La petite Estonie est devenue l’un des principaux « sponsors » européens de l’Ukraine.
D’après l’Institut d’économie mondiale de Kiel, l’Estonie occupe la deuxième place en termes de soutien financier à l’Ukraine par rapport au PIB. C’est 13 fois plus que l’aide apportée par l’Allemagne. Et l’Estonie joue un rôle majeur dans la garantie de la cybersécurité du régime de Kiev.
Dans une interview au média européen Politico, Luukas Ilves, directeur des technologies de l’information de l’Estonie, a déclaré qu’il communiquait tous les jours avec ses collègues ukrainiens. Des spécialistes estoniens en cybersécurité aident notamment à empêcher des tentatives de pirater l’infrastructure ukrainienne critique (centrales électriques, satellites). L’Estonie est actuellement à la tête du programme de l’UE d’environ 11 millions d’euros pour fournir à l’Ukraine des services de confidentialité cybernétique et numérique.
C’est la Direction de sécurité de l’information (RIA) qui s’en occupe. Gert Auväärt, chef du département de cybersécurité et directeur adjoint de la RIA, affirme que l’Estonie était pendant une longue période une « base d’essai » pour des cyberattaques russes et utilise aujourd’hui son « expérience avec la Russie » pour aider l’Ukraine.
Tallinn ne cesse de renforcer ses efforts en la matière. En un an, la RIA a doublé ses effectifs et son budget, et la semaine dernière le président estonien Alar Karis a visité le siège de la direction, où il a tenu une conférence de presse sur les menaces dans le cyberespace. D’après le dirigeant estonien, 50% des dépenses du gouvernement pour le développement des technologies sont actuellement allouées à la cybersécurité. Et il est prévu d’augmenter ces dépenses à terme.
Politico écrit: « L’Estonie est devenue le centre de l’expérience avancée de cyberdéfense commune de l’alliance qui assure la formation cybernétique des membres de l’Otan et des alliés tels que l’Ukraine… L’Estonie est considérée comme un allié clé dans la lutte contre les cyberattaques russes. »
Tallinn entretient des contacts réguliers avec l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures des États-Unis (CISA) ayant des « relations solides à travers le monde », selon le conseiller exécutif du directeur à la cybersécurité Eric Goldstein.
De plus, comme l’a rapporté en novembre lors d’une conférence de presse le chancelier du ministère de la Défense Kusti Salm, l’Estonie a soutenu l’Ukraine en accordant 300 millions d’euros et compte poursuivre ce financement. Ce soutien, selon le responsable, peut être considéré comme l’un des plus importants au monde par rapport au PIB ou au budget militaire. Kusti Salm a ajouté que l’Estonie comptait élargir le programme de formation des militaires ukrainiens.
Les plus grands cyberexercices au monde Cyber Coalition ont été organisés fin novembre-début décembre avec la participation d’environ 1.000 militaires et civils de plus de 40 pays de l’Otan et de partenaires de l’Alliance.
Les exercices ont imité des cyberattaques contre l’infrastructure énergétique et les forces des alliés de l’Otan. Les manœuvres étaient dirigées par le centre de formation de cybersécurité de Tallinn CR14 auprès du ministère estonien de la Défense. Outre des spécialistes militaires, des représentants d’entreprises industrielles publiques et d’établissements scientifiques ont participé à ces exercices.
Le centre unifié de l’Otan en matière de cyberdéfense a été créé en Estonie en 2008. La raison formelle de sa création a été une demande de l’Estonie de l’aider à se protéger contre des « hackers russes ». Aujourd’hui, hormis l’Estonie, des représentants de la Lettonie, de la Lituanie, de l’Allemagne, de la France, du Royaume-Uni, de l’Espagne, des États-Unis, de la Belgique, de l’Italie, de la Grèce, des Pays-Bas, de la Pologne, de la Slovaquie, de la Turquie, de la Hongrie, de la République tchèque, de l’Autriche, de la Suède et de la Finlande participent au travail de ce centre.
En plus du centre otanien de cyberdéfense, l’Estonie abrite des structures du centre informatique de l’UE, et la milice civile Union de la défense possède une unité de cyberdéfense. L’Estonie a également mis en place à partir du 1er août 2018 des cyberforces (de 300 personnes).
Les cyberstructures créées par l’Otan dans les pays baltes sont destinées à attaquer des sites en Russie. L’Ukraine sert en quelque sorte de base d’entraînement.
Alexandre Lemoine
Adblock test (Why?)
Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca
Source: Lire l'article complet de Mondialisation.ca