En Écosse et en Irlande du Nord, l’adjectif « nationaliste » s’emploie communément comme synonyme d’« indépendantiste » ou de « républicain ». Le sens de ce mot s’oppose, en tout cas, aux qualificatifs « unioniste » ou «loyaliste» que l’on assigne aux suppôts du Royaume et autres nationalistes britanniques*. Or, en 2022, au Québec, la notion de « nationalisme québécois », pour bon nombre de nos élites qui s’en réclament, paraît se conjuguer parfaitement, dans les faits, avec les notions d’« unionisme », de « loyalisme » ou de « nationalisme » canadien. Trouvez l’erreur.
Je regrette, mais dans notre contexte politique, on ne saurait, d’une part, se prétendre « nationaliste québécois », et d’autre part, agir en unioniste canadien. Du moins, pareille (im)posture ne peut assurément pas tenir la route bien longtemps… Car, dès lors que survient un conflit irrémissible entre la volonté nationale du Québec et celle du Canada – et dieu sait qu’il y en a! –, ou bien notre allégeance primordiale va au peuple québécois, ou bien elle va au régime canadien. Il n’y a pas d’entre-deux.
Si l’allégeance primordiale de nos dirigeants « nationalistes » se destinait vraiment aux intérêts supérieurs de la nation québécoise, alors ils s’assuraient de la traduire en actes, sans quoi il ne peut s’agir, logiquement, d’une allégeance sincère. Autrement dit, tant et aussi longtemps que les caquistes mettront leur allégeance – réelle – envers le régime canadien au-dessus de leur allégeance – alléguée – envers le peuple québécois, je les traiterai pour ce qu’ils sont : des unionistes, des loyalistes, des suppôts du Canada. Et si je parle ici d’«unionisme», c’est parce qu’à mes yeux, il y a belle lurette que le «fédéralisme», façon québécoise, c’est-à-dire le réformisme constitutionnel à la Ryan ou à la Bourassa, est lui-même mort et enterré. Dans cette perspective, lorsqu’on se révèle plus mou encore que ne pouvait l’être Bourassa-le-naufrageur, je ne vois pas du tout, a fortiori, comment on peut se poser sérieusement en sauveur de la Nation…
Cela dit, je suis persuadé que le règne des pense-petit et autres carnavaliers du « nationalisme » factice qui défilent en limousine, ne fera qu’un temps. La réalité les rattrapera. Elle nous rattrapera tous.
Toujours est-il que ce niaisage, cette indécision, cette médiocrité nous aura fait perdre un temps précieux. Voilà tout.
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