Le découplage

Le découplage

Par Alexandre Douguine − Le 8 Août 2024 − Source Arktos Journal

Dans les décennies à venir, le concept principal et le plus fréquemment utilisé sera sans aucun doute le terme « découplage ». Le mot anglais « decoupling » signifie littéralement « déconnexion d’une paire » et peut se référer à un large éventail de phénomènes, de la physique à l’économie. Dans tous les cas, il s’agit de la rupture du lien entre deux systèmes, en particulier lorsqu’ils dépendent l’un de l’autre dans une mesure plus ou moins grande. Il n’existe pas d’équivalent exact pour traduire ce mot en russe, bien que размыкание (détachement), расцепление (désengagement), et разрыв пары (déconnexion des paires) véhiculent le sens. Toutefois, il est préférable de conserver le terme anglais « decoupling ».

Alexandre Douguine discute du terme « découplage », qui signifie un changement fondamental par rapport aux normes universelles de l’Occident et un rejet des structures mondiales interconnectées qui ont historiquement lié les sociétés non occidentales aux valeurs, aux technologies et aux systèmes politiques occidentaux.

Au sens large, au niveau des processus civilisationnels globaux, « découplage » signifie quelque chose de directement opposé à « mondialisation ». Le terme « globalisation » est également anglais (d’origine latine). La mondialisation signifie l’unification de tous les États et de toutes les cultures selon des règles et des algorithmes établis en Occident. « Être global » signifie ressembler à l’Occident contemporain, accepter ses valeurs culturelles, ses mécanismes économiques, ses solutions technologiques, ses institutions et protocoles politiques, ses systèmes d’information, ses normes esthétiques et ses critères éthiques comme quelque chose d’universel, de total − la seule option − et d’obligatoire. En pratique, cela signifie le « couplage » des sociétés non occidentales avec l’Occident et entre elles, mais toujours de manière à ce que les règles et les normes occidentales servent d’algorithme. Essentiellement, dans une telle mondialisation unipolaire, il y avait un centre principal − l’Occident − et tous les autres pays à la circonférence, soit « the West and the Rest », comme le dit Samuel Huntington. Le Reste était censé se connecter à l’Occident. Cette connexion garantissait l’intégration dans un système mondial planétaire unique, dans l’« Empire » mondial de la postmodernité, avec la métropole située au centre de l’humanité, c’est-à-dire en Occident.

Entrer dans la mondialisation, reconnaître la légitimité des institutions supranationales − telles que l’OMC, l’OMS, le FMI, la Banque mondiale, la CPI, la CEDH, et jusqu’au gouvernement mondial, dont le prototype est la Commission trilatérale ou le Forum de Davos − signifiait se joindre système, exprimé par le terme de « couplage ». Entre l’Occident collectif et tout autre pays, culture ou civilisation, un couple s’est formé, dans lequel une certaine hiérarchie − leader/suiveur − s’est immédiatement établie. L’Occident joue le rôle de maître, le non-Occident celui d’esclave. C’est autour de cet axe de « couplage » que s’est formé tout le système de la politique, de l’économie, de l’information, de la technologie, de l’industrie, de la finance et des ressources mondiales. Dans cette situation, l’Occident incarnait l’avenir − le « progrès », le « développement », l’« évolution », les « réformes » −, tandis que tous les autres pays étaient censés se connecter à l’Occident et le suivre selon la logique du « développement de rattrapage ».

Aux yeux des mondialistes, le monde était divisé en trois zones : le « Nord riche » (essentiellement l’Occident − les États-Unis et l’UE, ainsi que l’Australie et le Japon), les « pays semi-périphériques » (principalement les pays du BRICS relativement développés) et le « Sud pauvre » (tous les autres).

