par Maram Humaid
Les parents se disent désemparés face au traumatisme de leurs enfants qui devraient être en train de jouer et non de verser des larmes.
Toqa al-Dalo ne cesse de pleurer, en état de choc, après avoir appris la mort de sa meilleure amie lors de la première attaque aérienne israélienne sur la bande de Gaza, mardi.
Ce matin-là, alors que la fillette de 10 ans se préparait pour aller à l’école, elle a vu ses parents pleurer en silence. Ils avaient appris que Mayar Ezz El-Din, âgée de 10 ans, avait été tuée dans le bombardement de sa maison dans le centre de la bande de Gaza, ainsi que son frère Ali, de 7 ans, et son père Tariq Ezz El-Din.
« J’ai du mal à croire ce qui s’est passé », a dit à Al Jazeera une Toqa en larmes, en serrant dans ses bras un cadeau que Mayar lui a récemment offert après qu’elle se soit cassé la main dans un accident. « Elle était si gentille … et elle m’a soutenue pendant ma blessure. Quelle est sa faute et quelle est la faute de son petit frère ? Pourquoi l’ont-ils tuée ? »
Toqa se souvient qu’elles se rendaient mutuellement visite et qu’elles s’envoyaient constamment des messages.
« Je connais Mayar depuis que nous sommes en première année de maternelle, et nous avons gardé notre amitié en tant que camarades de classe à l’école. Elle était ma meilleure amie. Nous étions toujours proches l’une de l’autre. »
Israël a poursuivi ses attaques aériennes sur Gaza vendredi. Le bilan des victimes palestiniennes s’élève désormais à 31 morts, dont six enfants et quatre femmes. Plus de 100 personnes ont été blessées alors que les attaques entrent dans leur quatrième jour. Des roquettes ont également été lancées de Gaza vers Israël.
Grandir avant l’heure
Alaa et Mohammad al-Dalo, les parents de Toqa, ont essayé de la consoler malgré leur propre douleur.
« Il est très difficile de voir son enfant traverser un tel état de deuil à un âge aussi précoce, alors qu’il est censé jouer avec ses amis et ne pas recevoir la nouvelle de leur horrible assassinat avec sa famille pendant son sommeil », a expliqué Alaa à Al Jazeera.
« Nos enfants à Gaza grandissent prématurément et sont exposés à des traumatismes qui dépassent leur âge et leur endurance. »
« Nous, les parents, ne savons pas comment y faire face », a-t-elle ajouté, tout en essuyant les larmes de sa fille.
Les parents de Toqa s’inquiètent de son si intense chagrin, mais redoutent surtout son retour à l’école, où elle ne trouvera plus Mayar à ses côtés.
« Cela va considérablement aggraver son état psychologique », nous dit Mohammad.
« Toqa avait l’habitude de passer la plupart de son temps à l’école avec Mayar et son frère Ali, avec qui elle jouait et discutait constamment en raison de sa gentillesse et de son sens de l’humour. Maintenant, le retour à l’école lui pèse sur le cœur », a-t-il ajouté.
Un cauchemar sans fin
Hajar al-Bahtini, âgée de cinq ans, a été tuée avec son père Khalil Al-Bahtini, de 45 ans, et sa mère Laila, de 43 ans, lors d’un bombardement israélien, également mardi, de leur maison dans le quartier de Tofah, à l’est de la ville de Gaza.
« Nous dormions en toute sécurité. Soudain, nous avons été réveillés par la destruction, le bruit des bombardements et la poussière. Je ne pouvais pas bouger parce qu’un mur m’était tombé sur les pieds », a raconté Sara al-Bahtini, la sœur de Hajar, âgée de 14 ans, après sa sortie de l’hôpital avec une attelle sur son pied cassé.
« Mes frères criaient près de la chambre de mes parents, qui brûlait », a-t-elle dit à Al Jazeera.
« Lorsqu’on m’a installée dans l’ambulance, j’ai vu mes frères crier et pleurer. J’essayais de repousser l’idée qu’il était possible que mes parents aient été tués, mais j’ai été choquée lorsque j’ai appris que Hajar avait également été tué avec eux. »
Sara a avoué qu’elle « envie » parfois Hajar parce qu’elle est avec ses parents, et qu’elle ne pleurera plus jamais leur séparation.
« Hajar était le fruit de la maison. Tout le monde l’aimait pour son intelligence et son esprit, et parce qu’elle était la plus jeune. Quelle est sa faute pour avoir été assassinée pendant son sommeil ? » « J’ai l’impression de vivre une catastrophe et un cauchemar sans fin. J’ai perdu ma mère, mon père et ma jeune sœur en quelques instants. Comment moi et mes six frères et sœurs allons-nous continuer à vivre ? », a-t-elle ajouté en éclatant en sanglots.
Mohammad Daoud, âgé de 41 ans, est sous le choc de la mort de son fils de quatre ans, Tamim, qui souffrait d’une maladie cardiaque.
« Tamim s’est réveillé terrifié par les tirs d’artillerie lourde. Il s’est précipité sur les genoux de sa mère en pleurant et en tremblant de peur », a raconté ce père de deux enfants en évoquant l’attaque.
« Pendant un moment, je n’ai pas réalisé que le cœur de Tamim ne pouvait pas le supporter. J’ai essayé de le calmer, mais son cœur battait si fort, comme s’il allait s’arrêter brutalement. »
Il a emmené d’urgence Tamim à l’hôpital pour enfants pour une réanimation cardio-pulmonaire, mais les médecins ont déclaré que l’état de l’enfant s’était déjà détérioré.
« Tamim est resté des heures en soins intensifs jusqu’à ce qu’il décède en fin de journée », a dit M. Daoud.
« C’est mon fils unique et il avait un si joli sourire. Il était très intelligent et actif. C’est trop dur pour nous. Il est vrai que mon fils souffrait d’une maladie cardiaque chronique, mais les terrifiantes frappes israéliennes sur la bande de Gaza sont insupportables », a-t-il dit.
« Pourquoi nos enfants devraient-ils endurer tout cela ? Une personne normale tremble de peur devant la gravité des bombardements, alors que dire des enfants et des malades ? »
L’agence des Nations unies pour l’enfance a condamné les attaques incessantes d’Israël, notant que six enfants avaient été tués jusqu’à présent.
« C’est inacceptable. Tous les enfants doivent être protégés, partout, contre toutes les formes de violence et de violations graves, conformément au droit humanitaire international », a déclaré l’UNICEF dans un communiqué.
source : Chronique de Palestine
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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