Il faut être réaliste. Le projet Northvolt entraîne des risques pour la santé de la population, pour les ressources naturelles et pour la survie de la biodiversité. Ces préoccupations des citoyen(ne)s de la région de la Vallée du Richelieu ont été documentées par le Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements Climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), en juin 2024. (1) Si on ne travaille pas à mitiger ces risques, ces atteintes à nos acquis outrepasseront largement les bénéfices économiques du projet.
Une documentation crédible publiée en Suède et relatée par Thomas Gerbet (2), décrit les impacts négatifs environnementaux de la gigantesque usine suédoise, similaire à celle en construction au Québec. Les émissions polluantes dans l’air par l’usine suédoise comprennent du nickel, du cobalt, du lithium et de l’ammonium. Dans l’eau, sont rejetés du nickel, du cobalt, du lithium, entre autres. Et ce sont ces mêmes produits qui seront émis au Québec, a confirmé Northvolt.
En 2022, le ministère MELCCFP du Québec a réalisé une évaluation préliminaire du danger lié à la présence de lithium en milieu terrestre, à partir d’une revue de la littérature (3). Or, le rapport nous apprend que chez les végétaux, à des concentrations élevées, le lithium, engendre des nécroses, une diminution du taux de germination, de la biomasse et de la croissance; chez les invertébrés terrestres, l’exposition au lithium entraîne une diminution de la croissance, de la maturation et de la reproduction et l’effet peut être léthal au-delà d’un certain seuil; Finalement chez les mammifères, le lithium affecterait le système nerveux central, les fonctions rénales et hépatiques en plus d’affecter la reproduction, la prise de poids et la survie.
Lorsque questionnée au sujet des contaminants de Northvolt (4), Maryse Bouchard, professeure de santé environnementale à l’INRS, explique qu’au Québec il n’existe aucune norme pour ces rejets (Lithium, nickel et cobalt), parce que ce sont de nouveaux contaminants « émergents » issus des nouveaux procédés. « On n’est pas prêts à ce que les activités de Northvolt commencent. On sait que le lithium modifie le fonctionnement du cerveau et interfère avec certains neurotransmetteurs. » Et elle cite une étude parue en 2023 et menée sur plusieurs dizaine de milliers de personnes en Europe, qui démontre que la présence de lithium dans l’eau potable, augmente le risque d’autisme chez les enfants. Force est de conclure qu’il manque de données pour prendre des décisions appuyées par la science, pour la gestion des risques.
En plus, le risque d’incendie et/ou d’explosion des matières inflammables avec fumées toxiques dans l’air, qu’ils soient sur le site ou sur le trajet des convois en zone urbaine à haute densité, soulève également des craintes. Les services d’incendie, ambulanciers et de soins de santé de la région, ont-ils la capacité de faire face rapidement à une catastrophe écologique pouvant entraîner de multiples blessés, maisons et milieux naturels dévastés ?
Ceci étant, le choix actuel du site de l’usine Northvolt est questionnable puisqu’il pose des défis et comporte des risques importants, à cause de la proximité des quartiers résidentiels; des rejets de contaminants dans la Rivière Richelieu, source d’eau potable de près de 300 000 personnes; de la survie menacée de 60 espèces de poissons d’eau douce, comme le chevalier cuivré, ne sont présents que dans le Richelieu; Son bassin versant irrigue en eau l’agriculture qui y prédomine avec près de 70% de l’occupation du territoire de la région. Fait non négligeable, la Montérégie est le grenier du Québec. Ses terres fertiles, ses vergers ne doivent pas être sacrifiées.
Le prix à payer pour le projet Northvolt n’est-il pas élevé, compte tenu des faits discutés? Nous prenons pour acquis notre santé et nos ressources. La perte de ces acquis a un prix. Le Québec bénéficiera-t-il vraiment de ce projet?
Le Comité Action Citoyen – Projet Northvolt, veut donc relancer une réflexion pour préciser les risques de Northvolt, et l’adoption de solutions appropriées, et ce, avant le début des opérations de Northvolt en Montérégie, si ce projet doit aller de l’avant.
L’adoption de solutions s’impose
L’acceptabilité sociale de Northvolt en Montérégie n’est pas établie: Reproduire chez nous, le modèle d’usine « titanesque », qui « a échoué » en Suède n’est pas souhaitable. Cherchons à faire mieux…
… Tel que mentionné dans l’article précédent, préciser les risques de Northvolt, et adopter des solutions pour les éliminer avant le début des opérations permettra d’assurer la bonne cohabitation de Northvolt VS la protection de la population, de l’eau potable, des sols et de la biodiversité.
