Par Emmanuel Leroy − Le 8 février 2024
On pourrait croire que ces questions posées par un Français sont impertinentes, voire déplacées surtout dans le contexte international que nous connaissons, où l’Occident a très clairement déclaré la guerre à la Russie, mais elles sont motivées par un réel respect porté à votre pays, à ses habitants et à sa longue histoire. De plus, ayant eu l’honneur de me voir accorder la citoyenneté russe l’année dernière par un oukaze du Président de la Fédération de Russie, je me sens d’autant plus concerné aujourd’hui par ces questions cruciales qui conditionneront l’avenir de ma nouvelle patrie.
Avant de tenter de répondre à ces trois questions, il convient d’abord de bien comprendre ce qu’est l’Occident et pourquoi ce dernier a déclaré la guerre à la Russie et depuis longtemps. De mon point de vue, ce n’est pas en utilisant le terme d’Occident collectif que l’on comprendra réellement la nature du danger mortel de cette puissance.
Qu’est-ce que l’Occident ?
Si l’on se réfère à la période du haut Moyen-âge, l’Occident peut se définir comme une entité culturelle regroupant des peuples de langues et de traditions diverses mais où le christianisme servait de référent à l’ensemble des populations qui y vivaient. Mais il faut bien comprendre qu’avec les bouleversements de la Renaissance ayant engendré la naissance du protestantisme et à sa suite le cataclysme causé par la Révolution française, les valeurs chrétiennes de la civilisation occidentale ont été progressivement détruites et ont été remplacées par un mécanisme de marchandisation du monde qui a progressivement corrompu les élites de la société européenne. Le Tsar Alexandre 1er avait parfaitement compris le danger que représentait cette idéologie marchande et anti-chrétienne et c’est pourquoi il proposa à l’Europe après 1815, de fonder une Sainte-Alliance afin de restaurer les valeurs chrétiennes mises à mal par les soubresauts des guerres menées par la France républicaine ou impériale. La Sainte-Alliance prit fin malheureusement avec la mort d’Alexandre 1er en 1825, notamment sous la pression britannique.
Mais entretemps, le poison de l’idéologie des Lumières et des sociétés secrètes qui le diffusaient avait largement contaminé les élites européennes en provoquant ainsi tout un processus révolutionnaire qui toucha toute l’Europe et même la Russie avec le mouvement décabriste.
Avec le recul du temps, on peut considérer que le véritable vainqueur après Waterloo ne fut pas la Russie, qui y joua pourtant un rôle-clé, mais l’Angleterre qui venait de mettre à terre son plus mortel ennemi et qui avait désormais les mains libres pour répandre de manière occulte son idéologie libérale dont le but final n’est rien d’autre que la domination du monde par le contrôle de l’argent.
Le basculement géopolitique de la Première guerre mondiale qui vit la Grande-Bretagne céder sa place de leader mondial aux Etats-Unis ne changea absolument rien au système de contrôle du reste du monde par les élites anglo-saxonnes. Ce fut simplement un transfert de siège social où Washington remplaça Londres mais où les financiers des deux capitales continuaient de mettre en place en étroite collaboration, leurs méthodes d’accaparement des richesses du monde et leur politique de soumission des bourgeoisies compradores des nations asservies.
La méthode de contrôle des élites mondiales par l’oligarchie anglo-saxonne se fait par la séduction, la corruption, le chantage, les menaces, les pressions de toutes natures et pour cela il faut de l’argent, beaucoup d’argent et c’est pourquoi le concept d’Occident aujourd’hui est absolument indissociable du monde de la finance et de la ploutocratie qui l’accompagne.
