L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) a publié la semaine passée une stratégie thermique pour le Québec. Fruit de plusieurs mois de travail de la part des chercheurs Pierre Godin et Noël Fagoaga ce nouveau plan aspire à récupérer la pleine valeur économique et énergétique des rejets thermiques du Québec. La stratégie est disponible sur le site web de l’Institut depuis ce matin.
« Le discours actuel sur la planification énergétique fait fi du principal usage de l’électricité au Québec, à savoir la production et la gestion de la chaleur », affirme Pierre Godin, chercheur à l’IRÉC. « Le nouveau plan d’action d’Hydro-Québec a pour ambition d’augmenter la production d’électricité de 60TWh d’ici 2035. Et bien si je vous disais que les rejets thermiques valorisables au Québec comptent pour environ 56,7 TWh, donc la quasi-totalité de l’objectif à atteindre d’ici 2035, est-ce que vous me répondriez sérieusement qu’on peut se passer d’une stratégie thermique ? » fait-il valoir. « En ce moment, c’est comme si, collectivement, on gardait la porte ouverte pour chauffer l’extérieur en plein hiver », illustre-t-il.
La société québécoise est l’une des plus énergivores de la planète. Or, les besoins en chaleur constituent la principale composante de la demande. Avec des besoins estimés à 100 TWh, dont 56,0 TWh pour le seul chauffage des locaux résidentiels, les besoins totaux liés à la chaleur comptent pour plus des trois quarts de la consommation énergétique totale du secteur résidentiel.
« Dans son plan d’action 2035, Hydro-Québec ne doit pas omettre de gérer de manière optimale l’énergie thermique, incluant non seulement des politiques en matière d’efficacité énergétique, mais également des approches en matière de production, de stockage et de mise en place de réseaux de chaleur de dernière génération. Or, cet aspect est négligé dans le tout nouveau plan d’action de Michael Sabia », ajoute Noël Fagoaga, chercheur à l’IRÉC. « Avant d’envisager d’investir des milliards $ dans la production d’énergie nouvelle, on devrait peut-être d’abord songer à utiliser la pleine valeur de ce qu’on consomme présentement », suggère-t-il.
Pour cette raison, l’IRÉC propose une stratégie thermique ambitieuse à la mesure des défis de la transition énergétique. Cette stratégie vise, d’une part à répondre de façon efficace aux besoins thermiques des ménages et des entreprises du Québec, et d’autre part à réduire la pression de la demande sur le réseau d’Hydro-Québec. Un recours plus systématique aux possibilités offertes par les dernières générations de thermopompes et de technologie géothermique doit également faire partie de cette stratégie globale élaborée par les chercheurs de l’institut.
La stratégie thermique présentée par l’IRÉC repose sur un premier bilan des pertes et rejets thermiques analysé à la lumière de l’ensemble des besoins en chaleur du Québec. En se basant sur des exemples concrets d’innovation technologique, sur des expériences étrangères et sur une expertise déjà développée au Québec, elle propose une approche intégrée comportant six volets complémentaires. Elle contient également un cadre de politiques publiques se déclinant en trois échelles différentes (micro-, méso-, et macro).
« Nous avons élaboré une stratégie qui peut être mise en œuvre tant à l’échelle nationale qu’à celle des régions et des collectivités locales poursuivant leurs propres objectifs en matière de transition énergétique et écologique » selon Pierre Godin, chercheur à l’IRÉC. « Pour lutter efficacement contre le réchauffement de la planète, il nous faut apprendre à utiliser la chaleur à sa pleine valeur », a-t-il conclu.
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