par Rorik Dupuis Valder.
Il était une fois quelques camarades d’obédience et prédateurs associés, qui en un ultime abus d’autorité s’étaient amusés à investir les tribunes médiatiques du monde civilisé, incarnant la prophétie de santé publique alors qu’on déclarait sentencieusement la guerre, par l’hystérie et l’incompétence de leurs obligés administratifs, à une épidémie de rhume mutant — nouvel ennemi télévisuel de synthèse succédant à Daech et à l’antisémite heureux qui sommeille en chacun de nous, bientôt remplacé par le monstre nonchalant du « dérèglement climatique ».
Sous prétexte d’empêcher la transmission du virus de laboratoire par le postillon social, il avait suffi que ces terroristes en costumes et faussaires organisés imposent à des populations entières, au nom du puritanisme sanitaire et de la contraception citoyenne, l’assignation illimitée à résidence et le port du slip facial dans l’espace public, pour que tous s’exécutent illico sans autre forme de procès. Jawohl !
En une simple déclaration martiale et à l’heure du déploiement des armes bactériologiques, l’on était alors tenu d’accepter, sous le joug de l’absurde « protection collective », la fin de ses libertés fondamentales de circulation et de réunion, devant la régression vertigineuse de la seule protection — individuelle — qui vaille, celle de la dignité humaine ; le sujet volontairement masqué se révélant alors dans la pleine expression de sa faiblesse critique aux yeux de ses maîtres esclavagistes.
Ainsi, à la guerre des mensonges d’État menée par des communicants en perte d’inspiration, l’on était « confiné » plutôt que séquestré ou assujetti, et « protégé » plutôt que bâillonné ou isolé de force, dans des sociétés de patients potentiellement criminels, mis au pas par l’institution mondialiste et victimes de l’onde de choc autoritariste qui imprime au banc de poissons ses mouvements mystérieusement synchrones.
Par la magie réticulaire du média et le mimétisme viral de la peur, ou concrètement par les lois d’exception et la flicaille zélée, l’on découvrait alors un monde fait de citoyens, d’hommes, de femmes, d’enfants, de clodos et de stars portant consciencieusement le slip facial, en un principe totalitaire — ou diaboliquement égalitaire — aussi morbide qu’épatant. Si toutefois l’on admet, avec un peu de courage métaphysique, que les gens soient fondamentalement victimes de la crainte du danger plutôt que du danger lui-même, toujours relatif. Ceux qui ont vécu la guerre ou la famine le savent bien. Mais dans ce cas précis, la connaissance de l’Histoire et l’analyse des statistiques réelles suffisaient.
Certains, les plus sensés ou les moins atteints sans doute, osaient tout de même émettre quelques réserves et interrogations quant à la pertinence objective du port obligatoire du slip facial, allant parfois jusqu’à douter publiquement de l’utilité de telles pratiques sado-masochistes — notamment sur les mineurs — et devant par la suite s’en expliquer au tribunal. La Justice jugeait les justes.
Cédant au libertarisme des origines, ceux-là se demandaient comment ils allaient pouvoir respirer convenablement, comment ils allaient pouvoir séduire avec une moitié de visage, comment ils allaient pouvoir comprendre et être compris, comment ils allaient pouvoir lire les sourires, embrasser, chanter, cracher à la gueule de leurs maîtres, enfin vivre, quoi.
D’autres, au contraire, arboraient fièrement leur slip facial et ne manquaient jamais de fusiller du regard ou de meuglements rendus sourds par le tissu les rares personnes au visage entier croisées ici et là en société, les accusant systématiquement de négligence hygiénique grave, d’irresponsabilité meurtrière ou d’égoïsme pathologique, encouragés par leur bonne conscience artificielle et délatrice.
