Le “sans-tête” vous salue bien
• Une appréciation réaliste et ‘catastrophique’ de l’évolution crisique qui a abouti à la guerre en Ukraine, depuis au moins 2001. • L’analyste Andrea Zhok parle de la responsabilité d’un “empire sans-tête”. • En effet, il arrive à cette définition qui s’applique finalement d’une façon parfaite à la force aveugle et stupide qui nous entraîne dans le chaos sans mesurer la façon dont elle prépare elle-même sa chute et sa destruction. • Ne jamais oublier cette formule magnifique et magique pour qualifier le Système : surpuissance = autodestruction.
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Dans le texte présenté ci-dessous de Andrea Zhok, on passe en revue les étranges circonstances et événements qui ont marqué l’attitude des Occidentaux dans la guerre d’Ukraine, – avec l’arrière-plan des années précédentes puisque la folie vient de loin. C’est dire s’il est question de narrative et des divers matériaux employés pour construire la sorte de simulacres que nous affectionnons. On est habitués à ces comportements extraordinaires depuis les bonnes résolutions prises par les Américains en 2002, et venues jusqu’à nous, de plus en plus renforcées. Toujours garder à l’esprit la citation,…
« Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et alors que vous étudierez cette réalité, – judicieusement, si vous voulez, – nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez à nouveau étudier, et c’est ainsi que continuerons les choses. Nous sommes [les créateurs] de l’histoire… Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé]. »
Parmi les explications avancées pour déterminer les responsabilités de cette salade d’illusions, de jeux d’ivresse et de fantasmagories infantiles, il y a celle des enquêteurs qui suivent la piste du ‘DeepState’, ayant écarté d’un haussement d’épaules les marionnettes que sont les neocon, Joe Biden et Donald Trump… Il y a un vaste complot globaliste, est-il suggéré par cette piste/
Andrea Zolk leur répond, et reconnaissons aussitôt que cette réponse et la catégorie dans laquelle on la classerait, – on la nommerait « l’empire du cynisme sans tête » avec en sous-titre « l’empire du cynisme sans élites », – ne sont pas pour nous déplaire. Qualifier toute cette volaille mystérieuse qui suscite les catastrophes sans exemple de “sans-tête” est bien porté dans la basse-cour.
La vision de Zolk se rapproche le plus possible à la fois de l’insaisissable, de l’inconnaissable, de l’innommable que l’on trouve à la tête de cette croisière diabolique à laquelle sont soumises toutes les élites-Système dont certains s’imaginent qu’en les pendant haut et court on ferait triompher la Révolution ! C’est exactement le contraire, il faut regarder et respecter ce laisser-faire tout en tenant notre rôle de résistant par la communication sans espérer, ni même souhaiter une victoire qui ne serait qu’une occasion de plus donnée au “sans-tête” de repartir à l’assaut d’on ne sait quoi, sinon sa volonté absolument maléfique…
Citons la conclusion de Zolk :
« Mais non, la situation est bien pire. L'oligarchie des manipulateurs en coulisses existe bien sûr, mais elle n'est ni un parti, ni une association secrète, ni une secte, mais un ensemble mobile de partis, d'associations secrètes, de sectes, de lobbies divers, totalement incapables de planifier le mal, même à long terme; très capables, en revanche, de tenir la barre à tribord de leur propre intérêt économique à court et moyen terme. Et c'est le seul élément qui les relie en profondeur.
» Ce qui facilite la réalisation de cet intérêt est autorisé et promu par certains. Ce qui entrave cet intérêt est bloqué, censuré, défini. Dans un mécanisme «darwinien», les idées, les idéologies, les initiatives culturelles, les journaux, les personnalités qui sont favorables sont autorisés, favorisés, se reproduisent, se développent. Les autres languissent dans la misère. C'est ainsi que prend forme une sorte d'“idéologie” de l'“État profond”, que personne n'a conçue et qui est de nature purement superstructurelle.
» Le résultat global est ce que nous pouvons appeler l'empire du cynisme sans tête.
» Nous avons construit une énorme machine à tuer, immensément complexe et destructrice, et dans le cockpit, nous avons placé une bande de singes qui tripotent les commandes. »
Citant cette conclusion, nous suggérons sans la moindre équivoque qu’elle nous convient tout à fait, pour le segment de l’événement qu’elle nous décrit. Mais au-delà ?
Pour autant, effectivement, nous ne suivons pas nécessairement cette allure d’inéluctabilité et d’invincibilité que Zhok est amené à prêter à l’“empire sans-tête”. En effet, et cela par l’impératif de la définition du “sans-tête”, la Chose est d’une stupidité par vide et absence aussi forte que sa puissance sans frein, faisant le lien que nous affectionnons entre surpuissance et autodestruction.
