Arthur Sapaudia : Monsieur Roby, vous êtes maître de conférences en physique au sein de l’université de Pau.
Depuis 2017, vous êtes accusé par le CRIF et la DILCRAH d’être « négationniste, raciste, antisémite et fou ». Le 18 mars 2019, vous avez été jugé en appel au ministère de la Recherche dans le cadre d’une procédure disciplinaire.
En ce début d’année 2023, quelles sont les nouvelles concernant cette affaire ? Quelle est votre actualité ?
François Roby : Bonjour,
Depuis l’entretien vidéo avec Gérard Lazare que vous rappelez, il y a eu fin 2019 une autre étape : j’ai en effet sollicité les services d’un avocat spécialisé afin de déposer une requête devant le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative, dans l’espoir de faire casser la décision du CNESER. D’après cet avocat, ma sanction était particulièrement indéfendable tant elle était entachée d’irrégularités graves sur la forme, et injustifiable sur le fond par la disproportion entre les faits reprochés – même en les supposant avérés – et la lourdeur de la sanction. À tel point qu’il me proposa d’ajouter à la requête initialement prévue, une « demande de sursis à exécution », chose qui se justifie d’après lui dans les cas urgents et quand les irrégularités sont particulièrement manifestes.
Cependant, le Conseil d’État a considéré le 24 décembre 2019 que mon pourvoi n’était pas admissible, sans motivation de sa décision, ce qui selon mon avocat est la règle. Sa lettre comporte simplement la phrase suivante, après un rappel des arguments présentés par mon avocat : « Aucun de ces moyens n’est de nature à permettre l’admission du pourvoi ». Ce genre d’expérience permet de comprendre rapidement et concrètement ce qu’est véritablement la République française, puisque ses plus hautes instances administratives disposent ainsi d’une sorte de « joker » leur permettant d’imposer une décision sans la justifier d’aucune manière.
Mon avocat était évidemment désolé (moi aussi, un peu, tout cela n’étant évidemment pas gratuit), cependant je tiens à souligner qu’il avait fait je pense un très bon travail et que l’échec de sa requête devenait, en conséquence, presque inévitable tant ses arguments auraient été difficiles à contrer s’il avait fallu les discuter. L’étape suivante aurait pu être la Cour Européenne des Droits de l’Homme, mais j’y ai finalement renoncé en raison à la fois de la dépense supplémentaire que cela entraînait pour moi, et surtout du caractère aléatoire du résultat dans un contexte éminemment politique.
Je voudrais malgré tout, en cette période de covidisme déliquescent, dire à quel point je suis reconnaissant à l’administration universitaire – ou à ses donneurs d’ordre – de m’avoir évité l’enseignement en temps de « gestes barrière » et autres masques déshumanisants : certains collègues m’ont dit à quel point il avait été difficile et déprimant pour eux de se trouver devant des étudiants dont ils n’avaient pas vu une seule fois le visage. Si j’y avais été contraint, j’aurais sans doute eu le même genre d’ennuis que mon collègue Vincent Pavan, à qui je tiens ici à exprimer tout mon soutien et mon respect. En cette période de faillite générale des institutions – qui ne date pas du Covid et ne concerne pas que le monde médical, mais qui s’est amplifiée de façon spectaculaire depuis 2020 – c’est grâce à des individus comme lui, et d’autres, qui tiennent bon dans la tempête, que l’université a encore quelques lettres de noblesse.
Sans vous attirer d’autres ennuis, quels sujets vous passionnent en ce moment ?
Je pense que la crise Covid est un révélateur puissant de tout un tas de choses qu’on pressentait confusément depuis pas mal de temps mais sans en mesurer l’ampleur ni la gravité (en tout cas, pas moi). J’essaie de me maintenir à niveau dans le flot incessant d’informations qui nous parviennent, et ce n’est pas chose facile, même quand on est en « vacances forcées » comme moi, pour quelque temps encore. Il faut être vigilant et ne pas accepter sans vérification tout élément à charge contre le discours dominant de cette crise faussement sanitaire, même si ce discours est à l’évidence mensonger. Par exemple, le documentaire Died Suddenly, qui relate les effets désastreux (hélas réels pour certains) des injections ARNm anti-Covid, semble mélanger dangereusement des éléments factuels et d’autres bien plus contestables, ce que plusieurs personnes comme Robert Malone ou Pierre Kory ont dénoncé.
