par Modeste Schwartz
Pendant que le petit personnel de la Macronie – lourdement incarné, en l’occurrence, par la cheffe du service politique de la télé publique – accentue à fond des éléments de langage pro-réforme qui sentent bon le darwinisme social – pour être sûr de toréer le black block bien comme il aime –, le Young Global Leader multi-casquettes Véran, « ministre chargé du Renouveau démocratique » (ça ne s’invente pas), laisse deviner les calculs qui sous-tendent probablement – dans la perspective d’une éventuelle dissolution – cette stratégie de la confrontation.
Se confiant au JDD, Véran, lui, n’est en effet pas venu – comme l’ineffable Nathalie Saint-Cricq – pour nous dire que « les manifestants sont jaloux » du « jeune, riche et diplômé » Macron, mais pour faire comprendre aux sponsors de la Macronie, tout en finesse, comment ce foutage de bordel du mari de Brigitte finira (pensent-ils) par servir leurs intérêts : « Il y aura, demain, d’autres réformes, conduites par nous ou par les gouvernements qui nous succéderont, (…) impopulaires, mais nécessaires », et validés « démocratiquement (…) par des Parlements légitimes ».
« Légitimes » : tiens, tiens.
Un cabinet Véran pour gérer l’UMPS redivivus ?
En d’autres termes : en dépit du bluff de Macron, l’option nucléaire de la dissolution est bien présente sur la table. Et, du point de vue de Renaissance, à la faveur d’un recul de l’abstentionnisme (par mobilisation du sans-dent de gauche, travaillé sur le nerf par la provo macroniste), ce sont LR et le RN – partis brillant actuellement, l’un par sa corruption, l’autre par son absence des débats – qui feront les frais d’une telle redistribution des cartes.
Le projet est donc celui du retour à un pseudo-bipartisme comme avant Macron, opposant les trotskystes réalistes (autour de Renaissance) aux trotskystes démagogues (autour de la NUPES) – mais aussi d’un retour à « l’Arc républicain », Marine étant censée (pour cause de casseroles) tolérer qu’on renfonce son parti dans les limbes groupusculaires de l’extrême-droite – qu’elle devra alors, pour comble d’infamie, partager confraternellement avec Eric « 7% » Zemmour.
On comprend mieux, du coup, pourquoi Véran, dans la même interview, tout en s’agrippant avec une fermeté suspecte au totem des 64 ans, laisse entrevoir un beau choix de plats de lentilles spécialement calibrés Mélenchon (comme la « revalorisation des salaires en dessous du SMIC »). Ça devrait passer crème !
source : Le courrier des Stratèges
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