par Strategika 51.
La République populaire démocratique de Corée vient d’adopter une loi cadre définissant cinq cas dans lesquels ce pays serait amené à utiliser de manière systématique son armement nucléaire.
Pyongyang adopte la notion de guerre nucléaire préventive « automatiquement » et dans un délai immédiat pour éliminer des forces adverses hostiles susceptible de menacer l’arsenal nucléaire du pays, ses dirigeants et sa chaîne de commandement.
Selon cette loi, le gouvernement nord-coréen peut utiliser l’arme nucléaire pour abréger un conflit conventionnel qui risque de s’étendre dans le temps et user le potentiel défensif et économique du pays. Ce scénario est directement inspiré par la guerre en Ukraine.
Pyongyang s’engage à ne jamais utiliser l’arme nucléaire contre une puissance non-nucléaire sauf si celle-ci s’allie avec une puissance nucléaire pour menacer d’anéantir le potentiel de défense du pays.
Selon cette nouvelle loi valant doctrine d’usage de la dissuasion nucléaire, il est totalement exclu pour Pyongyang de renoncer à l’arme nucléaire et toute demande de dénucléarisation ou de négociations sur une éventuelle dénuclearisation ou désarmement nucléaire équivaut à une menace contre l’arsenal nucléaire du pays et donc un justificatif suffisant pour lancer une guerre nucléaire préventive contre les initiateurs de ces demandes.
Cette loi met fin à toute tentative de négociations sur un éventuel désarmement nucléaire nord-coréen que Pyongyang estime non seulement comme une question dépassée par la réalité mais désormais un casus belli.
Les dirigeants nord-coréens ont exclu d’un trait de plume l’ensemble du corpus sur lequel se basait Washington dans son approche avec la République populaire démocratique de Corée.
Après la publication de cette doctrine, il n’est pas exclu que Pyongyang reprenne ses essais nucléaires en dépit des menaces de Washington et de ses alliés dans la région Asie-Pacifique. Des observateurs s’attendaient d’ailleurs à une réaction nord-coréenne suite à ces menaces qui laissaient entendre que les États-Unis et ses alliés attaqueraient militairement la République populaire démocratique de Corée si elle venait à effecteur un septième essai nucléaire sur son propre territoire.
L’arsenal nucléaire réel de la République populaire démocratique de Corée demeure un secret bien gardé. Une estimation établie initialement en 2018 évalue cet arsenal à plus de 70 ogives opérationnelles mais la majorité des analystes estiment qu’il est quasiment impossible de quantifier le nombre exact d’ogives nucléaires ou thermonucléaires produites par ce pays reclus d’Asie du Nord-est. Il n’est pas exclu que le rythme de production d’ogive nucléaires suive le même rythme que celui du Pakistan, pays le plus prolifique au monde en la matière en dehors des trois premières puissances nucléaires déclarées (USA : renouvellement, miniaturisation et augmentation du nombre d’ogives ; Russie : augmentation du nombre d’ogives opérationnelles ; Chine : révolution silencieuse de l’arsenal nucléaire).
La République populaire démocratique de Corée a normalisé ses relations avec la Chine et la Russie à la faveur de la guerre en Ukraine. Les sanctions occidentales prises à l’encontre de la Russie ont grandement contribué au rapprochement de cette dernière avec la République populaire démocratique de Corée mais aussi d’autres pays comme la Chine, l’Inde, l’Iran et Myanmar.
Ce rapprochement de Pyongyang avec Moscou va bénéficier en premier lieu aux industries de défense de la République populaire démocratique de Corée et celles-ci pourraient réserver bien des surprises dans les deux années à venir.
source : Strategika
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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