Les médias jouissent d’une crédibilité totalement imméritée. Vous en avez tous fait l’expérience, dans ce que j’appelle l’effet d’amnésie de Murray Gell-Mann.
En bref, l’effet d’amnésie de Gell-Mann est le suivant. Vous ouvrez le journal sur un article traitant d’un sujet que vous connaissez bien: dans le cas de Murray, la physique, dans le mien, le show-business. Vous lisez l’article et constatez que le journaliste n’a absolument aucune compréhension des faits ou des problèmes. Souvent, l’article est tellement faux qu’il présente les choses à l’envers, en inversant la cause et l’effet. C’est ce que j’appelle les histoires du genre «les rues mouillées causent la pluie». Les journaux en sont pleins.
Quoi qu’il en soit, vous lisez avec exaspération ou amusement les multiples erreurs d’un article, puis vous passez à la page des affaires nationales ou internationales, et là vous faites comme si le reste du journal était tout d’un coup plus précis sur la Palestine que les balivernes que vous venez de lire. La page à peine tournée, vous avez oublié ce que vous saviez.
C’est l’effet d’amnésie de Gell-Mann. J’aimerais souligner que cet effet n’existe pas dans d’autres domaines de la vie. Dans la vie ordinaire, si quelqu’un exagère ou ment constamment, vous finissez par révoquer en doute tout ce qu’il dit. Dans les affaires judiciaires, on connaît la doctrine dite «falsus in uno, falsus in omnibus», l’équivalent de «qui vole un œuf vole un bœuf». Mais lorsqu’il s’agit des médias, nous croyons, contre toute évidence, qu’il vaut probablement la peine de lire, quand même, les autres rubriques du journal.
— Michael Crichton cité par Elon Musk.
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