Chaque risque doit avoir sa mesure d’atténuation. Les risques non acceptables doivent être éliminés. Voici une liste non exhaustive d’idées de mesures d’atténuation des risques, qui doit être enrichie par des experts afin de prévenir les risques soulevés dans l’article précédent :
- Exiger l’accès aux dossiers de Santé, d’incidents et d’accidents impliquant la population et les travailleurs en Suède pour éviter de faire les mêmes erreurs;
- Mettre en place un programme de surveillance environnementale (eau, air, sol);
- Mettre en place un programme de surveillance de la santé des citoyens de la région et intervenir rapidement en cas de danger ou menace;
- Utiliser des technologies de fabrication moins polluantes;
- Réduire l’utilisation de métaux lourds et de produits chimiques toxiques;
- Concevoir la batterie pour faciliter le recyclage, réutiliser des matériaux et réduire les déchets;
- Installer un système de filtration des eaux usées chez Northvolt, pour capter les contaminants avant tout rejet dans le Richelieu;
- Installer un système de filtration avancé d’air chez Northvolt et changer fréquemment les filtres;
- Northvolt devrait avoir son propre service incendie pour réagir rapidement et limiter la propagation en zone urbaine ou dans la nature, en cas d’incendie ou d’explosion ;
- Implanter des pratiques de gestion des déchets solides qui minimisent la pollution;
- Approvisionner l’usine en « juste à temps », pour éviter l’entreposage de grandes quantités de matières dangereuses et inflammables et de déchets en zone urbaine.
- Créer des zones tampons autour des zones urbaines, cours d’eau et terres agricoles pour protéger la population et les ressources (eau, air, sol) contre les contaminants;
- Impliquer les communautés locales, les producteurs agricoles et les experts en environnement pour trouver des solutions aux préoccupations;
- Appliquer des normes strictes pour la qualité de l’air, l’eau, et les sols, basées sur des données scientifiques;
- Dépolluer le site en mode continue, pour éviter le débordement des contaminants;
- Mettre en place des programmes de restauration des habitats naturels pour préserver les espèces locales et menacées;
- Effectuer des évaluations régulières de la biodiversité pour surveiller l’impact de Northvolt sur les écosystèmes locaux.
- Réduire l’envergure de la production de Northvolt en Montérégie pour mieux gérer la pollution, la circulation des matières et rentabiliser la production.
- En parallèle, créer d’autres petites usines Northvolt près des matériaux critiques permettra de mieux s’ajuster à une demande croissante de batteries, sans congestion logistique et de créer des emplois en zone de faible vitalité économique;
- Prévoir un fonds dès le début, tiré des bénéfices, pour implanter diverses mesures de prévention ou indemniser des victimes du projet et réhabiliter des zones dévastées, en plus des autres engagements de l’entreprise, à cet effet.
- Etc…
Le Comité Action Citoyen – Projet Northvolt aimerait susciter la collaboration de l’ensemble du milieu universitaire, des centres de recherche et de scientifiques, de l’IRSST et de la CSST, pour repenser la production de batteries pour véhicules électriques, avec une approche de développement durable, qui protège la population et les ressources naturelles.
La survie de l’homme dépend de l’eau potable, de l’air respirable, de terres nourricières et de la chaîne de biodiversité. Elle ne dépend pas des véhicules électriques. Si les ENJEUX , soit les risques de destruction de notre santé, de l’eau potable, de l’air respirable, des terres fertiles et de la biodiversité, sont plus important que les bénéfices du projet NorthVolt pour le Québec…. ALORS, le gros bons sens dicte que ce projet ne doit pas aller de l’avant ou doit réduire d’envergure!
(1) https://www.ree.environnement.gouv.qc.ca/dossiers/3211-14-047/3211-14-047-4.pdf
(2) https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2098192/northvolt-rejets-quebec-suede-nickel-lithium-riviere-richelieu, Article de Thomas Gerbet, 21 août 2024
(3) https://www.ceaeq.gouv.qc.ca/ecotoxicologie/revue_lithium.pdf
(4)https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/le-15-18/episodes/926557/rattrapage-du-21-aout-2024-ladaptation-du-programme-dindemnisation-aux-sinistres-et-du-lithium-dans-la-riviere-richelieu
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal