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par Francis Goumain.
À aucun moment la Russie n’a eu besoin – ni a eu à envisager – de se servir d’armes nucléaires tactiques pour gagner dans le Donbass et, plus généralement, contre l’Ukraine.
Pour autant, ce n’est pas pour ça qu’il n’y a pas un seuil nucléaire qui traîne quelque part, comme un plafond de verre, dans cette guerre.
Mais ce seuil n’est pas fixé par la Russie, il l’est par l’OTAN. Au fur et à mesure du déroulement des opérations militaires sur le terrain, une impression se dégage, l’OTAN a placé Kiev, Kharkov et Odessa au-dessus du seuil nucléaire.
Ce serait là le sens ultime de la fourniture en masse d’armes conventionnelles à l’Ukraine : il ne s’agit pas de fournir des armes pour le plaisir de donner plus de prix à la victoire de la Russie, il s’agit bel et bien de s’approcher du seuil nucléaire.
Si l’OTAN avait laissé la Russie gagner en quelques semaines, la guerre serait restée une simple « opération spéciale » de ratissage et une explosion atomique aurait fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel bleu.
Tandis que là, après quatre mois de guerre, avec sans doute déjà plus de 60 000 mille morts chez les militaires Ukrainiens, des pertes tout-à-fait comparables à celles de la Seconde Guerre mondiale, à ceci près qu’elles ne sont que d’un seul côté, le ciel n’est plus si bleu.
Les Ukrainiens ont bien compris le jeu, ce ne sont pas eux qui détiennent l’arme nucléaire, mais s’ils résistent et acceptent de se faire hacher sur place, ce n’est pas tant, in fine, grâce aux armes envoyées, mais parce qu’ils pensent avoir l’OTAN derrière eux, une OTAN prête à l’emploi de l’arme atomique.
En Corée, l’OTAN (sous l’étiquette de l’ONU, mais c’est un détail parfaitement secondaire) avait les moyens de maintenir la guerre à un niveau conventionnel. Aujourd’hui, l’OTAN n’a plus les moyens en effectifs, en armes, en munitions, en tissu industriel, pour mener la moindre guerre tant soit peu sérieuse, c’est fini, complètement fini.
D’où la répartition des rôles : aux Ukrainiens de mener une guerre conventionnelle suffisamment intense en durée et en perte pour amener au seuil nucléaire, l’OTAN fera le reste.
Et c’est ce seuil-là – celui de la sanctuarisation des grandes villes par l’OTAN – que la Russie ne semble pas prête à franchir, c’est la situation autour de Kherson – près d’Odessa – qui nous met la puce à l’oreille, voici une dépêche russe qu’on a vu passer le 25 juin :
« Pertes colossales : un coup a fait oublier à jamais aux forces armées ukrainiennes les contre-offensives sur Kherson. …
La frappe de haute précision de la flotte de la mer Noire a mis un point important dans l’histoire avec les tentatives des forces armées de l’Ukraine de contre-attaquer et de percer dans la région de Kherson. …
Le groupe de troupes ukrainiennes à Mykolaïv a subi de telles pertes qu’il peut oublier à jamais la contre-offensive sur Kherson. …
« Il y a eu un rapport sur la destruction du plus grand poste de commandement de plusieurs groupes tactiques de bataillon. Les forces armées ukrainiennes ont subi de lourdes pertes non seulement en effectif, mais aussi en artillerie et en aviation. Je pense qu’à partir de ce jour-là, c’est la fin des hostilités actives dans la région de Kherson par les forces armées ukrainiennes. Ils ont subi des pertes colossales et ne seront pas en mesure de rassembler un poing de choc, même pour des attaques minimales. Une frappe massive de missiles par la flotte de la mer Noire de la Fédération de Russie a forcé le commandement ukrainien à oublier à jamais les contre-attaques contre Kherson », a déclaré Podolyak à propos de l’échec des forces armées ukrainiennes à Mykolaïv ».
La dépêche est très claire et sans appel, en face de Kherson, il n’y a plus aucune opposition militaire un tant soit peu structurée. Et pourtant, l’armée russe ne bouge pas, elle ne cherche pas, pour l’instant, à progresser vers Mykolaïv et Odessa :
Un plafond de verre, peut-être ?
La Russie pourrait biaiser, en provoquant en sous-main un changement des autorités locales à Odessa, après tout, s’il n’y a plus de garnison ukrainienne, c’est à la portée de civils décidés et encouragés par l’imminence de la victoire russe. Il serait très difficile à l’OTAN d’employer l’arme nucléaire, car, contre quelles troupes tirer ?
Mais même ce scénario d’un renversement politique n’a pas l’air activé par la Russie, ni à Odessa, ni à Kharkov. Tout se passe comme si elle allait en rester à ses conquêtes actuelles.
Elle prend un risque, toute cette guerre pour Severodonetsk, Lisichansk, Slaviansk, Kramatorsk, etc., autant de pancartes totalement inconnues avant la guerre, même des Russes, cela risque de ne pas passer auprès de l’opinion publique interne, d’autant que cette opinion, il ne faut pas se leurrer, est également travaillée par des tendances prooccidentales et pro décadence.
À tort ou à raison, les dirigeants russes semblent compter sur l’effet boomerang des sanctions. Ils sont persuadés que le Système International de Sanction qui s’est mis en place est lourdement défavorable aux Européens. Pas à échéance de dix ans, à échéance de dix-huit mois.
Sans gaz russe, sans pétrole russe, sans tout une série de ressources naturelles vitales, des pays comme l’Angleterre, la France et l’Allemagne ne vaudront bientôt pas plus cher que l’Algérie, le Sénégal, la Colombie et plutôt moins que des pays comme le Brésil ou l’Inde.
Quoi qu’il en soit, contrairement à ce qu’on pourrait penser, la guerre en Ukraine n’est pas que conventionnelle, elle est aussi déjà nucléaire tactique, c’est ce qui pourrait expliquer la lenteur des opérations russes, nulle part il n’y a véritablement de concentration de forces classiques, comme si les Russes craignaient une frappe nucléaire antiforce, on le voit sur le terrain, ils saupoudrent un peu partout de Kharkov à Odessa, de façon relativement éparpillée, c’est contraire au principe fondamental de la guerre et ce n’est bien sûr pas sans conséquence sur le rythme de progression.
Inversement, côté OTAN, on ne se presse pas non plus de concentrer des renforts …
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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