Qui a mis fin à la souveraineté de l’Ukraine ? (6)

Qui a mis fin à la souveraineté de l’Ukraine ? (6)

Qui a mis fin à la souveraineté de l’Ukraine ? (1)
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Qui a mis fin à la souveraineté de l’Ukraine ? (5)

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par Fabrice Garniron

Retour sur un mythe médiatique

Une guerre depuis longtemps voulue par Kiev et Washington

Loin de toute spéculation dite «complotiste», c’est le conseiller et porte-parole du président Zelensky, Oleksei Arestovitch qui en donne le détail. Remarquons que ses propos furent tenus trois ans avant l’entrée des forces russes en Ukraine, et quatre ans après les accords de Minsk. Voici ce qu’il déclarait le 18 mars 2019, dans une interview à la chaine ukrainienne Apostrof TV : «[…] Notre prix pour rejoindre l’OTAN est une grande guerre avec la Russie […]». Anticipant sur la guerre avec la Russie, il déclarait encore : «Dans ce conflit, nous serons très activement soutenus par l’Occident. Armes. Equipement. Assistance. De nouvelles sanctions contre la Russie. Très probablement, l’introduction d’un contingent de l’OTAN. Une zone d’exclusion aérienne. […]. Autrement dit, nous ne la perdrons pas». Déclaration qui prouve, s’il en était besoin, qu’aucun accord n’a jamais été envisagé avec les populations du Donbass et qui confirme que cette guerre, qui allait sacrifier l’ensemble des Ukrainiens, a bel et bien été voulue par Kiev et son tuteur américain plusieurs années avant l’attaque russe de février 2022. Cette attaque ne fera que révéler crûment cette dépendance.

En effet, si l’on juge de la souveraineté d’un État à sa capacité de décider de la paix ou de la guerre, force est de constater qu’une fois l’attaque russe commencée, le régime kiévien n’avait en réalité aucune marge de manœuvre pour décider dans ces domaines cruciaux. S’étant lui-même lié les mains par ce pacte avec un État considérablement plus puissant, le régime kiévien a montré qu’il était dans l’incapacité de décider de la paix avec la Russie après que cette dernière ait attaqué l’Ukraine. Il en allait pourtant de ses intérêts vitaux, sauf que la guerre a agi comme un révélateur d’impuissance réelle. La dépendance en temps de paix ne peut qu’être décuplée en période de guerre.

À cet égard est éloquente la longue interview de Naftali Bennett, politicien israélien qui, moins d’un mois après l’attaque russe du 24 février 2022, a réussi à rapprocher les positions du gouvernement ukrainien de celles de la Russie. Naftali Bennett était Premier ministre d’Israël lors du début des opérations militaires russes en Ukraine, et c’est à ce titre qu’il a été au centre des négociations entre V. Poutine et V. Zelensky dans le courant du mois de mars 2022 alors que les hostilités avaient commencé. Or, ses déclarations montrent clairement qu’à ce moment-là, les gouvernements russe et ukrainien étaient sur le point d’aboutir à un cessez-le-feu. V. Poutine acceptait de retirer de ses objectifs la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine, et de son côté V. Zelensky acceptait de renoncer à l’OTAN. Il s’agissait en effet d’«énormes concessions» comme l’affirme l’homme politique israélien. Naftali Bennett ne laisse toutefois aucun doute sur le fait que ce sont les Occidentaux, principalement les Britanniques qui ont empêché ces négociations d’aboutir. «Je pense qu’il y a eu une décision […] de l’Occident de continuer à frapper Poutine» (2H59). Décision que l’ancien Premier ministre, en rien hostile aux Occidentaux, qualifie de «légitime». Ces derniers ont donc décidé «de choisir l’approche la plus agressive» et ont «bloqué» l’accord en question. «Je pensais qu’ils avaient tort […] et qu’il y avait de bonnes chances de parvenir à un cessez-le-feu s’ils ne l’avaient pas freiné» (3H02).

Plusieurs sources iront dans le même sens que les propos de Naftali Bennett. D’abord la publication ukrainienne en ligne Ukrainska Pravda, publication peu suspecte de sympathies pro russes, qui confirmera, le rôle capital de Boris Johnson dans l’échec des négociations : «Selon des sources proches de Zelensky, le Premier ministre du Royaume-Uni, qui est apparu dans la capitale (Kiev, n. d. l’a.), quasiment à l’improviste, a apporté deux messages simples. Le premier est que Poutine est un criminel de guerre avec lequel aucune négociation n’est possible ; le second est que même si l’Ukraine est prête à signer des accords sur les garanties avec Poutine, (le Royaume-Uni et les États-Unis) ne le sont pas».   

