Parfois, les crimes commis par Israël sont tellement horribles qu’au début, on ne comprend même pas ce que l’on regarde. On se contente juste de les fixer en essayant de trouver un sens à ce que l’on voit, comme on le ferait si l’on voyait soudain un extraterrestre ou un lutin ou quelque chose du genre.
Cela m’est arrivé hier, alors que je regardais un reportage de Sky News sur un adolescent abattu par les forces israéliennes à Jérusalem pour avoir célébré la libération de prisonniers palestiniens dans le cadre des négociations sur les otages avec le Hamas. Je me suis dit que je devais mal comprendre ce que je voyais. Je sais qu’Israël commet des actes abjects, mais ils ne peuvent quand même pas avoir tiré sur un enfant parce qu’il s’était réjoui de quelque chose.
Je ne comprends pas. Un adolescent a-t-il été abattu parce qu’il se réjouissait ?
@SkyNews
« Nous apprenons qu’un adolescent a été abattu. Est-ce la bonne façon de gérer la situation ? » demande @SkyYaldaHakim.La maire adjointe de Jérusalem @FleurHassanN déclare qu’« une partie de l’accord consiste à ne pas célébrer la libération d’auteurs de tentatives d’assassinat ».
Puis, comme cela s’est produit tant de fois au cours des deux derniers mois, j’ai continué à regarder et j’ai appris que, si, c’était bien ce qu’il s’était passé. On voit dans la vidéo Fleur Hassan-Nahoum, maire adjointe de Jérusalem, justifier le meurtre en disant qu’« une partie de l’accord consiste à ne pas célébrer la libération d’auteurs de tentatives d’assassinat » – ce qui ne faisait pas partie de l’accord, il s’agissait simplement d’un décret publié par le ministre israélien de la sécurité nationale -, et affirmer malhonnêtement que « nous parlons de la libération de meurtriers présumés » – la très grande majorité d’entre eux n’ont pas été reconnus coupables d’un quelconque crime et même pas jugés en bonne et due forme pour les accusations dont ils ont fait l’objet.
Le groupe Eve6 a bien résumé ce que l’on ressent en écoutant l’adjointe au maire, et a tweeté :
« Ce qui est remarquable dans cette séquence, c’est l’assurance dont elle fait preuve. Comme si elle était suprêmement confiante dans le fait que les gens penseront qu’il est acceptable de dire « nous avons tiré sur l’adolescent parce qu’il se réjouissait« . »
Cinq nourrissons sont morts de faim, de froid et de solitude. Leurs corps se sont décomposés. Ils étaient toujours reliés à des tubes de ventilation et d’intraveineuse, 17 jours après que les soldats israéliens ont pris d’assaut l’hôpital pédiatrique d’al-Nasr et ont ordonné aux médecins de quitter les lieux
Et puis cela m’est arrivé encore lorsque j’ai lu l’article sur les cinq bébés prématurés qui ont été abandonnés, condamnés à mourir, après l’attaque des Force armées israéliennes sur l’hôpital pédiatrique al-Nasr à Gaza au début du mois, et dont les corps en décomposition n’ont été découverts que lorsque le cessez-le-feu temporaire a permis d’accéder à l’hôpital. C’est à peine croyable — ils ont attaqué un hôpital pédiatrique ? Et ils ont laissé mourir les bébés qui s’y trouvaient ? Quoi ??
La seule raison pour laquelle nous apprenons cette information maintenant est que la pause dans les combats a permis aux journalistes de s’introduire avec des caméras dans l’hôpital et de pouvoir révéler au monde entier les nourrissons décédés. Ce qui évoque le rapport de Politico publié juste avant le cessez-le-feu, selon lequel la Maison Blanche craignait qu’une « conséquence involontaire de la pause […] permettrait aux journalistes d’accéder plus largement à Gaza et de mettre encore plus en évidence les dévastations qui s’y produisent, ce qui retournerait l’opinion publique contre Israël ».
En effet, depuis le début de la pause dans les combats, le monde a reçu des images de drones provenant de tribunes grand média telles que Reuters et The Washington Post, des images qui révèlent les vastes étendues de terrain urbain complètement détruites par un tapis de bombes et d’explosifs militaires israéliens qui s’étendent d’un pâté de maisons à l’autre. La dévastation aveugle causée par l’assaut israélien sur Gaza depuis le 7 octobre montre clairement que les forces de défense israéliennes ne visent pas le Hamas, mais la bande de Gaza elle-même.
Des images de drone ont montré la destruction à grande échelle de la ville de Gaza. Les autorités israéliennes ont conseillé à la population du nord du territoire d’évacuer vers le sud alors qu’Israël menait la guerre. Israël a récemment indiqué que l’opération militaire pourrait se déplacer vers le sud.
J’ai été surprise de constater que je dormais beaucoup depuis le début du cessez-le-feu ; c’est la raison pour laquelle j’ai écris moins d’articles. Je suppose que passer des semaines à regarder d’inconcevables horreurs défiler sur un écran peut se révéler assez éprouvant pour l’organisme, d’autant plus si l’on est sensible à ce genre de choses ; mon corps s’est donc reposé autant que possible pendant qu’il en avait l’occasion.
Et je suis là, à regarder tout cela se produire, en toute sécurité depuis mon domicile à Melbourne. Je ne peux pas imaginer à quoi peut ressembler le fait de vivre au milieu de cette horreur depuis deux mois, d’essayer de trouver le meilleur moyen de survivre tout en pleurant les membres de sa famille, ses amis et ses voisins qui meurent au fil des jours. Ces personnes ont toutes subi un traumatisme profond qui les hantera pour le restant de leur vie, si elles survivent à la violence, à la maladie et aux pénuries qui ne manqueront pas de s’abattre sur elles.
Cette situation est d’une abjection sidérante, et elle pourrait devenir bien plus immonde encore après la fin du cessez-le-feu. Si l’on peut tirer quelque chose de positif de ce cauchemar vivant, c’est qu’il est d’une horreur telle qu’il pourrait bien ébranler les consciences des habitants de la planète.
Source de l’article publié initialement en anglais le 30 novembre 2023 : Caitlin Johnstone Substack
Traduction : Sott.net
Source: Lire l'article complet de Signes des Temps (SOTT)