Déclaration de Vassily Nebenzia, représentant permanent de la Fédération de Russie à l’ONU, lors de la réunion d’information du Conseil de sécurité des Nations unies sur les attaques israéliennes contre le complexe diplomatique iranien à Damas, le 2 avril 2024.
Source : Mission permanente de la Russie à l’ONU
Traduction : lecridespeuples.fr (Substack)
Mme la Présidente,
Nous avons pris note de l’exposé factuel du Secrétaire général adjoint Khiari sur une nouvelle série d’attaques menées par Israël contre le territoire de la République arabe syrienne. Dans le même temps, nous trouvons étrange que le représentant du Secrétariat de l’ONU utilise la notion d’ « ordre international fondé sur des règles », que nos partenaires occidentaux préfèrent à la Charte des Nations unies et au droit international.
Nous remercions la présidence maltaise d’avoir rapidement convoqué la réunion urgente d’aujourd’hui du Conseil de sécurité des Nations unies au titre du point de l’ordre du jour intitulé « Menaces pour la paix et la sécurité internationales ». Nous avons pris l’initiative de cette réunion pour discuter des attaques de missiles et à la bombe menées par les forces israéliennes contre divers sites en Syrie, dans le contexte de l’opération militaire sans précédent, en termes de pertes humaines, d’Israël dans la bande de Gaza, qui se poursuit en dépit de la demande de cessez-le-feu immédiat formulée dans la résolution 2728 du Conseil de sécurité de l’ONU. Nous sommes extrêmement préoccupés par ce mépris flagrant des dirigeants israéliens (avec la connivence des États-Unis) pour une décision juridiquement contraignante du Conseil de sécurité. Par exemple, Israël a attaqué un convoi humanitaire, coordonné par l’ONG World Central Kitchen, alors qu’il sortait d’un entrepôt dans le centre de Gaza. Cette attaque a tué sept travailleurs humanitaires. Même le Premier ministre israélien a reconnu que les actions de l’armée israélienne ont causé la mort de civils pacifiques. Nous nous attendons à ce que cette question soit débattue séparément. Nous sommes maintenant réunis pour examiner un autre aspect des actions irresponsables d’Israël.
Mme la Présidente,
Hier, le 1er avril 2024, l’armée de l’air israélienne a frappé le bâtiment du consulat de la République islamique d’Iran à Damas. L’attaque a complètement détruit le bâtiment. Le bureau de l’ambassadeur de la République islamique d’Iran en Syrie a également été endommagé. Il y aurait un nombre important de victimes et de blessés parmi les membres de son personnel [dont le général de brigade Mohammed Reza Zahedi, haut commandant de la force Quds du Corps des Gardiens de la Révolution islamique en Syrie et au Liban, cible probable de l’attaque].
Nous condamnons cet attentat avec la plus grande fermeté. Nous considérons comme catégoriquement inacceptable toute attaque contre des installations diplomatiques et consulaires, dont l’inviolabilité est garantie par les conventions de Vienne de 1961 et 1963.
Nous souhaitons attirer l’attention sur le fait qu’il ne s’agit pas de la première attaque d’Israël dans la zone métropolitaine de Damas, densément peuplée, qui présente des risques élevés de pertes massives en vies humaines parmi la population civile. Depuis le début de l’escalade de la confrontation israélo-palestinienne le 7 octobre 2023, le nombre d’attaques israéliennes contre les infrastructures civiles de la Syrie et des pays voisins s’est multiplié.
Dans la nuit du 29 mars, l’aviation israélienne a effectué des frappes de missiles sur diverses installations dans les environs d’Alep. Des dizaines de personnes ont été victimes de cette attaque, qui a causé de nombreux blessées. Plus tôt, le 28 mars, deux civils ont été blessés par une frappe aérienne israélienne dans la province de Damas. Les 17 et 19 mars, des bombardements israéliens avaient déjà été lancés depuis le Golan syrien occupé et visaient les banlieues nord-est et sud de Damas.
Rien qu’au cours des derniers mois, l’aviation israélienne a attaqué à plusieurs reprises les aéroports internationaux de Damas et d’Alep, qui constituent les principales portes d’entrée de l’aide humanitaire des Nations unies en Syrie, ainsi que les zones de Deir ez-Zor et d’Abu Kemal, où l’armée syrienne poursuit sa lutte persistante contre les derniers combattants des groupes terroristes auxquels nos collègues américains, contrairement à leurs déclarations ronflantes, accordent en fait leur tutelle et leur patronage. Mais nous laisserons cela pour une réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie.
Mme la Présidente,
La Fédération de Russie condamne fermement les raids en cours contre le territoire souverain de la Syrie, les considérant comme une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie. Nous pensons que de telles actions agressives de la part d’Israël, qui visent à alimenter davantage le conflit, sont absolument inacceptables et doivent cesser.