Je ne peux pas dire qu’il y ait un sujet particulier qui me passionne, même si celui du 11-Septembre me tient à cœur en tant que physicien, sauf peut-être – mais c’est un très vaste sujet – celui de l’information, une notion qui a sa définition bien précise dans les sciences « dures » comme la physique, où elle est en quelque sorte l’opposé du désordre (mesuré en physique par une quantité appelée entropie), mais qui a une acception bien plus vaste dans les sciences humaines, et sans doute un rôle en biologie bien plus grand que celui qu’on lui attribue généralement, cantonné au génome, certainement moins bien compris qu’on le prétend (le fameux « ADN-poubelle » n’étant sans doute, par exemple, pas si inutile que ça). Or il est évident que nous sommes en pleine guerre de l’information, sur l’Ukraine comme sur la crise « sanitaire ».
Dans la crise Covid, on a vu comment l’information au sens courant pouvait être manipulée par un pilonnage incessant, faisant appel à la fois à toute la machine médiatique installée, facilement identifiable comme telle, et à un tas d’acteurs présentés comme indépendants et bénévoles, dont on voit maintenant qu’ils le sont fort peu (c’est le principe de « l’astroturfing »). La valeur d’une information pouvant être définie par des probabilités (par exemple, c’est parce que tomber sur le numéro gagnant du loto a très peu de chance de se produire par hasard que le gain qui en résulte est très élevé), on a ici une tentative de donner de la valeur à une information qui en a très peu (parce qu’émanant in fine des mêmes circuits médiatiques dominants) en donnant l’illusion que l’ensemble des possibles, le dénominateur qui rend la probabilité très faible dans le cas du tirage de loto, est très grand alors qu’il est en réalité très réduit.
Cette volonté de tromper sur la qualité de la marchandise, de faire passer des vessies pour des lanternes, est certes vieille comme le monde, mais la puissance des outils de communication contemporains (leur rapidité et leur « bande passante » très large permettant la diffusion de messages, tels que des vidéos, qui saturent nos capacités d’analyse) amène les stratèges ennemis à programmer des guerres dont le champ de bataille quasi exclusif est notre propre conscience, dans l’espoir de pouvoir gagner la guerre sans livrer de véritable combat au sens matériel du terme. Il est donc crucial pour nous – et je pense que ce « nous » désigne la très grande majorité des êtres humains, face à une élite financière qui a décidé de faire sécession – de comprendre de quoi il retourne si nous ne voulons pas finir à l’état d’esclaves neuro-piratés et assurer à notre descendance la possibilité de prolonger une aventure véritablement humaine.
Comment voyez-vous la suite de l’ère covidiste ? Pensez-vous que le pire reste à venir ?
Non, je ne pense pas. Je suis même plutôt optimiste, un peu comme Christian Perronne dans son dernier entretien avec Éric Verhaeghe, que je vous recommande vivement, y compris pour ce qu’il dit sur la maladie de Lyme – dont il est un spécialiste – et qui a beaucoup à voir avec notre crise Covid.
J’avais lu à sa sortie en 2021 l’ouvrage de Michel Weber Le complot de la Grande Réinitialisation n’aura pas lieu et je m’étais senti assez en phase avec son optimisme prudent. Il terminait en ces termes : « Pour paraphraser Churchill, nous n’assistons pas à la fin de la guerre totalitaire que les oligarques mènent contre les peuples ; ce n’est même pas le début de la fin ; mais c’est peut-être la fin de son commencement. ». L’optimisme était certes là très tiède mais sachant qu’il écrivait probablement ces lignes fin 2020 ou début 2021, et vu l’ensemble des événements qui se sont produits depuis (la sortie des « twitter files » n’étant pas des moindres), je pense qu’on peut être bien plus confiant aujourd’hui.
