Bien que des documents similaires aient été adoptés lors des sessions précédentes de l’Assemblée générale, la disposition relative aux symboles religieux et aux livres saints est nouvelle.
Source : Tass, 28 juillet 2023
Traduction : lecridespeuples.fr
L’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution sur la promotion du dialogue interreligieux qui, entre autres, déplore vivement tout acte visant les livres saints et reconnaît que de tels incidents constituent une violation du droit international, a déclaré un porte-parole du président de l’Assemblée.
Le document, intitulé « Promouvoir le dialogue interreligieux et interculturel et la tolérance dans la lutte contre les discours de haine », contient un paragraphe qui « déplore vivement tous les actes de violence à l’encontre de personnes sur la base de leur religion ou de leurs convictions, ainsi que tous les actes de ce type dirigés contre leurs symboles religieux, livres saints, bâtisses, entreprises, propriétés, écoles, centres culturels ou lieux de culte, ainsi que toutes les attaques contre et dans les lieux religieux, sites et sanctuaires en violation du droit international. »
Paulina Kubiak, porte-parole du président de la 76e session de l’Assemblée générale, a indiqué que le délégué de l’Espagne avait demandé [en s’exprimant au nom de l’Union européenne] que les derniers mots de ce paragraphe — « en violation du droit international » — soient retirés du texte, mais que les autres nations avaient rejeté cette initiative.
Selon elle, « la résolution a été adoptée par consensus ».
Bien que des documents similaires aient été adoptés lors des sessions précédentes de l’Assemblée générale, la disposition relative aux symboles religieux et aux livres saints est nouvelle.
Lundi, un petit groupe de manifestants a brûlé un Coran devant l’ambassade d’Irak à Copenhague. L’action a été menée par le groupe de droite des Patriotes danois, a rapporté Reuters. Ils avaient également brûlé le livre saint musulman au même endroit le 21 juillet.
L’autodafé du Coran a eu lieu lors d’une manifestation autorisée par la police sur la place Medborgarplatsen de Stockholm, le 28 juin. Salwan Momika, un immigré irakien de 37 ans, a déchiré des pages du Coran et y a mis le feu. Ce jour-là, les musulmans du monde entier célébraient l’Aïd al-Adha, l’une des principales fêtes religieuses de l’islam. Cet acte a déclenché une forte réaction négative de la part de la population et des autorités des pays islamiques, en particulier des pays arabes. À cet égard, le président russe Vladimir Poutine a souligné que la Russie respectait profondément le Coran et les croyances religieuses des musulmans, et a fait remarquer que l’irrespect de ce livre sacré était un crime dans la Fédération de Russie.
Le 19 juillet, les autorités suédoises ont autorisé la tenue d’une action similaire à Stockholm le 20 juillet. Cette fois, Momika avait l’intention de brûler un exemplaire du Coran et le drapeau national irakien. Comme l’a rapporté un correspondant de TASS, l’immigrant a foulé aux pieds le livre saint, mais ne l’a pas brûlé. Jeudi soir, l’ambassade de Suède à Bagdad a été attaquée par des manifestants mécontents de la décision de Stockholm d’autoriser cette nouvelle action. Le gouvernement irakien a ensuite décidé d’expulser l’ambassadeur du pays.
***
L’Union Européenne, charliste et islamophobe, ne tolère ni les attaques contre les drapeaux nationaux, ni contre le drapeau LGBT, ni contre Israël ou son culte de la Shoah, mais elle a tenu à marquer son opposition à la protection des textes sacrés.
25 juillet 2023, New York – Explication de position de l’Union européenne lors de la 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies : Résolution sur la promotion du dialogue interreligieux et interculturel et de la tolérance dans la lutte contre le discours de haine.
Source : eeas.europa.eu
Traduction : lecridespeuples.fr
Monsieur le Président,
J’ai l’honneur de m’exprimer au nom de l’Union européenne et de ses États membres.
Permettez-moi de commencer par dire que l’UE soutient tous les efforts visant à promouvoir la tolérance et le respect de la diversité culturelle et du pluralisme religieux. Nous reconnaissons que le dialogue interreligieux, interconfessionnel et interculturel joue un rôle positif dans la lutte contre la haine, l’incitation et la violence.
Permettez-moi également de rappeler que l’UE a clairement exprimé sa position lors du débat d’urgence du Conseil des droits de l’homme du 12 juillet : brûler un livre considéré comme sacré par de nombreuses personnes est offensant, irrespectueux et constitue un acte de provocation évident.
L’UE s’oppose à toute forme d’incitation à la violence ou à la haine, ainsi qu’aux discours de haine, en ligne et hors ligne, mais elle défend également le droit à la liberté d’opinion et d’expression.