La Chine s’est engagée dans la mondialisation au début des années 1980 sous la direction de Deng Xiaoping. La Russie l’a fait dans des conditions beaucoup moins favorables au début des années 1990 sous Eltsine. Les réformes de Gorbatchev visaient également à « se coupler » avec l’Occident (« une maison européenne commune »). Plus tard, l’Inde s’est jointe activement à ce processus. Chaque pays s’est « couplé » à l’Occident, ce qui signifiait s’intégrer dans le processus de mondialisation.

La mondialisation était et reste un phénomène fondamentalement occidental, et étant donné que les États-Unis et les élites mondialistes y jouent le rôle principal, il est tout à fait logique d’utiliser des termes anglais pour la décrire. La mondialisation s’est faite par « couplage » et, à partir de là, toutes les personnes impliquées ont suivi ses règles et ses lignes directrices à tous les niveaux − à la fois mondial et régional.

Les processus de mondialisation ont pris de l’ampleur à partir de la fin des années 1980 jusqu’à ce qu’ils commencent à s’essouffler et à s’arrêter dans les années 2000. Le facteur le plus important de ce renversement du vecteur de la mondialisation a été la politique de Poutine, qui visait initialement à intégrer la Russie dans la mondialisation (adhésion à l’OMC, etc.) tout en insistant sur la souveraineté, ce qui contredisait clairement la principale directive des mondialistes, à savoir l’évolution vers la dé-souverainisation, la dé-nationalisation et la perspective de l’établissement d’un gouvernement mondial. Ainsi, Poutine a rapidement pris ses distances avec le FMI et la Banque mondiale, notant à juste titre que ces institutions utilisaient le « couplage » dans l’intérêt de l’Occident et souvent directement contre les intérêts de la Russie.

Simultanément, la Chine, qui a tiré le maximum de bénéfices de la mondialisation en s’appuyant sur son implication dans l’économie mondiale, le système financier et surtout la délocalisation des industries des pays occidentaux vers l’Asie du Sud-Est (où les coûts de la main-d’œuvre étaient nettement inférieurs), a également atteint les limites des résultats positifs de cette stratégie. En outre, la Chine a initialement veillé à maintenir sa souveraineté dans certains domaines − en rejetant la démocratie libérale contrôlée par l’Occident (événements de la place Tiananmen) et en établissant un contrôle national total sur l’internet et la sphère numérique. Cela est devenu particulièrement évident sous Xi Jinping, qui a ouvertement déclaré que la Chine ne s’orientait pas vers un mondialisme centré sur l’Occident, mais vers son propre modèle de politique mondiale fondé sur la multipolarité.

Poutine a également fermement établi le cap vers la multipolarité, et d’autres pays semi-périphériques, en particulier les nations BRICS, se sont de plus en plus tournés vers ce modèle. Les relations entre la Russie et l’Occident se sont particulièrement détériorées avec le début de l’opération militaire spéciale (OMS) en Ukraine, après quoi l’Occident a rapidement commencé à couper les liens avec Moscou − au niveau économique (sanctions), politique (une vague de russophobie sans précédent), énergétique (explosions de gazoducs dans la mer Baltique), des échanges technologiques (interdiction de fournir des technologies à la Russie), sportif (une série de disqualifications simulées d’athlètes russes et l’interdiction de participer aux Jeux olympiques), et ainsi de suite. En d’autres termes, en réponse à l’opération militaire spéciale en Ukraine, c’est-à-dire à la déclaration complète de souveraineté de la Russie par Poutine, l’Occident a initié le « découplage ».