Le “sans-tête” ne voit rien, ne comprend rien, ne tire aucune leçon de rien de ce qu’il accomplit : il lui manque le “matériel” pour cela. Donc, il n’est rien que force brute animée d’on ne sait où (nullement de chez les humains, trop occupés par leur hubris et les illusions qu’ils créent). Il ne voit rien des réactions qu’il suscite et par conséquent des obstacles que lui-même dresse sur la voie de l’absolue destruction qu’il a choisie. Au contraire, pour ce qu’il parvient involontairement à susciter… Il est ainsi parvenu à faire-parler les peuples d’une voix collective, alors que le profond endormissement où il les avait mis jusqu’alors, lorsqu’il agissait avec plus de mesure, a complètement volé en éclat.
Il n'imagine pas qu’à trop vouloir, à trop détruire, à trop céder à son cynisme, il se conduit lui-même à une confrontation avec une myriade de contre-effets négatifs. Pour prendre ce seul mois de novembre, il n’a pas prévu l’ampleur de la réélection de Trump qui a complètement atrophié et paralysé le parti du Chaos, ni la première place au premier tour des présidentielles de Roumanie du populiste conservateur-nationaliste Calin Georgescou, évidemment pro-russe moins par conviction que par nécessité dans le climat créé par le “sans-tête” avec sa base monstrueuse de missiles déployés sur la frontière russe qu’il fait construire, par USA et OTAN interposés, à la grande colère de la population.
Note de PhG-Bis : « La même chose peut être dite des événements. Mesure-t-on l’accumulation de félonie, de haine et de pressions bellicistes aboutissant à des catastrophes qui n’apprennent rien à ceux qui les suscitent en croyant à leur irrésistibilité ? Cette accumulation qu’il a fallu pour conduire dans une cascade de surpuissance du “sans-tête” jusqu’ à la phase-deux (2014, 2022) de la guerre en Ukraine, tout en déclenchant au nom de l’alerte bien identifiée un fantastique effort intellectuel et technologique chez les Russes aboutissant à ce ‘Orechnik’ qui laisse stupéfaits et statufiés tous ceux qui nous parlent depuis des années des défaites hollywoodiennes des armées russes et de la nullité de l’esprit russe. »
Cela ne signifie pas que nous fassions d’un Trump ou d’un Georgescou un quelconque sauveur du type Messie. Il reste que, pour un temps, chacun d’eux, quoiqu’ils en pensent et veulent, est un obstacle antiSystème qui s’est naturellement développé pour profiter de l’aubaine d’une vox populi. Nul ne sait ce que sera leur destin, et qu’importe d’ailleurs. Il reste qu’ils apparaissent là au moment adéquat, pour dresser un obstacle de plus à la progression du “sans-tête”, ajoutant à sa colère et à sa haine, multipliant encore sa puissance, et donc la création d’autres antiSystème, et donc de plus en plus proche de l’autodestruction.
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La Realpolitik sans la réalité
Apparemment, aux États-Unis, le président sortant Biden, vaincu et désavoué par son propre entourage qui le jugeait inapte à poursuivre son rôle de dirigeant, a autorisé l'Ukraine à utiliser ses missiles ATACAMS à longue portée (300 km) pour frapper des cibles en territoire russe.
La position américaine a été suivie par la France, qui autorisera l'utilisation en haute mer des SCALP, et par le Royaume-Uni, qui autorisera l'utilisation des STORM SHADOW.
Dès le premier jour du conflit russo-ukrainien, ou « opération spéciale » comme on l'a appelé, il était clair pour tous ceux qui n'étaient pas de mauvaise foi qu'une défaite militaire de la Russie par l'Ukraine + l'OTAN était inconcevable, sauf sous la forme d'une Troisième Guerre mondiale.
Personne ne pouvait penser un instant que si la Russie se trouvait en grande difficulté sur le champ de bataille dans une guerre conventionnelle, elle accepterait simplement une défaite stratégique sur son propre territoire. La seule possibilité d'une défaite russe qui ne passe pas par un holocauste nucléaire est un effondrement de l'économie dû aux sanctions, mais une fois que cette voie s'est avérée impraticable, la voie de la domination militaire est évidemment exclue. Un empire de la taille de celui de la Russie ne peut pas maintenir un contrôle central généralisé sur tous ses territoires. Son existence est permise et alimentée par la certitude perçue de l'unité du pays à l'avenir. Une défaite stratégique signifierait une dissolution interne et ce n'est pas quelque chose que Poutine, ou celui qui lui succédera, pourrait permettre sans recourir à toutes les options disponibles.
Cette image était évidente dès le départ.
C'est pourquoi, ainsi que pour des raisons humanitaires évidentes, la voie du compromis et d'une paix rapide aurait dû être suivie immédiatement.
Comme nous le savons, les pourparlers de paix, basés sur une reprise des accords de Minsk II, ont été systématiquement boycottés, non pas par Zelenski, mais par l'OTAN. Il a fallu l'intervention directe de Boris Johnson pour faire capoter l'accord déjà presque conclu à Istanbul quelques semaines après le début du conflit.
