par Panagiotis Grigoriou
La douleur, puis la colère. Et pourtant. Robert Musil en son temps, avait noté dans son essai datant de 1922 : « L’Europe désemparée, ou petit voyage du coq à l’âne », que « nous sommes pareils à des voyageurs de wagons-lits qui ne se réveillerons qu’au moment de la collision ». Musil avait alors esquissé les grandes lignes de sa propre interprétation critique civilisationnelle, à partir des réactions, ou plus exactement de l’absence de réactions suffisantes sous l’ethos européen de son époque, devant le choc de la Première Guerre mondiale. Il y a déjà un siècle.
En cette Europe inlassablement désemparée de 2023, voilà qu’en Grèce, c’est alors la collision il y a à peine deux semaines entre deux trains, ayant causé la mort de 113 passagers, d’après le bilan en tout cas quasi-officiel, faisant état de 57 morts et de 56 portés disparus au 10 mars, qui devient ce « malheur » peut-être capable de revigorer la colère chez les Grecs.
Or, le… si bas peuple aura retenu que « l’accident » tient plutôt d’un assassinat… multiple, pour l’essentiel organisé par les politiques et par leurs réseaux clientélistes mafieux ; une fois de plus visant les préposés… humbles, si possible parmi les exclus des réseaux. Après avoir fait porter la responsabilité de la collision entre l’Intercity et le train de fret à l’incompétent chef de gare de Lárissa, un certain Samarás, « pour avoir placé les deux rames sur la même voie sans s’en rendre compte, ainsi qu’à la malchance », voilà que le ministrion Ádonis Georgiádis finit par oser prononcer au bout d’une semaine sa petite phrase… bien gonflée.
« Nous savions pertinemment qu’il y avait un problème de sécurité. Mais le ministre concerné ne l’a pas dit publiquement car sinon, plus personne n’irait prendre le train ». La nécropolitique et tout son… arrière-train !
Notons, à l’instar du vieux journaliste Spýros Hadjáras en son émission du 10 mars sur la radio Internet du mouvement « Kínima – Ellas 21 », émission très exactement intitulée « Mitsotákis salopard », que la sœur du chef de gare de Lárissa aime se faire photographier aux côtés de Mitsotákis, car visiblement, sa parentèle participe de la meute des parasites alimentés par les clans mafieux historiques aux commandes, sur le dos des autres Grecs bien entendu.
« Je suis persuadé – analyse Spýros Hadjáras – que cette femme aurait réclamé auprès de Mitsotákis la faveur qui consistait à caser son frère de la sorte, pour un salaire de 3500€ par mois, en violation des règlements et du moindre bon sens, car le frangin propulsé ainsi chef de gare, n’avait suivi qu’une formation bâclée, puisque ce qui prime, c’est l’intérêt de la caste des valets sous la Xénocratie, si besoin Khazaristes et inlassablement carriéristes ».
Et le reste ne pouvait s’avérer alors et sitôt, que relevant d’une « affaire d’anthracite ». Car, les morts en mille morceaux, difficilement identifiables et d’ailleurs souvent grâce à l’ADN de leurs familles, ainsi d’abord que les disparus… volatilisés par 1300°C en quelques instants seulement suite à la collision, ne témoigneront guère… des « détails techniques » du drame. Ainsi, le train de marchandises suivait un itinéraire officiellement non déclaré et ce qu’il transportait demeure toujours un mystère, dont même la télévision du Régime ERT, finit par s’interroger tout comme bien d’autres médias.
Des officiers experts de l’Armée Hellénique, ont été dépêchés sur place parmi les premiers, rien n’a été ni annoncé, ni précisé à leur propos. Ensuite, de manière assez étrange, Mitsotákis, s’est rendu aux obsèques du conducteur de la locomotive du train de marchandises Spýros Voúlgaris, alors que visiblement il ne connaissait pas sa famille, quand dans un premier temps, le conducteur en question, avait été annoncé comme ayant trouvé la mort à bord du train Intercity, en tant que simple passager. Et d’une manière assez bizarre, un bout du site de l’accident a été sitôt asphalté, il y a peut-être lieu de se demander pourquoi.