Cette notion de contrôle du monde par l’argent est apparue dès le XVIème siècle dans l’Angleterre élisabéthaine où un certain Walter Raleigh qui fut tour à tour capitaine des gardes de la reine, pirate, aventurier, marchand et qui avant de mourir décapité à la Tour de Londres eut le temps d’écrire un livre – L’histoire du monde – dans lequel on trouve cette célèbre phrase : « Qui tient la mer tient le commerce du monde ; qui tient le commerce tient la richesse ; qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même ». Voilà la quintessence de ce que j’appelle l’idéologie anglo-saxonne et qu’on retrouvera trois siècles plus tard chez le géographe britannique Halford Mackinder avec sa célèbre maxime : « qui tient l’Europe orientale tient le heartland, qui tient le heartland domine l’île mondiale, qui domine l’île mondiale domine le monde ». Et pour bien comprendre que cette vision du monde est spécifiquement anglo-saxonne, il suffit de se rappeler ce qu’écrivait au siècle dernier l’universitaire américain Nicholas Spykman : « Qui contrôle le Rimland contrôle l’Eurasie ; qui règne sur l’Eurasie contrôle le destin du monde ». Et plus près de nous, on trouve encore les traces de cette idée de conquête du monde avec cet aphorisme d’Henry Kissinger : « Qui contrôle la nourriture contrôle les populations, qui contrôle l’énergie contrôle les nations et celui qui contrôle la monnaie contrôle le monde ».
Ainsi donc, les tenants de cette oligarchie anglo-saxonne ont montré à travers les siècles leur volonté continue de devenir les maîtres du monde et ceux qui poursuivent ce but – le Grand jeu de Kipling – n’ont plus désormais qu’un obstacle à vaincre pour y parvenir, la Russie, maîtresse du Heartland et seul pays du continent à avoir échappé jusqu’à présent aux griffes des mondialistes.
Et depuis lors, cette conception d’un Occident avide et conquérant s’est étendue à la plupart des pays du monde qui, de gré ou de force, ont été obligés d’adhérer au système de valeurs prôné par les élites anglo-saxonnes. La Russie ayant été elle aussi, hélas, partiellement contaminée par ce poison libéral dans les années 90 du siècle dernier.
Pour échapper à cette contamination mortelle à terme, la bataille des idées est cruciale et il est essentiel que le peuple russe puisse répondre à ces trois questions-clé : Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Où vas-tu ?
Peuple russe ! Qui es-tu ?
Le peuple russe est indiscutablement un grand peuple qui a façonné l’Histoire, non seulement de son immense territoire, mais qui a marqué aussi de son empreinte l’Europe, l’Asie et l’Afrique. On pourrait même y ajouter l’Amérique avec la colonisation de l’Alaska. La grande difficulté pour aborder sa longue histoire est que les sources écrites avant la conversion des Slaves de l’est au christianisme sont peu nombreuses et les rares témoignages d’auteurs grecs, romains ou arabes ne donnent que très peu d’informations sur les populations qui vivaient entre le Danube et l’Oural avant le IXème siècle. Ainsi en est-on réduit à se contenter de la Chronique de Nestor souvent ambigüe ou à émettre des hypothèses fondées sur les travaux des scientifiques. La célèbre Chronique nous dit que les Slaves allèrent chercher des Varègues-Russes, qu’elle distingue bien des Varègues-Suédois et autres Goths. Elle nous dit aussi que « cette partie de la Rous’ reçut plus tard des Varègues le nom de Novgorod; mais les habitants de cette contrée, avant l’arrivée de Riourik, n’étaient connus que sous le nom de Slaves ». Si ces Varègues étaient des Scandinaves, pourquoi auraient-ils fondé une ville en lui donnant un toponyme slave comme Novgorod ? D’autre part, le nom de Riourik n’a pas de racine spécifiquement germanique ; le suffixe « rik » désignant le chef ou le roi dans les langues indo-européennes anciennes et le nom Riourik lui-même signifiant très probablement le roi des Rou(s). Riourik était vraisemblablement le chef d’une tribu varègue-slave, comme il y avait sans doute des Varègues finnois, baltes ou germaniques. Toutes ces populations centrées sur la Baltique vivaient de commerce et de piraterie et n’hésitaient pas à utiliser les voies fluviales pour piller ou rançonner les villes qu’elles traversaient. Le mot varègue ne désigne pas selon moi une ethnie particulière mais plutôt un ensemble de populations balto-finno-slavo-germaniques vivant sur les rives de la mer Baltique et se livrant principalement à la piraterie et accessoirement au commerce. C’est peut-être à cause de cela que le mot « ennemi » en russe (враг) provient hypothétiquement des Varègues et du très mauvais souvenir que ceux-ci ont laissé dans l’inconscient des populations slaves vivant le long des fleuves.
