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par Philippe Rosenthal.
Le groupe de réflexion de la Rand Corporation, qui compte 1850 employés et un budget de 350 millions de dollars, a pour objectif officiel « d’améliorer les politiques et la prise de décision par la recherche et l’analyse ». Il est principalement lié au département américain de la Défense [Pentagone] et est célèbre pour avoir été influent dans le développement de stratégies militaires et autres pendant la guerre froide. La Rand Corporation a dénoncé les accusations d’avoir organisé la destruction de l’Allemagne.
Faux rapport de la Rand Corporation sur « l’affaiblissement de l’Allemagne » ? La Rand Corporation a publié un communiqué de presse niant que le rapport provienne d’eux. Aucun commentaire n’a été effectué sur les parties du rapport qui sont fausses ou exactes. La Rand Corporation a seulement décidé de se limiter en spécifiant que le contenu est « bizarre » et que le document est « faux » : « Un rapport de la Rand [Corporation] prétendument divulgué sur une étrange conspiration américaine visant à »affaiblir l’Allemagne » est faux ».
Le média suédois, Nya Dagbladet, qui est à l’origine de ce communiqué de presse de la Rand Corporation, a affirmé que le document de la Rand Corporation avait fuité et a, cependant, réalisé un premier article sur ce dossier sans craindre de devoir affronter des plaintes des autorités américaines.
Le Nya Dagbladet a publié un compte rendu détaillé sur la stratégie des États-Unis pour utiliser la crise énergétique en Europe. Tout vient, donc, d’un document signé de la Rand Corporation ayant pour titre « Affaiblissement de l’Allemagne, renforcement des États-Unis ». Le document publié par Nya Dagbladet suggère qu’il existe un « besoin urgent » d’un afflux de ressources extérieures pour maintenir l’ensemble de l’économie américaine, mais « surtout le système bancaire ». « Seuls les pays européens liés par les engagements de l’UE et de l’OTAN peuvent nous les fournir sans coûts militaires et politiques importants pour nous ».
Le quotidien suédois, sous la plume de Markus Andersson et de Isac Boman, affirme que, selon la Rand Corporation, le principal obstacle à cette ambition est l’indépendance croissante de l’Allemagne. Le document martèle que le Brexit a donné à l’Allemagne une plus grande indépendance et a rendu plus difficile aux États-Unis sa capacité d’influencer les décisions des gouvernements européens. Un objectif clé, qui imprègne cette stratégie cynique, est, en particulier, la destruction de la coopération entre l’Allemagne et la Russie, ainsi que la coopération entre l’Allemagne et la France qui est considérée comme la plus grande menace économique et politique pour les États-Unis. « Si la coopération France-Allemagne-Russie est mise en œuvre, ce scénario finira par faire de l’Europe non seulement un concurrent économique, mais aussi politique des États-Unis », déclare le document.
Un seul moyen : « Attirer les deux camps dans la guerre contre l’Ukraine ». Afin d’écraser cette menace politique, un plan stratégique, principalement axé sur la destruction de l’économie allemande, est présenté. « L’arrêt des livraisons russes pourrait créer une crise systématique qui serait dévastatrice pour l’économie allemande et indirectement pour l’Union européenne dans son ensemble », affirme le document, estimant que la clé est d’entraîner les pays européens dans la guerre : « Le seul moyen possible de s’assurer que l’Allemagne rejette les approvisionnements énergétiques russes est d’entraîner les deux parties dans le conflit militaire en Ukraine. Nos actions continues dans ce pays conduiront inévitablement à une réponse militaire de la Russie. La Russie ne va clairement pas abandonner la pression massive de l’armée ukrainienne sur la République populaire de Donetsk sans une réponse militaire. Cela permettrait de présenter la Russie comme la partie agressive, puis de mettre en œuvre l’ensemble du paquet de sanctions, qui a déjà été élaboré ».
