Par Andrew Korybko — Le 28 janvier 2023
Il ne s’agit pas ici d’affirmer que Lula est contrôlé par les États-Unis, mais que le temps qu’il a passé derrière les barreaux a nettement fait changer l’homme. Il n’est plus le « révolutionnaire multipolaire » qu’il fut, ou que l’on a cru distinguer en lui. Les États-Unis le considéraient eux aussi ainsi, qui ont destitué son successeur, pour ensuite s’employer à les discréditer tous deux. La nouvelle vision de Lula sur la multipolarité le rend acceptable du point de vue des États-Unis, et les Démocrates au pouvoir adorent son alignement idéologique sur eux en matière de politique intérieure, et surtout sa croisade contre l’opposition de droite.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, souvent désigné sous le nom de Lula, est une icône de la gauche latino-américaine, et un titan du mouvement multipolaire mondial ; car il a contribué à fonder les BRICS. Ce pedigree impressionnant constitue cependant la raison précise pour laquelle ses différences avec les autres membres des BRICS que sont la Chine et la Russie au sujet du commerce et de l’Ukraine sont tellement inattendus. Le présent article va donc tâcher de clarifier ses calculs stratégiques pour comprendre ses motivations à entrer en désaccord avec ces deux pays sur ces sujets.
Sur le sujet du commerce, il a déclaré la semaine dernière à Luis Lacelle Pou, son homologue uruguayen, qu’il espère que Montevideo va soutenir la conclusion de l’accord commercial Mercosur avec l’UE avant d’en négocier un avec la Chine. La demande de Lula faisait suite à la déclaration de Mauro Vieira, son ministre des affaires étrangères, qui a informé le journel Folha de São Paulo que l’Uruguay, au mois de juillet dernier, avait procédé aux premières étapes de négociation d’un accord commercial avec la Chine propice à « détruire » le Mercosur, car les marchandises chinoises pourraient circuler librement dans tous le bloc dans un tel scénario.
Quant au sujet des différences manifestées par Lula au sujet de l’Ukraine, il a comparé l’opération spéciale russe en Ukraine à la guerre hybride menée par les États-Unis contre le Venezuela, au cours d’un discours prononcé à Buenos Aires. Selon le dirigeant brésilien fraîchement réélu, « Tout comme je suis opposé aux occupations territoriales, telle que celle de la Russie en Ukraine, je suis également opposé à l’ingérence trop importante dans le processus vénézuélien. » La Russie n’avait rien à voir dans son voyage en Argentine, et la comparaison qu’il a faite avec le Venezuela est absurde, ce qui rend sa remarque des plus surprenantes.
Malgré ses désaccords avec la Chine au sujet du commerce et avec la Russie au sujet de l’Ukraine, Lula espère toutefois étendre la coopération du Brésil avec ces deux pays. On en a eu la preuve sur le volet chinois lorsqu’il en a exprimé le désir au début de l’année, en révélant avoir reçu une lettre de son homologue chinois, le président Xi, à ce sujet. Sur le volet russe, son entretien avec le président Poutine, en fin d’année 2022, a été l’occasion pour lui de manifester également son intention de coopération. Il s’ensuit que Lula ne reconnaît pas Taïwan, et n’a pas non plus conclu d’accord avec l’Allemagne pour armer l’Ukraine de manière indirecte.
Quoi qu’il en soit, ces décisions pragmatiques n’enlèvent rien à ce qu’il vient d’affirmer concernant ses différences avec la Chine au sujet du commerce, ou avec la Russie au sujet de l’Ukraine. Vis-à-vis de la Chine, son équipe et lui semblent partager les préoccupations de l’administration Bolsonaro sur le fait que la Chine essaye d’entrer clandestinement dans le Mercosur en passant par une poterne uruguayenne, chose qu’ils considèrent tous deux comme une menace à long terme envers les intérêts économiques du Brésil.
La solution de Lula est de commencer par renégocier les termes de l’accord du Mercosur avec l’UE, gelé jusqu’ici, pour conclure un accord avec le bloc économique occidental, après qui il estime d’évidence que le Brésil et ses voisins seront en meilleure position de négocier de meilleurs accords avec la Chine. Il ne veut en aucune circonstance que l’Uruguay conclue un accord commercial séparé avec la Chine avant cela, car il pense que cela romprait l’unité du Mercosur, gênerait les intérêts économiques à long terme du Brésil, et donnerait un avantage à la Chine.
C’est son droit de chef d’État que de formuler une ligne politique comme relevant des intérêts nationaux bien compris de son pays, mais il n’en est pas moins étonnant que le positionnement de son équipe sur le sujet sensible de la négociation d’un accord de libre échange avec la Chine soit semblable à celui de l’administration Bolsonaro. Cette observation ne sera d’évidence pas plaisante à apprendre pour les soutiens les plus passionnés de Lula — qui vont soit l’ignorer, en affirmant à tort que le positionnement change par rapport à celui de Bolsonaro, soit attaquer ceux qui affirment cette réalité — mais les faits sont bien là.