Mais les Russes ne sont pas nés avec la Chronique de Nestor. Les témoignages des auteurs de l’antiquité sur les peuples scythes et sarmates témoignent que ces peuples vivaient sur le même territoire que les Slaves orientaux, ce qui a d’ailleurs été prouvé par les découvertes archéologiques. Il serait étonnant qu’il n’y ait pas une filiation étroite établissant une continuité probable entre ces populations, ce que semblent d’ailleurs prouver aujourd’hui les récentes découvertes en génétique des populations qui démontrent la parenté étroite existante entre ces peuples de l’antiquité et les Slaves orientaux contemporains.
Si l’on en croit certains auteurs, le terme de Rus, qui dérivera au moyen-âge en Ruthénie (Ruthenia) dans sa version latinisée, proviendrait du vieux norrois róa « ramer » et rœði « gouvernail » ce qui impliquerait une origine scandinave pour les Varègues qui auraient « civilisé » les Slaves. Or, comme les auteurs de ces théories ignorent apparemment la langue russe, ils ne savent pas que les termes « ramer » et « gouvernail » peuvent se traduire en russe par pяд et руль et que donc l’origine de la Rus peut parfaitement être d’origine slave, ce qui n’exclut pas par ailleurs, une possible origine commune entre les populations slaves et les populations germaniques remontant à l’Age du bronze ancien.
Pour essayer de mieux comprendre qui sont véritablement les Russes et chercher à savoir ce qui fonde leur différence avec d’autres peuples, je crois que l’on peut répondre par cette affirmation : Les Russes sont indéfectiblement attachés à leur terre parce qu’ils ne l’ont jamais quittée. Ils sont restés fidèles à cette immense terre (Mère-patrie), rude et sauvage parfois, notamment par son climat, mais tellement belle, et dont les limites semblent infinies, pendant que leurs frères partaient explorer le monde des bords de l’Atlantique jusqu’aux confins de l’Asie et de l’Afrique du Nord. C’est ce lien sacré des Russes, jamais coupé, avec la terre des origines, qui marque selon moi leur principale différence avec les autres peuples indo-européens. Et ce lien charnel, quasi mystique, des Russes avec leur terre, est peut-être ce qui constitue ce que certains ont appelé l’âme slave et qui leur donne une caractéristique unique, la fierté d’être ceux qui sont restés pour garder la maison et la protéger contre tous ceux – et ils furent nombreux au cours des siècles – qui voulurent la conquérir.
Mais outre ce trait profond du fils qui est resté sur la terre des ancêtres pendant que ses frères ou ses cousins partaient à la conquête du monde, la caractéristique finale de la terre des « Rouss » est qu’elle fut le point de départ et la matrice de toutes les grandes invasions indo-européennes qui se déroulèrent sur la péninsule européenne, en Asie et en Afrique du nord entre l’âge de bronze et la fin de l’empire romain.
Peuple russe ! D’où viens-tu ?
De nombreuses légendes anciennes ou les textes sacrés du Rig Veda parlent tous d’une origine hyperboréenne des peuples aryens auxquels appartiennent indéniablement les proto-slaves.
Les Russes auraient tort de se moquer aujourd’hui des scientifiques ukrainiens pré ou post-maïdan qui, de manière excentrique parfois, tentent de prouver que les Ukrainiens sont à l’origine de beaucoup de civilisations dans le monde. Car derrière l’aspect ridicule et outrancier de certaines de leurs affirmations (faire remonter l’origine de l’Ukraine à 100.000 ans avant J.C. par exemple), un certain nombre de vérités sont parfois énoncées, comme par exemple la parenté probable entre la Galicie de l’Ukraine occidentale avec la Galice espagnole, les Galates d’Asie mineure et les peuplades gauloises (Galli) de l’extrême occident. De même, les peuples slaves que l’on appelle les Wendes, sont plus que probablement la même population que les Vénètes que l’on retrouve dans de nombreux toponymes occidentaux et dont le plus célèbre est la ville de Venise (Venedig en allemand). Si cette hypothèse se trouvait confirmée, elle apporterait la preuve que des populations de Slaves orientaux (et pas d’Ukrainiens évidemment) ont migré vers l’ouest et vers le sud et ont laissé leur empreinte dans ces régions. Les universitaires russes auraient tout intérêt à ne pas laisser certains de leurs collègues ukrainiens – avec l’appui de scientifiques occidentaux – accaparer la longue mémoire des peuples slaves au bénéfice exclusif des héritiers de Bandera et de leur propagande racialiste et suprémaciste.
