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Scène 1 : Strasbourg
Borrell, chef de la diplomatie européenne, prend la parole lors de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg. Les sites Web du gouvernement ukrainien sont chargés de donner au message une envergure mondiale.
« Lorsque l’Ukraine a lancé une contre-offensive, elle a été beaucoup plus efficace que prévu. La stratégie que nous avons choisie dès le départ est la bonne et nous devons la suivre. Ce n’est pas le moment de se détendre. Nous devons dominer à partir de maintenant ».
Scène 2 : Russie
Ziouganov. Les restes de la petite bureaucratie stalinienne veulent une guerre totale.
La presse américaine et européenne a quant à elle célébré que le retrait de l’armée russe de la région de Kharkov (quelque 3000 km²) générait la première protestation sérieuse au sein de la classe dirigeante russe depuis des années. Le problème, qui a été laissé pour le corps du texte, c’est que ceux qui ont levé la tête au-delà de Telegram étaient les plus bellicistes, pour qui la mobilisation militaire du gouvernement est insuffisante.
Zyuganov, le dirigeant de longue date du soi-disant Parti communiste de la Fédération de Russie, un parti poutiniste ultranationaliste qui recueille les voix de la petite bourgeoisie et des retraités des petites capitales provinciales, a articulé le message au sein de l’appareil politique du régime.
« En quoi une opération militaire spéciale est-elle différente d’une guerre ? Vous pouvez arrêter une opération militaire à tout moment. Vous ne pouvez pas arrêter une guerre, elle se termine par une victoire ou une défaite. Nous n’avons pas le droit de le faire. Maintenant, ne paniquez pas. Nous avons besoin d’une mobilisation complète du pays, nous avons besoin de lois complètement différentes ».
Traduction : loi martiale, conscription forcée et mobilisation totale de la société pour la guerre.
Scène 3 : La « main invisible » dans le Caucase et l’Asie centrale
Les combats à la frontière du Haut-Karabakh reprennent. La Russie court au secours de l’Arménie et ils s’entendent sur des mesures communes pour « stabiliser la frontière ». Les USA demandent à Moscou de s’impliquer. En d’autres termes : envoyer plus de troupes.
L’Organisation du traité de sécurité collective, qui, comme nous l’avons vu au Kazakhstan, fonctionne comme une mutuelle pour la répression des régimes de la région, a accepté d’envoyer des troupes pour soulager la Russie.
Mais comme si une main invisible avait prévu d’exploiter jusqu’au dernier conflit frontalier entre les membres de l’OTSC eux-mêmes, cette nuit même les tirs de mortier entre le Tadjikistan et le Kirghizistan ont commencé. Et comme au Haut-Karabakh, cela ne semble pas s’atténuer au fil des heures.
Pendant ce temps, en Géorgie, la pression de la main invisible sur le gouvernement à travers les partis d’opposition et les commentateurs des médias pour ouvrir un nouveau front de guerre contre la Russie est telle que le parti dirigeant a fini par proposer de mettre l’ouverture des hostilités.
L’hiver arrive
En Allemagne, les classes dirigeantes sont de plus en plus conscientes qu’elles perdent leur place dans le jeu impérialiste mondial. Mais, poussés par les États-Unis et avec les Verts tirant parti du gouvernement pour briser la réticence de Scholz , ils ont adopté « plus de guerre » comme mantra quotidien.
La mobilisation totale de l’industrie des médias pour l’abattage est un fait. La presse allemande s’interroge sur les vertus de la contre-offensive ukrainienne tout en réduisant et associant nazis, antisociaux et cinglés à la peur des effets de la crise énergétique et au rejet de la guerre.
« Ce n’est pas différent pratiquement partout dans l’UE. Les bourgeoisies européennes sont engagées dans la guerre. Lorsque l’Ukraine a reculé, on nous a dit qu’il était trop tôt pour négocier quoi que ce soit. Quand l’Ukraine avance, on nous dit que la seule paix possible viendra d’une victoire totale sur la Russie et qu’il faut persévérer ».
Pendant ce temps, la main invisible de la diplomatie et des services de renseignement sème de nouvelles sources de conflit des confins de l’Asie centrale au Caucase. Et les massacres se multiplient.
On ne peut pas s’attendre à autre chose. Ni les désastres de l’économie de guerre ni la barbarie sous forme de cadavres entassés ne vont ébranler les intérêts impérialistes en jeu. Ni à Moscou, ni à Washington, ni dans les capitales européennes. C’est tout ce que le capitalisme a à nous offrir.
Dans l’UE, aux États-Unis et en Russie, les classes dirigeantes veulent plus de guerre, plus de barbarie, plus de massacres. C’est leur façon de sécuriser l’entreprise pour l’avenir. Dans son grand jeu, la guerre ne s’arrête pas en Ukraine, ni même en Russie. À l’horizon se profile l’encerclement, voire la fin, de la concurrence chinoise. Et pour cela ils insinuent déjà une kyrielle d’Ukrainiens.
Ils se fichent que les conséquences de la guerre incluent plus de crises dans leurs arrières… tant qu’ils ne trouvent pas de réponse dans le pas vers une économie de guerre qui aspire les rentes des travailleurs pour relancer le capital et nourrir le militarisme. Ils maintiennent et maintiendront le pari tant que cela n’implique pas d’affronter les travailleurs.
C’est pourquoi la guerre peut être arrêtée. En fin de compte, la capacité du capital à maintenir et à accroître son engagement dans la confrontation impérialiste, un engagement sur lequel tout le monde est, dépend de sa capacité à soutenir l’effort de guerre sans opposition de la classe sociale qui soutient la production. C’est pourquoi les tueries peuvent être arrêtées. Nous le pouvons, les travailleurs le peuvent.
« Les options d’une paix en gestation dans les chancelleries ou sur les champs de bataille sont fermées. Au lieu de cela, la voie d’une paix imposée par une réponse à l’appauvrissement qu’ils nous imposent pour mener la guerre plus loin est déjà ouverte. Vous devez passer par là ».
source : Les 7 du Québec
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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