Au sujet des différences manifestées par Lula avec la Russie sur le sujet de l’Ukraine, sa politique envers la nouvelle guerre par procuration, relevant de la Nouvelle Guerre Froide, est également semblable à celle de Bolsonaro. Début mars, l’ancien gouvernement avait voté à l’Assemblée Générale des Nations Unies une résolution visant à condamner l’opération spéciale russe, au tout début de la supposée « agression », puis une seconde fois au mois d’octobre, pour condamner l’unification entre la Russie et la Novorussie comme une supposée « annexion ». Bolsonaro avait cependant refusé de condamner la Russie à titre personnel, contrairement à Lula qui vient de briser ce tabou à Buenos Aires.
À en croire ses propres mots, l’icône de la Gauche latino-américaine, et titan de la multipolarité, poursuit la politique de son prédécesseur à l’égard du conflit en Ukraine. Ceci explique pourquoi il fait référence aux actions russes comme à une « occupation », et les compare à la Guerre Hybride étasunienne menée contre le Venezuela. Ici également, cette affirmation va faire enrager les soutiens les plus passionnés de Lula, mais ils ne peuvent pas la réfuter, pas plus qu’ils ne peuvent réfuter le fait qu’il poursuit la politique de Bolsonaro consistant à s’opposer aux négociations commerciales entre l’Uruguay et la Chine.
Ces faits « politiquement incorrects » soulèvent naturellement la question de savoir pourquoi Lula poursuit les politiques choisies par Bolsonaro vis-à-vis du commerce avec la Chine et vis-à-vis du positionnement sur le conflit en Ukraine. Après tout, c’est Lula lui-même qui a prodigué les deux déclarations déjà citées au sein du présent article et pas quelque membre des administrations permanentes militaires, de renseignement, ou diplomatiques (l’ »État profond ») qui aurait pu être nommé par son prédécesseur et à qui l’on pourrait reprocher de tenir une ligne sans l’approbation de Lula.
Chacun est responsable de ses propos, et les dernières paroles de Lula sur la Chine et la Russie ne font pas exception à cette règle. Par conséquent, la conclusion qui s’ensuit est que ses seules différences par rapport à Bolsonaro concernent des sujets socio-politiques intérieurs. La vision de Lula est libéro-globaliste, et reste sur le plan intérieur alignée avec les Démocrates au pouvoir aux États-Unis, alors que celle de Bolsonaro était conservatrice-nationaliste et était alignée avec celle de Trump, ce qui explique pourquoi l’équipe de Biden le détestait.
En contraste, l’équipe de Biden soutient Lula de tout cœur, étant donné qu’elle partage des opinions très similaires sur le changement climatique, le COVID, le « LGBTQI+ », et la menace supposément constituée par les opposants de droite dans leur ensemble (et pas juste quelques extrémistes comme on en trouve de tous côtés) vis-à-vis de la sécurité nationale. Les cinq analyses citées ci-dessous produisent des éléments supplémentaires corrélatifs à cette observation « politiquement incorrecte », dont les détails dépassent le cadre du présent article, mais peuvent intéresser le lecteur intrépide :
Cela étant dit, l’alignement idéologique intérieur de Lula avec la vision libéro-globaliste des démocrates étasuniens au pouvoir ne s’étend pas à la politique étrangère, comme le démontre son refus pragmatique de reconnaître Taïwan et d’armer indirectement l’Ukraine via l’Allemagne. Cela montre qu’il soutient bel et bien la transition systémique globale vers une multipolarité complexe (« multiplexité ») et n’est pas favorable à un report indéfini de cette transition pour maintenir l’unipolarité des États-Unis, chose qu’essaye désespérément de faire l’hégémon en déclin ainsi que ses vassaux européens.
Dans le même temps, sa vision de la multipolarité n’est pas la même que celle de la Russie, alors que le président Poutine a expliqué en trois occasions clés l’an dernier, dans ce que l’on peut appeler globalement son Manifeste Révolutionnaire Global, dont les détails peuvent être trouvés dans les 3 liens précédents. Contrairement au dirigeant russe, dont le pays a été contraint par des circonstances hors de son champ de contrôle à se faire le dirigeant du mouvement multipolaire mondial, le dirigeant brésilien qui vient de reprendre le pouvoir veut de facto conserver un pied dans chacun des blocs.
