Coronavirus, déconfinement et « souveraineté globalisée »

Coronavirus, déconfinement et « souveraineté globalisée »

par Karine Bechet-Golovko.

Lorsque sous pression internationale, les États, les uns après les autres, dans leur grande majorité, ont assigné leur population à domicile, aucun plan général de gestion de la crise n’a été mis en place au niveau national, aucune mesure rationnelle et adaptée à chaque situation n’a été envisagée (par exemple, l’OMS et l’UE recommandaient de laisser les frontières ouvertes entre les pays européens). Pourtant, une décision a été prise selon laquelle, pour le coronavirus, cette fois, les États sont majoritairement prêts à se plier et à enfermer leurs populations et les populations sont prêtes à se faire enfermer. Que ces États s’affirmaient comme globalistes (la France, par exemple) ou souverainistes (la Russie, par exemple), cela n’a rien changé in fine. Pourtant, ces États n’ont aucun plan de route et surtout aucun plan de sortie de confinement. Il faut dire qu’ils sont dans une impasse : impossible de laisser éternellement les gens confinés, les cas de dépression commencent à se démultiplier et ce virus n’est pas éternel pour justifier de telles mesures ; impossible de libérer purement et simplement les gens qui, sortis de leur torpeur, pourraient avoir la mauvaise idée de demander des comptes, le temps de la pression psychique doit donc dépasser celui de l’existence du virus. Heureusement, dans ce monde global, les États ne sont plus obligés de réfléchir, ni de prendre de décision, ils les appliquent. D’autres réfléchissent pour eux. En l’occurrence le puissant Think Tank américain American Entreprise Institute, qui a publié un rapport le 28 mars sur les étapes du déconfinement. Mesures que l’on entend reprises un peu partout, que ce soit en France ou en Russie.

La saison est propice aux questions et puisque l’on nous en donne le temps, il serait criminel de ne pas en profiter. Question du jour : l’on sort comment du confinement ? Car de cela va dépendre le quand.

Pour l’instant la France est confinée jusqu’au 15 avril, certains estiment que ce sera repoussé au moins jusqu’à début mai. En Russie, le confinement a été annoncé par le Président jusqu’au 30 avril. Que ce soit le Premier ministre français ou le Maire de Moscou, les deux déclarent que le déconfinement n’est pas pour bientôt, car nous sommes seulement dans la phase montante de la crise du coronavirus. C’est à croire que, quelles que soient les mesures prises, quel que soit le moment où elles ont été prises, quelle que soit la statistique officielle de personnes touchées, quel que soit le niveau de réaction du système médical, la situation est la même partout, le discours est identique. Donc que ces mesures n’ont, finalement, aucun effet ?

Ce qui est flagrant, c’est l’absence totale de gestion de sortie de la situation au niveau national. Il est impossible de laisser éternellement les gens enfermés. Cela n’a aucun sens, d’autant plus qu’il y a toujours eu des attaques virales et qu’il y en aura toujours, que l’été arrive et que les gens ont justement besoin d’être au soleil pour leur système immunitaire. Mais si la question est fondamentale, ce n’est pas tant sur le plan sanitaire que politique : il faut absolument que les gens restent convaincus, une fois sortis de leur torpeur, que cette mesure extraordinaire prise dans une situation qui ne l’était pas (voir notre texte sur les autres pandémies en cours) était quand même justifiée. De ce coup de force va dépendre la possibilité de continuer sur cette voie globale.

Autrement dit, une sortie pure et simple du confinement est inenvisageable. Et, en France, le ton est donné par ce Conseil scientifique de la présidence:

« La réflexion sur la sortie du confinement, les stratégies post-confinement sont nécessaires. La priorité demeure cependant la poursuite d’un confinement renforcé dans la durée ».

