L’Europe a-t-elle trouvé son Evita ?
27 septembre 2022 (13H00) – « Georgia On my Mind », c’est le titre qu’Alex Christoforou donne en première place à sa vidéo ‘Update 1’ du 26 septembre. Bien sûr, il parlait de Georgia Meloni, la triomphatrice des élections italiennes. “La” Meloni est-elle l’étincelle qui mettra le feu purificateur et exterminateur au “ventre fécond de la Bête” que constitue la bureaucratie totalitaire de l’Union Européenne ?
Il y a un mélange d’élan intuitif et d’appréciation rationnelle (d’une raison libérée de ses chaînes de “la raison-subvertie”) dans ce qu’on éprouve vis-à-vis d’elle, maintenant que la vérité-de-situation a sanctionné dans la réalité ce que promettaient les calculs des statisticiens. C’est au premier que je cède d’abord, puisque c’est cet “élan intuitif” qui m’a frappé le plus fortement, à partir de rien, ne m’étant en rien intéressé à l’évolution de la situation italienne précédant l’élection. Même l’habituelle (depuis plusieurs années) antienne sur le populisme repris à son propos m’avait laissé indifférent.
Donc et d’abord, j’ai attendu, tout au long de ce lundi, à peine curieux. Puis j’ai vu et entendu mes nouveaux amis que je cite souvent ces jours-ci, Christoforou puis en duo Christoforou-Mercouris. Pour le premier ce fut effectivement « Georgia On my Mind », une des prières les plus sensibles de Ray Charles et une ode à la terre natale ; pour le second, ce fut une déferlante enthousiaste de conseils extrêmement préoccupés pour une action résolue que doit mener cette femme.
J’ai vu et lu, c’est-à-dire ressenti comme une sorte de courant électrique, une sorte d’enthousiasme affleurant ici et là. J’ai entendu aussi, – leur vigilante présence de cloportes me rassure a contrario : nous sommes dans du sérieux, – la méfiance délatrice habituelle des compulsifs, des incontinents, des crétins en un mot (“Mussolini ! Mussolini !”) … “Laissons pisser les moutons…”, me suis-je dit, en demandant à ces nobles bêtes de m’excuser pour l’audace de l’image et la dégradation qu’elle leur faisait subir.
Puis je l’ai entendue ! Dans un court extrait que tout le monde a dû écouter, je suppose (on trouve la vidéo dans ce texte). Voyez-vous, m’importe moins ce qu’elle dit ; les mots sont simples, on les comprend parce qu’un français est si proche du chant superbe de la langue italienne, et l’on sait que tout ce qu’elle dit va à l’essentiel. M’importe plus, en cet instant ce que disait le son de cette voix, l’éclat de ces mots dits par cette voix, l’envol, la fermeté, la puissance jamais criarde, et si superbement mise en valeur par le chant de la langue… Ainsi, me suis-je dit, cette femme est habitée ! Habitée ! Et ainsi ai-je, aussitôt, pensé à cette autre femme habitée, à Evita Peron. Ce sont des voix et des âmes qui parlent aux peuples qui les acclament, au nom des peuples qui les acclament, sans les trahir, sans les éloigner, sans les séduire par des promesses fallacieuses, simplement étant une des leurs choisie par le destin de l’au-dessus pour être leur voix. C’est cela “être habité”, et je me suis dit que l’Italie, ou peut-être même l’Europe, avait son Evita Peron… Certain(e)s ont donc dû éclater de haine et de fureur.
« Et après sa victoire, lors de son discours de victoire, elle a terrifié les globalistes de l'UE et des États-Unis.
» Voici quelques extraits de son discours :
» “Notre vision du monde est à l'opposé de celle qu'ils voudraient nous imposer…
» …“Notre principal ennemi aujourd'hui est la dérive globaliste de ceux qui considèrent l'identité et toutes ses formes comme un mal à vaincre, qui exigent sans cesse de déplacer le pouvoir réel des peuples vers des entités supranationales dirigées par des élites prétendument éclairées.
» “Soyons clairs dans notre esprit, car nous n'avons pas combattu et vaincu le communisme pour le remplacer par un nouveau régime international, mais pour permettre à des États-nations indépendants de défendre à nouveau la liberté, l'identité et la souveraineté de leurs peuples…
» “En tant qu'alternative sérieuse au super État bureaucratique… et bien que ce quelqu'un à Bruxelles ou à Francfort, à Davos ou à la City de Londres, n'ait pas de légitimité démocratique, il commande chaque jour les choix économiques et les décisions politiques de ceux qui ont investi dans cette légitimité par leur vote populaire.
» “Cela signifie que, n'en déplaise aux faux démocrates, les conservateurs nationaux sous toutes les latitudes sont en fait les seuls vrais démocrates. Car ce n'est qu'en défendant les États-nations, que nous défendons la souveraineté politique qui appartient aux citoyens de cet Etat…”
Je n'ai jamais entendu un homme politique expliquer aussi parfaitement ce à quoi nous sommes confrontés et pourquoi nous nous battons… »
Cela dit, rien n’est dit bien entendu, et ce n’est pas le destin de l’Argentine d’Evita qui me contredira. Georgia nous a clamés en étant élue une vérité-de-situation ; il reste à Meloni d’affronter la grande bataille. C’est là que Mercouris est complètement irremplaçable, pour mon compte et pour le temps qui va, certainement. Dans son anglais absolument impeccable jusqu’à être sophistiqué, avec ses mimiques expressives et ses gestes parfois précieux, il montra surtout en parlant d’elle une précision jubilatoire et des conseils à la fois très documentés et extrêmes. Il apparut ainsi comme un révolutionnaire sortant d’un club très “british”, – quoiqu’en tenue un peu dépenaillée et avec un rhume carabiné.
