur la porte et le verrou s’étale la poussière… »
Seuls, peut-être, les rois, entourés de nombreux trésors, pouvaient acheter aux dieux des Enfers une vie d’outre-tombe un peu moins lugubre [11].
On retrouve ce séjour des morts sumérien dans la Bible hébraïque, comme dans le passage du Livre d’Énoch cité au-dessus, sous le nom de « schéol ». C’est le même monde sinistre, dans les profondeurs de la terre, que décrivent les textes sumériens. Ce monde des morts est mentionné dans plusieurs passages bibliques :
« Au bruit de sa chute, j’ai fait tressaillir les peuples, quand je l’ai fait descendre dans le schéol avec ceux qui descendent dans la fosse, et ils se sont consolés dans les régions souterraines, tous les arbres de l’Éden, les plus beaux, les meilleurs du Liban, tous les buveurs d’eau.
Eux aussi sont descendus avec lui dans le schéol auprès des victimes de l’épée… » (Ézéchiel 31, 16-17)« C’est pour cela que le schéol élargira son sein et ouvrira une bouche sans mesure, que s’y engouffreront tout cet éclat, cette richesse et cette foule bruyante et joyeuse. » (Ésaïe 5, 14)
« Déjà m’enveloppaient les liens du schéol, surpris dans les filets de la mort… » (Psaumes 18, 5)
« Car grande est ta bonté pour moi : tu as sauvé mon âme du schéol. » (Psaumes 86, 13)
Toutefois, il demeure une différence majeure entre la religion mésopotamienne et la Bible hébraïque ; dans cette dernière, les morts doivent être ressuscités et vivre à nouveau sur terre :
« Il me dit : « Fils de l’homme, ces ossements peuvent-ils revivre ? »
Je répondis : « Seigneur Dieu, tu le sais. »
Et il me dit : « Prophétise sur ces ossements et dis-leur : Ossements desséchés, écoutez la parole de Yahvé ! »Ainsi parle le Seigneur Dieu à ces ossements : Voici que je vais faire passer en vous un souffle, et vous revivrez. Je mettrai sur vous des nerfs, je ferai croître autour de vous de la chair, je vous envelopperai d’une peau ; puis je mettrai en vous l’esprit, et vous vivrez ; et vous reconnaîtrez que je suis Yahvé. » (Ézéchiel 37, 3-6)
« Puissent donc tes morts revenir à la vie et les cadavres des miens ressusciter ! Réveillez-vous et entonnez des cantiques, vous qui dormez dans la poussière ! Oui, pareille à la rosée du matin est ta rosée : grâce à elle, la terre laisse échapper ses ombres. » (Ésaïe 26, 19)
« Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière du sol se réveilleront, les uns pour une vie éternelle, les autres pour être un objet d’ignominie et d’horreur éternelle. » (Daniel 12, 2)
Aux origines du Grand Israël
Selon l’eschatologie juive, aux temps messianiques, les promesses de domination universelle s’accompliront et les morts issus du peuple élu ressusciteront pour vivre en Israël et régner sur le reste du monde, ainsi qu’il est annoncé dans ce passage du livre d’Ésaïe :
« Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue, et la gloire de Yahvé rayonne sur toi (Israël). Oui, tandis que les ténèbres couvrent la terre et une sombre brume les nations, sur toi Yahvé rayonne, sur toi sa gloire apparaît. Et les peuples marcheront à ta lumière, les rois à l’éclat de ton aurore. Lève tes yeux à l’entour et regarde ! Les voilà qui s’assemblent tous et viennent à toi : tes fils arrivent de loin, avec tes filles qu’on porte sur les bras.
