Communiqué l’équipe de Rébellion du 17 mars 2023 par Vincent Téma
Qu’est-ce qui peut fonder la légitimité d’un gouvernement, si ce n’est sa capacité à protéger les petits des grands ?
Et à l’inverse, qu’est-ce qui peut délégitimer, décrédibiliser un gouvernement, si ce n’est son obstination à vouloir accabler les catégories populaires, et non la finance et les divers fraudeurs sociaux et fiscaux ?
Le gouvernement de la France est à la mesure de sa cheffe : technicien, étroit d’esprit, sans autre ambition que de préserver un équilibre budgétaire au nom duquel ceux qui n’ont pas le privilège d’avoir un compte bancaire aux Bahamas doivent contribuer toujours plus. Le chantage mensonger, selon lequel notre caisse des retraites serait déficitaire si elle n’était pas dès à présent remplie par des cotisations nouvelles, n’a bien sûr pas convaincu les Français, qui si on en croit l’IFOP demeurent largement hostiles à la réforme. Ils ne s’y trompent pas : loin de viser le sauvetage de la retraite par répartition, Macron, au contraire, veut manifestement préparer la France à accepter le principe des retraites par capitalisation, à la mode anglo-saxonne. Nombre de fonds de pension s’en lèchent déjà les babines…
Quoi qu’il en soit, l’ambition d’un Macron était-elle de séduire des catégories sociales qui le méprisent, lui et les domestiques du Grand Capital qui constituent sa Cour ? Certainement pas. Il s’adresse aux bourgeois et aux boomers qui l’ont élu et qui voteront pour son remplaçant en 2027. Christopher Lasch nous avait déjà donné le nom de ce phénomène : c’est là « sécession des élites ». De cette trahison Macron est, en effet, un aboutissement logique.
Mais aujourd’hui, le petit peuple de France est en colère. Plus que d’habitude. Le souffle de l’indignation ne s’est pas encore transformé en torrent révolutionnaire pour autant. Syndicats vautrés dans leurs habitudes et dans leurs compromissions y veillent. Ce n’est pas en Berger ou en Martinez qu’il faut voir le salut des Français. Ceux-là, comme hier avec les Gilets Jaunes, comme aujourd’hui, et très certainement comme demain encore, détournent les ardeurs populaires, qu’elles entendent canaliser. Ces syndicats qui ne représentent plus grand monde ne sont plus, et peut-être au fond n’ont jamais été, les porte-paroles du peuple de France.
Quel espoir reste-t-il ? Celui de la rébellion. Rébellion contre un gouvernement vomi par tout un peuple. Rébellion contre une réforme qui ne l’est pas moins. Rébellion contre les véritables bénéficiaires de cette réforme, ces barons de la Finance, spéculateurs voraces dont les humeurs et les caprices font et défont les nations, et dont le principal mérite consiste à s’auto-verser des dividendes gagnés sur les producteurs réels, authentiques créateurs de richesses.
La révolte populaire, puisque les « élites » de ce pays ont trahi, est la seule issue à la fin de nos maux. Livré à lui-même, seul face à une propagande permanente massivement financée par ses ennemis, le peuple ne peut tirer sa force que de sa souffrance, qui seule peut lui donner la force de reprendre, authentiquement cette fois-ci, le pouvoir à une bourgeoisie, petite ou grande, qui la lui accapare depuis trop longtemps.
La Révolution Française avait détruit un régime vermoulu. La prochaine devra balayer les héritiers de ceux qui au prix du sang des petits se sont emparé de tous les leviers de commande. La Révolution prochaine devra tirer les leçons des manipulations du passé pour se débarrasser des profiteurs et de leurs agents installés au sommet de l’Etat.
C’est à nous, militants de tous horizons, et quelles que soient nos tendances, qui devront nous engager sans ambiguïté dans l’opposition absolue à cette réforme. Là sera le premier pas à faire dans la remise en cause totale du pouvoir en place, à savoir de l’alliance économique, politique, sociale et culturelle des bourgeoisies de gauche et de droite, en bref de ce que l’on nomme par commodité le « Système ».
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