Mercouris est ravi de l’allant habitée de Georgia mais il craint l’inexpérience du pouvoir politique de Meloni. Il apparaît clairement qu’elle veut appliquer un programme qui déplaira souverainement (en toute souveraineté) à l’UE et à Ursula von der Leyen. (Christoforou l’appelle “Ursula” ou simplement “Leyen”, ce qui donne avec son accent “La Hyène” : on ne peut mieux dire.) C’est-à-dire que son combat se fera contre le monstre de Bruxelles et qu’il faut qu’elle en connaisse les termes.
« … [La seconde chose qu’elle doit réaliser] est que l’UE est un monstre insatiable, inapaisable. Il vous veut complètement de son côté ; si vous déviez même d’une toute petite chose, alors il s’abattra sur vous de toutes ses forces… Si Meloni comprend cela… […]
» Pour l’UE, c’est tout ou rien et si vous n’êtes pas pour eux à 100%, même de 1 ou 2% qu’importe, ils seront contre vous à 100% et ils ne s’arrêteront pas avant que vous ne soyez écrasé, et écrasé d’une telle façon que vous ne puissiez vous relever… Et je ne sais pas si Meloni, qui est très inexpérimentée en politique, a conscience de cela… »
Pour cette raison de l’expérience en politique, Mercouris (c’est lui qui parle) conseille à Meloni de s’appuyer sur Berlusconi qui mène l’une des trois branches de sa coalition. Ce vieillard sémillant, increvable, hyper-lifté, s’affichant corrompu en l’étant psychologiquement beaucoup moins que le standard lugubre du poulailler-Système, dispose d’une prodigieuse expérience politicienne et internationale. Il a gardé des liens solides avec Poutine et Meloni aura besoin de bons rapports avec Poutine, malgré son penchant atlantiste marqué et son engagement derrière Zelenski… Mais tout cela disparaîtra dans les nécessités de l’affrontement gigantesque qui se prépare et s’affute déjà, qui sera la Grèce-2015 aux stéroïdes, multiplié par 10 ou par 100, parce que l’Italie est un des piliers de l’UE depuis les origines.
Ce que Christoforou-Mercouris conseillent à Georgia et à Meloni, c’est dès aujourd’hui de commencer à préparer son “Plan-B”, avec toutes les mesures “d’urgence” qui soient prêtes à l’avance (une maîtrise de son secteur bancaire pour l’écarter des consignes de l’UE, la possibilité de lancer une monnaie alternative à l’Euro, et la possibilité très sérieuse d’un ‘Italexit’ après avoir établi des relations acceptables avec Poutine, des relations à-la-Orban, et rétabli une alimentation normale en énergie)… Bref, tout ce que n’a pas fait Tsipras face à “La Secte” que décrit si bien Mercouris, jusqu’à ne pas comprendre que la crise de son pays était un détonateur pour l’emballement de la GrandeCrise que tout dans notre esprit de résistance appelle… La même chose se profile pour Meloni, et sans doute cela viendra-t-il très-très-vite comme nous l’a promis “La Hyène”.
Quoi qu’il en soit, nous avons eu et nous avons Georgia, et “La Secte” n’y pourra rien…
Je veux dire par là qu’une fois de plus apparaît ce fait sublime et apocalyptique que plus le Système avance dans sa monstrueuse folie, plus se lèvent les résistances qui parviennent à s’affirmer jusqu’à miner les certitudes du monstre et à susciter des cris d’effroi chez “La Hyène”. Ce n’est pas ici une question d’engagement politique, de droite ou de gauche, d’atlantisme ou de pseudo-poutinisme, toutes ces choses de circonstance en face du grand ébranlement, mais une question eschatologique qui s’abîme en une catastrophe et une apocalypse. C’est dire qu’il ne faut pas attendre nécessairement une trajectoire victorieuse de Georgia, non plus qu’écarter une avancée soudaine et extraordinaire de “la” Meloni… Bref, ce qui compte pour l’instant, et je crois qu’on me comprendra bien, ce n’est pas l’issue de la bataille, mais bien que l’affrontement se poursuive en une nouvelle bataille et s’enflamme à nouveau, rebondisse sur un nouvel obstacle, encore et encore…
L’Italie, avec Georgia Meloni, fait partie d’un tout, d’une gigantesque bataille dont l’enjeu nous dépasse évidemment, dont la course est assurée puisqu’il apparaît complètement évident que, désormais, jouer à plein la devise programmatique et mathématique du Système, – surpuissance = autodestruction. Ainsi la surpuissance du Système est assurée d’être encore plus puissamment déchaînée contre Georgia Meloni, et par conséquent son processus d’autodestruction qu’elle-même (Georgia) s’apprête à pousser encore en une accélération supplémentaire… D’ailleurs elle ne se gêne pas pour le dire, comme il faut la comprendre, à la fin d’un discours figurant sur une autre vidéo qui a beaucoup circulé ces dernières heures, – l’instant où elle dit, après avoir cité Chesterton :
« Ce temps [maudit] est arrivé. Nous sommes prêts [à résister]. Merci. »
Le Système étant évidemment une machination du Diable, un complot si vous voulez, – ah ah ah, le Diable et son complotisme ! – chaque jour est confirmée la justesse extrême de la remarque de René Guénon, qu’il nous est arrivé et qu’il m’arrive souvent d’utiliser pour conclure un texte sur une envolée décisive, à laquelle rien ni personne ne peut vraiment résister :
« L’on dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s’empêcher de laisser échapper toujours quelque [bêtise], qui est comme sa signature… »
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