Et décidément, la famille mafieuse des Mitsotákis, annonce que la somme de 1600€ par mois « d’aide supplémentaire » sera rajoutée aux pensions déjà perçues par les parents des jeunes tués de la sorte par le Régime, histoire d’acheter si possible leur silence, étant donné que les premières plaintes pour meurtre visant directement le pantin Premier ministre, ses ministres et ainsi leur clique, sont en train d’être déposées. Une semaine après la collision, Mitsotákis a finalement prononcé des bouts des lèvres son faux « pardon », car il fallait sinon faire de la communication dans l’urgence.
De nombreux Grecs, notamment parmi les plus jeunes, se sont rassemblés à Athènes devant l’Assemblée dite « nationale », comme alors partout à travers le pays. Parmi les pancartes, voilà une qui suggère que le « juste trajet, consiste à brûler la locomotive de l’Assemblée ». C’est alors un retour dix ans plus tard, du fameux slogan des Indignés à l’encontre des politiciens traîtres, lesquels ont imposé la Troïka au peuple : « L’Assemblée est un bordel qui doit être brûlé ». Sans équivoque.
Un peu partout encore, car il faut également le signaler, l’habituelle faune à Soros mène la danse dans ces manifestations, autant que les partis de la gauche pourrie, de même que les syndicats parasitaires historiques, vu qu’il va falloir une fois de plus, canaliser la colère pour mieux la gommer. Exactement comme il y a dix ans.
À l’époque, le grand mouvement des Indignés avait abouti à SYRIZA des trotskistes sous la Société fabienne, comme autant à l’Aube Dorée, manipulée d’en haut par le para-état, par la Loge, et par les services de renseignement au besoin étrangers, possiblement israéliens et anglosaxons pour ne pas les nommer, comme souvent pour bon nombre de cas similaires à travers l’extrême-droite en ce si vieux continent.
La CIA et le NSA sont passés par là, il suffit d’ailleurs de constater actuellement comment et combien ces partis supposés patriotes, parfois accédant au pseudo-pouvoir sous le totalitarisme européiste, suivent ainsi à la lettre les ordres de la Khazarie satanisée à la Blinken, à la Robert Kagan et à la Victoria Nuland, quand il s’agit de se ranger aux côtés du pantin drogué de Kiev.
Et à Athènes, parmi leurs valets des « merdias » Aris Portosálte, journaliste vedette du Régime et de la télévision SKAI, a notamment donné sa vision sataniste des faits, au sujet de la collision entre les deux trains. « Il en faut parfois quelques victimes sacrifiées lors des accidents, pour ainsi pouvoir avancer dans le progrès et dans la modernisation des infrastructures ». Le mot-clé est lâché : « Sacrifice ».
C’est dans ce sens exactement que pour les manifestants, tout comme pour les non-manifestants en Grèce, il ne s’agit guère d’un accident, mais d’un meurtre. « La Grèce dévore ses enfants » écrivent par exemple les écoliers de la ville de Tríkala en Thessalie, quand ils manifestent autour de la gare. Sans oublier le retour alors triomphant du slogan d’époque, tant partagé parmi les jeunes dans la rue et dans les stades : « Mitsotákis, tu te fais baiser ». Ou encore celui-ci, « La vie tient à la survie des coupons d’aide alimentaire, et l’on achète le ticket de la mort avec nos trains ».
Portosálte, en chien de garde du Régime, n’a pas été non plus oublié par les jeunes supporteurs de l’équipe d’Olympiakós du Pirée quand ils écrivent sur leur banderole. « Portosálte, tu seras baisé en premier, c’est pour l’exemple ».