Non parce que les auteurs de ce crime contre l’humanité (appelons un chat un chat) ont rendu les armes ou ne sont plus en capacité de nuire ; il semble au contraire que certains d’entre eux, comme Bill Gates, n’aient renoncé en rien à leurs projets machiavéliques et tentent toujours de brandir le grand épouvantail de la pandémie (d’en provoquer une nouvelle ?). Mais quoi qu’ils fassent, il leur sera impossible de plonger à nouveau l’humanité dans cet état de sidération qui annihile l’esprit critique ; il y a trop de personnes « éveillées » maintenant, et souvent hélas en raison de leur statut de victime ou de proche de victime, que ce soit sur le plan économique ou sur le plan médical. Comme Elon Musk le dit lui-même : « Pour être franc, presque toutes les théories du complot que les gens avaient sur twitter se sont révélées vraies… », et comme une partie substantielle concerne la gestion de la crise « sanitaire »…
Par contre, il est vrai que mon optimisme est peut-être une réaction un tantinet égoïste, dans la mesure où je n’ai jamais reçu ces injections expérimentales, et n’ai donc pas à en craindre les effets à long terme sur ma santé ; je n’ai pas non plus été une victime économique de cette période de massacre social où on a enlevé à certains leur gagne-pain, et où on continue encore à le faire par d’autres moyens (je pense aux tarifs délirants de l’électricité qui engraissent des spéculateurs). Donc si je suis optimiste, ce n’est pas dans le sens où je crois que « tout va s’arranger » et qu’on pourra tirer un trait sur cette période douloureuse ; je pense au contraire que de grandes crises sont encore devant nous, et qu’il faudra faire preuve d’une grande humanité envers ceux qui se sont laissé berner par le narratif délirant du covidisme, mais je suis persuadé que le projet criminel de cette oligarchie sécessionniste, que Catherine Austin Fitts décrit très bien, ne verra jamais le jour.
Je voudrais aussi dire que je ne partage pas une opinion qu’on rencontre souvent dans les milieux « dissidents » ou « résistants », qui ont tendance à voir de « l’opposition contrôlée » partout, et par exemple dans des personnes comme Didier Raoult ou Christian Perronne. Même si bien sûr cette opposition contrôlée existe (j’en ai fait l’expérience directe et flagrante, à plusieurs reprises, pour le 11-Septembre), je crois que cette vision des choses méconnaît la sociologie des milieux scientifiques, pour l’essentiel composés d’ex – « premiers de la classe » n’ayant jamais eu à affronter de véritables ennemis et bien souvent d’une naïveté désarmante (mais dangereuse). C’est ce qui donne, malgré des diplômes censés reposer sur une formation cultivant l’esprit critique, des conformistes suivant le troupeau sans même se rendre compte que quelque chose cloche vraiment. Et puis dans des situations de crise grave, certains individus aux valeurs morales solides se « réveillent » même s’ils sont issus, comme Perronne, du cursus le plus classique et ont été membres des institutions les moins « rebelles » qu’on puisse imaginer : agence du médicament, OMS… Ça n’en fait pas des « infiltrés », mais révèle au contraire leur droiture.
Le « complotisme » à outrance dessert en effet la cause. Avez-vous d’autres exemples sur ce thème du covid, et à propos d’autres sujets ?
Est-ce complotiste de dire que peut-être les « services » rajoutent, sur certains sujets précis, des complots invraisemblables afin de décrédibiliser l’ensemble des théories alternatives ?
On peut également penser à Laurent Guyénot au sujet du 11/09 et à l’affaire JFK, quand celui-ci nous apprend que certaines théories alternatives mises en place (mafia, État profond…), sont là pour cacher, enfouir, disons mettre une couche de « faux » sur la vérité ?
Raisonner en termes de cause à défendre et de discours qui serait contre-productif pour cette cause, c’est déjà adopter une attitude politique, qui est assez opposée à la démarche rationnelle et scientifique. En politique, on définit un but à atteindre et on se débrouille pour convaincre le maximum de personnes de pousser dans la même direction pour y arriver, quitte à prendre quelques libertés avec les faits et la logique pour ratisser plus large. En sciences c’est un peu l’inverse : on a une méthode – qui a bien sûr ses limites, parfois ignorées des scientifiques eux-mêmes – et on la suit quel que soit le résultat, sans savoir ce qu’on va trouver au bout.
Je ne dis pas qu’il est illégitime de défendre des causes, je pense même que c’est essentiel dans l’existence humaine, mais je pense que mon rôle ici n’est pas de m’auto-censurer sur tel ou tel discours parce que cela « desservirait la cause ». Je pense au contraire qu’il est essentiel de nommer correctement et complètement les choses, chacun à hauteur de ses compétences, même et surtout lorsqu’elles sont choquantes et risquent de « heurter les âmes sensibles » (qui seront de toute façon peu utiles au combat). En tant que scientifique, je pense que ma « plus-value », pour prendre un vocabulaire d’économiste, se situe dans l’application rigoureuse et objective de mes connaissances ; je n’ai par contre aucune leçon à donner à quiconque en termes de combat politique ou moral, et ne vois pas en quoi ma parole aurait plus de valeur que d’autres sur ces sujets.
