Pour des dizaines de milliers de finissants au Québec, la rentrée de janvier annonce l’échéance fatidique du 1er mars. Ils ont jusqu’à cette date pour s’inscrire dans un nouveau programme d’études, au cégep ou à l’université. L’agenda des conseillers d’orientation va se remplir. Ils rencontreront des jeunes tourmentés par des choix qu’ils pressentent déterminants pour leur avenir.
À cet âge, je nourrissais moi-même de grandes ambitions. Quand on me demandait ce que je souhaitais faire plus tard, je répondais sans gêne: «Journaliste internationale, première ministre du Québec ou représentante du Canada à l’ONU.» Aujourd’hui, mon activité est plus modeste que ce que j’avais prévu. Quand je m’approche du Salon bleu, c’est pour accompagner des élèves qui participent à une simulation parlementaire. Je me demande parfois ce que la Valérie de dix-sept ans en penserait.
Démissionner?
On entend que la génération montante, la génération Z, n’aspire plus à « faire carrière ». Sur les réseaux, plusieurs influenceurs rejettent férocement le rêve américain. Le trio métro-boulot-dodo est pour eux une source d’aliénation.
L’automne dernier, le phénomène d’abandon silencieux a attiré l’attention des médias. Cela consiste à se désengager du travail en se contentant de faire le strict minimum. Il s’agirait d’un moyen de résister à des organisations qui exploitent sans scrupule leurs employés.
Les mauvaises langues diront des jeunes qu’ils ne veulent simplement plus travailler. Avoir un emploi aussi payant qu’épanouissant est un idéal difficile à atteindre. Je vois à travers les revendications des vingtenaires le désir d’entretenir une relation saine avec le travail.
Du cœur à l’ouvrage
Avant d’être un levier de développement personnel, le travail est une activité nécessaire pour répondre aux besoins des personnes et des familles: se loger, se nourrir, se vêtir. Il y a forcément quelque chose de pénible à se lever, tous les matins, pour aller au boulot.
Pour certains, le travail peut être une véritable source de souffrance. Je me souviens du mépris avec lequel on me regardait quand j’étais employée comme aide domestique. On a beau dire qu’il n’existe pas de sot métier, l’occupation professionnelle influence encore la valeur que l’on accorde à autrui.
La Valérie d’aujourd’hui est heureuse d’avoir abouti dans les corridors d’une école secondaire. Quand, adolescente, je pensais à mes projets d’avenir, c’est un statut social que je poursuivais. Je voulais être vue et reconnue.
C’est sur l’amour avec lequel j’aurai vécu mes relations, professionnelles incluses, que je serai jugée.
Je demeure consciente qu’animatrice de pastorale, ce n’est pas un métier d’avenir. Je tâche de ne pas m’en inquiéter.
Pour saint Jean-Paul II, lorsque nous travaillons dans un esprit de service, nous contribuons à l’action créatrice de Dieu et à la transformation du monde. Le défi est de trouver un domaine dans lequel faire profiter ses talents. En prenant soin de tous ceux qui, eux aussi, cherchent leur place au soleil.
Je me dis qu’à la fin, il importera peu que j’aie été (ou pas) politicienne, aide domestique ou éducatrice. C’est sur l’amour avec lequel j’aurai vécu mes relations, professionnelles incluses, que je serai jugée.
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Source : Lire l'article complet par Le Verbe
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