À ce stade, le terme « découplage » prend tout son sens. Il ne s’agit pas seulement d’une rupture de liens, mais d’un nouveau mode de fonctionnement pour deux systèmes, chacun étant désormais censé être totalement indépendant de l’autre. Pour les États-Unis et l’Union européenne, le « découplage » apparaît comme une punition pour le « mauvais comportement » de la Russie, c’est-à-dire son détachement forcé des processus et des outils de développement. Pour la Russie, au contraire, cette autarcie forcée, largement atténuée par le maintien et même le développement des contacts avec les pays non occidentaux, apparaît comme la prochaine étape décisive vers la restauration de sa pleine souveraineté géopolitique, considérablement affaiblie et presque totalement perdue entre la fin des années 1980 et le début des années 1990. Il est aujourd’hui difficile de dire avec certitude qui est à l’origine du « découplage », c’est-à-dire de l’exclusion de la Russie de la structure de mondialisation unipolaire centrée sur l’Occident. Officiellement, c’est la Russie qui a lancé l’OMS, mais secrètement, l’Occident l’a activement poussée dans cette voie et l’a provoquée par l’intermédiaire de ses mandataires ukrainiens.

Quoi qu’il en soit, le fait est là : La Russie est entrée dans le processus de « découplage » de l’Occident et du mondialisme qu’il promeut. Et ce n’est que le début. Les étapes inévitables sont encore à venir.

Avant tout, nous devons rejeter systématiquement et fondamentalement l’universalité des normes occidentales − dans les domaines de l’économie, de la politique, de l’éducation, de la technologie, de la culture, de l’art, de l’information, de l’éthique, etc. Le « découplage » ne signifie pas seulement une détérioration ou même une rupture des relations. Il est beaucoup plus profond. Il implique de revisiter les attitudes civilisationnelles de base formées en Russie bien avant le XXe siècle, au cours duquel l’Occident a été pris comme modèle, et ses étapes historiques de développement comme un modèle incontestable pour tous les autres peuples et civilisations, y compris notre pays. Dans une certaine mesure, les deux derniers siècles du règne des Romanov, la période soviétique (avec une critique du capitalisme) et surtout l’ère des réformes libérales du début des années 1990 à février 2022 ont tous été centrés sur l’Occident. Au cours des derniers siècles, la Russie s’est engagée dans le « couplage », sans remettre en question l’universalité de la voie de développement occidentale. Certes, les communistes pensaient qu’il fallait vaincre le capitalisme, mais seulement après l’avoir construit, sur la base de la « nécessité objective » de changer de formation. Trotski et Lénine considéraient même les perspectives de révolution mondiale comme un processus de « couplage », d’« internationalisme », de liaison avec l’Occident, même si c’était dans le but de former un prolétariat mondial unique et d’intensifier sa lutte. Sous Staline, l’Union soviétique est essentiellement devenue un État-civilisation distinct, mais seulement en s’écartant de l’orthodoxie marxiste et en s’appuyant sur ses propres forces et sur le génie créatif unique de son peuple.

Lorsque l’énergie et les pratiques du stalinisme ont été épuisées, l’Union soviétique s’est à nouveau rapprochée de l’Occident selon la logique du « couplage » et s’est effondrée comme on pouvait s’y attendre. Les réformes libérales des années 1990 ont constitué un nouveau bond vers le « couplage », d’où l’atlantisme et la position pro-occidentale des élites de cette époque. Même sous Poutine, au début, la Russie a essayé de maintenir le « couplage » à tout prix, jusqu’à ce qu’il entre en contradiction directe avec la volonté encore plus ferme de Poutine de renforcer la souveraineté de l’État (ce qui aurait été pratiquement impossible dans le cadre d’une mondialisation continue − à la fois en théorie et en pratique).

Aujourd’hui, la Russie entre consciemment, fermement et irréversiblement dans le « découplage ». On comprend maintenant pourquoi nous avons accepté d’utiliser ce terme dans sa version anglaise. Le « couplage », c’est l’intégration à l’Occident, la reconnaissance de ses structures, de ses valeurs et de ses technologies en tant que modèles universels, la dépendance systémique à son égard, ainsi que la volonté d’en faire partie, de le rattraper, de le suivre − au pire, il s’agit de remplacer ce dont l’Occident a choisi de nous exclure. Le « découplage », au contraire, consiste à rejeter tous ces principes, à compter non seulement sur nos propres forces, mais aussi sur nos propres valeurs, notre propre identité, notre propre histoire, notre propre esprit. Bien sûr, nous n’en avons pas encore pris toute la mesure, car l’occidentalisation de la Russie, l’histoire de notre « couplage », dure depuis plusieurs siècles. Avec des succès divers, la pénétration de l’Occident dans notre société a été continue et intrusive.

