Claudio Mutti était, dans les années 1970, engagé dans la mouvance nationaliste-révolutionnaire italienne alors en pleine effervescence intellectuelle. Résolument évolien, il rédige un article qui tente de rattacher la pensée du Président Mao à l’influence traditionnelle du Tao. Thèse audacieuse mais qui n’est pas sans fondement à la lecture de cet article.
Pour Mutti, le Maoisme n’est pas né hors-sol, c’est le produit de la longue histoire de la pensée chinoise. On aurait tort de croire que l’œuvre théorique de Mao n’est qu’une relecture superficielle du marxisme pour l’adapter aux archaïsmes de la société chinoise. Au contraire, il propose une « voie chinoise » vers un communisme qui passe par l’intégration de la Tradition à la Révolution.
La théorie des contradictions est, selon l’intellectuel italien, une relecture de l’enseignement taoïste du Yin et du Yang , à l’aune de la volonté du « Grand Timonier » de faire entrer la Chine dans une révolution radicale: « C’est ce qui se produit avec tous les opposés ; dans certaines conditions ils sont opposés entre eux, dans d’autres ils sont réciproquement reliés : ils se complètent, ils sont perméables réciproquement, ils sont interdépendants ; c’est ce que nous appelons identité » (Mao, sur la contradiction).
Si on devait suivre Mutti, l’identification de Mao à la figure solaire des anciens empereurs, la «survalorisation« du volontarisme guerrier du maoïsme et l’affirmation de l’ancestrale puissance du sang dans la paysannerie chinoise classe cette expérience asiatique dans la catégorie des Bellatores chère à Evola. « Le maoïsme témoigne d’une reconnaissance pour les valeurs héroïques, précieuses, écrivit-il, et oppose au pacifisme une conception guerrière de la vie, avec sa spiritualité, ses valeurs et son éthique . Cette conception ne laisse pas de place à l’individualisme, mais prêche cette impersonnalité active qui, dans un climat libre de suggestions subjectives(?), donne lieu au sacrifice héroïque, qui par définition est désintéressé et même anonyme ».
Ce texte est certainement d’un enthousiasme qu’il faudrait fortement refroidir (modérer) à la lumière des dérives de la modernisation à marche forcée que Mao imposa avec le « Grand bond en avant » jusqu’au « communisme de marché ». Il est surtout l’expression de l’ébullition intellectuelle alors en cours, dans la jeunesse contestataire ( aussi bien gauchiste que « traditionaliste-révolutionnaire »). Jeunesse qui, dans ces années post 68 n’a pas eu peur de faire des synthèses explosives.
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