De son côté, Fiona Hill, l’ancienne responsable du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, admet elle aussi que V. Poutine et V. Zelensky étaient très proches d’un accord : «Selon plusieurs anciens hauts responsables américains avec lesquels nous nous sommes entretenus en avril 2022, les négociateurs russes et ukrainiens semblaient s’être provisoirement mis d’accord sur les grandes lignes d’un règlement intermédiaire négocié : la Russie se retirait sur sa position du 23 février lorsqu’elle contrôlait une partie de la région du Donbass et toute la Crimée, en échange l’Ukraine promettait de ne pas demander l’adhésion à l’OTAN […]».

Après un mois de guerre, en mars 2022, le régime de Kiev se trouve donc empêché par ses tuteurs anglo-saxons de faire la paix, funeste illustration de ce qu’est la réalité de la souveraineté ukrainienne. Si le pouvoir kiévien était trop faible en mars 2022 pour imposer ses vues aux principales puissances otaniennes ne voulant en rien d’un cessez-le-feu, il avait toutefois jusque-là largement sacrifié l’intérêt des Ukrainiens eux-mêmes en faisant en sorte que la guerre ait lieu dans tous les cas. Nous avons vu que le pouvoir nationaliste kiévien, dont l’hubris était en quelque sorte dopé par le soutien américain, a été poussé à des décisions catastrophiques pour les Ukrainiens : faire la guerre pour le compte des États-Unis en échange du projet d’une Ukraine «ethniquement pure». C’est dans le cadre de cette stratégie belliciste énoncée par Arestovitch que Zelensky fait passer en mars 2021, soit un an l’avant l’attaque russe, un décret de reconquête militaire du Donbass. Outre que ce décret bafoue une nouvelle fois les accords de Minsk, il trahit les espoirs que son propre électorat avait fondé sur sa candidature. Car, plus encore que son prédécesseur Porochenko élu après le putsch de Maïdan, c’est avec un programme de paix qu’il avait pu remporter une très nette victoire aux présidentielles de 2019. Pourtant, alors qu’à l’évidence une nette majorité d’Ukrainiens aspirait à la paix, Zelensky passe outre et multiplie peu après les provocations. Après le décret de reconquête du Donbass et de la Crimée de mars 2021, il fait savoir début février 2022 qu’il ne se sent plus lié par le Mémorandum de Budapest, accord qui interdisait notamment à l’Ukraine de développer des armes nucléaires. Une décision à l’évidence d’une extrême gravité. Le 16 de ce même mois, alors que l’armée ukrainienne est massivement concentrée le long de la ligne de front du Donbass, commence une campagne de bombardements massifs des forces ukrainiennes sur la région autonomiste, ce que les observateurs de l’OSCE constatent officiellement. Débutent alors dès cette date, donc avant l’attaque russe du 24 février, des évacuations de civils du Donbass en direction de la Russie. L’offensive terrestre prévue, le décret passé en mars 2021 par Zelensky, allait-elle avoir lieu à ce moment-là ? C’est le plus probable, même s’il est encore trop tôt, en août 2023, pour l’affirmer avec une absolue certitude. On sait toutefois que d’intenses bombardements sont généralement le prélude à une offensive terrestre. On sait aussi qu’en août 1995, l’offensive croate soutenue militairement par les États-Unis, qui avait pour but l’expulsion massive de dizaines de milliers de Serbes de la Krajina, a commencé de cette manière.

