En 1964, Hiroshi Teshigahara créait le film La femme des sables, une superbe fiction qui peut être regardée comme une allégorie de ce qui se trame avec le chemin Roxham au Québec. Ces images envoùtantes nous donnent à voir un être humain engloutit dans les sables du processus vital et qui est ainsi ramené à sa plus simple définition, soit celle de ses besoins biologiques primaires.
Ce film raconte en effet la dissolution de l’humanité d’un homme, piégé littéralement dans un trou de sable et dont l’existence consiste à creuser ce trou pour en déposer au cours de la nuit la ressource jugée essentielle par les habitants du village à proximité et qui viennent en prendre possession. Une femme y était déjà installée et son mari étant décédé, cet entomologiste passant par là en touriste, est conduit sournoisement dans ce trou par les villageois qui ont besoin de lui comme main-d’oeuvre. Bien qu’il soit déterminé à en sortir, au fil du temps, sa volonté s’étiole et après quelques tentatives de fuite, il se résout à ce mode d’existence animale.
La fin du film nous annonce que les autorités ont cessé les recherches pour le retrouver. Socialement, il est considéré comme mort pour ses frères humains de la ville. Jadis entomologiste, le processus vital a fait de lui un insecte à forme humaine, réduit à une force de travail, un être purement biologique soumis à ses besoins primaires.
L’âge d’or du cinéma japonais, qui est souvent situé dans la période entre 1950 à 1970, a fait connaître nombre de cinéastes dont les films portés pas des questions existentielles ouvrent le cinéphile aux dimensions philosophiques de la vie, de la mort et de l’image. Comme Bachelard, nous dirons que même une petite image ouvre à une grande question.
Tout cela pour dire, que le Québec n’en n’est-il pas là, dans son trou de sable, à vouloir produire par pelletées inlassables, de l’emploi pour de la croissance, de la croissance pour de plus en plus de rareté de biens et de services sociaux (même en période de plein emploi!). Ce trop gros château de sable que l’on voudrait à l’image de l’Ontario, fragilise nos institutions publiques, celles de l’éducation, de la santé et de la justice. Sans parler de son empreinte écologique sur nos écosystèmes.
Entre 1971 et aujourd’hui nous sommes passés de 6,137,000 à 8,695,000 habitants. Le Québec qui fut jadis une demeure vivable pour ses habitants, n’a plus à offrir à ses citoyens, outre de l’emploi, qu’un toit marchandisable, toujours mis en danger pas cette même croissance économique et démographique. Désire-t-on continuer en si bon chemin?
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