Par Andrew Korybko – Le 14 juin 2023
La contre-offensive de Kiev, soutenue par l’OTAN, est désastreuse, ce que même les grands médias sont contraints de reconnaître après qu’il soit devenu impossible de le nier. CNN a révélé que l’Ukraine avait déjà perdu environ 15 % de ses véhicules de combat d’infanterie Bradley au cours de la première semaine, tandis que Forbes a rapporté qu’environ le même pourcentage de chars allemands Leopard avait été détruit, ainsi que la moitié de ses véhicules blindés si “uniques”. Le président Poutine a quant à lui affirmé que 25 à 30 % de l’ensemble des équipements étrangers avaient été détruits.
La réélection de Joe Biden dépend du succès de la plus importante campagne militaire menée par l’Occident depuis la Seconde Guerre mondiale, ce qui soulève la question de savoir comment les États-Unis réagiront en cas d’échec. Dans le meilleur des cas, cela obligera Kiev à entamer des pourparlers de cessez-le-feu avec la Russie en vue de parvenir à un armistice de type coréen, mais cela ne se produira probablement pas tant que toutes les autres options n’auront pas été épuisées. Celles-ci comprennent l’extension du conflit au Belarus, à la Moldavie et/ou aux frontières de la Russie d’avant 2014 et l’approbation d’une intervention militaire menée par la Pologne.
Toutes ces options pourraient conduire à un affrontement nucléaire avec la Russie, provoqué par les États-Unis, auquel on se prépare déjà, comme en témoignent les plus grands exercices aériens jamais organisés par l’OTAN, qui se déroulent actuellement en Allemagne, et le renforcement signalé des capacités nucléaires de l’Alliance sur le continent. Il n’y a cependant aucune chance que ce dangereux pari réussisse et que la Russie cède au chantage, car elle est tout à fait capable de garantir que l’Occident sera totalement détruit s’il osait utiliser des armes nucléaires en premier.
Les sous-marins russes sillonnent les océans et sont toujours prêts à lancer une frappe nucléaire de représailles si l’ordre en est donné. Sur le front européen, Kaliningrad a été transformée en une forteresse équipée d’armes nucléaires, tandis que des armes nucléaires tactiques sont sur le point d’être déployées à proximité, au Belarus. Les missiles hypersoniques russes Kinzhal peuvent percer le soi-disant “bouclier de défense antimissile” des États-Unis, de sorte qu’il n’y a aucun espoir d’empêcher la “destruction mutuelle assurée” au cas où les bellicistes libéraux-globalistes décideraient de frapper les premiers.
Ces capacités purement défensives devraient largement suffire à prévenir l’apocalypse, mais il ne faut pas croire que les États-Unis réagiront rationnellement après l’échec de la contre-offensive de leurs mandataires. L’impossible scénario d’un retrait total de la Russie de tout le territoire revendiqué par Kiev est trop important pour que Washington se contente d’accepter la défaite. Ses décideurs politiques pourraient donc penser qu’ils devraient “escalader pour désescalader“, en désespoir de cause, afin d’obtenir quelque chose qui puisse être présenté comme une “victoire“.
Il n’y a aucune chance que la Russie fasse des concessions unilatérales sur ses intérêts objectifs en matière de sécurité nationale, encore moins face à un chantage nucléaire, et c’est pourquoi les bellicistes libéraux-globalistes des États-Unis devraient oublier cette idée avant de mettre l’existence de l’humanité en danger. Quelle que soit leur réaction à l’échec de la contre-offensive de Kiev, elle doit être guidée par ce fait et idéalement désamorcer la guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie, puisqu’il sera impossible d’obtenir quoi que ce soit en poursuivant l’escalade de ce conflit.
Andrew Korybko
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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