FAIS CE QUI DÉPEND DE TOI :
réponse de Jocelyne Chassard à deux commentaires sur l’action de la Cour internationale de Justice.
Nous avons publié le 13 août 2024 un article de notre amie Jocelyne Chassard sur la requête que l’Afrique du Sud a déposée en décembre 2023 devant la Cour internationale de Justice (CIJ) pour dénoncer les attaques militaires incessantes que le gouvernement actuel d’Israël mène dans le territoire palestinien occupé de la bande de Gaza. Jocelyne Chassard voulait donner de la visibilité à ce dossier et surtout aux plaidoiries des 6 avocates et avocats qui ont été engagé.es par l’Afrique du Sud pour accuser l’état d’Israël de génocide contre le peuple palestinien.
C’est pourquoi elle a traduit de l’anglais l’une de ces plaidoiries, celle de l’avocat britannique de 72 ans Vaughan LOWE, et nos lectrices et lecteurs peuvent lire ce texte en anglais et en français.
Aujourd’hui, Jocelyne Chassard souhaite répondre à deux des commentaires de son article.
Celui de Kodiak : « Cour internationale de justice… La farce ! C’est pas mal de pondre des papelards et de faire semblant de poursuivre les criminels qui sévissent. Mais faudrait peut-être passer à l’action ? » (13 août 2024, 9h.37).
Et celui de Michèle : « Elle sert à quoi cette cour internationale de justice ?
Lorsque l’on observe tous les crimes dans le monde, j’ai comme un gros doute sur son efficacité d’intervention. » (13 août 2024, 9h.22).
1. La CIJ est une JURIDICTION.
Le mot « juridiction » vient du mot latin « jus, juris », qui veut dire le « Droit » et du verbe « dicere » qui signifie « dire, formuler ».
Une juridiction est donc un organe, une instance composée de juges qui ont la mission de dire le Droit : la mission d’une juridiction n’est pas de faire appliquer ce droit ni de rendre effectifs les jugements qu’elle rend.
La mission de la Cour internationale de Justice depuis le 29 décembre 2023 est donc :
- de recevoir la requête et de l’accepter (car Israël bien sûr aurait bien voulu que la CIJ se déclarât incompétente…),
- d’examiner le dossier et les documents réunis par l’équipe des 6 avocat.es et des juristes engagé.es par l’Afrique du Sud,
- d’évaluer la pertinence des plaidoiries de l’Afrique du Sud et d’Israël,
- de prendre des ordonnances pour affirmer que Israël a le devoir de respecter la Convention de 1948 sur le crime de génocide,
- de rendre un jugement qui affirmera haut et fort que cette prétendue « démocratie occidentale » au Moyen-Orient viole délibérément et consciemment le Droit international.
La Cour a respecté sa mission : elle a agi dans son domaine de compétence, qui est de dire le Droit.
2. La CIJ est l’organe judiciaire des Nations-Unies, qui regroupe 193 états.
Si la CIJ dit le Droit, sa mission n’est pas de le faire appliquer. Il est de bon ton de critiquer l’impuissance des Nations-Unies pour arrêter assez vite des conflits meurtriers : mais dans le cas de la guerre génocidaire d’Israël à Gaza, cette impuissance vient en très grande partie de l’attitude des États-Unis qui protègent jusqu’au bout leur créature Israël, par leur droit de veto au conseil de sécurité de l’ONU.
L’Afrique du Sud a eu raison de réagir très vite après le déclenchement des attaques d’Israël contre la population palestinienne sans défense de Gaza : sa volonté est de montrer au monde entier comment Israël, cette prétendu démocratie à l’occidentale au milieu de pays arabes prétendument despotiques ou arriérés, se comporte comme un état se revendiquant juif commet un crime de même nature que celui commis il y a 80 ans par les fanatiques nazis contre 6 millions de Juifs européens.
