Ce cri de colère et de dénonciation veut témoigner de notre solidarité en tant qu’êtres humains envers nos sœurs et nos frères habitants de la Terre, en particulier les plus jeunes, victimes d’injustices, de violences et des horreurs du monde actuel.
Des milliards de personnes ont peur pour leur devenir et celui des êtres chers. On compte plus de 2,1 milliards d’êtres humains sans accès à l’eau potable, 4,5 milliards sans services de bases d’hygiène et 3,6 milliards sans aucune couverture de santé. Jusqu’à 2 milliards « vivent » dans des logements indignes d’un être humain et 108 millions de migrants (chiffres du Haut-Commissariat pour les Réfugiés de l’ONU) survivent dans des camps provisoires.
Habitants de la Terre, nous avons peur, une grande peur, que les dirigeants n’aient aucune volonté d’arrêter la guerre en Ukraine. Il y a quelques jours, le président de la République française a proposé même d’envoyer des soldats en aide à l’armée ukrainienne pour redresser une situation militaire précaire et continuer la guerre, pour « la victoire ». Heureusement, les autres pays de l’OTAN ont réagi négativement à cette proposition, mais ils ont été hélas d’accord pour ré-augmenter l’envoi en Ukraine d’armes lourdes et de munitions pour lui permettre de reprendre les combats…. pour continuer le massacre. C’est honteux.
Résultat : les pays européens de l’OTAN sont plongés dans une nouvelle frénésie de course au réarmement, notamment la Pologne, l’Allemagne, les pays scandinaves et baltes. L’Allemagne, en particulier, est décidée à profiter de l’occasion pour casser le tabou de l’Allemagne armée et entrouvre dangereusement la porte à son armement nucléaire. Les médias grand public, depuis quelques semaines, diffusent et alimentent sans retenue l’idée que l’Europe doit se réarmer pour se donner les capacités guerrières face aux menaces de la Russie, considérées par l ‘expansionniste OTAN réelles et certaines !
Le 29 février, Poutine a répondu en disant que la Russie, elle aussi, continuera à se battre et à se défendre et qu’elle possède des armes capables d’attaquer les pays de l’OTAN sur de longues distances, ce qui augmente le risque d’une guerre nucléaire, « la destruction de la civilisation », a-t-il averti. Poutine et l’OTAN jouent avec le grand risque nucléaire, comme le firent les présidents Kennedy et Khrouchtchev en 1962 concernant l’installation de missiles soviétiques à Cuba.
De part et d’autre, ils jouent de manière irresponsable, tout en ne sachant pas dire, les uns et les autres, pourquoi il faudrait continuer la guerre en Ukraine. Pour obtenir quoi ? Faire mourir encore des centaines de milliers de personnes et raser de nombreux autres villes et villages, écoles, hôpitaux, ports, gares ? Nous les considérons comme des criminels dangereux. Nous en avons peur. Il faut les arrêter ! Les appels, les pétitions, les manifestations par millions dans le monde entier n’ont servi à rien, à ce jour. Pourtant, les résultats des sondages de ce début de mars montrent que même en Ukraine la population est désormais favorable à 72% aux négociations pour arrêter la guerre.
Pourquoi les dominants ne tiennent-ils pas compte de la volonté et des désirs des citoyens, tout en parlant de démocratie et de liberté des peuples ? Quelle hypocrisie et quel mépris des citoyens ! Le fait que l’ONU n’ait pu exercer aucun pouvoir effectif sur les belligérants pour leur imposer de cessez-le-feu ne fait qu’accentuer nos craintes. Est-il possible qu’il n’existe au monde aucune institution dotée de pouvoirs permettant d’arrêter une telle folie meurtrière ? Pourquoi les dirigeants des États les plus puissants au monde, les États-Unis en tête, continuent-ils à saboter les institutions mondiales voulant exercer la paix ? Comment osent-ils se présenter encore devant les habitants de la Terre en montrant leur incapacité de garantir la sécurité de la population mondiale, et cela parce qu’ils visent uniquement la défense de leur propre puissance qu’ils croient la clé de leur survie ?
