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par Edouard Husson.
Alors que l’armée ukrainienne continue à subir une hécatombe – au sens plein du terme -, la situation diplomatique et stratégique paraît confuse. D’un côté, le sommet de l’OTAN a les réflexes d’un Docteur Folamour. De l’autre, les signes d’apaisement existent : la Russie fait tout pour éviter une crise des livraisons de blé, en particulier vers l’Afrique ; l’Allemagne essaie de faire retomber la pression à Kaliningrad. Et puis il semble naître un débat au sein de l’establishment progressiste américain.
La bataille d’Ukraine
29 juin 2022
En s’appuyant sur Southfront.org
Les forces dirigées par la Russie ont accéléré leur progression dans la zone stratégique de Severodonetsk-Lisitchansk. Le commandement militaire ukrainien a perdu les dernières chances d’évacuer les unités restantes de la ville de Lisitchansk. Toutes les routes qui y mènent sont sous le feu de l’artillerie russe. Quelques grappes de militaires ukrainiens tentent de fuir vers Seversk par les champs.
Pendant ce temps, les unités d’assaut des forces russes sont entrées dans Lisitchansk et des combats ont éclaté dans les rues. Selon l’ambassadeur de la République populaire de Lougansk auprès de la Fédération de Russie, les forces de la République et l’armée russe contrôlent déjà 50% de la ville.
Les unités russes avancent depuis Voltcheïarovka le long de l’avenue Oktiabreskaïa et depuis le village de la mine Matrosskaïa le long des « Héros de Stalingrad ».
Dans le même temps, le piège autour de la ville se referme.
Au nord, les forces dirigées par les Russes ont pris le contrôle de la ville de Privolie située à la périphérie nord-ouest de la région de Severodonetsk. Les unités en progression ont traversé la rivière Severski Donets et ont établi un pied-à-terre sur la rive droite le 28 juin. Elles ont ensuite lancé une opération de prise de contrôle de la ville, qui est tombée en un jour.
Le 29 juin, les forces russes ont pris le contrôle de toute la zone industrielle de la raffinerie de pétrole de Lisitchansk, située à l’ouest de la ville. Il s’agissait de l’une des principales bases militaires des unités ukrainiennes dans la région. À la suite de plusieurs jours d’affrontements, les troupes ukrainiennes ont subi de lourdes pertes.
Le même jour, dans la région de Zaporozjie, le plus grand échange de prisonniers de guerre depuis le début des opérations russes a eu lieu près de la ville de Kamenskoïe. 144 prisonniers de guerre ukrainiens ont été échangés contre 144 militaires russes.
L’armée russe a retiré les systèmes de défense antiaérienne stationnés sur l’Ile aux Serpents qui devenaient la cible régulière de tirs ukrainiens (avec des armes livrées par les Occidentaux et le soutien d’images satellites envoyées par des drones américains). Officiellement, la Russie dit s’être retirée en signe de « bonne volonté » afin de monter qu’elle ne s’opposera pas aux convois de grains partant d’Odessa. M.K. Bhadrakumar explique :
« Cette décision intervient un jour après que le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ont discuté de la sécurité alimentaire dans le contexte de la situation en Ukraine, lors d’un appel téléphonique mercredi 29 juin. Selon le communiqué de presse russe, M. Lavrov a « souligné que l’exportation de céréales ukrainiennes est empêchée par l’exploitation minière de la mer Noire par Kiev ». …
En outre, M. Lavrov a « réaffirmé sa volonté de continuer à remplir ses obligations en matière d’exportation de denrées alimentaires et d’engrais, bien que leur exécution soit considérablement compliquée par les sanctions unilatérales illégales des États occidentaux et la perturbation des chaînes de production et de vente au détail mondiales due à la pandémie de COVID ». …
Il est important de noter que M. Lavrov a fait part à M. Guterres de « l’intention de Moscou de poursuivre les travaux sur la réduction des menaces de la crise alimentaire, y compris en coopération avec l’ONU ». …
Le ministère russe de la défense, tout en annonçant le retrait de l’île des Serpents, l’a qualifié de « geste de bonne volonté » et l’a lié à la crise de la sécurité alimentaire. Il a ajouté : « La Fédération de Russie a démontré à la société internationale l’absence de tout obstacle aux efforts de l’ONU pour établir un corridor humanitaire pour le transport des produits agricoles depuis l’Ukraine ». …
« Cette solution empêchera Kiev de spéculer sur une crise alimentaire imminente en invoquant l’incapacité d’exporter des céréales en raison du contrôle total de la partie nord-ouest de la mer Noire par la Russie ». …
C’est maintenant au tour de la partie ukrainienne qui n’a toujours pas nettoyé le littoral de la mer Noire, y compris les eaux portuaires. »
En outre, on peut estimer :
- que l’armée russe ne souhaite pas gâcher du matériel sur une île dont l’importance stratégique est limitée.