Les partis [écologistes] forceront l’Allemagne à « tomber dans le piège ». Les partis [écologistes] en Europe sont décrits comme étant particulièrement faciles à être manipulés par les États-Unis. « La condition préalable pour que l’Allemagne tombe dans ce piège est le rôle dominant des partis [écologistes] et des idéologies européennes. Le mouvement écologiste allemand est un mouvement hautement dogmatique, voire fanatique, ce qui permet assez facilement de les amener à ignorer les arguments économiques », rapporte le document – qualifié de faux par la Rand Corporation –, citant – comme exemples de ce type de [responsables] politiques – l’actuelle ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, et le vice-chancelier et ministre fédéral de l’Économie et du Climat, Robert Habeck. Pour les stratèges US, les caractéristiques personnelles et le manque de professionnalisme permettent de supposer qu’il leur est impossible de reconnaître leurs propres erreurs à temps. Il suffirait donc de former rapidement une image médiatique de la guerre d’agression de Poutine – et de faire des écologistes d’ardents et tenaces partisans des sanctions – un « parti de la guerre ». Cela permettra d’« imposer les sanctions sans aucun obstacle ».
[Annalena] Baerbock est, entre autres, bien connue pour avoir déclaré qu’elle poursuivra la suspension du gaz russe même pendant l’hiver – indépendamment de ce que ses électeurs pensent de la question et des conséquences pour la population allemande. « Nous serons aux côtés de l’Ukraine et cela signifie que les sanctions seront maintenues en hiver, même si cela sera très difficile pour les politiciens », a-t-elle déclaré récemment lors d’une conférence à Prague.
« Idéalement – Un arrêt complet des approvisionnements ». Les auteurs (du document) tablent sur l’espoir que les dégâts entre l’Allemagne et la Russie seront si importants qu’il sera impossible pour les pays de rétablir ultérieurement des relations normales : « Une réduction des approvisionnements énergétiques russes – idéalement, un arrêt complet de ces approvisionnements – conduirait à des résultats désastreux pour l’industrie allemande. La nécessité de détourner des quantités importantes de gaz russe pour le chauffage en hiver aggravera encore les pénuries. Les confinements dans les entreprises industrielles entraîneraient des pénuries de composants et de pièces détachées pour la fabrication, une rupture des chaînes logistiques et, à terme, un effet domino ».
En fin de compte, un effondrement total de l’économie en Europe est considéré, à la fois, comme probable et souhaitable selon le document qui a fuité. « Non seulement cela portera un coup dévastateur à l’économie allemande, mais toute l’économie de l’ensemble de l’UE s’effondrera inévitablement ».
Le document souligne, en outre, que les avantages logistiques et la sortie de capitaux de l’Europe signifieraient qu’elles pourraient contribuer à l’économie des États-Unis d’environ 7000 à 9000 milliards de dollars et que de nombreux jeunes Européens bien éduqués vont ainsi être contraints d’immigrer aux États-Unis.
Cerise sur le gâteau, le quotidien suédois continue d’accuser la Rand Corporation par d’autres articles. Le Nya Dagbladet a dévoilé que Carl Bildt, l’ancien Premier ministre suédois, déclare le document comme « falsifié », « tout en étant conseiller de l’organisation ». Il est lui-même cité dans un communiqué de presse de la Rand Corporation le présentant en tant que membre du conseil d’administration.
Au lieu de s’arrêter, Nya Dagbladet a publié un autre article citant « les responsables américains à qui le document [de la Rand Corporation] a été adressé » : Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, le chef de cabinet de la Maison Blanche Ron Klain, le directeur de la CIA William Burns, le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan et le directeur de la NSA Paul Nakasone.
Alors faux ou vrai document ? Est-ce que les États-Unis visent à la destruction de l’Europe, de la France, de l’Allemagne en ayant provoqué un conflit en Ukraine pour actionner un affrontement des pays européens contre la Russie ? Le Nya Dagbladet n’a, en tout cas, toujours pas retiré ses articles accusant la Rand Coporation et son rapport.
source : Observateur Continental
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