par Robin Philpot
Les Canadiens se targuent de ne pas faire comme les Américains, que c’est seulement aux États-Unis qu’il peut y avoir des Joe McCarthy, des J. Edgar Hoover, avec leur menace rouge, les commissions d’enquête bidons (HUAC), la chasse aux sorcières, les paravents de Moscou et du Parti communiste, les Blacklists.
Or graduellement, à petits pas, au moyen de fuites anonymes du Service canadien du renseignements de sécurité, on agite le terrible épouvantail des espions chinois partout.
Des OVNIs et des ballons d’espionnage, des scientifiques accusé d’espionnage, des universitaires qui travailleraient avec des universitaires chinois soupçonnés d’être des agents, des hommes et femmes d’affaires qui seraient des agents.
Dans cette chronique, Robin Philpot passe en revue les méthodes utilisées qui ressemblent beaucoup à celles utilisées par J. Edgar Hoover et Joe McCarthy.
En bref : fuites anonymes venant du SCRS reprises en manchette par de grands médias proches du Parti conservateur du Canada (Globe & Mail, Global News) ; entrevues avec « experts » et anciens ambassadeurs en Chine, qui, si on regarde de près sont également proches du Parti conservateur ; partage des informations avec « nos alliés des Five Eyes » qui se disent « très préoccupés ». Le tout répété à nausée jusqu’à ce qu’on le tient pour l’évangile.
Pourtant, aucune preuve, aucun document n’est présenté au grand public, aucun témoin public. Tout est anonyme.
Voici ce qu’en dit le Globe & Mail : « Le SCRS est de plus en plus préoccupé par des efforts de la Chine et de ses agents de cultiver secrètement des relations avec des élus afin d’influencer les débats parlementaires et la prise de décisions par le gouvernement. Notre « service d’espionnage » a demandé à nos députés fédéraux de les informer de toute activité suspecte, et leur a fourni des noms et les coordonnées d’agents du SCRS avec qui ils pourront communiquer et à qui ils peuvent fournir de l’information. »
Donc, notre service d’espionnage rencontre en privé nos députés élus et leur demandent de fournir secrètement des informations sur les électeurs.
Et les députés, tous partis politique confondus, en redemandent. Ils veulent tous une commission d’enquête publique, qui risquerait d’être une nouvelle chasse aux sorcières.
La Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles a vivement critiqué les pratiques du SCRS. Selon elle, depuis qu’on a accordé de nouveaux pouvoirs secrets au SCRS pour perturber la vie des citoyens canadiens, on ne peut plus avoir confiance que ce service respectera les lois et la Charte des droits et libertés.
Non, le Canada ne ferait jamais ce que les McCarthy et Hoover ont fait !
source : Le pied à Papineau
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