- que les forces russes contrôlent toujours l’île aux Serpents vu la présence navale russe en Mer Noire.
- que la Russie prend garde à ne pas donner prise à quelque provocation américaine que ce soit.
• Les habitants de Kherson se rallient massivement aux paiement de leurs retraites en roubles.
30 juin 2022
En s’appuyant sur @rybar :
• L’armée russe a détruit à Odessa un immeuble dans lequel se trouvaient des militaires kiéviens. Le gouvernement ukrainien crie au massacre de civils.
• Les forces armées russes frappent les positions de l’ennemi à Iounakivka à la frontière russe dans la région de Soumi.
• Dans le nord de la région de Kharkov, les combats de tranchées se poursuivent. À la suite d’une frappe de missiles des forces armées russes sur Kharkov, deux emplacements de défense territoriale ont été détruits avec au moins 100 militaires tués.
• La prise de contrôle de la raffinerie de pétrole de Lisitchansk est terminée. Les unités ukrainiennes se sont retirées à Zolotarivka et tentent de se retrancher le long de la dernière route de retraite de Lisitchansk. À l’ouest de la ville, les forces alliées avancent sur Seversk depuis deux directions : de la raffinerie de pétrole à Verhnokamïanskïe et de Nikolaivka à Spirne. Les combats se poursuivent à la périphérie sud de Lisitchansk, près de l’usine de produits en caoutchouc et de Bila Hora.
• Des unités tchétchènes ont traversé Severski Donets près de Privillia depuis Stara Krasnianka et assaillent la colonie avec la milice populaire de la République populaire de Donetsk.
• Les unités Wagner s’attachent à briser la défense près de Bakhmout et à éliminer le personnel et le matériel de l’ennemi sur la ligne Pokrovskie-Klinovie.
• Dans la région de Dniepropetrovsk, les forces armées russes ont lancé une attaque contre les installations de l’armée ukrainienne
• Les frappes de missiles ont détruit le site des mercenaires étrangers à Nikolaïev et le dépôt de munitions à Chevtchenko.
Dr. Folamour and Mr. OTAN
Ci-dessus la salle du Docteur Folamour. Et ci-dessous, la salle du sommet de l’OTAN le 29 juin 2022 :
• Le communiqué final de l’OTAN (reproduit ci-dessus) : relève, lui, d’une volonté de guerre totale – du moins en théorie ! On se reportera à cet égard à l’analyse d’Eric Verhaeghe.
• Jens Stoltenberg, lui, a eu un aveu significatif : l’Alliance de l’Atlantique Nord a commencé à se préparer à une confrontation avec la Russie dès 2014, a-t-il expliqué. « L’OTAN s’y prépare depuis longtemps, nous n’avons pas attendu le 24 février pour réaliser que la Russie est dangereuse. La réalité est que nous nous y préparons depuis 2014. Nous avons donc renforcé notre présence militaire dans l’est de l’alliance et l’OTAN a commencé à investir davantage dans la défense », a-t-il déclaré.
• Boris Johnson nie que l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN ait jamais été possible. Visiblement, il laisse parler son côté féminin.À moins qu’il soit ramené à la dure réalité…
• … Quand Business Insider explique que l’armée ukrainienne a perdu plus d’hommes qu’il n’y a actuellement de fantassins britanniques, on ne s’arrêtera pas sur le fait que les chiffres avancées sont totalement contradictoires mais que nous apprenons que l’armée britannique compte à ce jour moins de 20 000 fantassins. Quelle est la crédibilité de l’OTAN ?
• Olaf Scholz pense que le blocus du transit des marchandises entre Kaliningrad et le reste de la Russie à travers la Lituanie n’est pas justifié : il s’agit de transport entre deux parties de la Russie.
• La Turquie rappelle à la Suède et à la Finlande qu’elle peut réactiver à tout moment son veto sur leur entrée dans l’OTAN si les extraditions promises n’avaient pas lieu – par exemple.
• La Pologne a fait savoir qu’elle avait terminé la construction d’un mur à la frontière avec la Biélorussie.