Nous avons très peur car leur irresponsabilité se manifeste dans toute son ampleur également en Palestine. Là aussi personne ne semble en mesure d’arrêter les massacres de part et d’autre. Des massacres qui ont pris la forme d’un génocide des Palestiniens suite, entre autres, à l’attaque sanglante du 7 octobre par le Hamas. Mêmes horreurs, même acharnement guerrier, mêmes hypocrisie et mépris de la vie.
Malgré l’ordonnance prononcée le 24 janvier dernier par la Cour Internationale de Justice et la croissante réprobation à travers le monde de l’opinion publique, même américaine, le gouvernement d’Israël continue, au mépris de toutes les règles de droit international, l’œuvre d’extermination directe et indirecte des Palestiniens de Gaza.
Ce faisant, il a renforcé et élargi le grand fossé de haine et de rejet entre les peuples concernés qui risque de marquer et d’empoisonner pour plusieurs générations les relations entre eux. Les États-Unis qui avaient la capacité d’intervenir sur Israël ont même bloqué les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU demandant à Israël d’arrêter ses actions militaires.
L’épisode du 29 février où plus d’une centaine d’enfants et de femmes faisant la file pour obtenir des grains de riz se sont vu mitrailler par des soldats israéliens paniqués, dépasse les frontières de l’horreur. C’est horrible, intolérable, surtout venant des représentants d’un peuple qui a subi la Shoah.
Nous avons peur, enfin, pour l’actuelle prédation et destruction de la vie de la Terre. Nous avons peur que nos forêts disparaissent, nos fleuves et lacs, nos sols, notre air et nos océans meurent contaminés, intoxiqués et asphyxiés, sacrifiés à la cupidité et à la soif de puissance de moins de 1% de la population mondiale, à cause de nos systèmes de production et de consommation barbares et prédateurs.
Le massacre de la nature se poursuit honteusement, malgré toutes les preuves fournies par la communauté scientifique mondiale. Les dominants minimisent les désastres et les dangers. Ils mentent ou mystifient la réalité. Tout en connaissant les solutions qui pourraient réduire les risques du collapse de la vie de la Terre, ils donnent la priorité à leurs propres intérêts de puissance, à leur illusoire survie, vu leurs desseins criminels.
Loin d’être synonyme de désarroi et d’abdication, notre peur est l’expression de notre conscience de l’urgence et de l’ampleur des changements à imposer aux pouvoirs irresponsables. Notre peur engendre une puissante volonté d’action et d’engagement. Elle nous pousse à prendre notre part dans la responsabilité collective pour le droit à la vie et en faveur du vivre ensemble. Cette volonté est dans la tête et dans le cœur de millions de personnes qui partout, dans les rues du monde, continuent à crier très fort leur désir de paix, d’amitié et de solidarité.
En tant qu’Agora des Habitants de la Terre, nous nous sommes opposés, avec d’autres, à la construction de murs et de frontières, aux facteurs générateurs d’appauvrissement et d’inégalités/injustices, à l’idéologie de la compétitivité et de la conquête des marchés, à la financiarisation de la vie, aux brevets à titre privé et à but lucratif du vivant, des semences et des connaissances scientifiques. Nous refusons de nous soumettre aux diktats illégitimes du nouveau dieu de la puissance mondiale, appelé ARMFIN, conçu comme un mariage entre le dieu Armement et la déesse Finance.
Ainsi, nous ne voulons plus avoir peur. Nous voulons en tant qu’habitants de la Terre, multiplier la construction de maisons communes pour vivre dans la joie de grandir ensemble en dignité, en intelligence, dans la prospérité et la liberté collectives, dans la justice, et dans la beauté de chanter et danser ensemble.
P.S. Le mois prochain nous soumettrons à l’attention d’’autres organisations de la société civile la proposition de promouvoir ensemble une mobilisation citoyenne internationale centrée sur les impératifs de « Rendre justice aux habitants de la Terre »
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