Le 32e Sommet de la Ligue arabe s’est tenu à Djeddah, en Arabie saoudite, le 19 mai 2023. Tous les pays étaient représentés lors de cette réunion, y compris la Syrie, qui est revenue triomphalement après 12 ans de suspension.
Discours de Bachar al-Assad, Président de la République arabe syrienne.
Traduction : lecridespeuples.fr
Votre Altesse le Prince Mohammed bin Salman, Prince héritier du Royaume d’Arabie saoudite, Vos Majestés, Altesses et Excellences, Mesdames et Messieurs,
Par où commencer un discours lorsque les dangers ne sont plus imminents, mais bien réels ? On commence par l’espoir qui motive les réalisations et l’action. Et lorsque les maux s’accumulent, un médecin peut les traiter individuellement à condition de s’attaquer au mal sous-jacent qui les cause. Nous devons donc chercher les principaux problèmes qui menacent notre avenir et génèrent nos crises, afin de ne pas nous noyer et de ne pas noyer avec nous les générations futures dans la gestion des conséquences plutôt que des causes.
Les menaces comportent des risques et des opportunités. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une opportunité, à savoir la situation internationale qui évolue vers un monde multipolaire, résultat de la domination de l’Occident qui est dépourvu de principes, d’éthique, d’amis et de partenaires. C’est une opportunité historique de réorganiser nos affaires avec le moins d’ingérence étrangère possible, ce qui nécessite de nous positionner dans ce monde en pleine évolution pour en devenir un participant actif, et d’investir dans l’atmosphère positive résultant des réconciliations qui ont précédé ce sommet et qui l’ont rendu possible.
C’est une occasion de consolider notre culture face à l’effondrement imminent causé par le libéralisme moderne qui vise à corrompre la nature humaine et dépouille les gens de leur éthique et de leur identité. C’est également l’occasion de définir notre identité arabe avec sa dimension civilisationnelle, injustement accusée de racisme et de chauvinisme pour la placer en conflit avec ses composantes nationales, ethniques et religieuses naturelles, afin que nos sociétés s’épuisent et meurent dans des luttes intestines plutôt que d’affronter leurs adversaires extérieurs.
Il y a tant de sujets qu’il est impossible de les aborder tous faute de temps, et tous les Sommets (de la Ligue Arabe) ne suffiraient pas pour tous les évoquer. Ils ne commencent pas avec les crimes de l’entité sioniste, rejetés par les Arabes, contre le peuple palestinien résistant, et ils ne se terminent pas avec le danger de la pensée expansionniste ottomane doublée de la saveur de l’idéologie déviante des Frères musulmans. Ils sont indissociables du défi du développement, qui constitue une priorité absolue pour nos sociétés en développement.
C’est là que le rôle de la Ligue arabe intervient en tant que plateforme naturelle pour discuter diverses questions et résoudre les problèmes, à condition que son système de fonctionnement soit revu dans sa Charte, son système interne et ses mécanismes internes, qui doivent être développés et adaptés pour être en accord avec notre temps. L’action arabe commune a besoin de visions, de stratégies et d’objectifs communs que nous pourrons ensuite transformer en plans d’exécution. Elle a besoin d’une politique unifiée, de principes fermes et de mécanismes et de contrôles clairs. C’est ainsi que nous pourrons passer d’une simple réaction aux événements à l’anticipation de ceux-ci. Alors, la Ligue Arabe sera une bouffée d’oxygène en cas de blocus, et non un partenaire des assiégeants, et un refuge contre l’agression, et non sa rampe de lancement et de soutien.
Quant aux questions qui nous préoccupent au quotidien, de la Libye à la Syrie, en passant par le Yémen et le Soudan, et de nombreuses autres questions dans différentes régions, nous ne pouvons pas soigner les maladies en traitant les symptômes. Toutes ces questions sont les résultats de problèmes plus importants qui n’ont pas été traités auparavant. Pour en parler, nous devons nous attaquer aux brèches qui sont apparues sur la scène arabe au cours de la dernière décennie et rétablir le rôle de la Ligue Arabe en tant que guérisseur des blessures, et non comme un facteur d’aggravation de ces blessures. Le plus important est de laisser les affaires internes à leurs peuples, car ils sont capables de gérer leurs propres affaires, et notre rôle est seulement de prévenir les ingérences extérieures dans les pays de la Ligue Arabe et d’assister ceux-ci exclusivement sur demande.
Quant à la Syrie, son passé, son présent et son futur sont ancrés dans l’arabité, mais une arabité basée sur l’appartenance et non sur l’alliance, car les alliances sont évolutives alors que l’appartenance est permanente. Une personne peut passer d’une alliance à une autre pour une raison quelconque, mais cela ne change pas son appartenance [référence à l’alliance stratégique de la Syrie avec l’Iran et la Russie, renforcée depuis son expulsion inique de la Ligue Arabe]. Quant à ceux qui changent d’appartenance, c’est qu’ils n’en avaient pas en premier lieu, et ceux qui logent dans les cœurs ne se confinent pas dans un giron. Et la Syrie est le cœur de l’arabité et en son cœur.
Mesdames et Messieurs,
Alors que nous tenons ce sommet dans un monde agité, l’espoir renaît avec le rapprochement inter-arabe, arabo-régional et international qui a abouti à ce sommet. J’espère qu’il marquera le début d’une nouvelle phase de l’action arabe, pour la solidarité entre nous, pour la paix dans notre région, pour le développement et la prospérité plutôt que la guerre et la destruction.
Pour respecter les cinq minutes allouées aux discours, je tiens à exprimer mes sincères remerciements aux chefs de délégations qui ont exprimé leur profonde sympathie envers la Syrie, et je leur rends la pareille. Je remercie également le Gardien des Deux Saintes Mosquées pour le rôle important qu’il a joué et les efforts intensifs qu’il a déployés pour renforcer la réconciliation dans notre région et assurer le succès de ce sommet. Je lui souhaite, ainsi qu’à Son Altesse le Prince Héritier et au peuple saoudien frère, un progrès et une prospérité continues.
Que la paix soit avec vous, ainsi que la miséricorde de Dieu et Ses bénédictions.
Voir notre dossier sur la situation en Syrie.
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