Donc, on réfléchit à comment vous laissez enfermés. Sine die. Et même « libérés », puisqu’il faudra bien y arriver, le poids carcéral doit rester sur vos épaules et continuer à vous faire baisser les yeux. Pour cela, des éléments commencent à apparaître :

« définition de nouvelles mesures de distanciation sociale, disponibilité des protections matérielles (gel hydroalcoolique, masques…) et de tests de dépistage rapides, amélioration du système de surveillance épidémiologique, développement d’outils numériques, définition d’une politique de contrôle aux frontières, etc ».

Autrement dit, pour une période indéterminée, car ce Conseil ne précise pas de terme, des mesures post-crises doivent être adoptées, qui finalement doivent conduire à un changement de comportement social des gens, indépendamment de la source première, c’est-à-dire au-delà du coronavirus. Finalement, le texte d’hier (le lire ici) n’était pas si utopique que cela …

Et comme l’indique l’un des membres, le temps de réclusion, en fait, cela va dépendre de nous, de notre capacité de soumission. Plus l’on sera docile, plus ça va durer. Au moins, vous aurez été prévenu :

« Le sanitaire a la priorité mais ce n’est pas le seul à être pris en compte. Tout va dépendre aussi du taux de tolérance de la population ».

Étrange, l’on aurait pu croire que si ce coronavirus n’est rien moins que la peste des temps modernes, rien ne doit justifier d’autres critères que sanitaires, sinon l’existence de toute une population devrait être en jeu. Finalement, non. Si les gens résistent, ils pourront ressortir plus vite.

Cette imprécision sur la feuille de route de sortie, cette absence de critères objectifs qui laisse toute sa place à des intérêts extérieurs au domaine de la santé publique inquiète. En effet, le parallèle entre des pays comme la France et la Russie, où la situation est objectivement différente, alors que la similitude est flagrante dans la détermination des phases et des éléments contraignants dans chaque phase, oblige à s’interroger sur le lieu de prise de décision. De détermination de ce plan de sortie.

Le New York Times a donné la réponse. Le 28 mars, l’American Entreprise Institute a publié un rapport intitulé : « National Coronavirus respons : a Road Map to Reopenning » (le rapport est disponible ici en anglais).

Prenons les choses dans l’ordre. L’AEI est un Think Tank américain, ancien et puissant, mêlant business et politique, qui s’occupe de politiques publiques et de renforcer le leadership américain en général. Il est de tendance conservatrice, voire néo-conservatrice. Par exemple, John Bolton, qui fut conseiller de Trump pour la sécurité nationale, est membre de cet Institut. Alors que le rapport présenté concerne, théoriquement, les Etats-Unis, il semble être appliqué bien au-delà des frontières du pays.

Le rapport produit divise la période de crise en 4 :

• Lors de la première phase, il faut instaurer des distances physiques, mettre en place une infrastructure de testing rapide et général, adapter les structures de soins, prévoir le matériel pour le personnel de soin, mettre en place un système de surveillance du coronavirus, mettre en place un système de traçage massif, d’isolement et de quarantaine, proposer des mécanismes locaux de confinement volontaire, encourager les gens à porter des masques.

C’est exactement ce à quoi on assiste, quelle que soit la situation réelle dans chaque pays. Sans revenir sur les méthodes de surveillance globale qui ont été rapidement développées, un aspect est intéressant. En Russie, par exemple, Sobianine a annoncé que des hôpitaux fédéraux seront entièrement reprofilés vers le coronavirus. Pas même vers la virologie, non, concrètement le coronavirus. Et les médecins aussi. Comme si aucune autre maladie ne valait la peine de faire des efforts, comme si ce virus était le dernier de l’humanité. Qu’en est-il du grand bond en avant préconisé dans la lutte contre le cancer ? Silence … on a le coronavirus.

Ces mesures sont d’autant plus importantes, qu’elles conditionnent le passage au stade 2, c’est-à-dire le début du déconfinement État par État. C’est pourquoi, en France, aussi, le début de « plan » proposé reprend globalement ces lignes.

