Par Kit Klarenberg – Le 4 octobre 2024 – Source Mintpress News
En décembre 2022, le Canada a imposé des sanctions strictes contre Gilbert Bigio, fréquemment qualifié de “seul milliardaire d’Haïti” et “d’homme le plus riche d’un pays profondément appauvri“. Lui, et deux autres citoyens haïtiens très riches, ont été accusés par Ottawa d’utiliser leur influence et leur pouvoir démesurés dans le pays “pour protéger et permettre les activités illégales des gangs criminels armés” qui déchirent Port-au-Prince depuis des années. Depuis lors, Bigio est toujours en liberté et impuni. Pendant ce temps, Haïti s’enfonce de plus en plus dans la catastrophe.
Par contre, aucun autre pays occidental – notamment les États-Unis, d’habitude prompte à appliquer des sanctions – n’a suivi l’exemple du Canada. Alors que des vagues successives de casques bleus mandatés par l’ONU, venant de tous les coins du monde, ont été déployés en Haïti ces dernières années, ils ont été incapables de réprimer – et ont même souvent exacerbés – la violence qui laisse le pays sans État fonctionnel ni société civile. Le Kenya, qui dirige actuellement une initiative internationale “antigang” à Port-au-Prince, a récemment demandé que l’effort soit transformé en une opération spéciale de maintien de la paix des Nations Unies.
Pour sa part, Danny Shaw, professeur d’études latino-américaines et Caribéennes, n’a aucun doute sur le fait que Bigio, et d’autres comme lui, sont fondamentalement responsables d’avoir encouragé et facilité l’effondrement d’Haïti. Il a déclaré à MintPress News : “Seule une petite clique bien connectée de seigneurs de guerre blancs complètement isolés des besoins et de la réalité des 99,9% de la population haïtienne dispose des aéroports privés, des ports et des contacts frontaliers nécessaires pour faire entrer clandestinement des armes à feu et autres objets de contrebande dans le pays.”
Le fait que les armes n’aient cessé d’affluer depuis le début et qu’aucune mesure n’ait été prise pour neutraliser les réseaux criminels internationaux exploités par Bigio, sous-tendant cet afflux, tend à suggérer que les activités illicites du magnat sont actives, et discrètement autorisées par des éléments puissants au sein des gouvernements occidentaux. Comme nous le verrons, Israël pourrait bien être à l’avant-garde du racket de protection internationale de Bigio. Comprendre comment il promeut les intérêts d’Israël en Haïti et dans la région au sens large peut être crucial pour comprendre comment les vrilles de Tel Aviv s’étendent ailleurs à l’étranger.
Le professeur Shaw note que Bigio est également actif en République dominicaine voisine, travaillant en étroite collaboration avec le président Luis Abinader. Par exemple, Pablo Daniel Portes Goris, PDG de la société GB Energy de Bigio, est le conseiller financier d’Abinader. Walkiria Caamaño et Joan Fernandez Osorio sont des cadres de Bigio travaillant pour le président dominicain. Shaw ajoute :
Des individus comme Bigio ont toujours été intouchables des deux côtés de la frontière. Les élites de la République dominicaine se sont historiquement associées à des dirigeants haïtiens corrompus contre 99,9% de la population de l’île. Les Bigios et une poignée d’autres familles multimillionnaires, ainsi que leurs politiciens embauchés, sont un État dans l’État. Une grande partie de ce qui se passe dans la politique haïtienne, des coups d’État politiques aux assassinats ciblés, peut être attribuée à la lutte de pouvoir qui se produit entre eux.
En rapportant les sanctions contre Bigio prises par les autorités canadiennes, les médias occidentaux ont universellement refusé de mentionner son dévouement de toute une vie au sionisme ou ses liens intimes de longue date avec l’État israélien. Cet oubli est indéfendable, étant donné qu’un rapport de l’Agence télégraphique juive de février 2004 sur l’histoire des Juifs en Haïti présentait un long portrait de l’oligarque, offrant des informations très révélatrices et profondément suspectes.