Plus près de nous, l’histoire des Lipovènes, ces Russes Vieux-croyants ayant émigré en Ukraine puis vers le bassin du Danube lors du grand Raskol devrait passionner les historiens russes pour aller chercher dans leur plus lointain passé la mémoire russe qu’ils y ont conservée dans leurs chants, leurs contes ou leurs coutumes. Cette démarche de recherche dans les plus vieilles racines de l’histoire des Russiens devrait d’ailleurs être faite systématiquement, y compris chez les peuples voisins du Caucase, et en particulier les Ossètes, descendants directs des Alains, que les Russes côtoient depuis des millénaires, afin d’y recueillir les fruits de leur plus lointain passé.
Une des particularités du peuple russe est qu’il fut un des derniers parmi les grands peuples européens à accéder à la culture de l’écrit. En effet, ce fut seulement avec l’évangélisation des Slaves au IXème siècle par les saints Cyrille et Méthode que la mémoire historique du monde slave a commencé. Avant, c’était la culture orale qui prévalait et l’opposition entre cette culture de l’oral et celle de l’écrit n’est pas uniquement rhétorique, elle entraîne des conséquences importantes qui se font sentir encore aujourd’hui, notamment dans le sentiment – basé sur de fausses prémisses – que les Russes se sentent toujours en retard sur l’Occident. Ce choc de la civilisation de l’écrit contre celle de l’oral est en filigrane de ce que l’on peut déduire du célèbre ouvrage La guerre des Gaules de Jules César. En effet, on sait que les druides connaissaient le grec et le romain mais qu’ils ne voulaient pas l’utiliser et qu’ils préféraient enseigner leurs disciples par la parole plutôt que par l’écrit.
La raison profonde de ce refus exprimé par les élites gauloises est qu’une société de tradition orale a une tendance naturelle à percevoir l’Histoire de manière cyclique – et donc plus conservatrice – alors qu’une société de tradition écrite aura elle, une perception plus linéaire, et donc plus progressiste de l’Histoire. Dans le même esprit, les sociétés conservatrices privilégieront la construction de leurs bâtiments – profanes ou sacrés – en bois alors que les sociétés progressistes utiliseront plus volontiers la pierre. Cet état de fait engendre aussi des conséquences importantes sur le modèle cognitif des populations de ces deux types de civilisations. En effet, dans une société où l’écrit n’existe pas, le cerveau doit développer des capacités mnémoniques infiniment supérieures à celui qui sait pouvoir se reposer sur un livre ou un manuscrit pour retrouver ce qu’il a oublié. C’est un phénomène comparable à l’arrivée de la calculette dans nos écoles qui nous a fait oublier le calcul mental et comme demain l’intelligence artificielle réduira notre intelligence comme une peau de chagrin si on ne développe pas en même temps les outils d’apprentissage de la mémoire comme contrepoison.
Cette spécificité du monde russe d’avoir conservé plus longtemps que d’autres peuples européens la mémoire des sociétés de tradition orale fonde la différence radicale avec l’Occident, même si en Russie l’alphabétisation des campagnes commencée sous le règne de Nicolas II et poursuivie à outrance lors de la période soviétique, a bien évidemment largement perturbé ce savoir ancestral et ce mode de vie traditionnel, aggravé bien évidemment par la collectivisation des terres et la dékoulakisation, phénomène ayant fortement contribué à l’urbanisation de la société russe et donc à son découplage du monde paysan ancestral. Cette mise à mort du monde rural traditionnel a été aussi mise en place en Occident, également dans cette période des années 30 à 60 du siècle dernier, dans des conditions différentes certes, mais avec le même résultat final, à savoir la mort de la paysannerie traditionnelle et la coupure avec la longue mémoire des peuples enracinés.
Peuple russe où vas-tu ?
On se saura pas répondre précisément à cette question tant que l’on n’aura pas répondu à toutes ces autres questions que les grands auteurs russes – slavophiles comme occidentalistes – du XIXème siècle ont abordé relativement à l’Occident : Faut-il le rejeter, l’imiter, le rattraper, le dépasser ou le régénérer ?
