par Djeha
J’ai assisté ce matin à un événement peu commun. Je vous ai souvent entretenu du totalitarisme médiatique français dans un pays démocratique exemplaire où l’information est scrupuleusement verrouillée.
Cela rappelle l’époque gaullienne où «le ministre de l’information» (maroquin occupé en la circonstance par Alain Peyrefitte) lisait et filtrait ce qui devait être lu au journal de 20h à la télé. Aujourd’hui, en temps de guerre caché aux Français, c’est un peu la même chose, avec cette différence que la télé publique (bas de gamme) est supplantée par les chaînes privées, atlantico-sionistes, totalement libres de désinformer sans aucune limite.
BFMTV (de l’Israélien Drahi) et CNews (de l’extrême-France Bolloré, lui aussi chassé d’Afrique) s’occupent de l’actualité nationale. LCI se charge de l’international.
Au passage, il serait opportun de vous signaler que les principales commandes du pays (aussi bien, l’économie, les finances, l’armement, la politique étrangère et évidemment l’information) sont privatisées et échappent complètement aux élus de la République.
C’est d’ailleurs ce qui explique les pitreries élyséennes régulières que le Canard pointe avec l’humour (très contrôlé) qu’on lui connaît.
Le président et son gouvernement peuvent blablater autant qu’ils veulent. L’essentiel est qu’ils votent les lois qu’on leur ordonne.
Chacun a pu suivre l’unanimité du peuple français à propos du projet de réforme de la retraite et la manière «très démocratique» que le gouvernement a adopté pour la faire voter.
Revenons aux médias et plus particulièrement à la TV.
Toutes les informations sont unilatérales. Il n’y a aucun débat, c’est-à-dire que toutes les personnes présentes sur les plateaux sont du même bord et racontent toutes la même chose.
Les informations rapportées, évidemment triées en amont passent par la censure d’une rédaction dont les téléspectateurs n’ont aucune connaissance.
La notion de débat dans un univers démocratique consiste à soumettre l’information préalablement vérifiée, croisée… aussi honnêtement que possible, à une interprétation controversée, opposée, naturellement policée par un arbitrage compétent et équitable.
Le débat, ainsi entendu, permet aux citoyens d’avoir plusieurs sons de cloche leur laissant une totale liberté de partager le point de vue (ou pas) qui leur semble le plus conforme à l’idée qu’ils se font, chacun de son côté, de la vérité et selon leurs propres a priori (politique, religieux…) qu’ils en aient ou pas.
À la TV française, tout cela est ignoré.
Le paysage est monocolore.
• Le blanc (le Bien, la justice, le droit, la démocratie, Dieu, l’ordre, la civilisation…) d’un côté,
• Le noir (le Mal, l’injustice, l’oppression, le totalitarisme, le désordre, le diable, la barbarie…) de l’autre.
Comment, dans ces conditions, peut-on espérer avoir un débat ?
Parler de débat politique, c’est de la science-fiction. Pas député, pas d’élu… rien que des «experts», d’ex-généraux, d’anciens diplomates…
Un temps, P. Lellouche (Le Monde, V. 20 janvier 2023), Raffarin (LCI, 26 juin 2022)… ont fait quelques apparitions fugaces. S. Royal a montré le bout de son nez en septembre 2022 puis, sous les quolibets, s’est prestement retirée. Ses camardes «socialistes» et «verts de terre» l’ont proprement fusillée.
Tous ces politiques poltrons ont exprimé très timidement quelques doutes…
Pas de doutes dans cet univers. On ne les a plus jamais revus.
Il y a cependant des accidents (très rares) de parcours.
Ce matin, vous disais-je, j’ai assisté à l’un d’entre eux.
Sur le plateau les schtroumpfs habituels. Une Ukrainienne (Oxana Melnychuk), un ancien ambassadeur (Claude Branchemaison), un ancien (?) du renseignement (Jérôme Poirot) et un spécialiste (russe) de l’ancienne Europe de l’Est (Denys Kolesnyk).
Denys Kolesnyk a été violemment interpellé par l’Ukrainienne Oxana Melnychuk qui l’a traité de «Russe galonné» parce qu’il avait exprimé des doutes sur le compte-rendu de l’Ukrainienne sur le front du côté de Zaporijia. Elle est allée jusqu’à contester la présence du «Russe» sur le plateau et même de tout Russe en dehors de Russie, pays qui déstabilise toute la planète (elle a même fait référence aux «Gilets jaunes» sous-entendant qu’ils sont une des manifestations de l’influence russe en France (!…).