Bigio y est décrit comme le “chef de facto“ de la communauté juive en constante diminution du pays, organisant régulièrement des célébrations telles que Rosh Hashanah et Yom Kippour dans sa ”grande et belle maison“ dans “l’un des rares quartiers chics de Port-au-Prince.“ Bien qu’il ne soit pas ”un homme religieux“, Bigio était “particulièrement fier du rouleau de la Torah qu’il garde dans son étude – la seule Torah en Haïti.” Par coïncidence, les fondateurs d’Israël ne sont généralement pas des Juifs pratiquants, mais principalement des athées et des chrétiens évangéliques. Ils restent parmi les partisans les plus enragés de Tel Aviv aujourd’hui.
L’Agence télégraphique juive a révélé comment le grand-père et le père de Bigio ont émigré en Haïti à la fin des années 1800 et pendant la Première Guerre mondiale, respectivement, faisant partie d’une vague contemporaine d’arrivées de Juifs séfarades venant d’Égypte, du Liban et de Syrie. Par la suite, les ancêtres de l’oligarque “prospérèrent dans l’exportation du coton, du cacao et du bois de campeche“. De nos jours, Bigio et sa famille ont élargi leurs opérations haïtiennes pour inclure “l’industrie et le commerce”, une aciérie et des services bancaires. Ces activités les ont rendus “extrêmement riches” dans un pays où “environ 50% de la population est analphabète et 76 % des enfants de moins de cinq ans souffrent d’insuffisance pondérale ou souffrent d’un retard de croissance.”
Malgré cela, alors qu’il réside dans une maison somptueuse “bien gardée” remplie “d’une piscine luxueuse et d’un belvédère pour les fêtes en plein air”, Bigio a rejeté les suggestions selon lesquelles les Haïtiens moyens ressentaient du “ressentiment” envers lui ou d’autres riches expatriés dans le pays, qui abrite un certain nombre d’Israéliens de haut niveau. Au lieu de cela, il suggère : “si vous savez comment gérer le succès, les gens vous admirent au lieu de vous détester“. Il a également “ri” lorsqu’on lui a demandé s’il avait déjà fait l’expérience de l’antisémitisme dans le pays.
Bigio a rétorqué que les Haïtiens “ont beaucoup de respect pour les Juifs et beaucoup d’admiration pour Israël”, notant qu’Haïti avait voté en faveur du plan de partition de l’ONU de 1947 pour la Palestine, qui a créé Israël. De nos jours, a-t-il ajouté, Port-au-Prince “importe chaque année pour 20 millions de dollars de marchandises israéliennes, allant du matériel de télécommunication aux mitrailleuses Uzi”, et les deux pays entretiennent de “bonnes” relations. Comme l’a noté l’Agence télégraphique juive, le magnat est bien placé pour commenter cette question :
Bigio…est le consul honoraire d’Israël en Haïti, ce qui explique l’énorme drapeau israélien devant sa maison – ainsi que son SUV Mercedes pare-balles .
Cela pourrait signifier que Bigio jouit de facto d’une immunité diplomatique, qui peut expliquer en partie comment, malgré les sanctions du gouvernement canadien, les armes continuent d’affluer sans entrave à Port-au-Prince et comment il ne fait pas l’objet de poursuites ou de sanctions aux États-Unis ou ailleurs. Inversement, cependant, une interview de l’Agence télégraphique juive datant de 2004 s’est conclue par le refus de Bigio de “discuter de politique ou d’offrir une perspective juive sur la révolte actuelle” contre le président démocratiquement élu d’Haïti, Jean-Bertrand Aristide. Les troubles faisaient rage de façon exponentielle depuis deux ans à ce moment-là. Bigio expliquait :
Notre principe, que nous respectons au quotidien, est de ne pas se mêler de la politique haïtienne. Même après trois générations, nous sommes considérés comme des étrangers. Nous croyons donc que pour avoir de bonnes relations avec le gouvernement, nous devons nous retirer. Nous nous occupons des affaires et les laissons s’occuper de la politique.
À peine deux semaines et demie plus tard, Haïti succombait à un autre coup d’État brutal, initié par les escadrons de la mort et orchestré par la CIA. Les effets se répercutent encore dans tout le pays à ce jour. La destitution d’Aristide a été rapidement suivie de la destruction en bloc de toutes les réalisations progressistes de son administration pour les citoyens moyens, de l’imposition par les États-Unis d’une junte sauvage à Port-au-Prince et de la répression meurtrière des paramilitaires contre les partisans et la base politique du président déchu. L’état précaire dans lequel Haïti moderne a été plongé résulte directement de ces développements désastreux. Ce n’est en effet pas un hasard.