Pour nommer ces deux blocs, il s’agit d’une part du Milliard Doré d’Occident, et d’autres part les BRICS, rattachés au Grand Sud, OSC en tête ; le Brésil est membre du second. Il est à noter que l’on peut s’attendre à voir ce second bloc rallié par d’autres organisations multipolaires, comme l’Union Africaine, l’ASEAN et la CELAC (Communauté d’États latino-américains et Caraïbes), même si cela se fait quelque peu attendre. L’Inde a perfectionné l’art de l’équilibrage entre les deux blocs, chose que le Brésil de Lula essaye de reproduire, même s’il s’y prend de manière nettement moins adroite, comme le démontre sa condamnation publique de l’opération spéciale menée par la Russie.
Pour preuve de ses intentions, il a critiqué aussi bien la Russie que la Chine à des degrés divers au cours du premier voyage à l’étranger de son troisième mandat, comme nous l’avons analysé plus haut au sein du présent article, et sera prochainement — le mois prochain — en visite aux États-Unis. Ces actions peuvent être interprétées comme une tentative d’équilibrage entre le Milliard Doré et le Grand Sud, même si des critiques peuvent les considérer comme des manifestations peu désirables d’inféodation auprès des États-Unis. En tous cas, il ne faut pas non plus oublier qu’il a fait entrer de nouveau le Brésil dans la CELAC durant le même voyage, chose très importante.
Il apparaît que Lula envisage que le bloc multipolaire devienne l’un des dirigeants conjoints du Grand Sud, chose raisonnable et relativement probable. Mais il ne semble pas s’attendre à ce que la CELAC mette sensiblement au défi les États-Unis, comme Maduro, son homologue vénézuélien, en a manifesté le désir ce mois-ci. Plutôt que cela, le dirigeant brésilien veut sans doute que la CELAC entretienne d’excellentes relations avec son voisin du Nord, quoique plus équilibrées et plus respectueuses (du moins en surface).
Cette évaluation se fonde sur la vision présumée qu’il entretient du Mercosur, étayée par ce qu’il vient de dire au sujet des accords commerciaux avec l’UE et la Chine. Lula envisage que le bloc d’intégration régionale conclue un accord avec un membre majeur du Milliard Doré pour lui donner ensuite la force de conclure un accord complémentaire avec un membre majeur du Grand Sud. Sa stratégie à l’égard du Mercosur va sans doute s’étoffer pour rejoindre sa vision d’une CELAC bien plus large dans la transition systémique globale vers la multiplexité.
Certains pourraient continuer à s’attendre à voir la grande stratégie multipolaire de Lula recevoir une opposition de la part des États-Unis, mais il est plausible de penser au contraire que l’hégémonie unipolaire en déclin pourrait en réalité soutenir cette stratégie. Les stratèges des États-Unis semblent avoir accepté tacitement que la transition sus-mentionnée est en cours et irréversible, comme le prouve leur reconnaissance de la montée de l’Inde au cours de l’année écoulée comme Grande Puissante significative au niveau mondial, un résultat direct du fait qu’ils ont échoué à contraindre Delhi à lâcher la Russie.
Il s’ensuit donc qu’ils pourraient également accepter tacitement la montée finale de la CELAC au rang des dirigeants de la transition systémique globale vers la multiplexité, mais avec pour objectif de contrôler de manière indirecte cette tendance irréversible afin de ralentir le déclin de l’hégémonie unipolaire des États-Unis. Tant que la CELAC adhère à la vision tacite de Lula consistant à prioriser les liens avec le Milliard Doré par rapport aux membres majeurs du Grand Sud comme la Chine et la Russie, par opposition à la vision révolutionnaire de Maduro, cela reste acceptable.
Pour développer ce point, tout comme Lula envisage de faire usage des accords du CELAC avec le Milliard Doré pour lui donner un avantage dans la conclusion d’accords avec le Grand Sud, les États-Unis pourraient également exploiter la priorité qu’il accorde à ce bloc, afin de permettre à leur « sphère d’influence » pour éviter de perdre le contrôle des tendances multipolaires. Comme le déclin de l’hégémonie unipolaire des États-Unis est désormais en marche et irréversible, et que les stratèges de ce pays l’ont désormais tacitement accepté, la politique la plus optimale est d’essayer de contrôler ce processus.
Avec cela en tête, le retour de Lula aux rênes du Brésil, et sa vision pour la CELAC sont des éléments idéaux pour faire progresser les grands objectifs stratégiques des États-Unis, d’où leur soutien entier pour lui en ce moment. Par le passé, les États-Unis le considéraient, ainsi que Dilma Rousseff, qui lui avait succédé, comme de « dangereux révolutionnaires unipolaires » suivant les lignes de Castro, Chavez et Maduro, et c’est pour cela que le voisin du Nord les avait destitués et avait essayé de les discréditer leur passage aux commandes du pays au travers de l’« Opération Car Wash », mais les États-Unis ont ensuite compris que cela rendait service à Lula, et ils le soutiennent désormais.