Aujourd'hui, après deux ans et demi de conflit, l'Ukraine est réduite à 29 millions d'habitants (elle en comptait 52 en 1993, et 41 à la veille du conflit). Le système d'infrastructure est dévasté. Le système économique est en fait en faillite et maintenu artificiellement en vie par les paiements occidentaux (non remboursables, mais surtout sous forme de prêts).
Une atmosphère surréaliste règne depuis longtemps à l'intérieur du pays, avec de véritables chasses à l'homme pour envoyer tous les hommes valides au front. Des scènes horribles de personnes kidnappées en pleine rue, battues puis entassées dans une camionnette pour être envoyées comme de la viande fraîche sur la ligne de front ont été vues des milliers de fois aujourd'hui (mais non pas, bien sûr, dans les médias menteurs de la communication grand public).
Dans ce contexte, nous voyons des gens comme Soros Jr (parce qu'en Occident, nous avons restauré les dynasties) se réjouir sur les médias sociaux de la décision de Biden (« C'est une grande nouvelle ! »).
Bien sûr, tout le monde, mais vraiment tout le monde, sait qu'une telle décision ne signifie que trois choses :
1) plus d'argent dans les poches de l'industrie de la guerre ;
2) plus de morts et de destructions parmi les personnes qui ne sont pas au front (les Russes et les Ukrainiens seront plus nombreux à être touchés à l'intérieur des terres) ;
3) un risque accru d'escalade vers la troisième guerre mondiale.
En revanche, absolument rien ne change ou ne peut changer de cette manière en ce qui concerne l'équilibre sur le terrain, où la Russie a conquis plus de territoire au cours du dernier mois que pendant toute la contre-offensive de l'année dernière.
En pratique, une fois de plus, les classes dirigeantes occidentales prouvent qu'elles n'ont que les défauts de la Realpolitik, mais pas ses mérites.
En effet, il est possible d'imaginer des choix de Realpolitik faits avec un cynisme froid, sachant qu'ils coûteront de nombreuses vies, et pourtant opter pour eux en sachant qu'ils peuvent atteindre des objectifs stratégiques à long terme (certainement un tel choix a été celui fait par Poutine avec le franchissement de la frontière ukrainienne en février 2022). Il s'agit de choix machiavéliques et amoraux, mais défendables en termes de rationalité collective à long terme, typique d'organismes complexes tels que les États et les empires.
Les choix occidentaux d'aujourd'hui, au lieu de relever de la Realpolitik, ne font montre que de cynisme, mais sans aucun contact avec la réalité.
Ils sont prêts à manœuvrer les êtres humains sur l'échiquier de l'histoire comme des pions dont on peut se passer librement, sauf qu'ils ne sont pas des maîtres d'échecs mais des singes de théâtre, des Zampanòs modernes en version brillante.
Mais, dira-t-on, derrière les clowns qui s'agitent sur la scène, derrière les bouchers qui servent à récolter des voix dans les talk-shows, il y a peut-être une puissance obscure, peut-être avec un agenda obscur, mais rationnelle à sa manière, non? Bien sûr, ce ne sont pas les Biden ou les Scholz qui mènent la barque, mais il y a peut-être des manœuvres derrière, le fameux «Deep State»?
Et malheureusement, ceux qui pensent en ces termes sont encore trop optimistes, car ils humanisent et rationalisent l'oligarchie des manœuvriers, en en faisant un nouveau Sauron: sombre, maléfique, mais à sa manière rationnel.
Mais non, la situation est bien pire. L'oligarchie des manipulateurs en coulisses existe bien sûr, mais elle n'est ni un parti, ni une association secrète, ni une secte, mais un ensemble mobile de partis, d'associations secrètes, de sectes, de lobbies divers, totalement incapables de planifier le mal, même à long terme; très capables, en revanche, de tenir la barre à tribord de leur propre intérêt économique à court et moyen terme. Et c'est le seul élément qui les relie en profondeur.
Ce qui facilite la réalisation de cet intérêt est autorisé et promu par certains. Ce qui entrave cet intérêt est bloqué, censuré, défini. Dans un mécanisme «darwinien», les idées, les idéologies, les initiatives culturelles, les journaux, les personnalités qui sont favorables sont autorisés, favorisés, se reproduisent, se développent. Les autres languissent dans la misère. C'est ainsi que prend forme une sorte d'« idéologie » de l'« État profond », que personne n'a conçue et qui est de nature purement superstructurelle.
Le résultat global est ce que nous pouvons appeler l'empire du cynisme sans tête.
Nous avons construit une énorme machine à tuer, immensément complexe et destructrice, et dans le cockpit, nous avons placé une bande de singes qui tripotent les commandes.
Andrea Zolk
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