À 11h, après une pause publicitaire, Denys Kolesnyk a été «expulsé» du plateau et remplacé par un autre invité plus compatible avec l’harmonie générale.
Ce n’est pas la première fois que D. Kolesnyk est invité. Mais c’est la première fois qu’il fait l’objet d’une attaque ad hominem.
Sans doute parce que le service de tri des candidats au plateau a mal fait son travail et ne s’est pas préalablement assuré de son pedigree.
Pourtant, ce Russe n’a exprimé aucune opinion pro-russe. Il n’a fait que douter de ce que disait l’Ukrainienne et de la performance, du sérieux, du patriotisme, de l’ingéniosité, de la combativité, du courage… et surtout des résultats obtenus sur le terrain par l’armée ukrainienne et de son général en chef.
De surcroît avec de bons arguments.
Le principal reproche qui lui a été fait est que son doute a été accompagné d’un sourire…
Ce terrorisme médiatique est une donnée ordinaire observée depuis le début de la crise ukrainienne.
Il y a une légion ukrainienne nombreuse qui fait la pluie et le beau temps sur LCI. Mais trois égéries véhémentes et agressives se relaient sur le plateau :
• MELNYCHUK Oxana. «Politologue ukrainienne».
• PORDIE Alla. Franco-ukrainienne, spécialiste des pays de l’ex-URSS.
• TAUTIEVA Ludmila. Consultante en politique publique.
Elles se comportent comme des gardiennes et, quelques fois, comme des contrôleuses sourcilleuses de tout ce qui se dit sur le plateau, disposant ainsi d’un pouvoir surprenant qui suscite une question : qui le leur confère ?
Un rappel s’impose.
C’est la même question qui vient à l’esprit quand on observe comment le président ukrainien se pose face à ses homologues européens, avec une prestance, une autorité qui interroge. La défense de l’Ukraine jouit de très larges privilèges, similaires à l’échelle internationale dont bénéficie le président ukrainien.
Elles sont souvent accompagnées par une Russe «blanche» résolument anti-anticommuniste et anti-poutinienne primaire.
*
En mai 2022
- E. Macron ne se décidait toujours pas à rendre visite à Kiev comme l’avaient fait de nombreux chefs d’État européens qui faisaient la queue devant le palais Mariinsky (il me semble même qu’aucun ministre français ne s’était rendu à Kiev depuis le 24 février).
Il refusait de reprendre à son compte l’accusation de «génocide» dont Zelensky use à l’endroit de l’armée russe. Le mot est repris par le président américain et le premier ministre britannique. Mais pas par les Français.
E. Macron proposait en guise d’admission de l’Ukraine à l’Europe un statut incertain qui le maintient aux portes de l’Union et dont Zelensky disait à des étudiants français début mai : que cela reviendrait à inviter quelqu’un à un dîner sans lui offrir une chaise.
6 juin 2022
Dans un entretien avec la presse quotidienne régionale, Emmanuel Macron a mis en garde contre une humiliation de la Russie afin de préserver les canaux diplomatiques. «Les appels à éviter d’humilier la Russie ne peuvent qu’humilier la France ou tout autre pays.», a réagi sur Twitter le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitro Kouleba.
J. 08/12/2022
Emmanuel Macron a donné plusieurs interviews à des médias français et américains dans lesquelles il a une nouvelle fois jugé qu’il faudrait apporter des «garanties de sécurité» à Moscou lorsque viendrait le moment de ces négociations.
«Putain, mais c’est pas vrai !», a réagi sur Twitter l’ancien président estonien Toomas Ilves, traduisant un sentiment largement partagé parmi de nombreux alliés est-européens de la France.
Sur LCI, les flingueuses ukrainiennes tiraient sans sommation sur le président français (dans son pays). Devinez quels pouvoirs les autorisent à ainsi humilier les Français à travers leur président, avec l’aimable collaboration des journalistes de la chaîne de Drahi ?
Pourtant le schtroumpf français est absolument inoffensif. Son seul truc lui vient de cette irrésistible envie de vouloir donner l’image d’un Jupiter omnipotent alors que tout le monde sait qu’il est plus vide qu’un tambour qui sonne creux.
source : Algérie54
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