Tout est parti de l’assassinat au mois de juin, au Canada, d’un leader sikh, ressortissant indien naturalisé canadien. Les Nord-Américains accusent l’Inde d’avoir fait tuer celui qu’elle recherchait pour terrorisme.
L’homme, Hardeep Singh Nijjar, dirigeait un temple sikh près de Vancouver, sur le parking duquel il a été assassiné en juin. Il militait pour la création d’un État indépendant sikh dans le nord de l’Inde. Arrivé au Canada en 1997, il avait été naturalisé en 2015.
Il était activement recherché par les autorité indiennes pour des faits présumés de terrorisme et de conspiration en vue de commettre un meurtre.
Le Premier ministre Trudeau, après avoir expliqué devant le Parlement que, selon des éléments récoltés par ses services de sécurité, des « agents du gouvernement indien » avaient assassiné un leader indépendantiste sikh sur le sol canadien, a demandé à l’Inde de « prendre au sérieux » cette affaire, basée sur des « éléments crédibles ».
Ce qui devait arrivé arriva, puisqu’il était évident que les déclarations de Trudeau ne pouvaient pas ne pas déclencher une crise diplomatique. Le gouvernement indien a qualifié ces accusations d’« absurdes » et a démenti « tout acte de violence au Canada ». L’Inde a demandé au Canada une réduction de son personnel diplomatique sur son sol et affirmé avoir « temporairement » suspendu le traitement des visas indiens au Canada.
Peu de temps avant, le Canada avait précédé la demande indienne en annonçant un ajustement de sa présence diplomatique en Inde à la suite de « menaces sur diverses plateformes de médias sociaux » contre son personnel. De son côté, le ministère indien des Affaires étrangères s’est dit inquiet pour ses ressortissants voyageant au Canada, « compte tenu de la multiplication des activités anti-indiennes et des crimes haineux et criminels à connotation politique au Canada ».
Sans préjuger des résultats d’une éventuelle enquête indépendante, tout se passe comme s’il était question de mettre de l’huile sur le feu avec cet important pays des BRICS qu’est l’Inde. Le Canada a récemment suspendu les négociations en vue d’un accord de libre-échange avec l’Inde et la visite de son ministre du Commerce prévue en octobre a été annulée. Washington et Londres ont clairement pris position en soutenant la démarche canadiennes.
Pour Trudeau, cette affaire « est extrêmement grave et a des conséquences importantes, tant sur le plan du droit international que sur d’autres aspects pour le Canada ». Pour l’Inde, ces accusations sont « politiquement motivées » ; et cette dernière déclaration du Premier ministre canadien ressemble bien à une prophétie autoréalisatrice. Les conséquences risquent en effet d’être importantes.
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