Rédacteur en chef de la revue Rébellion, Louis Alexandre vient de sortir un brochure sur quelques figures marquantes de notre cause.
R/ Louis, qu’est-ce qui t’as poussé à vouloir rédiger cette brochure aux allures de vade-mecum ?
LA/ Le message que je voulais passer est clair : la médiocrité n’est pas une fatalité. Des femmes et des hommes, dans des situations bien plus dramatiques que la nôtre, ont trouvé en eux les ressources pour se dépasser au service de leur peuple. C’est la force de leur exemple que je voulais convoquer pour inspirer ceux qui aujourd’hui doivent relever le défi de vivre et de combattre pour notre idéal. Notre époque devient tragique, il est temps de devenir des héros au service d’un idéal, d’une cause… Vivre intensément, habité par une cause et mettre sa peau au bout de ses idées pour son peuple est le plus beau des destins pour moi.
R/ Selon quels critères as-tu sélectionné les personnages dont tu parles dans cette brochure ?
LA/ J’ai voulu redonner sa place à l’héroïsme au commencement des changements historiques. Certaines de ces figures furent des hommes d’actions ou des penseurs de combat, il y en même qui réussissent à être les deux à la fois… Mais même si beaucoup sont tombés sans avoir vu la victoire de leur cause, ils ont impulsé des révolutions qui n’ont pas été arrêtées ou des luttes encore en cours.
R/ Aurais-tu aimé brosser le portrait d’autres ” héros du peuple ” ? Si oui, lesquels ?
LA/ Faute de temps, j’aurais voulu évoquer les figures d’Auguste Blanqui, de Gabriele d’Annunzio, de Michael Collins, de Che Guevara… Ce n’est que partie remise, car ces portraits trouveront sûrement leur place dans les prochains Rébellion.
R/ Tu évoques des personnages aujourd’hui largement oubliés, comme Anselme Bellegarrigue ou encore l’étonnant Henri Rochefort. Pourquoi ?
LA/ Justement pour les sortir de l’ombre car ils sont passionnants et incarnent un esprit français quasiment gaulois. Bellegarrigue est un anarchiste individualiste qui donne une vision très libertaire de la société sans tomber dans le libertarisme. Il a une vie incroyable qui le fait passer de descendant de petit propriétaire agricole gersois à réformateur social en Amérique centrale, il ne laisse derrière lui que quelques brûlots dont je conseille vivement la lecture. Pour Rochefort, c’est un personnage hautement attachant. Journaliste à la plume trempée dans l’acide, il a porté de rudes coups aux puissants de tous les régimes qu’il combat vaillamment. S’il ne fut pas un grand théoricien, il resta un défenseur acharné des ” petits “, des ” humbles ” contre les ” gros “, ” l’argent “.
R/ Y a-t-il des personnages évoqués dans “Les héros du peuple sont immortels” qui te tiennent particulièrement à cœur, qui t’ont inspiré davantage que d’autres ?
LA/ Je me sens très proche d’Orwell à cause de son humanité et de son attachement à des principes de vie simples et populaires. J’ai aussi une grande admiration pour l’irlandais James Connolly, révolutionnaire infatigable qui fut aussi un précurseur des luttes de libérations nationales.
R/ Finalement, quel peut être un ” socialisme révolutionnaire ” à la française, dans la France macroniste et enlaidie de 2022 ?
LA/ C’est renvoyer un système qui s’effondre aux poubelles de l’histoire. Communautaire, fédéraliste, le socialisme révolutionnaire est aux couleurs de la France et de l’Europe. Il est une réponse concrète à l’effondrement de l’idéologie capitaliste. Enraciné dans la réalité quotidienne, il est une possibilité à faire vivre pour sortir de l’impasse.
Merci Louis, on te laisse le mot de la fin !
Entretien réalisé par Maxence Smaniotto
A lire :
Louis Alexandre, Les Héros du peuple sont immortels, Les éditions des livres noirs (mars 2022), 80 pages, 6 euros.
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