L’étendue des connivences qui ont stimulé le coup d’État de février 2004 en Haïti et l’identité des personnes et organisations influentes impliquées dans le parrainage, le financement et la formation des forces insurrectionnelles responsables de l’expulsion d’Aristide, pourtant très aimé par la population, pourraient ne jamais être connues. Néanmoins, Bigio a été considéré comme un orchestrateur clé de ce soulèvement insurrectionnel.
Dans l’esprit « à qui profite le crime », l’oligarque – contrairement à son engagement déclaré de non-ingérence dans les affaires politiques d’Haïti – semble un candidat immédiatement évident pour soutenir la chute d’Aristide.
Jeb Sprague, un éminent chercheur universitaire sur le paramilitarisme en Haïti et le capitalisme transnational dans les Caraïbes, a expliqué à MintPress News qu’il y a eu des tentatives antérieures de destituer le deuxième gouvernement d’Aristide avant février 2004, à la fin de l’année 2000 dans la période précédant l’investiture de son gouvernement, dans une tentative d’assaut sur le Palais National en décembre 2001, et à travers une campagne de “contra” de faible intensité menée sur le plateau central du pays en 2002-2003 :
Bigio était largement soupçonné d’avoir soutenu ces efforts avortés, en collaboration avec d’autres industriels et des agents de police et de sécurité locaux traîtres et de haut rang. Bigio, ainsi que d’autres oligarques et dirigeants de l’armée haïtienne, ont été placés sur une liste du gouvernement américain de partisans de la junte de Cédras, qui a pris le pouvoir après le coup d’État de 1991, soutenu par la CIA, qui a renversé le président Aristide.
De plus, les principaux médias américains ont reconnu que Bigio profitait à l’échelle industrielle du démantèlement de ce qui restait des institutions étatiques en ruine d’Haïti. Sans salaire minimum et protections pour les travailleurs haïtiens et sans restriction de l’État sur la propriété étrangère et l’exploitation de l’industrie et des ressources du pays, les intérêts financiers de sa famille se sont étendus sur toute l’île – englobant à la fois Port-au-Prince et la République dominicaine – de façon exponentielle. Parmi les composants les plus lucratifs du portefeuille nouvellement élargi de Bigio figurent l’énergie, la sécurité et le transport maritime. Le Miami Herald rapportait en décembre 2021 :
La portée du conglomérat s’étend à l’ensemble de l’économie haïtienne, de la fourniture de fournitures de construction et de carburant à l’offre de produits de première nécessité comme l’huile de cuisson et la nourriture. Il s’est également étendu au côté dominicain d’Hispaniola. Une grande partie de ce qui est acheté, vendu ou consommé en Haïti est susceptible de toucher un coin de l’empire Bigio.
De manière significative, cette expansion comprenait la construction et la supervision de Port Lafito, un important centre d’exportation et d’importation non loin de la capitale haïtienne. C’est ici que la grande majorité des armes lourdes de qualité militaire entrent dans le pays, puis atteignent les mains de gangs et des milices, assurant ainsi un état de crise constant. En avril 2018, une source au courant de l’affaire a informé le journaliste indépendant Corey Lynn que le gouvernement israélien avait aidé à la construction de Port Lafito :
Il peut faire entrer tout ce qu’il veut [en Haïti]. Il a aussi de puissants lobbyistes à Washington DC pour l’aider à garder le contrôle de ses avoirs. Il n’autorise pas la concurrence et écrasera quiconque essaie de rivaliser avec tout ce qu’il produit ou importe… [Bigio] a une armée privée d’environ 80 hommes qui le protège, protège sa maison et ses établissements. Il utilise également pleinement toutes les forces militaires, paramilitaires et policières du pays. Chaque chef de police est sur sa liste de paie.
