par Alioune Ndiaye.
Le sommet 2023 du G20 va se pencher sur la question du statut de membre permanent à l’Afrique qui est la 8ème puissance économique mondiale par son PIB.
La 17ème édition du sommet du G20 qui s’est tenue à Bali (Indonésie) les 15 et 16 novembre s’est terminée par une note d’espoir pour l’Afrique. Cette structure qui regroupe les 19 économies les plus performantes du monde et l’Union européenne a décidé d’examiner, lors de la session 2023, en Inde, l’adhésion de l’Union africaine (UA) en qualité de membre permanent.
Le président sénégalais Macky Sall qui a participé au sommet de Bali, en qualité d’invité – comme c’est le cas à chaque édition pour le président en exercice de l’UA – en a fait l’annonce au lendemain de la rencontre du G20.
« L’Afrique est la 8ème puissance économique par son PIB, possède plus de 60% des terres arables avec une population estimée à près de 2.5 milliards d’ici 2050 », avait argumenté Sall lors de son plaidoyer à la tribune du G20.
Continent des extrêmes avec à la fois d’importantes potentialités naturelles et un retard criard d’industrialisation et de grandes vulnérabilités sécuritaire et alimentaire, son entrée dans le cercle du G20 augure de perspectives heureuses, croient savoir des experts contactés par Anadolu.
« L’Afrique sera désormais à la table des négociations et pourra ainsi participer en amont à l’élaboration de l’agenda du Groupe. Elle aura la possibilité d’exercer une plus grande influence sur le contenu de cet agenda », a dégagé Demba Moussa Dembélé, président de « l’Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène » (Arcade).
« Cette entrée pourrait ouvrir la porte à une meilleure représentation des pays du Sud dans les instances mondiales ; ce qui leur permettrait ainsi d’avoir une plus grande influence dans l’orientation des politiques internationales », a poursuivi Dembelé, assurant que cette adhésion est une occasion pour l’Afrique d’être son propre porte-parole pour exposer et défendre ses préoccupations.
« L’Afrique sera en meilleure position pour essayer d’infléchir les politiques de certains membres du G20 à son égard », a-t-il posé en illustration.
Même si cette entrée probable s’avère, à elle seule, insuffisante pour permettre à l’Afrique d’avoir « tout de suite un poids très important » dans la gouvernance mondiale, elle est un pas de plus dans cette voie, a opiné Gilles Yabi, fondateur du Think Tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest (Wathi), notant que le fait d’y adhérer est un pas significatif.
« Pour peser sur la gouvernance mondiale, il faut être présent dans les instances, les lieux et les moments de discussion de cette gouvernance mondiale et des questions les plus importantes sur le plan économique, sur le plan stratégique, sur le plan géopolitique », a-t-il dit expliqué.
« Cela va dans le sens d’une implication de plus en plus importante du continent africain dans les instances les plus importantes et les plus influentes au niveau de la gouvernance mondiale », a relevé Yabi dont l’organisation est une plateforme de production et de dissémination de connaissances et de propositions sur les questions cruciales interpellant le continent.
Évidemment qu’il ne sera pas question pour l’UA de juste se satisfaire de cette probable adhésion à venir. Le cas échéant, harmoniser ses positions en interne et développer des stratégies pour défendre ses intérêts devront être les maîtres-mots.
« L’admission de l’Afrique au G20 pourrait aider à une meilleure prise de conscience des réalités du continent par les autres membres du G20. Ainsi, l’Afrique pourrait-elle avoir une oreille plus attentive à ses problèmes et défis », a défini Dembélé, y entrevoyant une meilleure prise en compte des inégalités dans le monde et des défis auxquels est confronté la planète.
« Il faut aussi être préparé à avoir des points précis à défendre lorsqu’on participe à ce type de discussion. Il ne s’agit pas simplement d’être à la table mais il faut y venir avec des dossiers qui sont préparés avec aussi une stratégie pour défendre ses positions », a souligné le fondateur de Wathi.
Il a ainsi assuré que l’UA doit ainsi continuer à travailler en interne sur ses capacités à définir les intérêts les plus stratégiques du continent pour mieux les défendre.
« Il faut reconnaître que l’UA fait des progrès, elle essaie d’unifier les positions des 54 pays africains sur les questions importantes et je pense qu’en entrant dans le G20 cela va pousser davantage l’UA à rechercher ces consensus sur les questions les plus stratégiques », a-t-il fait prévaloir.
« C’est ça qui est le plus important. Ça va être vrai pour le G20 mais aussi pour toutes les autres instances internationales où l’Afrique essaie de défendre ses positions et de demander un rééquilibrage dans la gouvernance mondiale », a aussi relevé Yabi.
Dembélé voit même plus loin à travers cette intégration de l’UA qui permettrait au continent africain d’être le porte-voix de tous les pays pauvres du monde. « L’Afrique pourrait être un meilleur défenseur des préoccupations du Sud Global, notamment des pays dits les plus pauvres », a-t-il insisté.
L’économiste s’est, dans la dynamique, projeté plus loin dans ce qui serait le parachèvement du processus de reconnaissance de l’Afrique sur la sphère internationale à savoir un statut de membre permanent au conseil de sécurité des nations unies.
« Le jour où l’Afrique obtiendra gain de cause sur cette revendication fondamentale, ce serait un développement géopolitique majeur qui donnera au continent africain un poids décisif sur l’échiquier international et lui fera jouer un rôle de premier plan dans les affaires mondiales », a-t-il dégagé, concédant toutefois que ceci « n’est pas pour demain ».
Le processus de refonte de la gouvernance mondiale que l’Afrique et d’autres parties du monde appellent de vive voix suit son cours … lentement mais sûrement. Une place de l’UA au sein du G20 : un jalon qui vaut son pesant d’or.
source : Agence Anadolu
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