Que penser d’un gouvernement ou de représentants politiques qui évaluent à 10 milliards de dollars les besoins en santé du Québec et qui se contentent de 900 millions ? N’est-ce pas, au bas mot, quelqu’un qui s’écrase tout simplement devant la mainmise du fédéral sur les montants des taxes et de dividendes de toutes sortes que nous lui envoyons et qui nous reviendraient en juste part ? Justin Trudeau n’est-il pas le véritable responsable du déficit de 11 milliards de dollars du budget d’Éric Girard ?
Et si ce gouvernement, au lieu de blâmer les syndicats pour ce déficit, avait demandé leur collaboration pour faire pression sur Ottawa, n’aurait-il pas eu une partie de l’opinion, favorable à ces syndicats, en sa faveur ? Mais encore faudrait-il que ce gouvernement se rende compte qu’Ottawa engrange largement pendant que les dépenses lui sont à charge en santé. Les budgets du fédéral, si ce n’était des dépenses militaires ou autres superflues, suffiraient largement à compenser pour les minces transferts en santé qu’il consent en se gardant bien des déficits qu’occasionne l’augmentation de ces dépenses par les provinces et par la nation québécoise en particulier.
Legault est allé à la bataille en quémandant plutôt qu’en mobilisant la nation contre Ottawa tout simplement parce qu’il ne veut pas de confrontation. Mais s’il ciblait le véritable responsable du déficit au lieu des travailleurs qui ne réclamaient que le minimum d’investissement requis qu’exige des services à la hauteur de leurs besoins et ceux de la population, il aurait derrière lui tout le Québec contre Ottawa centralisateur grassement munis par nos taxes et les dividendes des compagnies qu’il engrange. Le budget total du Canada, dont on connaitra les moyens bientôt, dispose d’argents qui en font le pourvoyeur de plusieurs dépenses dont la population ne voit jamais la couleur pour le monopole qu’il s’attribue de dépenser dans le champ de compétence des provinces par toutes sorte d’échappatoires comme un ministère superflu de la santé alors que ce sont les provinces, dont la nation québécoise, où se manifestent les besoins.
Renoncer à aller chercher les 10 milliards à Ottawa, c’est tout simplement capituler. Un ministère des Finances du Québec au service de la nation pourrait facilement calculer tout l’argent venant du Québec qui contribue à enrichir Ottawa. Pas besoin de se comparer à l’Ontario pour savoir que les sommes versées au Canada ne nous reviennent jamais en juste part de ce que nous représentons comme proportion de ce pays riche à n’en plus savoir que faire. On dépense sans compter à partir de ce qu’on engrange du Québec et il ne nous revient en contrepartie qu’une proportion infime de ce que la démographie du Canada représente. Il suffirait de simple calculs de ce qu’on paie en impôts et redevances boursières au Canada pour le démontrer. Mais personne à Québec, parce qu’ils veulent ménager à tout prix le fédéral dans sa cupidité, n’ordonne à la fonction publique québécoise d’effectuer ces calculs démonstrateurs de notre dépouillement.
Aucun fiscaliste ne s’attarde à démonter toute la richesse que l’impérialisme canadien exproprie du Québec en termes de taxes ou de rentes pour les compagnies étrangères installées au Canada. Ça fait longtemps qu’on nous aurait expulser de ce pays si nos richesses n’étaient pas exportées vers l’étranger canadien. Qui voudrait d’une nation subalterne qui prendrait plus qu’elle ne rapporte ?
Aucune des anciennes colonies du monde n’était pas pourvoyeuse de richesses pour la métropole. Le Québec, et ce serait démontrable si des fonctionnaires de notre État étaient mandatés pour le faire par des gens soucieux de l’intérêt national, fournit au Canada plus de richesses qu’il n’en tire. Nous n’aurions pas à nous comparer à l’Ontario si c’était le contraire. Notre appartenance au Canada dépend de la richesse que nous lui procurons. C’est tout ce que notre histoire démontre et le calcul serait facile pour qui ne serait pas obnubilé par nos relations supposément égalitaires avec les autres provinces.
Ces 10 milliards de dollars, j’en suis à peu près sûr, ont déjà été soutirés de nos ressources et de nos taxes. Et c’est en quémandeurs que Legault les réclame comme s’ils ne nous étaient pas dus.
Serait-il advenu, sans que nous le sachions, que ces compagnies anglaises qui exploitaient nos ressources il n’y a pas si longtemps seraient tout à coup devenues des propriétés publiques du Québec et seraient sous juridiction nationale ? Comment se fait-il que les comptables, qui sont pourtant si aptes à critiquer un budget qui nous soumet aux banques privées du Canada et des États-Unis, ne soient pas capables de compter le déficit des entrées et des sorties de notre économie vers l’étranger canadien ou américain ?
Encore faudrait-il que le nationalisme serve à nous réveiller plutôt qu’à nous endormir au son d’un Canada qu’on exempte de tout tors dans les difficultés que nous rencontrons. Ce n’est pas chercher la chicane que de le constater, mais de réalistement se poser la question bien simple de pourquoi le Canada a si peur de notre indépendance. Ne profite-t-il pas d’un avantage réel à nous garder à l’intérieur de ses frontières, sans en concéder quelques pouvoirs que ce soient, pour nous inonder de main-d’œuvre qu’il pourra par la suite exploiter à souhait dans des emplois précaires dans un Canada paradis pour le capitalisme prédateur ?
Il est grand temps que les comptables fassent le décompte de ce que l’on perd à être associé, comme Legault le souhaite tant pour consolider son pouvoir tout provincial, à un Canada qui n’a plus la réputation d’être généreux envers les peuples du monde, y compris le nôtre, qu’il a toujours considéré comme son terrain d’exploitation.
Si je le pouvais moi-même je ferais le calcul de nos pertes à l’intérieur d’un Canada qui, bon an mal an, vient quérir chez nous ce qu’il lui faut pour sa subsistance. Mais je n’ai ni les compétences ni les moyens dont disposent tous ces maitres en finances qui ne sont intéressés que par une comptabilité de soumission au gouvernement fédéral du Canada.
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