Sprague a expliqué à MintPress que :
Les “familles”, avec des noms de famille comme Bigio, Brandt, Madsen, Acra et d’autres, ont maintenu des positions puissantes au sommet de l’économie d’Hispaniola. Malgré cela, ils ont fait la transition au cours des dernières décennies du 20e siècle et au 21e siècle, passant de longues alliances avec le règne coercitif des Duvalier et des factions militaires au pouvoir à la recherche d’intrants d’entreprises à travers l’économie mondialisée et travaillant en ligne avec le soft power américain dans la région. Certains entretiennent des liens importants avec des entreprises de sécurité, des groupes paramilitaires et le commerce des armes.
La source de Lynn a en outre allégué que Bigio “a des liens étroits “avec l’armée israélienne et utilise “10 commandos israéliens pour sa sécurité personnelle lorsqu’il sent que la situation est à un point critique.” Un point particulièrement “critique” de l’histoire haïtienne récente a été un tremblement de terre catastrophique qui a frappé l’île en janvier 2010. Presque immédiatement, Tel Aviv a dépêché une importante équipe “humanitaire” de Tsahal pour aider les habitants et les autorités. C’était un grand coup de publicité largement rapporté qui, au niveau régional, a fourni au gouvernement israélien d’énormes relations publiques positives.
Sans surprise, la famille de Bigio a joué un rôle central dans la facilitation et la gestion de cet effort. À l’époque, Amos Radian, ambassadeur de Tel Aviv en République dominicaine et dans les Caraïbes, a déclaré au Jerusalem Post : “[ils] ont aidé d’une manière qui nous a fait si bien paraître.” Cela comprenait le don “d’un espace de la taille d’un terrain de football”, qui servait d’hôpital de campagne à Tsahal. Reuven, le fils de Gilbert, s’est vanté auprès du média que le “désir de sa famille d’aider” l’initiative de propagande de Tel Aviv en Haïti “était inconditionnel” :
Les gens ont besoin d’aide, nous devons être là. Être dans une ville où il n’y a pas de synagogue, les prières sont faites chez nous, Israël pour nous est la patrie. C’est le rocher. C’est ainsi que nous nous identifions.
Avant que la violence de masse à Gaza n’éclate en octobre 2023, de telles démonstrations de magnanimité internationale étaient un jeu de soft power routinier – et d’une efficacité dévastatrice – pour Tel Aviv. Par exemple, à la suite de la déroute de Tbilissi dans sa guerre de cinq jours en août 2008 avec la Russie, Israël a commencé à réparer les dommages considérables infligés au pays par les forces de Moscou. Dans le processus, les investisseurs israéliens ont récolté plus d’un tiers de tous les contrats de reconstruction accordés par le gouvernement géorgien.
Avance rapide jusqu’en novembre 2012. L’Armée israélienne a violemment attaqué Gaza, massacrant des centaines de Palestiniens et en blessant des milliers d’autres. Le tollé international et la condamnation étaient amplement au rendez-vous ; mais dans l’ensemble, pas en Géorgie. Leur gouvernement est resté silencieux et des dizaines de citoyens ordinaires sont même descendus dans les rues de leur capitale pour exprimer leur solidarité avec Tel Aviv. Au cours des années qui ont suivi, Tbilissi a signé de nombreux accords importants pour l’achat d’armes, de systèmes de missiles, de services de sécurité et de formation de police à Israël.
La Géorgie n’est qu’un des pays où Israël a réussi un tel coup en matière de relations internationales. Ces activités recueillent auprès d’Israël une énorme quantité de bonne volonté internationale, assurant à son tour de manière fiable le silence, sinon un soutien pur et simple, pour son effacement lent du peuple palestinien. Les méthodes oppressives et les outils de contrôle et de massacre qu’il utilise sur Gaza et la Cisjordanie sont ensuite vendus à ses alliés étrangers.
C’est une stratégie de longue date pour Tel Aviv. Dans les années 1980, Israël a noué des liens étroits avec les gouvernements des pays du Sud, y compris les dictatures brutales soutenues par l’Occident en Argentine, au Salvador, au Guatemala, aux Philippines, en Afrique du Sud de l’apartheid et au Zaïre, au moment même où les puissances étrangères commençaient à se distancier de ces régimes. Un membre du Likoud, qui dirigeait autrefois la commission des relations étrangères de la Knesset, a expliqué en 1985 :
Israël est un État paria. Quand les gens nous demandent quelque chose, nous ne pouvons pas nous permettre de poser des questions sur l’idéologie. Le seul type de régime qu’Israël n’aiderait pas serait un régime antiaméricain. De plus, si nous pouvons aider un pays qui peut être gênant pour les États-Unis d’aider, nous n’hésitons pas à le faire.
