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La Royal African Company, les Stuart et le naufrage du Gloucester
par Mendelssohn Moses
Non sans raison, les impénitents monarchistes parmi mes compatriotes s’inquiètent de ce que Charles III, actuellement en visite officielle en France, et dont les fils par Diana Spencer descendent en ligne directe des Stuart, ait choisi précisément de régner sous ce nom. Est-ce pour se concilier l’Écosse, dont la moitié de la population est catholique ? Était-ce la raison qui fit que Elizabeth II lui donna ce nom ? Est-ce pour se concilier la fraction croissante des Anglicans qui quittent l’Église dont il est le chef, devenu trop Woke à leurs yeux, pour le Catholicisme romain ?
En tout cas, la dynastie écossaise des Stuart n’a porté chance, c’est peu dire, ni à l’Écosse, ni à l’Angleterre.
En Europe continentale, la dynastie Stuart est auréolée d’un parfum de «romance» – la Maria Stuart vue par le dramaturge Friedrich Schiller, la défaite des Écossais à Culloden (1746), le catholicisme évincé par un monarque-pape théocrate protestanto-anglican et ainsi de suite.
On se souviendra que le premier de ce nom, Charles I Stuart, fut exécuté en 1649 par le Parlement puritain, tandis que son fils Charles II (1630-1685), protestant libertin sans héritier légitime, souhaita assurer la pérennité des Stuart en plaçant sur le trône d’Angleterre son frère James, Duc de York. Ce dernier s’étant converti au catholicisme et ayant épousé une splendide Italienne, en ce faisant Charles II et son frère «assumaient», comme diraient les Microniens, la probabilité de déclencher une nième guerre civile et de religion.
Esclaves marqués au fer rouge des initiales du Duc de York
Cependant c’est en Afrique que le souvenir de la dynastie Stuart est le plus vif : en 1660, année même de la Restauration monarchique, Charles II fonda le Royal African Company (RAC) ou Company of Royal Adventurers Trading into Africa, avec comme Gouverneur ledit frère James Stuart, Duc de York. Ces princes entendaient bien en tirer de fastueux revenus.
En effet, la RAC jouissait du monopole sur tout le commerce africain.
Fondée pour prendre le contrôle des mines d’or, en 1663 la RAC modifia ses Statuts pour explicitement stipuler le trafic d’esclaves : «il sera interdit à des tiers de faire commerce de bois tropicaux, ivoires d’éléphant, Nègres (sic), esclaves, peausseries…». En 1672 de nouveaux Statuts permirent de promulguer la loi martiale en Afrique occidentale, avec l’objectif de faciliter ces trafics.
Afin de proclamer à qui de droit l’identité du Patron, la RAC marquait les hommes destinés à l’esclavage au fer rouge du sigle – tenez-vous bien – DoY pour Duc de York ou encore RAC, Royal African Company. Au nombre d’environ 200 000 personnes au total, ces Africains – dont 20% allaient périr en route – étaient transportés vers les terres de la Couronne anglaise en Amérique du Nord.
(Nomen est Omen : l’actuel Duc de York est le Prince Andrew, frère de Charles et visiteur fréquent auprès de feu Jeffrey Epstein. But that is neither here nor there …)
Or, il se fait que l’alors Duc de York, James, avait été nommé accessoirement Lord Amiral de la Flotte, et se targuait de sa science en matière de navigation.
Au mois de mai 1682, rappelé par son Royal frère à Londres, le Duc de York embarqua sur un splendide bâtiment de guerre baptisé le Gloucester et se dirigea vers l’Écosse pour ramener en Angleterre son épouse Maria de Modena. Il était escorté de quatre ou cinq bâtiments de guerre et de quatre yachts, qui ont fourni de nombreux témoins de la catastrophe qui allait survenir.
Notoirement dangereuse en raison de ses bancs mouvants de sable, mal cartographiée de surcroît, la côte septentrionale du comté de Norfolk était tout sauf le trajet idoine pour une course de vitesse style RMS Titanic, telle que souhaitait le Duc-Amiral. S’estimant pressé par la guerre de factions à la Cour de Londres, le Duc, se prévalant de son rang et agitant des menaces, rejeta les avis des navigateurs expérimentés à ses côtés et insista sur un trajet longeant la côte et à grande vitesse – pour l’époque et dans la nuit – de 6 nœuds marins.
À 5:30 du matin, le Gloucester frappa les bancs parallèles de sable Leman et Ower et coula en moins d’une heure, avec la perte de plus de la moitié de son équipage et passagers dont plusieurs Lairds d’Écosse, soit au moins 250 hommes et femmes.
Alors que le protocole interdisait à sa suite de débarquer avant lui, le Duc, soucieux de récupérer une malle renfermant des documents privés, s’accrocha au Gloucester jusqu’à la dernière seconde, circonstance qui assura la perte de nombreuses vies. Puis le Duc prit place dans une chaloupe de sauvetage sous l’œil de son page John Churchill (plus tard Duke of Marlborough), aïeul du Randolph de triste augure.
La mission dont s’acquitta avec dévouement ledit John Churchill, était celle de repousser dans la mer à la pointe de l’épée les malheureux se débattant pour se hisser sur la chaloupe.
Où l’Angleterre apprend à faire du vrai avec l’à-peine-vraisemblable
Un tel désastre, pour lequel il y avait eu de nombreux témoins et non des moindres, ne pouvait guère rester secret ; le scandale gonfla au point de menacer la dynastie Stuart. Le Duc eut alors recours au procédé habituel : d’abord, accabler les marins de sa propre faute. M. Ayres pilote du Gloucester, M. Gunman capitaine du yacht-signal qui précédait le Gloucester et son second officier, furent traînés devant une cour martiale et condamnés (puis discrètement libérés peu après …).
Deuxio, et afin de parfaire aux yeux du monde un récit fallacieux («narrative» en anglais moderne) disculpant le Duc de York, un peintre hollandais, Johan Danckerts, reçut commission de retisser la chaîne et trame des évènements
Ainsi, et alors que le Gloucester coula en 5 mètres d’eau glaciale, Danckerts le représente échoué sur la plage debout et proue devant, faisant accroire au spectateur que toutes les âmes furent sauves. La chaloupe de sauvetage du Duc, dépeint comme grouillant de marins et passagers, était en réalité presque vide, grâce à l’épée dégainée de John Churchill.
En 1685, ce glorieux Duc de York succéda à Charles II. Bref triomphe, puisqu’il serait renversé par la Glorieuse Revolution hannoverienne de 1688.
Remarque de la fin : en 2005 les deux frères Julian et Lincoln Barnwell, intrépides expert-plongeurs, pétris de ténacité et secondés par James Little, ex-plongeur de la marine anglaise, ont découvert après cinq ans de recherches l’épave du Gloucester, jusqu’alors réputée perdue à jamais. Afin de décourager le pillage – le Gloucester était lourdement chargé d’objets somptuaires – la découverte ne fut révélée au public qu’en 2022. Quant aux coordonnées marines exactes, elles n’ont toujours pas été divulguées. Une exposition au Musée de Norwich rend hommage aux trois explorateurs marins.
Soit dit en passant, cela donne quelqu’idée de l’identité du pays dont les ressortissants ont les nerfs assez solides pour garantir la réussite de l’attaque sur Nord Stream, entre autres …
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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