Nous demandons instamment à Israël d’abandonner la pratique des actions militaires provocatrices sur le territoire de la Syrie et d’autres pays voisins, qui comportent des risques et des conséquences extrêmement dangereux pour l’ensemble de la région, déjà déstabilisée par les six mois d’escalade de la violence autour de Gaza.
Nous appelons la communauté internationale à condamner sans équivoque les actions inconsidérées d’Israël, qui violent la souveraineté de la République arabe syrienne et l’inviolabilité des installations diplomatiques. Nous considérons qu’il est nécessaire que tous les membres responsables de la communauté internationale fournissent une évaluation juridique objective de l’agression israélienne au Moyen-Orient, qui ignore non seulement les dispositions de la Charte des Nations unies et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies, mais aussi les principes fondamentaux des conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires.
Chers collègues,
J’espère que les membres du Conseil de sécurité se montreront solidaires en affirmant que les attaques contre les institutions diplomatiques sont inacceptables. En effet, si nous ne confirmons pas cette solidarité, le prochain raid, quel qu’il soit, pourra viser une mission diplomatique de n’importe quel État. Nous sommes convaincus que chacun d’entre vous aujourd’hui évaluera équitablement les actions d’Israël contre la présence diplomatique iranienne.
Je vous remercie.
Droit de réponse
Mme la Présidente,
Nous avons écouté attentivement les déclarations faites aujourd’hui par trois membres permanents occidentaux du Conseil de sécurité et nous avons été une fois de plus frappés par leur cynisme et leur politique de deux poids, deux mesures. D’après leur discours d’aujourd’hui, il est difficile de comprendre pourquoi nous sommes réunis ici.
Le représentant de la France n’a pas dit un seul mot condamnant une nouvelle violation du droit international par Israël. Il s’agissait d’une attaque ciblée contre une institution diplomatique ! Chers collègues, si vos ambassades ou consulats dans la région étaient attaqués, réagiriez-vous de la même manière ? Voilà votre « ordre fondé sur des règles » dans toute son évidence.
Les États-Unis sont toujours fiers d’avoir des informations de première main sur quoi que ce soit, car grâce à leurs capacités de renseignement, ils sont toujours les premiers à savoir. Mais pour une raison ou une autre, vous n’avez toujours pas d’informations confirmées sur l’attaque du consulat général d’Iran. Je ne vous crois pas : c’est ce que j’ai tendance à dire.
Les déclarations du Royaume-Uni et des États-Unis contenaient non seulement des allusions, mais aussi des implications claires selon lesquelles l’Iran et la Syrie sont responsables de la frappe israélienne sur le consulat iranien. Il est difficile d’imaginer un plus grand sacrilège.
N’appelez pas les autres à la désescalade et ne qualifiez pas les victimes de l’attaque d’agresseurs. Dans ce contexte, toute escalade éventuelle reposera entièrement sur votre conscience.
Je vous remercie.
***
La France n’a pas seulement refusé de condamner cette attaque israélienne, elle a condamné le Hamas, l’Iran, la Syrie et le Yémen ! Voici le discours intégral de l’abject Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France à l’ONU :
Madame la présidente,
Je remercie M. Khiari pour son intervention.
Les frappes d’hier à Damas s’inscrivent dans un contexte de montée continue des tensions en Syrie et dans la région.
Depuis l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre, l’Iran et ses partenaires régionaux portent une lourde responsabilité dans cette escalade. Les populations civiles en sont les premières victimes et la sécurité des Etats de la région est directement menacée par celle-ci. Notre responsabilité collective est donc de tout faire pour apaiser les tensions. Il est nécessaire que l’ensemble des acteurs de la région fassent preuve de retenue.
La France continue, pour sa part, à œuvrer pour prévenir un embrasement régional. En coordination avec ses partenaires, elle est mobilisée en faveur d’une désescalade, au Conseil de sécurité et partout où cela est nécessaire.
C’est le cas au Liban, où elle met en garde contre toute volonté d’escalade. Il est urgent que les parties travaillent à la pleine mise en œuvre de la résolution 1701. Nous incitons, par notre dialogue avec les parties, à une cessation des hostilités. La FINUL a un rôle crucial à jouer dans ce contexte et nous saluons son action dans ces conditions difficiles.
Face à la situation très préoccupante en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, la France rappelle son attachement à la liberté de navigation. Elle condamne fermement les actions déstabilisatrices menées par les Houthis, qui doivent cesser. Elle continuera à assumer ses responsabilités pour assurer la sécurité en mer Rouge.
Enfin, en Syrie, la France appelle à la mise en œuvre de la résolution 2254, adoptée à l’unanimité par ce Conseil, et déplore le refus du régime de Damas, soutenu par ses alliés russe et iranien, de s’engager dans un processus politique crédible et inclusif. Les Syriens continuent à en payer le prix.
Madame la Présidente,
La France œuvre pour éviter l’escalade dans la région, en Syrie, au Liban, au Yémen, ainsi que pour apporter une réponse politique et humanitaire à la crise à Gaza.
Je vous remercie.
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