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par Gideon Levy
Il est difficile de savoir s’il faut pleurer ou rire en lisant les grandes lignes de la conversation d’une heure que Joe Biden a eue avec Thomas Friedman, du New York Times après avoir rencontré le président Isaac Herzog, résumées le mardi 18 juillet.
On peut pleurer sur l’impuissance et l’inutilité de la plus grande superpuissance du monde face à son protégé, Israël. On peut aussi rire des rôles inversés de la fourmi et de l’éléphant.
On peut crier que l’USAmérique n’a rien appris et n’a rien oublié de la seule façon de traiter Israël, si l’on veut vraiment l’influencer, et on peut se laisser aller à rire de la façon dont Israël continue à se moquer des USA.
Le résultat est le même : Israël peut continuer à faire tout ce qu’il veut, promulguer des lois antidémocratiques, mener des pogroms contre les Palestiniens et poursuivre l’apartheid – les USA ne bougeront pas le petit doigt.
Même lorsque Washington grogne, s’emporte, fulmine, condamne et retarde même l’invitation du premier ministre – la plus terrible des armes apocalyptiques – Israël n’a pas à le prendre au sérieux. L’USAmérique parle mais ne tire jamais. Si elle veut un jour influencer Israël, ce qui n’est pas encore le cas, elle devra commencer à tirer, comme le dit l’adage usaméricain.
Le terrible Biden, qui n’invite pas notre Netanyahou, malgré toutes les souffrances du peuple juif, «plaide» auprès d’Israël. Plaide. Friedman a pu écrire que Biden a transmis un message clair selon lequel la législation [sur la réforme judiciaire] doit cesser, mais ce message est creux, comme la plupart de ceux qui l’ont précédé.
Au fil des ans, Israël a appris à ignorer ces messages. Rien de grave ne lui est arrivé. Cela ne peut que signifier que le plaideur lui-même ne souhaite pas vraiment voir la partie qu’il implore changer de comportement. Biden ne fait que des beaux discours sur la démocratie israélienne et ne dit pas un mot sur ce que son pays fera si Israël ne tient pas compte de son appel.
Si vous ne fixez pas de prix, Monsieur le Président, rien ne changera. Ne l’avez-vous pas encore appris, après tant d’années d’évaluation et de «réévaluation» ? Et comme il est facile d’influencer Israël par des actes : vous voulez une exemption de visa [d’entrée aux USA pour les Israéliens], traitez les USAméricains d’origine arabe décemment. Et voilà qu’Israël fait ce qu’on lui dit. Finies les carottes, place aux bâtons, surtout si l’USAmérique tient à Israël.
Tout comme ils ont mené les «pourparlers de paix» les plus longs (et les plus stériles) de l’histoire, les USA font de même avec le coup d’État judiciaire. Dans les deux cas, l’USAmérique n’a pas seulement le droit d’intervenir, c’est son devoir, et dans les deux cas, elle trahit ce devoir. Tout le bla-bla de la droite sur le fait qu’il s’agit d’affaires internes israéliennes est absurde.
L’occupation n’est certainement pas une affaire interne et le changement de régime en Israël nécessite l’intervention des USA, tant que ceux-ci financent et soutiennent Israël en vertu de ces «valeurs partagées».
Ceux qui pensent qu’Israël doit résoudre ses problèmes par lui-même doivent également admettre que cette expérience a échoué et qu’elle est sans espoir. La superpuissance est responsable de la réalité régionale. Si l’USAmérique avait été différente, le Moyen-Orient et Israël auraient été différents.
Aucun autre pays n’a le pouvoir de changer la réalité comme l’USAmérique, et aucun autre pays n’a autant trahi son devoir. Des plans de paix sans fin, des discours creux sur la solution à deux États, que Biden continue de promouvoir sans vergogne, tout en sachant qu’elle ne mène nulle part. Et Israël n’a jamais été aussi loin de mettre fin à l’apartheid.
L’USAmérique a le droit de gaver Israël de l’argent de ses contribuables, de l’armer jusqu’aux dents et de le soutenir aveuglément dans les institutions internationales. Mais pourquoi ne pas conditionner tout ce soutien à quelque chose ? À quelque chose en retour ? À un changement de cap ?
Cela ne peut que signifier que toute cette affaire n’est pas vraiment importante pour les USA non plus – ni la paix, ni une certaine justice pour les Palestiniens, ni le danger pour la démocratie. Ce ne sont que des paroles en l’air que les USA prononcent pour se faire bien voir d’eux-mêmes et de certains de leurs électeurs. Le jour où l’USAmérique voudra vraiment exercer une influence, elle saura exactement ce qu’elle doit faire : arrêter les conneries.
source : Haaretz via Tlaxcala
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