Ce précédent, lui aussi, nourrit l’hypothèse d’une offensive ukrainienne en 2022, tant sont proches les situations croate et ukrainienne. Quoi qu’il en soit, c’est à cette date du 16 février 2022 que commence la guerre et pas le 24 février suivant avec l’attaque des forces russes. La date du 16 février 2022 a pourtant été systématiquement évincée des comptes-rendus médiatiques, comme l’est celle du putsch du 20 février 2014, qui marque la véritable origine de la guerre en Ukraine. Présentation médiatique totalement fallacieuse mais ayant atteint son but puisque l’écrasante majorité de l’opinion ignore tout de cette chronologie. Le 21 février donc, la Russie reconnait officiellement les deux républiques du Donbass pendant que de son côté, Biden trompe l’opinion mondiale en ne cessant d’alerter sur une prochaine attaque russe. En fait, la seule raison pour cette certitude de l’attaque russe, c’est qu’il sait parfaitement que la Russie ne pourra faire autrement que de réagir à ce qui est en train de se passer : concentration de troupes ukrainiennes et bombardements massifs sur le Donbass. L’intervention russe a donc bel et bien été délibérément provoquée. Risquons une question : les États-Unis se seraient-ils dispensés d’intervenir si un pays frontalier politiquement et militairement hostile multipliait les provocations et les menaçait de se doter de l’arme nucléaire ? Chacun ou presque connait la réponse… Quant à ceux qui auraient encore des doutes, rappelons que les États-Unis, pourtant protégés par deux des plus grands océans de la planète, sont intervenus en Irak, à 10 000 kilomètres de leurs côtes, au nom de leur sécurité. Rappelons encore qu’à ce titre, ils ont établi un vaste réseau de centaines de bases sur tous les continents. S’ils avaient été menacés à leurs frontières comme la Russie et les russophones d’Ukraine l’étaient, il est peu probable qu’ils auraient attendu huit ans avant d’intervenir.     

Médias en guerre

Mais sommes-nous dans une situation radicalement différente de l’Ukraine ? Quelle marge de manœuvre les Français, et au-delà, les Européens, ont-ils pour décider de la guerre et de la paix ? Celle-ci parait bien étroite, balisée par la domination de médias qui s’emploient systématiquement à entrainer l’opinion dans les croisades pseudo humanitaires des États-Unis. Pour nos médias, la paix n’est jamais une option quand les États-Unis choisissent la guerre. Bellicistes et atlantistes, ils secondent invariablement leurs interventions, quand bien même elles se soldent à chaque fois par des dizaines ou des centaines de milliers de morts. Soutien médiatique crucial sans lequel serait menacé le consentement indispensable aux interventions militaires des États-Unis. Nous l’avons dit, le lien entre médias et OTAN est systémique. 

Ce qui change avec la guerre en Ukraine, c’est d’abord que cette guerre voulue par les États-Unis menace d’entrainer l’Europe dans une guerre contre la Russie, une des deux premières puissances nucléaires. Si cette situation est dangereuse en elle-même, on peut être plus inquiet encore quand on voit que les décideurs de la classe politico-médiatique occidentale sont eux-mêmes imprégnés des poncifs du formatage belliciste, au point de croire aux mensonges de leur propre propagande.                                                 

Le mensonge toutefois ne suffit pas au bellicisme. Il a impérativement besoin d’un affect porteur : la haine. Car cette classe politico-médiatique, qui prétend tirer sa légitimité de la lutte contre «les discours de haine», rend licite la xénophobie quand la Russie en est la cible. La russophobie est même devenue l’occasion d’une sorte de «concours de bonté», concours paradoxal où montrer sa bonté intrinsèque consiste à faire bruyamment état de sa méchanceté antirusse. Ne voulant pas avoir l’air d’être en reste en matière d’engagement anti russe, les russophobes font en effet montre d’une insolite disposition au zèle et à la lâcheté. On a donc vu des Russes frappés d’interdits bancaires, sans autre raison que leur nationalité. On a vu des artistes russes sommés de prendre publiquement parti contre leur propre gouvernement par des organisateurs de concerts occidentaux ne courant aucun risque. Et, autre prodige de l’inversion des valeurs en temps de guerre, on a même interdit aux Russes handicapés de participer aux jeux paralympiques. Et comme si s’en prendre aux Russes vivants ne suffisait pas, on s’en est pris aux Russes morts. Tant pis s’ils s’appelaient Dostoïevski ou Tchaïkovski, ils étaient devenus aussi indésirables que des suppôts de Poutine. Et, suprême ironie qui en dit long sur l’état de l’opinion, la russophobie ambiante n’a pas épargné les animaux : la Fédération internationale féline a décidé de bannir les chats russes de ses compétitions. Pourtant, on ne se rappelle pas que même après trois guerres franco-allemandes, dont deux mondiales, les Français, pourtant à l’époque plus patriotes qu’aujourd’hui, aient interdit les bergers allemands, pas plus que Bach, Beethoven, Schiller et Goethe… 