• Les hackers de Killnet affirment avoir attaqué le système américain de paiement des impôts par internet.
• Je ne peux m’empêcher de trouver dans la simultanéité des deux informations ci-dessous le symptôme d’un profond « malaise dans la civilisation occidentale ».
Le gouvernement suédois rejoint l’OTAN. Et une entreprise suédoise invente un Burger vegan à goût cannibalesque. Deux farces et deux perversions tout à la fois! La guerre d’Ukraine est de plus en plus clairement un choc de civilisation. https://t.co/15HwlU82rg
— Edouard Husson (@edouardhusson) July 1, 2022
Derrière la façade d’unanimité du G7, le consensus se lézarde :
Après le G7, une analyse de M.K. Bhadrakumar :
« Le chancelier allemand Olaf Scholz, en sa qualité d’hôte, a fait une dernière apparition devant les médias mardi, dans une atmosphère quelque peu sombre qui reflétait son message aux journalistes réunis : « Une période d’incertitude nous attend. Nous ne pouvons pas prévoir comment elle se terminera ».
Scholz faisait référence à la crise ukrainienne et à ses conséquences. M. Scholz a parlé d’un « long chemin » et de conséquences pour tout et pour tous. Le récit occidental triomphaliste de la stratégie « annuler la Russie » a disparu.
En fait, le principal point de discorde entre les pays du G7 était la façon de traiter la Russie. Les pays du G7 constatent qu’ils n’ont pas réussi à isoler la Russie et, peut-être, qu’il n’est même pas dans leur intérêt de se brouiller totalement avec Moscou pour des raisons économiques.
Le sommet a à peine accepté de discuter d’un lot de nouvelles sanctions contre la Russie, mais les délibérations ont souligné les limites de l’utilisation d’outils économiques pour punir la Russie. La stratégie occidentale est dans l’impasse : la Russie gagne la guerre malgré les livraisons massives d’armes des États-Unis à l’Ukraine ; les sanctions n’ont pas réussi à dissuader la Russie et font peut-être plus de mal à l’Europe qu’à la Russie ; enfin, les idées sont épuisées.
Il n’y a pas eu de signe de dissidence sur la place publique, mais même si les dirigeants du G7 ont promis leur soutien indéfectible à l’Ukraine, ils ont gardé à l’esprit que les sanctions sans précédent contre la Russie mises en œuvre par le G7 et l’Union européenne – visant l’économie, les exportations d’énergie et les réserves de la banque centrale de Moscou – ont provoqué la volatilité des marchés mondiaux et augmenté les coûts de l’énergie. Le Wall Street Journal a rapporté,
« Aujourd’hui, l’inflation élevée, le ralentissement de la croissance et le spectre des pénuries d’énergie en Europe cet hiver freinent l’appétit de l’Occident pour des sanctions plus sévères contre Moscou. Les divergences entre les dirigeants des États-Unis, du Canada, de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Italie et du Japon les ont empêchés de s’entendre sur de nouvelles sanctions concrètes, le groupe ayant seulement accepté de commencer à travailler sur des mesures allant d’un plafonnement des achats de pétrole russe à un embargo sur l’or. La plupart des options immédiatement disponibles pour punir la Russie étant largement épuisées, seules des alternatives plus compliquées et plus controversées restent sur la table ».
Le communiqué du G7 se lit comme suit : « Nous envisagerons une série d’approches, y compris des options pour une éventuelle interdiction complète de tous les services, qui permettent le transport du pétrole brut et des produits pétroliers russes par voie maritime au niveau mondial. Nous chargeons nos ministres compétents de continuer à discuter de ces mesures de toute urgence, en consultant les pays tiers et les principales parties prenantes du secteur privé, ainsi que les fournisseurs d’énergie existants et nouveaux, comme alternative aux hydrocarbures russes ».
Les dirigeants du G7 ont également discuté d’une proposition américaine, qui prévoit que les acheteurs de pétrole russe déterminent eux-mêmes le prix maximum qu’ils sont prêts à payer pour celui-ci. Au final, aucune décision concrète n’a été prise, sur fond de réserves de l’Union européenne. La proposition américaine n’aura de sens qu’avec la pleine participation de tous les pays de l’UE, ainsi que de la Chine et de l’Inde, qui ne soutiendront probablement pas une telle décision. En effet, certains pays de l’UE dépendent à presque 100% du pétrole russe et si la Russie n’accepte pas de fournir du pétrole à un prix réduit, ces pays risquent de se retrouver complètement privés de matières premières.