Sur le 11-Septembre, par exemple, je n’hésite pas à affirmer ce que mes connaissances de physicien me permettent de savoir avec certitude :
1) Il n’y a jamais eu d’avions percutant les Twin Towers, et pas davantage d’hologrammes comme le prétendent certains, mais simplement des trucages d’images vidéo qui violent les lois de la physique : en d’autres termes, les images que tout le monde connaît ne constituent pas la preuve de l’existence de ces avions, mais la preuve de leur inexistence, et il est essentiel pour moi d’opérer ce basculement dans le raisonnement ;
2) La destruction de trois gratte-ciel (Twin Towers et WTC7) le 11 septembre 2001 n’a pu se faire qu’avec l’aide d’explosifs nucléaires souterrains, via un dispositif conçu dès leur construction (mais pour une démolition « normale »).
Pour le point 1, j’ai mis 13 ans à m’en rendre compte, et encore parce qu’on m’a aidé (merci à Laurent Guyénot, qui a traduit 3 épisodes de The Great American Psy-Opera, diffusés par E&R) ; pour le point 2, j’ai mis encore plus longtemps, et j’ai d’abord pris ça pour une blague quand je l’ai lu affirmé par Dimitri Khalezov dans un article de Veterans Today, mais les lois de la physique, que j’ai suivies rigoureusement, m’ont appris qu’il avait raison, au moins sur l’essentiel (il commet quelques erreurs).
Le simple fait d’affirmer un seul de ces points vous fait généralement passer pour un cinglé ; évidemment les deux ensembles c’est pire. Beaucoup vous accusent de « desservir la cause » si vous insistez. Pourtant, le scientifique que je suis ne peut pas édulcorer son discours juste « pour faire plaisir ». Et l’homme que je suis est convaincu qu’il n’y a pas de paix possible sans justice, et pas de justice possible sans vérité.
Vous avez tout à fait raison de penser que des théories farfelues sont « injectées » dans l’opinion pour discréditer les discours critiques aux vérités officielles. Mais je pense qu’il faut bien distinguer l’imbrication des complots eux-mêmes, que décrit également Laurent Guyénot, avec les différents niveaux de mensonge qui sont là pour protéger le cœur du complot et détourner les curieux de la vérité ultime, en les orientant sur des « vérités » alternatives, mais fausses. Dans le cas du 11-Septembre, il y a par exemple les théories de Judy Wood qui prétend expliquer la destruction du World Trade Center par des « armes à énergie dirigée » opérées depuis des satellites, ou encore le film dont j’ai oublié le nom qui prétend, non seulement que les images des avions dans les tours sont fausses, mais également que celles de leur effondrement le sont aussi.
Dans chaque cas, on a donc juxtaposition d’observations justes et objectives qui doivent poser question à tout esprit critique (incroyable quantité de poussière lors de l’effondrement des tours pour Judy Wood, phénomène explicable par l’onde de choc d’une explosion nucléaire, ou impossibilité manifeste pour un avion de ligne de découper des façades porteuses en acier comme un emporte-pièce dans l’autre cas) avec des spéculations fantaisistes comme l’existence d’armes secrètes (et aux propriétés magiques) portées par des satellites, ou la modification de toutes les images du World Trade Center diffusées lors des attentats (ce qui serait tout aussi magique, sans parler du nombre de témoins à réduire au silence). C’est une technique classique de manipulation par amalgame, afin de rendre repoussantes certaines idées par leur proximité (organisée) avec d’autres.
Il y a bien sûr eu la même chose avec le Covid (les « nanorouteurs » et autres nanotechnologies électroniques incorporées aux vaccins me semblent en faire partie, par exemple) et c’est l’angle d’attaque préféré des prétendus « fact-checkers » qui visent à vous convaincre que ceux qui mettent en cause la parole du gouvernement ou de Pfizer croient forcément que la Terre est plate ou que des Aliens habitent la face cachée de la Lune. À cela il faut répondre inlassablement par des analyses rigoureuses, quitte à ce qu’elles soient un peu techniques : par exemple celle de Jean-Marc Sabatier diffusée par France-Soir, qui par contraste fait passer les « débunkages » de La Tronche en Biais pour de très médiocres exposés de collégien. Au passage, Jean-Marc Sabatier est directeur de recherches en activité au CNRS, ce qui prouve qu’on peut encore compter sur certains chercheurs pour discuter de sujets sensibles, même quand la masse regarde ses pieds et fait semblant de ne pas avoir entendu.
