Collectif Entropie
Sous couvert de « décarbonation » – soit la diminution de la quantité d’émissions de gaz à effet de serre (GES) produites par la combustion de combustibles fossiles –, on détourne Hydro-Québec de sa mission première, celle, essentielle, d’assurer un service fiable, à un coût raisonnable. Ceci, avec tous les risques que cela comporte…
Il existe en droit administratif une notion appelée « Test de l’Investissement prudent », qui oblige le fiduciaire à investir l’argent qui lui est confié comme si c’était le sien.
Est-ce que le plan d’action 2035 « Vers un Québec décarboné et prospère » de Michael Sabia (pharaonique !) et les milliards injectés dans la filière batterie (« Un choix industriel qui n’est assurément pas le bon pour le Québec », selon l’économiste Frédéric Laurin) et dans des technologies immatures, coûteuses et inefficaces (hydrogène « vert », captage et stockage du carbone, etc.) rencontreraient les standards de ce test ? Il est permis d’en douter !
En réponse aux changements climatiques, les stratégies d’adaptation doivent, selon nous, être préférées aux mesures d’atténuation : pour mémoire, l’atténuation traite des causes du changement climatique – présumément l’accumulation de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère – alors que l’adaptation concerne les impacts du changement climatique.
Continuer, en soi, à privilégier l’efficience, l’efficacité, l’économie et la sobriété en général est plus que souhaitable, mais engager temps, effectifs et ressources, au niveau local, dans le but premier de diminuer les GES, avec les incertitudes significatives qui prévalent dans la science du climat et, parallèlement, le peu d’engagements de certains pays à travailler en ce sens, paraît, à court terme, plus qu’hasardeux. Comment, pourra-t-on, par ailleurs, mesurer l’impact réel de ces investissements, leur contribution spécifique à la « décarbonation » et leur incidence ultime sur le climat futur ? Prudence, donc…
Dans le contexte ou les ressources de l’État sont limitées – on annonce un déficit record de 11 milliards en 2024-2025 – et que le gouvernement doit continuer à pouvoir mener concurremment ses autres missions que sont l’éducation, la santé, la protection sociale, etc., les mesures d’adaptation, bien ciblées et économes, sont susceptibles de livrer des résultats plus tangibles… Hydro-Québec investira des sommes considérables pour gagner en résilience (ceci doit être LA priorité !), en faisant évoluer la conception et la gestion de son réseau et en optimisant le remplacement et la modernisation de ses actifs. Les municipalités, qui sont aussi sur la ligne de front, réclament, à juste titre, un appui gouvernemental pour adapter leurs infrastructures aux changements climatiques. Plusieurs autres mesures porteuses, bien adaptées au milieu récepteur, peuvent être mises de l’avant : améliorer la sécurité alimentaire par la culture en serre et l’ajustement des méthodes de cultures, réduire la consommation d’eau d’industries grandes utilisatrices, etc…
Et, assurément, la transition énergétique ne doit pas consister, comme il est actuellement proposé, en une addition énergétique, qui risque d’être coûteuse – selon une étude récente, il faudrait anticiper une hausse tarifaire de 65 à 75 % cumulativement sur 11 ans, soit 5 à 6 % par an – ! À ce titre, le gouvernement doit, dès à présent, décliner tout accueil de nouvelles entreprises énergivores et Hydro-Québec, qui entend quintupler ses ventes aux centres de données dans la prochaine décennie, réajuster ses plans.
Finalement, le maintien d’un mix énergétique « sobre », voire décroissant, qui table aussi bien sur les énergies renouvelables que fossiles, nous semble un choix avisé et bien « adapté » dans le contexte actuel de grande instabilité, géopolitique, climatique, cybernétique, etc… Imaginons seulement un prochain verglas sans chauffage, transports et services publics !!!!!
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