L’Israélien antisioniste Jeff Halper et le journaliste australien indépendant Antony Loewenstein ont tous deux beaucoup écrit sur la façon dont ce qui reste de la Palestine est un laboratoire, rempli de sujets d’essai détenus dans des conditions contrôlées, pour Israël.
On considère rarement aujourd’hui qu’Haïti a été le terrain d’essai initial de l’Empire américain pour les connivences impériales dans “l’arrière-cour” de Washington pendant des siècles et dans le monde entier depuis 1945. Alors que les Haïtiens décrivent souvent leur pays comme le “laboratoire” de la CIA, le pays est indélébilement lié à la résistance, sa genèse historique dans la rébellion contre la domination française produisant le premier – et à ce jour le seul – État indépendant au monde gouverné par d’anciens esclaves.
Pourtant, depuis lors, les États-Unis se sont engagés dans une grande variété de tactiques pour nier la souveraineté d’Haïti, entraver son développement, y tuer l’espoir et assurer une instabilité implacable. Mais bien sûr-un chaos sans fin signifie que les riches, comme Bigio, peuvent s’enrichir aux dépens de la population locale sans entraves, tandis que Washington reçoit des justifications constantes pour l’ingérence et l’occupation militaire pour soutenir cet objectif. En décembre 2019, cette mission internationale malveillante a été codifiée dans la législation américaine avec l’adoption de la Loi sur la fragilité mondiale.
La législation accorde effectivement à l’USAID, qui fonctionne en partie comme une agence de renseignement, et aux départements d’État, de la Défense et du Trésor un chèque en blanc pour intervenir et prendre des mesures contre les “États fragiles”, supposément sujets aux conflits, à l’extrémisme, l’instabilité et la pauvreté. Haïti a été explicitement cité comme le pays cible initial de cette initiative. Sans surprise, aucune référence n’est faite dans le texte de loi au fait que toute “fragilité” subie à Port-au-Prince est explicitement causée par les machinations de Washington là-bas depuis de nombreuses années.
Israël profite largement de l’instabilité dans le monde entier, et il n’est pas surprenant que Tel Aviv cherche de la même manière à perpétuer les bouleversements et la vulnérabilité au niveau international et à profiter des catastrophes pour fournir un prétexte pour venir à la rescousse via des actifs comme Gilbert Bigio. La République dominicaine construit actuellement une “clôture intelligente”, à grand frais, pour empêcher la violence qui engloutit Port-au-Prince de déborder de ses frontières. La structure est de conception et de technologie israéliennes, directement calquée sur les murs d’apartheid de Gaza, ou les ”barrières de séparation“, comme les appellent les autorités israéliennes.
La clôture de la République dominicaine s’étend sur 160 kilomètres, comprenant des murs en béton armé et une structure métallique de 3,90 mètres de haut, couronnée par un accordéon de barbelés aux lames tranchantes. Au total, 170 tours de surveillance, des systèmes d’espionnage, des détecteurs de mouvement, des caméras de vidéosurveillance haute définition avec vision nocturne et capacité infrarouge, des points de contrôle et 71 portes d’accès contrôlé empêchent quiconque d’entrer ou de sortir sans autorisation. Pendant ce temps, un escadron de drones de surveillance patrouille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, chaque centimètre.
La simple existence de la clôture assure des frictions et une division littérale entre les deux pays, qui pourraient autrement être des compagnons d’armes, tout en justifiant la présence israélienne et américaine dans toute la bande frontalière. Cette présence est susceptible de perdurer, voire de s’étendre, tant que la propriété de Gilbert Bigio à Port Lafito garantit un flux inévitable d’armes et d’autres produits de contrebande nocifs dans le pays. Ce n’est en effet pas pour rien que le père de Bigio a joué un rôle central dans l’obtention du soutien d’Haïti à l’État israélien en 1947.
Kit Klarenberg
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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