Cet article a été publié initialement le 22 octobre 2017.
*
Le plan étasunien d’attaquer et occuper l’Irak apparaît dans son évidence quand, après l’occupation de l’Afghanistan en novembre 2001, le président Bush le met, en 2002, à la première place des pays faisant partie de l’ « axe du mal ».
Après la première guerre du Golfe en 1991, l’Irak a été soumis à un très dur embargo qui a provoqué en dix années environ un millions de morts, dont environ un demi-million d’enfants. Massacre provoqué, en plus de la dénutrition chronique et du manque de médicaments, par la carence d’eau potable et les maladies infectieuses et parasitaires qui en découlent. Les Etats-Unis -montrent des documents découverts plus tard- ont mis en acte un plan précis : d’abord bombarder les sites d’épuration et les aqueducs pour provoquer une crise hydrique, puis empêcher avec l’embargo que l’Irak puisse importer les systèmes d’épuration. Les conséquences sanitaires étaient clairement prévues depuis le début et programmées de façon à accélérer l’effondrement de l’Irak. D’autres victimes seront provoquées, dans les années suivant la première guerre, par les projectiles à uranium appauvri, massivement utilisés par les forces étasuniennes et alliées dans les bombardements aussi bien aériens que terrestres.
La seconde guerre contre l’Irak se révèle cependant plus difficile à justifier que celle effectuée en 1990-1991. A la différence d’alors, l’Irak de Saddam Hussein n’accomplit aucune agression et s’en tient à la résolution 1441 du Conseil de sécurité des Nations Unies, permettant aux inspecteurs ONU d’entrer dans tous les sites pour vérifier l’éventuelle existence d’armes de destruction massive (qui ne seront pas constatées). Il devient par conséquence plus difficile pour les Etats-Unis de créer le motivation « légale » pour la guerre et, sur cette base, d’obtenir un imprimatur international analogue à celui de 1991.
L’administration Bush est cependant décidée à aller jusqu’au bout. Elle fabrique donc une série de « preuves », qui s’avèreront ensuite fausses, sur la présumée existence d’un gros arsenal d’armes chimiques et bactériologiques, qui serait en possession de l’Irak, et sur sa présumée capacité de construire dans un bref délai des armes nucléaires. Et, comme le Conseil de sécurité de l’ONU se refuse à autoriser la guerre, l’administration Bush tout simplement le contourne.
La guerre commence le 20 mars 2003 avec le bombardement aérien de Bagdad et d’autres centres par l’aviation étasunienne et britannique et avec l’attaque terrestre effectuée par des marines entrés en Irak par le Koweit. Le 9 avril des troupes étasuniennes occupent Bagdad. L’opération, dénommée « Iraqi Freedom », est présentée comme « guerre préventive » et « exportation de la démocratie ». Ainsi est mis en acte le principe énoncé dans le Quadrennial Defense Review Report du Pentagone (30 septembre 2001) : « Les forces armées étasuniennes doivent conserver la capacité, sous la direction du Président, d’imposer la volonté des Etats-Unis à n’importe quel adversaire, y compris des états et entités non-étatiques, de changer le régime d’un état adversaire ou d’occuper un territoire étranger jusqu’à ce que les objectifs stratégiques étasuniens soient réalisés ».
Mais, outre la « volonté des Etats-Unis », il y a la volonté des peuples de résister. C’est ce qui advient en Irak, où les forces d’occupation étasuniennes et alliées -y compris les forces italiennes engagées dans l’opération « Antique Babylone »- auxquelles se joignent les mercenaires de compagnies privées, rencontrent une résistance qu’ils ne s’attendaient pas à trouver, malgré la très dure répression qui provoque (rien que par l’effet des actions militaires) des dizaines de milliers de morts dans la population.
Comme la résistance irakienne enraye la machine de guerre étasunienne et alliée, Washington recourt à l’antique mais toujours efficace politique du « diviser pour régner », en faisant des concessions à certains regroupements chiites et kurdes afin d’isoler les sunnites. Dans le cas où l’opération ne réussirait pas, Washington a un plan de réserve tout prêt : désagréger l’Irak (comme il l’a déjà fait avec la Fédération Yougoslave) de façon à pouvoir contrôler les zones pétrolifères et d’autres aires d’intérêt stratégique, à travers des accords avec des groupes de pouvoir locaux.
C’est dans cet objectif qu’intervient officiellement l’’Otan, qui a de fait participé à la guerre avec ses propres structures et forces. En 2004 est instituée la « Mission Otan d’entraînement », dans le but déclaré d’ « aider l’Irak à créer d’efficientes forces armées ». De 2004 à 2011 vont être entraînés, dans 2000 cours spéciaux tenus dans des pays de l’Alliance, des milliers de militaires et policiers irakiens qui sont aussi dotés d’armes données par ces mêmes pays. Simultanément l’Otan envoie en Irak des instructeurs et conseillers, y compris italiens, pour « aider l’Irak à créer son propre secteur de la sécurité sous conduite démocratique et durable » et pour « établir un partenariat à long terme de l’Otan avec l’Irak ».
Manlio Dinucci
À suivre
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Source de la photo : Emaze
Première partie :
Deuxième partie :
L’intervention Otan dans la crise des Balkans
Troisième partie :
Otan – Le contournement de l’article 5 et la confirmation du leadership USA
Quatrième partie :
L’expansion de l’Otan vers la Russie
Cinquième partie :
Afghanistan : la première guerre de l’Otan en-dehors de l’aire euro-atlantique
Septième partie :
L’Otan « à la chasse aux pirates » dans l’océan indienBrève histoire de l’Otan de 1991 à nos jours. Septième partie.
Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca
Source: Lire l'article complet de Mondialisation.ca