Depuis longtemps, l’Occident n’est pas seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur de nous. Le « découplage » sera donc très difficile. Il comprend des opérations complexes visant à « expulser toutes les influences occidentales de la société ». En outre, la profondeur d’un tel nettoyage est bien plus grave que la critique du système bourgeois à l’époque soviétique. À l’époque, il s’agissait de deux lignes de développement concurrentes au sein d’une même civilisation (par défaut occidentale !) – capitaliste et socialiste, mais le second modèle − socialiste − était également construit sur les critères de développement de la société occidentale, sur les enseignements et théories occidentaux, sur les méthodes de calcul et d’évaluation occidentales, sur l’échelle occidentale des niveaux de développement, et ainsi de suite. Libéraux et communistes sont unis dans l’idée qu’il ne peut y avoir qu’une seule civilisation, et ils sont également d’accord pour dire qu’il s’agit de la civilisation occidentale – ses cycles, ses formations, ses phases de développement.

Un siècle plus tôt, les slavophiles russes sont allés beaucoup plus loin et ont appelé à une révision systémique, à un rejet de l’occidentalisation et à un retour à leurs propres racines russes. C’est en fait le début de notre « découplage ». Il est regrettable que cette tendance, qui était très populaire en Russie au XIXe siècle et au début du XXe siècle, n’ait pas prévalu. Aujourd’hui, nous devons simplement achever ce que les slavophiles, suivis par les eurasistes russes, ont commencé. Nous devons surmonter la prétention de l’Occident à l’universalité, au mondialisme et à l’unicité.

On pourrait considérer que le « découplage » nous a été imposé par l’Occident lui-même. Mais, plus vraisemblablement, nous pouvons y voir le travail secret de la Providence. L’exemple de l’ouverture des Jeux olympiques à Paris l’illustre bien. L’Occident a interdit à la Russie de participer aux Jeux olympiques. Mais au lieu d’une punition, avec en toile de fond ce défilé esthétiquement monstrueux de pervers et la course pitoyable des nageurs dans les eaux remplies d’immondices et de déchets toxiques de la Seine, tout cela s’est transformé en quelque chose de tout à fait contraire − une opération visant à sauver la Russie du déshonneur et de l’humiliation. Les images de « découplage » dans le sport illustrent de manière frappante son caractère curatif. En nous coupant de lui, l’Occident facilite essentiellement notre rétablissement, notre résurrection. N’étant pas autorisée à pénétrer dans le centre de la dégénérescence et du péché éhonté, la Russie se trouve à distance, à l’écart. Nous reconnaissons cela aujourd’hui comme la Providence. Il en est ainsi.

Si nous regardons maintenant le reste du monde, nous remarquerons immédiatement que nous ne sommes pas seuls sur le chemin du « découplage ». Tous les peuples et toutes les civilisations qui s’orientent vers une architecture mondiale multipolaire entrent dans le même processus.

Récemment, lors d’une conversation avec un grand oligarque et investisseur chinois, j’ai entendu de sa bouche des réflexions sur le « découplage ». En toute confiance, mon interlocuteur a déclaré que le « découplage » entre la Chine et les États-Unis est inévitable, et a déjà commencé. Le seul problème est que l’Occident veut le mener dans des conditions qui lui soient favorables, alors que la Chine vise l’inverse, c’est-à-dire son propre bénéfice. Jusqu’au dernier moment, la Chine avait réussi à extraire des résultats positifs de la mondialisation, mais cela nécessite désormais une révision et un recours à son propre modèle, que la Chine lie inextricablement au succès de l’intégration de la Grande Eurasie (en collaboration avec la Russie) et à la mise en œuvre du projet « One Belt, One Road » (une ceinture, une route). Selon l’influent interlocuteur chinois, c’est précisément le « découplage » qui définira l’essence des relations entre la Chine et l’Occident dans les décennies à venir.