L’une des principales raisons d’inviter l’Inde, l’Indonésie, l’Afrique du Sud, le Sénégal et l’Argentine au sommet du G7 était d’élargir l’alliance mondiale contre la Russie, mais le stratagème n’a pas fonctionné. Selon le Journal, le Premier ministre Modi a déclaré à Scholz, lors d’une réunion bilatérale, que l’Inde ne pouvait se joindre à aucun effort contre la Russie, et a également défendu publiquement les achats de pétrole à la Russie.
De même, un deuxième domaine dans lequel le G7 espère réduire les revenus de la Russie est l’arrêt de l’importation d’or russe. Même dans ce domaine, le consensus a fait défaut. Scholz voulait que la proposition américaine soit d’abord discutée au niveau européen. Mais le chef du Conseil européen, Charles Michel, s’est montré sceptique : « En ce qui concerne l’or, nous sommes prêts à discuter des détails et à voir s’il est possible de frapper l’or de manière à frapper l’économie russe sans nous frapper nous-mêmes ».
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’est montré ouvertement dédaigneux : « Le marché des métaux précieux est mondial, il est assez vaste, volumineux et très diversifié. Comme pour d’autres biens, bien sûr, si un marché perd de son attrait en raison de décisions illégitimes, alors il y a une réorientation vers les endroits où ces biens sont plus demandés et où les régimes économiques sont plus confortables et plus légitimes ».
La prestation discrète du président américain Joe Biden au sommet du G7 est éloquente : il s’est contenté de laisser les autres dirigeants prendre la parole. Le dernier jour du sommet, alors que le soleil disparaissait et que des nuages sombres s’installaient au-dessus de l’imposant décor montagneux derrière le Schloss Elmau, Joe Biden a invoqué un orage imminent pour partir précipitamment vers l’aéroport de Munich, abandonnant un discours qu’il avait prévu de prononcer. »
Un début de division au sein de l’establishment progressiste américain ?
Jeffrey D. Sachs est une des figures académiques américaines les plus discutées : passé des politiques dites « néolibérales » appliquées sans discrimination à l’Europe centrale et orientale, dans les années 1990, à un plaidoyer pour l’écologie la plus idéologique, Sachs est conseiller du secrétaire général de l’ONU et du Pape François.
Il est intéressant de noter sa charge contre les « néo-conservateurs » de l’équipe Biden et le « désastre ukrainien ». Il y a visiblement un début de fracture au sein de l’establishment progressiste américain :
« La guerre en Ukraine est l’aboutissement d’un mouvement néoconservateur américain vieux de 30 ans. Le gouvernement Biden compte dans ses rangs les mêmes néoconservateurs qui avaient défendu les guerres américaines en Serbie (1999), Afghanistan (2001), Irak (2003), Syrie (2011), Libye (2011) et ont tout fait pour provoquer l’invasion russe d’Ukraine. (…)
Néanmoins, Biden a doté son équipe de néoconservateurs. En conséquence, Biden dirige l’Ukraine, les États-Unis et l’UE vers un autre désastre géopolitique. Si l’Europe a un minimum de vision stratégique, elle séparera sa position de la position destructrice de la politique étrangère américaine. Le mouvement néoconservateur a émergé dans les années 1970 autour d’un groupe d’intellectuels, dont beaucoup ont été influencés par le politologue Leo Strauss de l’Université de Chicago et le conservateur Donald Cagan de l’Université de Yale. Parmi les leaders du néo-conservatisme figuraient Norman Podjoretz, Erwin Christol, Paul Wolfowitz, Robert Keegan (fils de Donald), Frederick Keegan (également fils de Donald), V Eliot Abrams et Kimberly Allen Keegan (épouse de Frederick).
Le principal message des néoconservateurs est que les États-Unis doivent prévaloir en tant que puissance militaire dans le monde et qu’ils doivent affronter les forces locales émergentes qui pourraient un jour rivaliser avec la suprématie mondiale ou locale des États-Unis, et en particulier la Russie et la Chine. À cette fin, les forces militaires américaines devraient déjà se trouver dans des bases militaires à travers le monde et le pays devrait être prêt à mener des guerres offensives, si nécessaire. Les États-Unis n’invoquent les Nations-Unies que lorsqu’ils en ont besoin. Cette approche a été analysée pour la première fois par Paul Wolfowitz dans le Defense Policy Guide for the Department of Defence en 2002. Le texte appelle à l’extension du cadre de sécurité américain à l’Europe centrale et orientale, malgré la promesse explicite de Hans Dietrich Genscher en 1990, que l’unification allemande ne suivrait pas l’expansion de l’OTAN vers l’Est. En outre, Wolfowitz a prôné la guerre sélective, défendant le droit de l’Amérique à agir de manière indépendante et seule dans les crises qui la concernent. Selon le général Wesley Clark, Wolfowitz lui a dit en mai 1991 que les États-Unis mèneraient des opérations de changement de régime en Irak, en Syrie et chez les anciens alliés de l’Union soviétique.
