Sommes-nous à ce point vulnérables au système économique mondial que nous ne puissions pas affirmer notre souveraineté autant que le Mexique ou la Bolivie qui ont nationalisé leurs mines de lithium, métal stratégique s’il en est un?
Il faut ne pas avoir confiance dans la capacité de l’État de prendre en charge la filière batterie pour manifester si peu d’audace devant les compagnies qui accaparent nos richesses premières pour le plus grand bénéfice du privé. Où en est le socialisme québécois qui fait porter à l’État la responsabilité de veiller au bien commun? Comment se fait-il que les politiciens que nous mettons au pouvoir n’aient pas un sens de l’État qui les amènent à prendre exemple de petits pays comme la Bolivie pour défendre l’intérêt national? Ont-ils si peur de passer pour radicaux, ces politiques qui se présentent à nous à chaque élection avec leurs flopées de solutions qui n’arrivent pas à la cheville de pays comme le Mexique?
Il ne faut pas réfléchir longtemps pour se rendre compte qu’un pays enclavé comme nous le sommes dans le capitalisme mondial, dépendant d’un autre tout aussi inclus dans le giron américain, restera à la merci des puissants tant que n’aura pas eu lieu le soubresaut national qui nous fera aller de l’avant comme dans les années soixante où la nationalisation de l’électricité a été un moteur pour le « maitre chez nous ». Le courage des grands projets n’est plus conditionné que par la soumission aux grandes entreprises privées étrangères. Et nos politiciens ne voient pas plus loin que l’horizon de ce capitalisme à la petite semaine qui ne mène en fait qu’à l’incertitude des côtes de la bourse qui vont et viennent au gré des marchés financiers.
Pourtant elle est bien là la richesse tant espérée qui manque au secteur public pour se développer. Elle saute aux yeux des plus ignares. Mais personne dans le petit monde de la politique n’ose lever les yeux pour la voir de peur encore une fois de passer pour radical.
Il faudrait autant d’audace que de perspicacité pour étendre à la nation cette richesse qui n’est tirée de notre sous-sol que par les prédateurs qui nous encerclent de leurs tentacules financiers. Mais quand a-t-on envisagé sérieusement de nationaliser ce qui nous appartient? À la veille des grandes révoltes populaires qui manquent tant et qui sont si dispersées qu’elles n’apparaissent plus comme une menace au pouvoir. D’où viendront les sonneries qui appellent à nationaliser sinon de quelques cris épars encore, mais qui auront un écho bien plus large que nos petites tribunes de gauche?
Je me demande bien à qui m’adresser pour que mon appel soit entendu au-delà des cercles militants et, par-delà, eux dans les instances du pouvoir. Quels intellectuels seront touchés et prendront le relai de ce qui semble une évidence pour que la nation ne soit pas spoliée de ses richesses, mais qu’elles soient mises au service du commun?
N’y aura-t-il pas un jour, quelque part, un point d’ancrage à une si simple idée que celle des nationalisations pour que les bénéfices engrangés soient déployés au service du collectif comme en 1960?
Je ne désespère pas d’être entendu puisque du Mexique et de la Bolivie nous parviennent les échos de la sagesse politique. Mais le chauvinisme nous fera-t-il dire encore longtemps que ces pays singuliers n’ont pas les mêmes valeurs que nous? Pourtant nous les avons partagées ces valeurs du « maitre chez nous » et du bien commun. Que ne nous souvenons-nous pas mieux de notre histoire qui s’est imposée aux politiques d’alors et qui ont changé le Québec pour toujours!
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