La Grèce est certes en ébullition, une partie de son pays réel en tout cas. Les élections législatives pourraient être repoussées au-delà de la législature qui se termine en juillet, c’est qui parfois est suggéré par certains parasites Mitsotakiéns dont Portosálte, et il s’agirait une fois de plus de la violation flagrante de la Constitution. Leurs dialogues… interceptés, ont fini par être rendus publics. « Nous n’allons pas perdre les élections, et Mitsotakis ne sera pas défait pour un train… du trou du cul ». Merci pour… le train.
Et entre les vivants et les morts, c’est déjà le Printemps en ce vieux pays. Les familles des assassinés de l’Intercity, se sont rendues sur le site de l’accident une semaine après le premier choc et déjà… leurs mères. Vieille tragédie grecque que celle du deuil des vaincues, comme chez Euripide. De son côté, le Régime a organisé son deuil de crocodile, avec l’entière complicité de l’Église officielle satanisée, et autant avec l’aimable participation des élus locaux et régionaux.
Notons pourtant le cas de Verdikoússia, petit village de Lárissa où les habitants en ont assez. Car, d’après le reportage de la presse locale de Thessalie, « la colère a incité plusieurs habitants de Verdikoússia à déclarer publiquement qu’ils tournaient le dos aux politiciens. Au total, les 33 habitants du village montagneux de Verdikoússia, ont signé un texte pour diffuser leur décision de ne pas accepter la présence du moindre député ou homme politique dans leur village avant les élections ».
« L’accident nous a secoués, nous a réveillés. C’en est trop. Qu’aucun d’entre eux ne mette les pieds à notre village. Ils dévorent de l’argent et ils ne font rien. Nous en avons fini avec leurs promesses. Ils sont irresponsables et doivent comprendre que le peuple s’est réveillé ».
Et c’est alors déjà le Printemps. Nos premiers visiteurs de la saison sont déjà là, en train de photographier les perdicés du côté du Cap Sounion. Et à leur propos justement, l’idée lumineuse de la bande à Mitsotákis tient en ces deux prédictions présumées possibles. « Avec l’été, les Grecs auront oublié les deux trains, et surtout, la saison touristique aura apporté un certain bol d’air à l’économie durant la saison. Donc reculons la date des élections au maximum ».
Hélas, c’est fort probable que cela se réalise de la sorte, sauf que ce n’est guère certain. Car d’accumulation en accumulation… capitalisée dans l’Hybris, les satanisés pourraient se retrouver devant une lame de fond, une fois n’est pas coutume, lame de fond réellement populaire, ayant peut-être une petite chance de ne pas aboutir seulement sous… la manipulation.
C’est dans ce sens qu’il faut alors comprendre l’intervention de l’Ambassadeur US en poste à Athènes, un certain Tsoúnis. « Je ne veux pas me concentrer sur la recherche des responsabilités dans cette tragédie nationale. Je crois qu’un tel événement ne devrait pas être utilisé pour diviser une nation ». C’est dit, et voilà… la traduction. Agents xénocrates et alors trolls des ambassades… unissez-vous.
Dans la foulée ferroviaire du mois de mars, peu de gens auront toutefois remarqué que cinq jours après le meurtre de l’Intercity, la gouvernance sous Mitsotákis, a présenté son projet de loi, consistant à privatiser, c’est-à-dire à offrir aux rapaces globaux, l’ensemble des ressources d’eau du pays, ainsi que le réseau de sa distribution. Ou, comme le dit mon cousin Dínos, encore… un pro-russe historique au village thessalien, « tous ces politiciens doivent être pendus devant le pseudo-Parlement à Athènes ». Et il n’est pas le seul à le répéter une fois de plus en dix ans, en cette Grèce du moment décidément interminable.
