[Point de vue] Shaïna ou Jean-Baptiste Trogneux : la justice à deux vitesses

[Point de vue] Shaïna ou Jean-Baptiste Trogneux : la justice à deux vitesses

Difficile de passer à côté de cette information qui a un large écho dans la presse nationale : Jean-Baptiste Trogneux, propriétaire respecté d’une chocolaterie familiale, et surtout neveu du couple présidentiel, s’est récemment fait agresser.

L’agression, inacceptable bien sûr, fut le fait de deux marginaux, suite à un échange agité, au sujet d’une poubelle déplacée devant le magasin par ces marginaux. Bousculade, échange de coups, le tout occasionne quatre jours d’ITT pour le jeune commerçant, par ailleurs père de famille. Le procès qui se tenait cette semaine aura révélé les intelligences limitées et les parcours de vie instables des auteurs des faits et dont on peut sérieusement douter de la connaissance de l’identité de la victime. La sentence est exemplaire : 15 et 12 mois de prison ferme pour les deux protagonistes. Soyons honnête, cette peine détonne au milieu des peines habituellement prononcées par la Justice, surtout pour ce genre de faits. Mais ne nous plaignons pas, c’est exactement la Justice que les Français ordinaires attendent ! Attaqué devant chez soi par des cas sociaux, n’importe quel citoyen s’attend à une peine dissuasive…

Shaïna ou la barbarie près de chez vous

Le hasard du calendrier judiciaire fait qu’un autre procès se tient en ce moment. Celui de l’assassin et des quatre violeurs de Shaïna.

Le prénom de cette adolescente fait la une de la presse depuis sa mort en 2017 et est devenu le symbole de la barbarie ordinaire qui s’enkyste dans nos villes. Cette adolescente a en effet été violée à 13 ans par des garçons de sa cité, puis a été brûlée vive par son ex-petit ami, deux ans plus tard. Si le procès de l’assassin présumé se tient en ce moment à la cour d’assises de l’Oise, celui des violeurs a déjà rendu son verdict.

Malheureusement, il prouve une chose : cette adolescente, déshabillée de force, filmée, puis violée dans une clinique désaffectée, aura donc définitivement été laissée seule par la Justice. En effet, les quatre barbares ont tous été condamnés à de la prison avec sursis. Pas un seul jour de prison pour un viol en réunion, pourtant point de départ d’un engrenage qui mènera à l’assassinat de Shaïna. Ce verdict, lui, est malheureusement moins étonnant. C’est le genre de verdict classique de la Justice française.

Mais la juxtaposition de ces deux affaires ne peut que donner le sentiment que la justice, en France, n’existe pas. La justice telle que nous l’imaginons, c’est celle qui punit l’agresseur du Français de la France périphérique, sans réseau ou sans ressources, tout autant que l’agresseur du patron du CAC 40 ou du président de la République. C’est celle qui ne voit pas de citoyens de première ou de seconde zone. Son équité est non seulement sa noblesse, mais c’est même sa raison d’être. Sous peine, sinon, de n’être qu’un instrument de puissance.

L’académicien et ancien ministre de la Justice Alain Peyrefitte (1925-1999) disait : « Le cri des victimes ne s’enregistre pas en décibels. Il retentit dans le silence des cœurs, indéfiniment. Jusqu’à ce que la justice vienne en apaiser l’écho » (Les Chevaux du lac Ladoga– Livre de poche, 1981, p. 375).

Jusqu’à quand le cri de Shaïna retentira-t-il dans le cœur des Français et jusqu’à quand son meurtre pèsera-t-il sur la conscience des institutions françaises ?

Source : Boulevard Voltaire

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À propos de l'auteur Profession Gendarme

L'Association Professionnelle Gendarmerie (APG) a pour objet l’expression, l’information et la défense des droits et intérêts matériels et moraux des personnels militaires de la gendarmerie et de toutes les Forces de l'ordre.Éditeur : Ronald Guillaumont

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