L’Inde opte également de plus en plus et fermement pour la multipolarité. S’il n’est pas encore question d’un « découplage » complet avec l’Occident, le Premier ministre Narendra Modi a récemment déclaré ouvertement qu’il s’engageait sur la voie de la « décolonisation de l’esprit indien ». Cela signifie que dans ce pays géant, un État-civilisation (Bharat), au moins dans le domaine des idées (ce qui est primordial !), le cap est mis sur le « découplage » intellectuel. Les formes occidentales de pensée, de philosophie et de culture ne sont plus acceptées par les Indiens de la nouvelle ère comme des modèles inconditionnels. D’autant plus que le souvenir des horreurs de la colonisation et de l’asservissement par les Britanniques est encore vivace. Après tout, la colonisation était aussi une forme de « couplage », c’est-à-dire de « modernisation » et d’« occidentalisation » (d’où son soutien par Marx).

Il est évident qu’un véritable « découplage » se produit également dans le monde islamique. Les Palestiniens et les musulmans chiites de la région mènent actuellement une véritable guerre contre le mandataire de l’Occident au Moyen-Orient, Israël. Le contraste frappant entre les valeurs et les normes occidentales contemporaines et celles de la religion et de la culture islamiques est depuis longtemps un leitmotiv des politiques anti-occidentales des sociétés islamiques. La honteuse parade de pervers lors de l’ouverture des Jeux olympiques à Paris n’a fait que jeter de l’huile sur le feu. Il est à noter que la réaction la plus sévère à la représentation blasphématoire du Christ est venue des autorités de l’Iran islamique. L’islam est clairement orienté vers un « découplage » irréversible.

Dans certains secteurs, ces mêmes processus émergent également dans d’autres civilisations – dans la nouvelle vague de décolonisation des peuples africains et dans les politiques de nombreux pays d’Amérique latine. Plus ils sont entraînés dans les processus de multipolarité et plus ils se rapprochent du bloc des BRICS, plus la question du « découplage » devient aiguë au sein de ces sociétés.

Enfin, nous pouvons observer que le désir de se replier à l’intérieur de ses frontières se manifeste de plus en plus en Occident même. Les populistes de droite en Europe et les partisans de Trump aux États-Unis plaident ouvertement pour la « forteresse Europe » et la « forteresse Amérique », c’est-à-dire pour le « découplage » des sociétés non occidentales – contre les flux d’immigration, la dilution de l’identité et la dé-souverainisation. Même sous Biden, un mondialiste convaincu et un fervent partisan du maintien de l’unipolarité, nous constatons une évolution sans équivoque vers des mesures protectionnistes. L’Occident commence à se refermer sur lui-même, s’engageant sur la voie du « découplage ».

Nous avons donc commencé par affirmer que le mot « découplage » serait la clé des prochaines décennies. C’est évident, mais peu de gens réalisent encore la profondeur de ce processus et les efforts intellectuels, philosophiques, politiques, organisationnels, sociaux et culturels qu’il exigera de toute l’humanité − de nos sociétés, de nos pays et de nos peuples. À mesure que nous nous détachons de l’Occident global, nous sommes confrontés à la nécessité de restaurer, de raviver et de réaffirmer nos propres valeurs, traditions, cultures, principes, croyances, coutumes et fondements. Jusqu’à présent, nous ne faisons que les premiers pas dans cette direction.

L’avenir des relations entre la Chine et l’Occident au cours des prochaines décennies sera déterminé par les principes de l’Union européenne.

Alexandre Douguine

Traduit par Laurent Guyénot pour le Saker Francophone

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