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par Alexandra Joutel
Sans consulter personne, la commissaire européenne à la santé, Stella Kyriakides, a signé début juin un partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en vue de lancer «une initiative historique en matière de santé numérique». Concrètement, le certificat Covid européen, qui devait disparaître ce mois-ci, va par ce tour de passe-passe (sanitaire) être déployé à l’échelle mondiale.
«On ne nous a pas demandé notre avis»
Les bonnes habitudes démocratiques se perdent de plus en plus au sein de l’Union européenne (si jamais elles ont un jour existé)… C’est en effet par un communiqué de presse en date du 5 juin 2023 que les parlementaires européens ont découvert que la Commission européenne avait signé un partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour créer un pass sanitaire mondial, inspiré du certificat Covid numérique européen. Sans consultation, sans rien. «Encore une fois, les députés européens ont été mis de côté», s’insurge deux jours plus tard l’eurodéputée EELV Michèle Rivasi, au micro du Sud Radio. «On ne nous a pas demandé notre avis. En plus, ce qu’il faut quand même que vous sachiez, c’est que les États membres [de l’Union européenne, NDLR] ont refusé que la Commission européenne les représente au sein de l’OMS».
Une façon de faire récurrente
À l’évidence, la commissaire européenne à la santé, Stella Kyriakides, n’a tenu aucun compte de cette disposition et s’est arrogé le droit de signer avec l’OMS comme si elle était seule aux manettes. Une façon de faire qui rappelle par bien des côtés la manière dont la présidente de la Commission européenne elle-même, Ursula von der Leyen, a négocié seule et en secret par SMS avec le PDG de Pfizer, Albert Burla, le montant des contrats concernant les vaccins anti-Covid. Une affaire qui vient s’ajouter à l’opacité des contrats que Michèle Rivasi, vice-présidente de la commission COVI (chargée d’examiner la réponse de l’UE à la pandémie de Covid-19), ne cesse de dénoncer depuis deux ans, comme elle l’a fait encore récemment dans une interview accordée à L’Humanité. Sans résultat.
Les experts de l’OMS étaient opposés au pass vaccinal en 2021
Outre cette absence de concertation et ce passe-droit inadmissibles, Michèle Rivasi rappelle que «le 19 avril 2021, l’OMS disait qu’il ne fallait absolument pas aller dans le sens du certificat sanitaire. […] Les experts de l’OMS disaient : «Les États parties sont fortement encouragés à reconnaître qu’exiger une preuve de vaccination peut accroître les inégalités et promouvoir une liberté de circulation différenciée». Voilà ce qui est déclaré en avril 2021 et le 5 juin [2023, NDLR], on apprend que […] Mme Kyriakides signe un accord avec l’OMS pour que le certificat Covid soit une référence dans l’ensemble de monde». Cherchez la cohérence !
Quid de la protection des données de santé ?
Plus inquiétante est la question de la protection des données. Rappelons qu’en avril 2021, le Comité européen de la protection des données et le contrôleur européen de la protection des données sonnaient l’alerte quant aux risques du certificat Covid numérique concernant la protection des données personnelles et les atteintes aux libertés et droits fondamentaux.
Des précautions éthiques allègrement jetées aux oubliettes. Dans le communiqué du 5 juin, Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, fait comme si le sujet n’existait pas et se déclare au contraire «ravi que l’OMS s’appuie sur les principes de protection de la vie privée et la technologie de pointe du certificat de l’UE». Plus loin, il est précisé que «l’OMS n’aura pas accès aux données personnelles sous-jacentes, qui continueront de relever de la compétence exclusive des gouvernements». Michèle Rivasi, elle, n’y croit pas un seul instant : «On voit bien que c’est l’outil informatique qui est valorisé pour qu’on ait une traçabilité des gens plus importante avec une acquisition potentielle des données personnelles. […] C’est complètement un outil où les données personnelles peuvent être hackées, elles peuvent être prises par d’autres organismes qui peuvent être intéressés par les données de santé et je trouve ça incroyable !» «Les certificats Covid numériques ont été sources dans l’UE de discrimination et d’atteintes aux droits fondamentaux. Ils manipulent des données personnelles sensibles et favorisent les abus de pouvoir. Où sont les garde-fous ?» s’interroge-t-elle encore dans un tweet.
Vers un «gouvernement mondial de la santé» ?
La vice-présidente de la commission COVI n’est pas la seule à fulminer. Sa collègue du Rassemblement national, l’eurodéputée Virginie Joron, membre de la même commission, s’inquiète pour sa part, dans un communiqué, des risques de dérive de gouvernance liés à la mise en place d’un tel pass : «La transmission de cet outil à une organisation internationale comme l’OMS, qui dispose d’un palmarès de scandales et avec un budget détenu en grande partie par des fonds privés, est plus que problématique sur le fond comme sur la forme. Transférer ce pouvoir à l’OMS revient à créer une sorte de «gouvernement mondial de la santé» dépossédant les États de leur souveraineté et éloignant toujours plus les citoyens des décideurs».
D’autres outils numériques à venir
Enfin, notons que ce nouveau pass, opérationnel dès ce mois de juin, est annoncé comme étant le «premier élément du Réseau mondial de certification sanitaire numérique de l’OMS, qui mettra au point une large gamme de produits numériques pour améliorer la santé de tous». Un arsenal technologique qui permettra, nous dit-on, de «renforcer la préparation sanitaire mondiale face aux menaces sanitaires croissantes». Lesquelles ? On ne sait pas. Le tout est d’y croire et de penser que tous ces «produits numériques» vont nous sauver et sont parfaitement justifiés.
source : Nexus
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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