Le gouvernement de l’Afrique du Sud a agi : s’il n’avait pas déposé sa requête, l’impunité de l’état terroriste d’Israël aurait été totale : mieux vaut qu’une voix s’élève pour dénoncer ce génocide plutôt que le silence complice.
3.D’autres états agissent pour rejoindre l’Afrique du Sud.
À ce jour, 7 autres pays ont déposé une demande officielle d’intervention pour se joindre à l’action du et attendent que la CIJ donne son accord : le Nicaragua, la Colombie, la Libye, le Mexique, la Palestine, l’Espagne et la Turquie. Ces 7 états ont agi pour défendre un peuple et faire respecter le Droit international.
5 pays ont pris une position politique en annonçant leur intention de prendre part au procès pour soutenir l’Afrique du Sud, comme la Belgique, la Turquie, l’Égypte, les Maldives, l’Irlande, le Chili : mais leurs déclarations d’intervention doivent encore être déposées auprès de la CIJ.
Cela signifie que l’exemple de l’Afrique du Sud est contagieux : plus il y aura de pays pour prendre leur responsabilité politique de dénoncer les crimes de l’état sioniste, plus le rapport de forces sera en sa défaveur, malgré le soutien inconditionnel des États-Unis.
4. L’instruction devant la CIJ fait entendre la voix du peuple palestinien
Le recours devant la CIJ permet de faire entendre la voix des centaines de milliers d’êtres humains qui sont enfermés dans l’enclave de Gaza, par l’intermédiaire des voix de l’ambassadeur de l’Afrique du Sud aux Pays-Bas, Musivuzi Madonsela, du ministre de la Justice sud-africain Ronald Lamola et des 6 avocates et avocats qui ont plaidé le 11 janvier et le 16 mai 2024.
Les audiences ont été filmées et les vidéos sont disponibles sur Youtube : il faut noter que les chaînes qui diffusent intégralement les plaidoiries sont arabes et africaines, mais pas occidentales… Ces audiences sont un moyen de rendre visibles et audibles les violations délibérées du Droit international par Israël et les crimes ordonnés par l’actuel gouvernement, ultra-sioniste et raciste. La CIJ, l’ONU et certains médias ont agi en produisant l’enregistrement et la diffusion des voix qui défendent le peuple palestinien.
5. Fais ce qui dépend de toi
Moi, Jocelyne Chassard, être humain et citoyenne de la République française, j’ai voulu agir à mon petit niveau pour dénoncer les violations du Droit par un état qui veut perpétrer des crimes de masse en toute impunité. Parce que je connais l’anglais, et l’espagnol, j’ai traduit la plaidoirie de Me Vaughan Lowe devant la CIJ le 16 mai 2024 pour que ses paroles soient connues en français ; j’ai publié la vidéo sur ma petite chaîne Youtube Canal JAC-K et sur mon petit compte Tiktok ; j’ai demandé au fondateur de Profession Gendarme de publier un article pour faire connaître ce dossier et Ronald Guillaumont a accepté.
Comme le résume cette maxime des philosophes stoïciens de l’Antiquité grecque, qui me guide depuis quelque 40 ans, j’ai fait ce qui dépendait de moi, comme l’ont fait l’Afrique du Sud et 7 autres états, les 6 avocat.es, les 15 juges de la CIJ et beaucoup de journalistes.
Alors vous, Monsieur ou Madame Kodiak, qu’avez-vous fait, à part pondre votre commentaire agressif et mesquin ? Comptez-vous faire quelque chose ? Vous pourriez diffuser autour de vous l’article de Profession Gendarme et ma vidéo… Vous pourriez écrire à votre député.e pour savoir si il ou elle est au courant de ce dossier… Vous pourriez faire une prière pour les 16.500 jeunes et enfants innocent.es assassiné.es par Israël depuis le 8 octobre 2023…
Comptez-vous faire quelque chose qui dépend de vous, Madame ou Monsieur Kodiak ?
Jocelyne Chassard
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