Ses critiques envers la Chine et la Russie, ainsi que sa vision pour le CELAC qui entre en contraste avec celle récemment articulée par Maduro, confirment qu’ils ont fait le bon choix en le soutenant par rapport à Bolsonaro, qui était trop « sauvage » à leur goût et dont le « populisme de droite » défiait leur libéro-globalisme au moins au sens socio-politique intérieur. En comparaison, Lula est aligné sur le plan intérieur sur les Démocrates étasuniens, plus prédictible, et mieux « apprivoisé », ce qui leur simplifie donc la tâche pour travailler avec lui.
Le seul « compromis » que les États-Unis ont à accepter et de traiter Lula, le Brésil, et l’Amérique latine toute entière avec un peu plus de respect qu’auparavant. Cela est cependant inévitable car les tendances multipolaires irréversibles ont limité les moyens que les États-Unis peuvent utiliser pour imposer leur hégémonie unipolaire sur l’hémisphère. Cela ne signifie pas qu’ils vont cesser leurs ingérences dans les affaires de l’hémisphère, mais simplement qu’ils vont essayer au moins superficiellement de les traiter (ou d’en traiter certains d’entre eux, comme Lula) un peu plus comme des égaux.
Ces grands calculs stratégiques apportent un contexte au soutien qu’apportent les États-Unis à Lula par rapport à Bolsonaro, chose qui reste inexplicable pour de nombreux observateurs qui n’ont pas compris la raison pour laquelle ils soutiennent leur ancien adversaire face à l’homme même que leur Guerre Hybride contre le Brésil avait contribué à porter au pouvoir. La réalité « politiquement incorrecte » est que Lula est désormais considéré par les États-Unis comme plus « gérable » que Bolsonaro, pour les raisons que nous avons vues, et surtout au vu de l’alignement idéologique sur le plan intérieur manifesté par le nouveau président avec les élites étasuniennes.
Si Lula était encore le « révolutionnaire multipolaire » que les États-Unis ont vu en lui au cours de ses deux mandats précédents, ils ne l’auraient pas soutenu et se seraient assurés d’une manière ou d’une autre qu’il ne sorte pas vainqueur de ces élections. Mais Lula n’est plus l’homme qu’il fut, ou celui qu’il fut considéré être, comme le prouve le fait qu’il pratique la grande stratégie opposée à celle dont il faisait usage, en priorisant désormais des accords avec le Milliard Doré dans le but d’en tirer profit vis-à-vis du Grand Sud, plutôt que travailler dans l’autre sens.
Ceci entre en contraste avec la vision de Maduro, qui pense que le Venezuela, la CELAC et le Grand Sud dans son ensemble devraient donner la priorité à des accords avec les pays multipolaires comme la Chine et la Russie, afin de d’en tirer parti pour ensuite conclure des accords complémentaires avec les membres du Milliard Doré, comme l’UE. De même, les États-Unis restent opposés au dirigeant vénézuélien (quoiqu’ils se soient récemment engagés pragmatiquement avec lui en raison de leurs intérêts énergétiques) tout en soutenant pleinement Lula.
Rien de tout ceci ne suggère que Lula soit contrôlé par les États-Unis, mais simplement que son emprisonnement passé a clairement changé l’homme. Il n’est plus le « révolutionnaire multipolaire » qu’il fut, ou pour lequel on put le prendre, y compris aux États-Unis, qui ont destitué celle qui lui a succédé, puis essayé de les discréditer tous deux sur la base de cette perception, mais il reste formellement engagé dans des politiques économiques intérieures de gauche visant à réduire la pauvreté, la cause qu’il a le plus défendu durant toute sa vie.
La nouvelle vision de Lula sur la multipolarité — qu’il a sans doute conçue durant son emprisonnement — le rend acceptable aux yeux des États-Unis, et les Démocrates au pouvoir adorent également son alignement idéologique avec eux, et surtout sa croisade contre l’opposition de droite. Pour ces raisons, ainsi que pour celles qui sont liées à la manière dont la transition systémique globale a limité la manière dont les États-Unis peuvent imposer leur hégémonie sur l’hémisphère, Lula est vu par les stratèges étasuniens comme le dirigeant latino-américain idéal.
C’est pour cette raison qu’ils ont soutenu son retour à la présidence avec enthousiasme, et célébré sa victoire sur Bolsonaro, car on s’attend à ce que Lula soit plus facile à gérer, surtout à présent qu’il n’est plus considéré comme une « révolutionnaires multipolaire dangereux », contrairement au statut revendiqué fièrement par Maduro. C’est là le véritable Lula, tel qu’il existe objectivement en 2023, et pas celui que ses soutiens passionnés continuent de projeter, et il faut accepter cet état de fait si l’on veut analyser son troisième mandat de manière fiable.
Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.
Traduit par José Martí pour le Saker Francophone
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Source : Lire l'article complet par Le Saker Francophone
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