L’auteur est président du Mouvement Québec français
« À Montréal, l’assimilation à l’anglais touche non plus seulement les allophones, non plus seulement les immigrants, mais les francophones eux-mêmes et les natifs eux-mêmes. Je doute que nos dirigeants prennent toute la mesure de cette débandade historique, qui commence à ressembler dangereusement à ce qu’il se passe dans le reste du Canada.
Qu’est-ce qu’on nous annonce encore aujourd’hui? Quelques miettes pour quelques mesurettes… À peine quelques centaines de milliers de dollars pour des projets de « promotion », de « valorisation » – donc non structurants – , alors que monsieur Legault vient de gréer l’Université McGill de centaines de millions en lui faisant don du Royal Vic… C’est sans parler des sommes colossales accordées aux groupes de défense de l’anglais au Québec. Si c’est ça, le « réveil national » proposé par monsieur Roberge, alors les mots n’ont plus aucun sens. Décidément, on rit de nous. Il va en falloir beaucoup plus pour conclure qu’une véritable volonté politique d’inverser la tendance est appliquée par le gouvernement Legault.
Vous savez, en Louisiane, il y en a à la tonne des projets de promotion, de valorisation de la langue française… Et c’est tout à l’honneur des Cajuns et des Louisianais. Pourtant, le déclin du français là-bas n’est certainement pas à la veille d’être renversé. Pourquoi? Parce qu’en soi, la promotion, ça ne suffit pas, ça ne fonctionne pas. Parce que la dynamique des langues, c’est une dynamique de pouvoir, d’argent. C’est un rapport de forces démographique et institutionnel.
Or, tant et aussi longtemps que nos dirigeants laisseront cours, par exemple, au sous-financement de nos universités françaises par rapport aux universités anglaises; tant et aussi longtemps qu’on n’appliquera pas la loi 101 au cégep; tant et aussi longtemps qu’on ne reprendra pas le contrôle sur la politique d’immigration; tant et aussi longtemps qu’on laissera Ottawa décider de notre destin linguistique et national; alors le Québec français continuera de régresser. D’ailleurs, c’est à dessein, ici, que j’emploie le verbe « continuer » – clin d’œil au fameux slogan de M. Legault, « Continuons »… »
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