Les néoconservateurs prônaient l’expansion de l’OTAN en Ukraine avant même qu’elle ne devienne une ligne officielle sous George W. Bush en 2008. Ils considéraient la participation de l’Ukraine à l’OTAN comme un point clé pour la souveraineté locale et internationale des États-Unis. Robert Keegan a analysé le cas des néoconservateurs sur l’élargissement de l’OTAN en avril 2006 : Les Russes et les Chinois ne voient rien de naturel (dans la « révolution colorée » de l’ex-Union soviétique), seulement des complots de coup d’État soutenus par l’Occident, l’influence occidentale dans les parties stratégiquement vitales de la planète. Ont-ils si tort ? Cela n’a peut-être pas à voir avec la libération réussie de l’Ukraine, qui a été encouragée et soutenue par les démocraties occidentales, mais avec le prélude à l’adhésion du pays à l’OTAN et à l’Union européenne. Bref, avec l’expansion de l’hégémonie libérale de l’Occident.
Cagan a signé l’article en tant que citoyen ordinaire, pendant le mandat de sa femme Victoria Nuland comme ambassadrice des États-Unis auprès de l’OTAN, sous George W. Bush. Nuland a été le néoconservateur standard. En plus d’être ambassadeur de l’OTAN auprès de Bush, elle a été Barack Obama et secrétaire d’État adjoint aux affaires européennes et eurasiennes de 2013 à 2017, lorsqu’elle a participé au renversement du président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch, et sert maintenant de sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques sous Biden, dirigeant ainsi la politique américaine envers la guerre en Ukraine.
La position néoconservatrice est basée sur une idée fausse majeure : que la supériorité militaire, économique, technologique et numérique des États-Unis permet au pays d’imposer des conditions à toutes les régions de la planète. C’est une position qui est à la fois une insulte et une dévalorisation des présomptions. Depuis les années 1950, les États-Unis ont été empêchés ou vaincus dans presque tous les conflits auxquels ils ont pris part.
Néanmoins, dans la « bataille pour l’Ukraine », les néoconservateurs étaient prêts à mener une guerre contre la Russie, pour l’élargissement de l’OTAN, car ils croyaient que la Russie serait vaincue par les sanctions économiques américaines et l’arsenal de l’OTAN. L’Institute for the Study of War (ISW), un groupe de réflexion néoconservateur dirigé par Kimberley Allen Keegan (et avec le soutien d’entreprises de défense de premier plan, telles que General Dynamics et Raytheon), attend toujours avec impatience une victoire ukrainienne.
Les données suggèrent le contraire. Les sanctions économiques occidentales ont eu peu d’effet sur la Russie, alors que le reste du monde est en plein boom. En outre, la capacité des États-Unis à réapprovisionner l’Ukraine en armes est particulièrement entravée par la production limitée des États-Unis et une chaîne d’approvisionnement rompue. Le potentiel industriel de la Russie fait paraître l’Ukraine minuscule. Le PIB de la Russie était environ dix fois supérieur à celui de l’Ukraine avant la guerre, et l’Ukraine a maintenant perdu une grande partie de sa puissance industrielle pendant la guerre. Le résultat le plus probable des hostilités actuelles est que la Russie occupera une grande partie de l’Ukraine, laissant peut-être l’Ukraine ruinée, ou presque ruinée. Le mécontentement augmentera en Europe et aux États-Unis en raison des conséquences de l’inflation stagnante née de la guerre et des sanctions.
Au lieu de prendre ce risque, la vraie solution est de mettre un terme aux fantasmes néoconservateurs des 30 dernières années, et que l’Ukraine et la Russie reviennent à la table des négociations, l’OTAN s’engageant à mettre fin à son engagement dans l’expansion orientale en Ukraine et Géorgie, en échange d’une paix durable qui respecte et protège la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »
source : Le Courrier des Stratèges
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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