• La seconde phase est celle du déconfinement État par État. Mais il doit être progressif, avec des mesures de surveillance et ne peut concerner les populations fragiles. C’est exactement ce que déclare le Conseil des experts en France, qui manifestement a parfaitement traduit en français ce rapport. Par ailleurs, enfin l’on parle d’une accélération de la thérapie (qui ne semblait pas intéresser grand monde avant), sans oublier l’identification des personnes immunisées. Cela renvoie à l’idée choquante d’un certificat de bonne santé lancée par la Maire de Paris. C’est aussi l’idée d’un déconfinement par tranche d’âge avec groupes immunisés.

• La troisième phase est celle de la vaccination, avec tout d’abord un plan de priorisation de la vaccination avant d’arriver à une vaccination massive, dont le but thérapeutique n’est plus présent, sans oublier le suivi. Cela ne peut pas ne pas rappeler cet étrange carnet de santé numérique avec une puce sous la peau, technologie mise en place par l’incontournable MIT américain. Il faut dire que ce n’est pas nouveau, car déjà en 2018, le débat était ouvert sur les avantages et les inconvénients d’un carnet de santé implanté, qui était déjà techniquement possible, mais les gens résistaient encore. Tout est une question de moment, est-il venu ?

• La quatrième et dernière phase est celle d’une reconstruction de notre système en vue de la prochaine pandémie (vous serez prévenu, finalement ce n’est peut-être pas la peine de sortir de chez soi …) et de la mise en place d’un nouveau système de gouvernance. Comme l’exprime noir sur blanc le rapport, il faut sortir d’un système décentralisé de réponse (= étatique) pour se concentrer autour d’une prise de décision centralisée (=système global) :

« Nous devons nous éloigner d’un système décentralisé qui favorise une mise en œuvre inégale des mesures de préparation à travers le pays et nous diriger vers une exécution plus coordonnée de la réponse »

Les États, eux, pourront alors mettre en œuvre les décisions qui ne sont pas prises pas eux :

« Nous devrions élaborer des plans clairs et efficaces pour la mise en œuvre de mesures de santé publique telles que la quarantaine et l’unification des actions menées par les services de santé nationaux et locaux ».

Ce plan mis en place aux États-Unis est exactement celui mis en œuvre au niveau mondial. L’on peut alors se demander ce qu’il reste de la souveraineté des États … La question est d’autant plus importante, que le rapport met bien en évidence qu’il y aura d’autres pandémies, ce qui parfaitement réaliste. Pour être même plus exacte, il y en a déjà d’autres en cours aujourd’hui. Cela veut-il dire que ces mesures extraordinaires vont devenir ordinaires ?

PS : Dans tous les cas, cela n’explique pas pourquoi, si le coronavirus est à ce point dangereux qu’il exige une réponse globale, dirigée comme nous le voyons par l’OMS, pourquoi les plateaux télé continuent, comme si de rien n’était, à se remplir de stars et d’experts, pourquoi certaines entreprises peuvent fonctionner ? Par exemple, pourquoi à Moscou les salons de beauté sous convention médicale (autrement dit de la chirurgie esthétique légère) ont été réouverts ? C’est un domaine stratégique ? Certainement autant que celui des experts et artistes dans ce monde.

L’incohérence totale de la situation au regard du discours « fin du monde » tenu fait penser que finalement, le plus important est la 4e phase, que l’on peut transposer au niveau mondial. Ce qui est quand même surprenant, car les globalistes sont partout au pouvoir, formellement ou réellement, que vont-ils faire de ce surplus de pouvoir ? Radicaliser la société pour implanter par la force ce qui n’a pu être fait par la persuasion ? J’ai des doutes quant à la réussite de ce schéma … Y a-t-il seulement une idée réaliste finalement ? 

Karine Bechet-Golovko

source : http://russiepolitics.blogspot.com

Source: Lire l'article complet de Réseau International

À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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