Selon Bruno (Le Maire), cet accord « marque l’unité des États européens ». Déjà, l’interview commence mal avec une grosse fake news. Mais c’est le rôle d’un ministre de l’Économie néolibérale qui n’a pas son mot à dire dans un ensemble supranational néolibéral qu’on appelle l’Union européenne, qui est en fait du pangermanisme version 2.0 avec une Europe du Nord qui s’en sort et une Europe du Sud qui souffre. Tout le reste est au mieux de la com’, au pire de l’intox pour les gogos, ce diminutifs de gobeurs.
Eurobonds ou moribonds ?
La Banque centrale européenne a donc lâché – ou fait marcher la planche à billets, devrait-on dire – plus de 500 milliards pour les États malades du corona (ou du néolibéralisme, c’est pareil).
L’Union européenne, ce grand marché créé par les Américains dans les années 60 pour y déverser leurs marchandises mécanofacturées et culturelles, était arrivée, bien avant l’apparition – miracle – du virus, à une impasse. Éclatée entre Nord et Sud, riches et pauvres, industriels et post-industriels, pro et anti-immigration, pro et anti-frontières, pro et anti-néolibéralisme, pro et anti-Brexit, elle ne doit son salut, très provisoire, qu’à la crise sanitaire qui cache une mégacrise économique et politique.
L’échange entre Thomas Sotto – qui joue au con – et Alexandra Bensaïd – qui incarne le principe de réalité, mais pour les cons – nous dit tout sur l’opération en cours, qu’on pourrait appeler grècisation des pays de l’UE.
Sotto : « Il vient d’où cet argent, on le trouve où, où on va le chercher ? »
Bensaïd : « Alors on ne le trouve certainement pas dans nos coffres, la France par exemple n’a pas de réserves et nous avons une dette qui dépasse la barre des 100 %. Mais ce n’est même plus le sujet : entre la montagne de faillites et la montagne de dettes, eh bien les États ont choisi le moins pire et donc nous allons faire comme d’habitude : nous allons emprunter. Ce sont les investisseurs qui financent tous ces plans de sauvetage, ce sont les banques, ce sont les assurances, et puis surtout en ce moment ce sont les banques centrales.
La Banque centrale européenne finit par racheter la dette des États et fait marcher la planche à billets. Il n’y a donc toujours pas d’argent magique, ça on l’a bien compris mais en revanche il y a une différence entre avant le virus et après le virus, c’est que tous les tabous sur les déficits, sur la dette ont complètement sauté, au moins temporairement. »Sotto : « Mais, Alexandra, cet argent, il va falloir le rendre un jour évidemment ; ça veut dire qu’on va avoir des années et des années d’austérité derrière à se serrer la ceinture ? »
Bensaïd : « Alors on en prend si je peux dire, on en prend pour des années de dette publique ça c’est certain. Maintenant pour régler la facture y a plusieurs outils : lorsque vous dites “austérité », ça, c’est votre mémoire de la dernière crise, celle de 2008, qui est en train de parler, on se souvient des coupes budgétaires terribles en Grèce, l’hôpital, l’école, on se souvient aussi des hausses d’impôts en France, je ne peux pas dire que ça ne fera pas partie demain des solutions.
Y en a de moins douloureuses : après la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction, c’est la croissance qui explose, et là la dette évidemment, elle disparaît, mais pour l’instant, cette croissance vertigineuse, c’est pas le scénario le plus probable. Et c’est pour ça que certains poussent pour des solutions différentes, pour que les banques centrales assument une grande partie de ce fardeau, par exemple en étalant la dette sur très longtemps, voire en l’allégeant, bon là ce sont des solutions je vous dis innovantes, le fait que tout le monde soit dans le même bateau aujourd’hui ça rend possible ce type de discussion, au moins le début. »
C’est clair pour tout le monde ? Le coronavirus du laboratoire P4 de Wuhan a changé tous les pays européens, ou presque, en Grèce d’il y a 12 ans. Il faut donc s’attendre, de la part de nos extorqueurs, paupérisateurs et affameurs, à des coupes sombres dans les services publics. Oui, mais Macron a dit le contraire, lance une petite voix au fond de la classe. Il a dit qu’il allait renforcer les services publics et les mettre hors de portée du Marché !
« Mes chers compatriotes, il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai. » (Discours du Président le 12 mars 2020, avant le confinement)
On appelle ça de la com’, petite voix, c’est pour donner un peu d’espoir aux gens, et plus l’espoir est petit, plus ils s’y accrochent. C’est pour cela que la lucidité est la condition nécessaire à chaque combat. Et c’est aussi pourquoi les forces néolibérales qui nous ont lancé le coronavirus dans les pattes, comme des bolas sur une proie, condamnent toute lucidité sur l’Internet. Et le piège se referme.
Sauf que, sachant le programme qui veut nous bouffer ce qui reste de laine sur notre dos, les choses seront plus difficiles. Les peuples croient-ils encore les néolibéraux qui les ont foutus dans la merde ? On verra ça aux prochaines élections, ou aux prochaines émeutes – ces « élections » spontanées –, peut-être de la faim (Argentine vs FMI, Grèce vs BCE).
Oui, mais Alexandra Bensaïd nous tient un discours de vérité, dit la petite voix. Oui et non : la commissaire politique de France Inter et France 2 oublie de nous dire le rapport entre le virus et la reprise du pouvoir par le néolibéralisme sur les peuples sceptiques.
Et puis en faisant ce travail de (légère) divulgation, elle prépare le peuple au serrage de ceinture. Une façon de dire, comme elle le fait en rigolant – car avec notre argent, celui des salaires du service public audiovisuel, elle est à l’abri du besoin – que tout ça c’est la faute à pas d’chance, c’est la fatalité, voyez-vous.
Allez, peuple de France, au travail, et à la pauvreté ! La Banque (qui vit de la Dette, c’est-à-dire de l’usure) va encore gagner de l’argent sur le dos des peuples, l’avenir proche nous dira si les pauvres se laissent faire, cette fois encore, car ça fait maintenant deux siècles que ça dure.
Que ceux qui ont des oreilles entendent…
Bonus : la Banque, la dette, l’usure et les pauvres
La Banque centrale européenne, qui fait semblant de donner 500 milliards aux pauvres, avance seulement le pognon. On va pas rentrer dans les mécanismes monétaires complexes (pour ça, faut appeler Ian Purdom), mais pour rembourser, on va rembourser : le peuple va se faire gratter son patrimoine, c’est-à-dire ce qu’il possède en commun, ce dont il jouit pour son niveau de vie (hôpital, école, routes), il va payer plus cher les produits du quotidien (inflation, donc TVA dans les caisses de l’État), et enfin le travail sera encore moins cher pour les néolibéraux, vu que l’armée de réserve du Capital, les chômeurs, sera encore plus massive.
Au bout du compte, l’économie financière, improductive, va encore grossir au détriment de l’économie productive, celle qui détermine notre niveau de vie. Les survivalistes ont de beaux jours devant eux. Mais il reste une solution : la révolution. Non violente, celle de l’information de tous, qui permet de ne plus croire nos arnaqueurs et assassins. C’est ça, la vraie révolution : celle de la structure mentale.
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