Et parfois il arrive même que la « couche de faux » (je préfère ce terme au qualificatif « invraisemblable », car ce qui est invraisemblable peut être vrai, et ce qui est vraisemblable faux : voir les points 1 et 2 !) soit l’œuvre des « chercheurs de vérité » eux-mêmes, qui sont humains et peuvent se tromper. De plus, à une époque où la pression envers les « déviants » est grande, il est naturel que ceux qui s’expriment le plus aient naturellement un esprit contestataire qui les amènera plus facilement que d’autres à émettre des hypothèses osées, voire farfelues dans certains cas, mais de façon parfaitement sincère.
J’ai par exemple en tête le cas de Silvano Trotta, qui n’est pas un scientifique (il est chef d’entreprise) mais qui a fait un travail énorme de réinformation dans la crise Covid (il a par exemple été un des premiers à parler de l’ivermectine comme traitement efficace), et qui s’intéresse depuis longtemps à beaucoup de sujets considérés comme « farfelus » par la pensée dominante, et croit semble-t-il sincèrement que la Lune pourrait être creuse. Cela vient d’une lecture d’une publication scientifique « sérieuse », où l’auteur emploie effectivement cette image mais pour illustrer la propagation particulière (très peu amortie) des ondes mécaniques à l’intérieur de la Lune. Pour moi qui ai l’habitude de certaines « licences littéraires » des chercheurs, qui adorent trouver des termes percutants afin que leurs travaux soient lus et cités – ce que certains de mes collègues appellent prosaïquement « faire la pute » – ce n’est rien d’autre qu’une image, et en aucun cas la preuve que l’auteur pense que notre satellite est réellement creux. Je comprends que pour des non-scientifiques cela soit ambigu, et en tout cas je les excuse de prendre à la lettre une image qui les fait rêver ; en revanche, quand quelqu’un ne reconnaît jamais ses erreurs voire les nie, là il y a problème : errare humanum est, perseverare diabolicum.
Une dernière question : nous nous apercevons que ceux qui « détiennent » la science, comme vous, comme le Pr. Raoult, comme le Pr. Perronne, sont systématiquement attaqués et décrédibilisés par des arguments non-scientifiques. Il faut attendre parfois des années avant que leur parole soit crue, sans excuse aucune.
Qu’attendre de l’opinion quand celle-ci écoute les « experts » de plateaux TV et non les vrais scientifiques (qui parfois passent même à la TV !) ?
Vaste question ! Mais d’abord, une rectification : j’espère bien ne pas « détenir la science » (ça, c’est la prétention de l’infâme Fauci !), mais tout au plus avoir quelques connaissances scientifiques et tenter de les partager de façon aussi pédagogique que possible, ainsi – et surtout – que la méthode pour y parvenir. Et bien sûr je ne me comparerai jamais à Perronne ou à Raoult ; mais qu’ils aient un CV incomparablement plus prestigieux que le mien me fait justement relativiser aujourd’hui la « chasse aux sorcières » dont j’ai été l’objet, quand je vois ce qu’on a osé leur faire malgré leur rang.
Je pense qu’on peut faire à votre question une réponse « à plusieurs étages », et surtout à plusieurs échelles de temps. Raoult avait fait une remarque très juste à je ne sais quel journaliste : il avait dit que le temps des media n’est pas celui, bien plus long, de la science, qui n’est lui-même pas celui de la justice (qui varie beaucoup suivant le degré d’urgence accordé par le pouvoir politique en place…). Aussi, même si l’on peut enrager de voir des campagnes de lynchage médiatique contre des scientifiques compétents et intègres porter leurs fruits dans l’opinion, être ahuri de voir des incompétents notoires traiter de charlatans des hommes et femmes de science ayant une carrière des plus respectables (le prix Nobel Luc Montagnier !), il faut être patient car le temps fait son œuvre, lentement mais sûrement.
Cette crise Covid est un révélateur extraordinaire des tempéraments humains, dévoilant à la fois des héros et des lâches, souvent là où on ne s’y attend pas. Une des causes (officielle, mais peut-être pas réelle) de mes soucis avec l’administration universitaire vient du fait que j’ai osé sur mon blog citer des passages du livre de Jean Bricmont La République des censeurs, qui démontre (fort bien) que prises à la lettre, les lois dites « mémorielles » permettent de trouver du « négationnisme » chez à peu près tous les historiens « approuvés », comme Raul Hilberg, auteur de La destruction des Juifs d’Europe, présent dans toutes les bibliothèques de lycée. Et l’on trouve bien « pire » dans les bibliothèques universitaires, comme je l’avais fait remarquer à mon « procès », en brandissant devant le jury Vérité historique ou vérité politique ? de Serge Thion, emprunté spécialement pour l’occasion sur un rayon en accès libre à la bibliothèque de mon université.