Si ces excès russophobes ont baissé d’intensité depuis mars 2022, la propagande de guerre médiatique continue, couvrant ou justifiant bien pire. En Ukraine par exemple, on élimine des millions de volumes d’œuvres russes sous prétexte d’en faire du papier recyclé… Mieux : une des personnes responsables de cette destruction n’est autre que la directrice du… Centre ukrainien du livre, Mme Oleksandra Koval. S’agissant de Pouchkine et de Dostoïevski, elle justifie sans détour que leurs chef-œuvres disparaissent avec les autres : «C’est une littérature vraiment très nocive», précise-t-elle. Nos médias limiteront toutefois leur indignation à dénoncer ceux qui auraient le mauvais goût de comparer ces destructions aux autodafés du IIIème Reich…

La russophobie étant générale et banalisée, il faut en entretenir la flamme. Pour y parvenir, l’assimilation de la Russie au nazisme est un carburant efficace, et qui a fait ses preuves. Elle est donc des plus fréquentes. Sauf qu’il s’agit-là d’une des plus débilitantes assertions de la propagande de guerre antirusse. Car la Fédération de Russie est probablement l’exemple le plus parfait du contraire de ce qu’était le IIIème Reich : un espace euroasiatique largement métissé, où se côtoient orthodoxie, islam et judaïsme, avec 21 républiques autonomes, plus de cent nationalités et des dizaines de langues ayant un statut officiel. De toute évidence, les propagandistes, y compris de «référence», n’ont pas pris la peine de lire les articles de Wikipedia, site pourtant très atlantiste lui aussi…  

La russophobie a ceci de particulier qu’elle agit avec virulence sur les esprits alors que l’ennemi russe n’occupe ni ne menace la France. Comment alors instiller la haine de l’ennemi quand l’ennemi en question ne menace pas le sol national ? Par le fantasme et la manipulation des peurs. La Russie voudrait conquérir toute l’Ukraine, ressasse-t-on. Mais peut-on s’emparer d’un pays plus grand que la France avec ce qu’étaient les effectifs de l’armée russe le 24 février 2022, soit environ 150 000 hommes, quand l’armée ukrainienne au même moment en comptait trois à quatre fois plus ? Rappelons qu’au Sud Vietnam, dans les années soixante, les Américains avaient mobilisé plus de 500 000 hommes pour un territoire trois fois plus petit que l’Ukraine. Et qu’en mai/juin 1940, lors de la Bataille de France, les Allemands en avaient mobilisé plus de 3 millions. Dans cette foire aux chimères russophobes où les peurs imaginaires sont l’alibi de la russophobie et de l’otanisation des esprits, la thèse d’une menace russe pesant sur la sécurité de la Pologne ou des États baltes est aussi absurde que celle d’une volonté du pouvoir russe de reconstituer l’empire tsariste ou soviétique. L’expérience historique de la guerre en Afghanistan, ou celle des pays occupés par l’URSS après la 2ème Guerre mondiale, en particulier en Hongrie, en Pologne ou en Tchécoslovaquie, est suffisamment cuisante pour dissuader les dirigeants russes actuels de se lancer dans une quelconque occupation.

Rappelons encore que la Russie, contrairement aux États-Unis, est en matière de frontières une puissance conservatrice. Elle ne cherche nullement à bouleverser l’ordre international en annexant les territoires où vivent des Russes. Si elle l’a finalement fait en Ukraine avec les quatre oblasts de l’Est ukrainien, c’est huit ans après avoir joué la carte diplomatique avec les accords de Minsk et avoir laissé pendant ces huit années les Ukrainiens du Donbass endurer les bombardements. Accords dont la France et l’Allemagne s’étaient porté garants, faut-il le rappeler, et qui prévoyaient une fédéralisation de l’Ukraine. Or, ils ont été littéralement sabotés par Kiev et Washington. Rappelons notamment que Kiev, secondé par Washington, était vent debout contre le projet de fédéralisation de l’Ukraine. Enfin, un autre fait, jamais cité, montre encore ce que vaut la thèse d’un expansionnisme russe menaçant : en 2015, c’est Moscou qui dissuade les russophones du Donbass de s’emparer de la totalité du Donbass, notamment de Marioupol, ce qu’ils auraient aisément pu faire après avoir remporté la bataille de Debaltsevo en février 2015.