À la guerre… comme à la guerre. Sauf que comme il a été analysé ailleurs au sujet de cette Europe désemparée déjà de Musil, « nul doute que, depuis dix ans, nous ne fassions de l’histoire mondiale, sous la forme la plus voyante, sans pouvoir, pour autant, l’appréhender. Nous n’avons pas été réellement changés ; un peu d’outrecuidance avant, une vague gueule de bois après ; nous étions des citoyens industrieux, nous sommes devenus des meurtriers, des assassins, des voleurs, des incendiaires et ainsi de suite: nous n’avons pas vécu quoi que ce soit pour autant ».
« La guerre nous a paru plus proche du carnaval que de la bacchanale, et la Révolution a fini au Parlement. Nous avons donc été toutes sortes de choses sans changer pour autant, nous avons beaucoup vu et n’avons rien appréhendé ».
« Musil décrit une condition de l’esprit qui présente maintes analogies avec l’époque actuelle : la malléabilité des êtres, la multiplicité des foyers d’événements, les discontinuités dans le vécu, produisent un état de modification perpétuelle qui échoue à s’inscrire dans une expérience subjective consistante ».
« L’homme qui est exposé à ces modifications est un homme indéfiniment disponible mais dont la versatilité empêche toute maîtrise sur les conditions de son existence. Selon Musil, la crise consiste en l’absence de toute inscription subjective de ce qui nous arrive dans une époque de changements massifs: Nous ne disposions pas des concepts qui nous auraient permis d’intégrer ce vécu. Ni même, peut-être, des sentiments dont le magnétisme les y aurait aidés ».
Mais alors qui sait, la douleur et la colère sont de la partie… sous le deuil. Jadis, « Aïde kai de – le train vers le ciel », cette belle chanson populaire interprétée d’abord par Yánnis Poulópoulos que tout le monde chante désormais, comme on dit, des « communistes » aux « fascistes », elle immortalise en quelque sorte la mémoire des 17 morts, c’était lors d’une collision de deux trains en janvier 1972, toujours en Thessalie. Son compositeur, fut Níkos Mamangákis et les paroles sont écrites par le poète Yánnis Rítsos.
Dont voici les paroles traduites.
Et le train s’en allait
son conducteur debout
avec sa casquette de travers
et bien bonne la barre qu’il commandait
dans la fumée
sous le crépuscule
portant un chemisier telle la peau d’un loup
un tel conducteur bien brave
avec sa petite moustache
et bien bonne la barre qu’il tenait
en ce train fonçant vers le ciel
Et voilà
Et alors c’est vers le ciel que le train roulait
sous le crépuscule
laissant derrière lui la forêt orpheline
laissant derrière lui une traînée de fumée
sous le crépuscule sanglant
Et voilà
dans un lainage, du pain et de l’oignon
ah les gars, c’est le temps d’en finir
un moineau seul
grignote alors les miettes
Et voilà
oh, les trains ont coulé
un train dépeuplé
sortait des rails
avec ses machinistes morts
ses contrôleurs morts
et c’est une douce queue de fumée
qu’il laissait à travers le ciel
telle une étendue forêt orpheline
une douce queue de fumée
dans le crépuscule fané
Et voilà
En voilà un, en voici deux, en voici un autre
Des forceps, des tenailles et des marteaux
et de la dynamite dans la roche
dans tes yeux une pierre muette
dans tes yeux la pierre impitoyable
Toi, tu n’auras pas construit de maison
avec ton gros travail
alors construis-la bien pesante
En voilà un, en voici deux, en voici un autre
et le coq chante ainsi au loin
Et bien voilà
Printemps grec entre douleur, colère et même chanson en ce pauvre blog greekcrisis.fr, c’est ainsi que l’on commente notre vie et notre mort au pays de l’Agora, ou de manière moins spectaculaire dans nos cafés, surveillés il faut dire par nos chats adespotes.
Et chez nous, à côté si possible de la multiplicité des foyers d’événements en cette Europe inlassablement désemparée de 2023, comme le dirait encore Musil, voilà que notre vieux et souffrant Velissários grignote alors les miettes et il se porte un peu mieux.
source : Greek Crisis
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