Pourquoi ce détour loin du covidisme ? Parce qu’il va nous y ramener. J’avais été un peu déçu par Jean Bricmont, après l’avoir rencontré à Paris à l’occasion de ma procédure disciplinaire, parce qu’il avait rechigné – au contraire de Christophe Oberlin – à me soutenir ouvertement et à venir témoigner en ma faveur, tout en reconnaissant que mon cas était un très bon exemple de ce qu’il dénonce dans son livre. Plus tard, il est tombé malade du SARS-CoV-2, en mars 2020 donc à l’époque où il pouvait être assez grave (un de ses amis est aussi décédé de cette maladie), et même s’il n’a pas été hospitalisé il a quand même été bien mal en point.
À partir de ce moment-là, je l’ai vu avec consternation adhérer assez fidèlement au discours officiel sur la pandémie, ne remettant à peu près rien en question, ni sur les confinements, ni sur les traitements, ni sur les vaccins… allant jusqu’à me conseiller de lire un dossier à charge sur Didier Raoult publié par Olivier Berruyer le 6 mai 2020, ou un autre traitant Jean-Dominique Michel d’imposteur et publié par Thomas Durand (alias Acermendax) dans « La menace théoriste » le 14 mai 2020. A-t-il eu très peur de mourir et perdu son sang-froid critique ? Est-il d’un naturel suiviste et trouillard ? Est-il simplement prisonnier d’une idéologie scientiste dont il n’est même pas conscient ? Je n’en sais rien. Mais en tout cas, revoir aujourd’hui le débat qu’il a eu avec Étienne Chouard pour le Média pour tous est particulièrement cruel pour lui.
La vidéo (publiée le 1er mars 2021) le montrait certes déjà sous un jour peu avantageux : très agressif envers un Chouard égal à lui-même, c’est-à-dire bienveillant et d’un calme olympien, ne trouvant comme argument à ceux qui se posent des questions que de les traiter (par exemple Louis Fouché) de promoteurs de l’antiscience… mais si l’attitude générale du personnage était très désagréable, je pense que beaucoup de monde pouvait encore à l’époque se dire : « il a un caractère de cochon, mais il a raison, c’est lui le scientifique, pas Chouard, et notre seule solution c’est le vaccin. » Aujourd’hui évidemment, avec le recul, son discours paraît non seulement fanatique mais aussi et surtout totalement démenti par les faits.
C’est donc l’éternel (et parfois très violent) retour du concret qui nous sauvera : s’il est vain de chercher à convaincre des esprits malléables pour qui le « vu à la télé » suffit comme démonstration, ces mêmes esprits seront pourtant rapidement convaincus s’ils sont touchés dans leur chair ou celle de leurs proches par une médecine qui n’en est plus une, ou s’ils voient de leurs yeux que la ruine des petites entreprises engagée avec un prétexte « sanitaire » devient ensuite un objectif poursuivi par d’autres moyens lorsque la peur du virus ne suffit plus. L’angoisse devant la maladie ou la mort, qui explique peut-être le comportement « déconnant » de Bricmont, pour reprendre l’expression favorite de Chouard, peut aussi in fine se retourner contre ceux qui l’ont instrumentalisée pour parvenir à leurs fins, derrière notre croque-mort médiatique Jérôme Salomon, lorsque la vérité sur la nature de cette crise finit par apparaître.
En conclusion, j’aimerais terminer par une observation, qui pour moi qui n’ai jamais adhéré à aucune religion est perturbante. Il semble bien que les personnes qui ont le moins perdu les pédales par rapport à ces événements sont très souvent, soit habitées par une véritable foi religieuse (Mgr. Carlo Maria Viganò…), soit au minimum convaincues de l’existence d’une transcendance. Je savais déjà que la foi en Dieu n’est pas incompatible avec la raison – il suffit de connaître un peu l’histoire des sciences pour le savoir, par exemple la vie de Newton – mais je n’avais peut-être pas mesuré auparavant à quel point une forme de foi est non seulement compatible avec, mais peut-être même nécessaire à l’exercice plein et entier de la raison.
Merci à Monsieur Roby d’avoir répondu à nos questions. Nous lui souhaitons tout de bon pour la suite !
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