Bref, au vu de l’histoire récente et plus lointaine, la thèse d’un danger néo-impérial russe est à rattacher à l’imaginaire paranoïaque de la russophobie. Un imaginaire que le monde médiatique s’emploie soigneusement à entretenir. Pour ce faire, on rappelle inlassablement cette phrase de V. Poutine selon laquelle «la disparition de l’URSS était la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle». Mais on oublie tout aussi invariablement de rappeler que cette assertion ne reflète pas une nostalgie d’empire mais faisait allusion aux 20 millions de Russes qui se sont retrouvés hors des frontières de la Fédération de Russie à la suite du démantèlement de l’URSS. Une autre phrase de V. Poutine pourrait apporter un démenti dénué d’ambigüité à la précédente : «Qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur, qui veut la reconstituer n’a pas de tête». À l’évidence gênante quand on veut manipuler les peurs et les haines russophobes, cette phrase est, elle, invariablement occultée.  

Un autre fait est oublié des médias, qui ne va guère dans le sens des fantasmes antirusses : le démantèlement du Pacte de Varsovie et de l’Union soviétique a été décidé par les dirigeants soviétiques eux-mêmes. Or les dirigeants russes actuels savent fort bien que la volonté de maintenir une tutelle soviétique sur des peuples qui n’en voulaient pas fait partie des causes de ce démantèlement. On ignore donc encore ce qui permet à nos faiseurs d’opinion d’affirmer que 34 ans après la chute du Mur les dirigeants russes seraient prêts à reconstituer l’empire que la génération précédente a détruit. Bref, à part un psychologisme low cost, lot des commentateurs médiatiques qui s’emploient à lire dans le marc de café des intentions, des sentiments, ou du ressentiment poutiniens, les médias atlantistes n’ont pas grand-chose à présenter pour rendre crédible un danger d’expansionnisme russe. 

Et quelle preuve plus éclatante de la russophobie que la «poutinophobie» ? Générale dans l’opinion, relevant le plus souvent de l’hystérie ou de la névrose collective, elle est un pur produit de fabrication des médias, lesquels, il est vrai, font preuve d’une incontestable expertise, depuis longtemps vérifiée, lorsqu’il s’agit de faire haïr à l’unisson. Dans les salles de rédactions des médias occidentaux, on semble croire que leur seul regard sur un chef d’État étranger suffit à donner le «la» de sa légitimité politique. Arrogance chronique qui les pousse à ignorer en toute bonne conscience ce que peuvent penser de leur chef d’État les premiers concernés, à savoir les Russes eux-mêmes.

Pour nos médias et la part de l’opinion qui les suit, le point de vue des Russes sur leur président n’a tout simplement pas d’existence. C’est ainsi que se hissant à des sommets d’ubris et d’absurdité, médias et opinion se persuadent qu’ils sont les mieux placés pour dire qui doit être le bon président de la Russie. Tenant dans le plus parfait mépris ce que peuvent penser les Russes de leur propre président, la «poutinophobie» est donc bel et bien un pur produit russophobe. Or, faut-il le rappeler, les sondages, confirmant le vote des Russes, montrent un soutien tel à V. Poutine qu’il pourrait faire pâlir d’envie n’importe quel chef d’État occidental. L’institut moscovite Levada, pro occidental et considéré comme agent de l’étranger par les autorités russes en raison de son financement, évaluait la popularité de V. Poutine à environ 70% avant la guerre en Ukraine. Depuis, il s’élève à plus de 80%. Quant aux indices de popularité de Gorbatchev ou de Eltsine, déjà peu brillants lors de leur mandat, ils montrent que les deux anciens chefs d’État sont aujourd’hui exécrés par les Russes alors que, on s’en souvient, ils étaient très appréciés des Occidentaux. De ces trente dernières années semble se dégager une loi aussi simple que révélatrice : les Occidentaux adorent les chefs d’États russes que les Russes détestent, et ils détestent ceux que les Russes aiment. Il est permis de penser que, jusqu’à nouvel ordre, c’est aux Russes d’avoir sur cette question le dernier mot, pas aux experts de plateau et autres faiseurs d’opinion pour lesquels un bon président, russe ou autre, est un président dont l’Occident doit pouvoir tirer les ficelles.

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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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