Rejeter l’Occident dans tous ses excès et notamment les plus mortifères comme l’idéologie LGBT, le malthusianisme et la marchandisation du monde me semble une des toutes premières urgences que la Russie doit appliquer pour ne pas sombrer en même temps que la civilisation occidentale. Mais en même temps, imiter l’Occident dans ce qu’il a produit de meilleur dans le domaine des arts ou de la pensée, me semble également une voie à suivre, à la condition impérative que l’imitation se fasse à travers la spécificité du prisme culturel russe et ne se borne pas à l’adoption du mode de vie occidental sous prétexte que c’est moderne et « branché ». Rattraper et dépasser l’Occident dans tous les domaines où il excelle est aussi un objectif que la Russie doit se fixer que ce soit dans le domaine spatial, celui des technologies militaires ou encore de l’intelligence artificielle, mais rattraper tous ces retards et même dépasser les meilleures technologies occidentales ne servira à rien si la Russie ne résout pas à court terme le problème de la natalité, question essentielle pour la survie du peuple russe.
Si entre les années 50 et 80 du siècle dernier l’URSS a su maintenir un taux de fécondité moyen compris entre 1,90 et 2,50, ce qui assurait le renouvellement des générations, depuis les années 90 et jusqu’à aujourd’hui, malgré la politique nataliste mise en place par le Président Poutine, jamais la Russie n’a réussi a retrouver ce seuil fatidique des 2,1 enfants par femme nécessaire à la pérennité de la société.
Un des traits majeurs du monde moderne a été la concentration urbaine, conséquence de la mort des campagnes, qui a abouti à la création de ces mégapoles de plusieurs millions d’habitants à laquelle la Russie n’a pas échappé. Or à l’ère du nucléaire, offrir des cibles civiles de millions d’habitants est une hérésie stratégique. En effet, le conflit en Ukraine nous enseigne que les meilleures défenses anti-aériennes que possèdent la Russie ne pourront pas assurer une défense totalement étanche en cas de saturation de l’objectif par des dizaines de missiles.
Par ailleurs, la concentration urbaine ne favorise pas la natalité. De tout temps, l’augmentation de la natalité est venue des campagnes alors que le phénomène urbain à lui seul est incapable d’assurer le renouvellement des générations et même sa propre subsistance.
La seule issue rationnelle serait de créer dans tout l’espace de la grande Russie des centaines de villes moyennes (maximum 100.000 habitants) axées sur un ou plusieurs domaines productifs (extraction minière, usines chimiques ou métallurgiques, complexes agro-alimentaires, spatial, militaire etc.) et y assurer tout le confort que l’on trouve dans une grande ville, mais en gardant une taille humaine et en y créant des conditions de vie sociale qui favorisent la natalité.
A l’heure où l’Occident dépérit et sombre de plus en plus vers les idéologies satanistes, la défense des traditions et le recours à la religion traditionnelle des Slaves m’apparaît comme un impératif. L’église de Rome s’étant ralliée à la mondialisation et au reniement des vertus chrétiennes, il est plus que jamais essentiel que la religion orthodoxe, la doxa droite, reste comme un phare allumé dans le monde pour y maintenir vivant l’enseignement divin.
En défendant les terres slaves de leur conquête par l’Occident, la Russie s’est dressée contre ceux qui incarnent véritablement les inclinations les plus mauvaises de l’homme. Le rôle historique du peuple russe est de s’opposer et de vaincre cet Occident dégénéré qui a corrompu l’âme du monde.
Le chemin sera long et difficile et peut-être que notre génération connaîtra des moments encore plus dramatiques que pendant la Grande guerre patriotique, mais le peuple russe ne pourra échapper à son destin qui est celui de devoir d’abord vaincre puis de régénérer l’Occident et le remettre sur le droit chemin d’une humanité harmonieuse et respectueuse des autres peuples.
Quand Rome sera tombée sous le coup des barbares, ce sera peut-être à un Patriarche russe de monter sur le trône de Pierre et de mettre fin, à coups de knout si nécessaire, au grand schisme de 1054 et aux folles illusions d’un Occident qui par orgueil a coupé les liens avec Dieu.
Mais avant cela, comme Carthage, l’Occident anglo-saxon devra avoir péri.
Emmanuel Leroy
Source: Lire l'article complet de Le Saker Francophone