À cette vue, tu seras radieuse, ton cœur battra d’émotion et se dilatera, car les richesses de l’océan se dirigeront vers toi, et l’opulence des peuples te sera ramenée…
Et les fils de l’étranger bâtiront tes murailles, et leurs rois te serviront… Car le peuple, la dynastie qui refusera de te servir, périra ; ce peuple-là sera voué à la ruine…
Et tu suceras le lait des peuples et tu boiras à la mamelle des souverains. » (Ésaïe 60, 1-17)« Des gens du dehors seront là pour paître vos troupeaux ; des fils d’étrangers seront vos laboureurs et vos vignerons. Et vous, vous serez appelés prêtres de Yahvé, on vous nommera ministres de notre Dieu. Vous jouirez de la richesse des nations et vous tirerez gloire de leur splendeur. » (Ésaïe 61, 5-6)
Le royaume d’Israël, centre géographique de cet empire global, a des dimensions et des frontières définies assez précisément dans la Bible hébraïque :
« Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram en ces termes : « À ta descendance je donne le pays que voici, depuis le Torrent d’Égypte [12] jusqu’au Grand Fleuve, l’Euphrate, soit le pays des Qénites, des Qenizzites, des Qadmonites, des Hittites, des Perizzites, des Refaïtes, des Amorites, des Cananéens, des Guirgashites et des Jébuséens. » » (Genèse 15, 18)
En somme, le Grand Israël, que les dirigeants sionistes tentent de bâtir depuis près d’un siècle, doit s’étendre du Nil à l’Euphrate. La question à laquelle nous allons tenter de répondre maintenant est : quelles sont les origines du projet et des frontières du Grand Israël ?
Contrairement à ce que nous dit la tradition juive, le royaume de Salomon n’a jamais atteint de telles proportions, et les fils d’Israël n’ont jamais été à la tête d’un quelconque empire. À l’évidence, les rédacteurs bibliques ont calqué sur leur empire fantasmé les frontières d’un des empires réels qui les a dominés.
Deux empires, connus par Juda et Israël, ont contrôlé la zone s’étalant du Nil à l’Euphrate :
L’empire Assyrien, au milieu du VIIe siècle sous le règne d’Assurbanipal (668-627 av. J.-C.).
- Le cœur historique de l’Assyrie (en rouge), et l’empire assyrien lors de son extension maximale au milieu du VIIe siècle av. J.-C. (en orange)
L’empire perse sous Cambyse et Darius (522-486 av. J.-C.).
- L’empire perse
L’empire babylonien, quant à lui, n’atteignait pas le Nil, même si sa frontière ouest n’en était pas éloignée (Gaza) [13].
Les datations des textes par les études bibliques et l’archéologie nous conduisent à conclure que c’est l’Empire assyrien qui servit de modèle à la fabrication biblique du Grand Israël. En effet, si l’on se fonde sur les travaux de Richard E. Friedman, le passage de la Genèse (15, 18) cité au-dessus, promettant à la descendance d’Abram (nommé ensuite Abraham) le territoire se situant entre le Torrent (le Nil) d’Égypte et l’Euphrate, serait du rédacteur J [14], c’est- à-dire un des rédacteurs les plus anciens, ayant vécu durant la période assyrienne.
De son côté, Thomas Römer, s’appuyant notamment sur les travaux archéologiques de Finkelstein et de Silberman, conclut que :
« Maintenant il est très clair que l’idée d’un « Empire salomonien » est une pure fiction et que les chapitres 3 à 11 du premier livre des Rois projettent des réalités de l’Empire néo-assyrien sur « Israël » pour le doter d’un passé glorieux…
Bien que le débat sur la « chronologie basse » ne soit pas encore définitivement tranché, on ne peut nier le fait que le récit biblique reflète davantage le contexte de l’époque assyrienne que celui du Xe siècle. Au Xe siècle, la taille de Jérusalem n’est pas celle d’une capitale d’empire… » [15]
Dans le judaïsme les projections sur le passé sont également des espérances et un projet messianique que les élites juives travaillent à accomplir depuis des siècles [16].
Si le Grand Israël ne recouvre aucune réalité passée, il est aujourd’hui un projet bien réel en cours de réalisation par les messianistes sionistes… et au-delà, puisqu’il vise effrontément la gouvernance mondiale. Ainsi, Jacques Attali, banquier et conseiller des présidents de la République française depuis le début des années 1980, déclare en 2010 que Jérusalem a pour vocation de devenir :
« La capitale de la planète qui sera un jour unifiée autour d’un gouvernement mondial. » [17]
Cette phrase résume le double projet messianique biblique : l’établissement du Grand Israël, empire territorial au centre de l’imperium universel des fils d’Israël (tel que prophétisé dans le Deutéronome et le livre d’Ésaïe).
Le projet biblique de domination mondiale, les outils pour y accéder (l’argent et l’usure), l’idée impériale et les frontières du Grand Israël ; tout cela a été emprunté à des cultures, des civilisations et des empires étrangers pour en faire un projet eschatologique d’une dangerosité extrême.
Youssef Hindi
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