Les réponses variaient sensiblement selon l’humeur, la détermination ou la culture de l’homme libre mis en cause, ce dernier se défendant avec la créativité injurieuse qu’exige un tel spectacle de servilité ordinaire : « Fous le camp, espèce d’étudiant en communication », « Je te plains, vieux scaphopode », « Écrase, gros protostome », « Ravale tes clauses, face de conseiller bancaire », « Va te faire masser, bougre d’assureur à gourmette », ou plus sobrement « Tu t’es vu ? ». Au mieux, une gifle fraternelle naissait spontanément pour dénuder la gueule de l’esclave consentant, mais la majeure partie du temps les gens parvenaient, étonnamment, à se tenir.
Les conscrits du protectionnisme absolu s’étaient même appliqués à faire de leur slip facial un accessoire optimiste de mode, s’empressant de le personnaliser avec plus ou moins de goût par toutes sortes de motifs assortis à la tenue — fleurs, paillettes ou camaïeux masculins — et autres inscriptions politiques : « I love Brazzaville », « Kill your mother-in-law », « No pasarán », « Plomberie Dumas », et cætera.
Dans ce contexte carnavalesque des plus sinistres, il y avait bien quelques âmes radicales, de paix et d’amour, que la peur et l’idéologie n’avaient jamais atteintes, pour veiller humblement sur l’humanité. Elles résistaient comme elles le pouvaient, tranquillement, d’une dignité sauvage, par la pensée, l’esprit et la musique, à cette énième agression oligarchique. En attendant que la bande de dégénérés à la manœuvre soit maîtrisée. Décapitée par les moins tranquilles d’entre eux.
De quoi avoir peur ? Pourquoi avoir peur ? Sinon pour combler en soi une inaptitude irrésolue à la confiance ? Est-ce votre enfance champêtre, le rationalisme lyrique des forêts et l’éducation au choix, loin des vraies légendes urbaines et des petites convenances sociales, qui spontanément vous feraient plus craindre le coup de vent, tueur d’hommes et ravageur de cultures, que ces misérables jeux religieux, si lassants, de domination-soumission et de sanction-récompense ?
Nos braves citadins, qu’on ne parvenait plus à contenir avec les fables démocratiques, ni à divertir avec les gadgets d’un progrès dévoyé, étaient désormais gouvernés par le média d’autorité. Contredire le média d’autorité, au profit même de la vérité, revenait à se rendre coupable de négationnisme indépendantiste. Le simple bon sens était systématiquement politisé, et condamné. En un glissement sémantique accéléré par la paresse journalistique de rigueur, ces quelques esprits autonomes qui échappaient au nouveau dogme hygiéniste étaient péniblement taxés de « séparatisme », avec tout ce que le principe même de libre-arbitre comporte de menaces publiques dans la logique malhonnête du nominalisme médiatique.
Corses, Basques, Bretons… Et si le localisme militant était précisément une alternative viable au totalitarisme unitaire ? Et si dans une société malade, le séparatisme revendiqué ne tenait en fait qu’à la politique défaillante des fédérateurs autant qu’à l’action criminelle des diviseurs aux commandes ? Ce séparatisme de légitime défense que craint tant l’État policier n’est-il pas seulement une forme d’affranchissement social désespéré, la désolidarisation radicale et nécessaire d’un système jugé foncièrement injuste et excluant ?
En riposte aux devoirs nouveaux fixés par l’autorité abusive, il nous revenait donc de faire valoir, avec la même intransigeance, les droits nouveaux de l’homme abusé : droit à la non-information en période de guerre des données, droit à l’anonymat et à l’itinérance dans un monde de l’omnisurveillance, droit à la marginalité devant l’insidieux consensus, droit à l’humilité à l’époque des prides, droit à la reconnaissance physique dans l’ultra-virtualisation des mœurs, droit à l’action contre le devoir de figuration, droit à la création contre le devoir d’imitation, etc.
Compte tenu de l’inquiétante proportion de délinquants, d’arriérés et de psychopathes avérés au pouvoir pour décider du sort des peuples, il semblait en effet de bon aloi de se réclamer du séparatisme le plus actif pour la survie de l’espèce, s’agissant là historiquement de réussir l’union de tous les indépendantistes volontaires contre l’oppresseur globaliste… Askatasuna !
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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