Voir Nasrallah sur la profanation du Coran : le monde musulman doit rompre ses relations avec la Suède
Conformément à l’article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, les États membres de l’UE interdisent tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui pourrait constituer une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence.
La recherche d’un équilibre entre la jouissance de la liberté d’expression et la protection du droit à la liberté de religion ou de conviction est un sujet de discussion difficile au sein des Nations unies depuis des décennies.
Un équilibre délicat a été trouvé en 2011, ce qui nous a permis de poursuivre une approche consensuelle par le biais de la résolution 16/18 du Conseil des droits de l’homme, qui a à son tour conduit à des réalisations importantes telles que le plan d’action de Rabat, le processus d’Istanbul et la déclaration de Beyrouth sur « la foi pour les droits ». Tous ces documents partent du principe que le seuil d’incitation illégale doit être élevé, sur la base d’une analyse du contexte, et que les limitations de la liberté d’expression doivent rester l’exception.
Monsieur le Président,
Le discours de haine est un phénomène transversal et, en tant que tel, il doit être abordé dans le cadre d’une approche globale, s’attaquant à tous les aspects et à tous les motifs de discrimination et de violence. Nous regrettons que le projet qui nous est présenté se concentre sur le discours de haine dans le contexte limité de la haine religieuse
Nous apprécions le fait que le facilitateur marocain ait organisé des consultations informelles, dans lesquelles l’UE s’est engagée de manière constructive. L’UE a fait plusieurs propositions visant à améliorer le texte et nous sommes déçus de constater qu’elles n’ont pas toutes été prises en compte. Nous regrettons également qu’il n’y ait pas eu de volonté d’accorder plus de temps pour poursuivre les négociations.
Malheureusement, le texte que nous avons sous les yeux ne répond pas pleinement aux exigences du droit international en matière de droits de l’homme.
Voir Nasrallah : la guerre déclarée par Macron à l’Islam est vouée à l’échec
L’une des principales préoccupations concerne le paragraphe 13 du préambule et les références aux actes violents contre les « symboles religieux » et les « livres saints » en tant que violation du droit international. Bien que nous soyons d’accord pour dire que cela est profondément offensant et irrespectueux, il ne s’agit pas d’une violation du droit international.
La liberté de religion ou de conviction est, comme tous les autres droits de l’homme, un droit individuel qui peut être exercé en communauté avec d’autres. Elle ne protège pas une religion ou une croyance en tant que telle, ni ses symboles, et n’interdit pas la critique des religions ou des croyances.
Pour ces raisons, l’UE n’a pas eu d’autre choix que de proposer un amendement au paragraphe 13 du préambule par lequel nous demandons la suppression de « en violation du droit international ».
Pour les mêmes raisons, l’UE se dissocie fortement de la dernière partie du paragraphe 13 du préambule. Avec ces clarifications, l’UE s’est jointe au consensus, malgré nos réserves.
Je vous remercie de votre attention.
***
Le Royaume-Uni a également déploré cette limitation du droit à la profanation des textes sacrés musulmans :
Tout en rejetant totalement les actes visant à inciter à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence, nous devons reconnaître que la fonction première du cadre international des droits de l’homme est de protéger les individus contre l’État. Il y a trop d’exemples dans le monde où des croyants – religieux ou non – ont été opprimés par ceux qui sont censés garantir leurs droits.
Le Royaume-Uni s’est rallié à contrecœur au consensus sur cette résolution. Tout en remerciant nos collègues marocains pour leur engagement dans cette résolution, nous sommes déçus que nos efforts pour trouver un langage plus équilibré n’aient pas été pleinement pris en compte. Nous aurions préféré redoubler nos efforts collectifs pour trouver une position mutuellement plus acceptable.
Nous restons préoccupés par plusieurs éléments du texte, en particulier par les termes qui pourraient suggérer des limitations à la liberté d’expression au-delà de ce qui est bien établi dans le droit international des droits de l’homme. Nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire de convenir d’une nouvelle définition du discours de haine qui pourrait saper la position finement équilibrée existante dans le droit international des droits de l’homme, qui fournit déjà un cadre clair. Nous nous opposons donc à toute tentative future d’adopter de nouvelles définitions du discours de haine au niveau des Nations unies, y compris lors de la conférence proposée en 2025. Le Royaume-Uni se dissocie des paragraphes 13 et 2 de la résolution.
Pour soutenir ce travail censuré en permanence (par Youtube, Facebook, Twitter, Vimeo, Dailymotion, Mediapart) et ne manquer aucune publication, faites un don, partagez cet article et abonnez-vous à la Newsletter. Vous pouvez aussi nous suivre sur Twitter, Facebook, Youtube et VKontakte.
Source: Lire l'article complet de Le Cri des Peuples